mercredi 29 décembre 2010

Nouvelles pages : statistiques et citations

Vous trouverez, en haut de cette page, deux nouveaux onglets : j'ai créé deux nouvelles pages, une rapportant des statistiques, l'autre des citations féministes. Ces pages correspondent à deux des objectifs que je poursuis en tenant ce blog :
  • rappeler que les femmes subissent durement, en France et dans le monde, les effets du sexisme,
  • déboulonner les clichés sur le féminisme.
J'ai donc voulu rassembler, sur la page statistiques, les chiffres les plus marquants et si possibles récents sur les violences faites aux femmes. Je tiens à citer mes sources, et à ce qu'elles soient totalement fiables, en particulier en explicitant la méthodologie utilisée pour établir ces statistiques. J'évite les statistiques se rapportant à un pays en particulier (à part la France bien sûr), pour alléger la page ; j'ai tout de même été obligée de soulever un problème concernant un continent, et j'espère ne pas avoir à aller plus loin, sauf cas exceptionnel.
Je compte en rajouter petit à petit, selon ce que je trouverai.

Je me suis amusée également à rassembler quelques citations de féministes. Outre les grands classiques, je veux sélectionner plutôt des citations qui montrent que les féministes ne sont pas les ennemies des hommes ni des dominatrices frustrées, mais des personnes qui se battent plus l'égalité des sexes, et que le féminisme est un courant de pensée construit autour d'une philosophie cohérente. C'est un vaste projet qui est loin d'être achevé !

Blogger ne permettant pas de commenter les pages, je crée ce post pour vous permettre de commenter les statistiques et citations. De plus, si vous souhaitez m'indiquer un chiffre ou une source à partir de laquelle je pourrais obtenir des statistiques pertinentes, ou une citation, cet espace est pour vous !

dimanche 26 décembre 2010

Féministe ? Quand ça m'arrange !

Je ne connais pas grand-monde qui sache ce qu'est le féminisme.
Il y a celles et ceux qui rejettent le féminisme parce que ça finit en -isme ou parce que le nom leur fait croire que c'est juste contre les hommes (et l'essentialisme ? c'est contre le diesel peut-être ?) : c'est plus facile que se renseigner, se cultiver et réfléchir.
Il y a celles et ceux qui se réclament du féminisme pour mettre en avant les femmes dont les qualités intrinsèques devraient sauver le monde : un contresens.
Et puis il y a celles et ceux qui reprennent à leur compte les idées féministes pour combattres les inégalités les plus flagrante (mais pas les autres), pas toujours en osant se qualifier de féministes, et seulement quand ça les arrange. Un article récent des Nouvelles News dénonce ce phénomène.

Ce n'est pas un phénomène récent. Lors du débat sur l'interdiction du voile à l'école : on nous parlait jusqu'à la nausée de la liberté des femmes, sans parler de toutes les autres oppressions que nous subissons dans toutes les catégories sociales. Les violences sexistes, les inégalités de salaire ? Silence radio. On ne m'ôtera pas de l'idée que pour certains (pas tout le monde, peut-être pas la majorité des gens), l'égalité des sexes n'était qu'une excuse pour exprimer leur islamophobie.
Et ça continue... On a eu droit à la dénonciation de la polygamie (pourtant, quand un "bon Français" a des maîtresses, le seul commentaire que ça provoque, c'est "quel homme !"), au débat sur le voile intégral, et en ce moment, le NPA se fait tacler pour avoir osé présenter une candidate portant un foulard aux élections régionales. Dans la plupart des articles que j'ai lus sur le sujet, l'auteur ne prend même pas la peine de citer le nom de la candidate en question, c'est dire si sa liberté d'exister les intéresse.
Si seulement les violences sexistes faisaient couler autant d'encre que ce que les femmes portent ou non, ce serait un véritable progrès pour l'égalité des sexes. A part chez Ni Putes Ni Soumises qui mène un vrai combat, cette propention à ne dénoncer médiatiquement le sexisme que quand il frappe les musulmanes ressemble plus à du racisme qu'à un véritable souci pour les femmes concernées.

Et puis il y a eu l'Afghanistan. Pendant des années on a laissé les Afghanes se faire enfermer dans leurs burkas, lapider, pendre... dans l'indifférence générale. Et du jour au lendemain, quand il a fallu justifier une guerre, on nous a parlé d'elles. Mais si leur sort intéressait vraiment les politiques, il fallait y aller plus tôt !

Le comble est atteint avec l'affaire Assange.
Combien de viols dans le monde ? Combien en France ? Et dans les pays en guerre ? Qui parle du cas de l'Afrique du Sud, par exemple ?
Mais quand il s'agit d'un Robin des Bois de la vérité comme Julian Assange, d'un type qui a donné un coup de pied jubilatoire dans la fourmillière du mensonge d'Etat, en y mettant les formes en plus (en collaborant avec les journaux du monde entier pour éviter de mettre des gens en danger), là, ça fait causer.
Evidemment, le timing des plaintes est troublant. Est-ce une raison pour à discréditer les plaignantes ? Pour jouer sur les termes de l'accusation pour nier ou minimiser le viol ? On ne pourrait pas laisser la justice travailler tranquille, il faut vraiment que chacun se permette de donner son avis sur la bonne manière de violer une femme ?
Si encore tous les viols étaient à l'origine d'un tel emballement médiatique, et d'une telle mobilisation de moyens pour arrêter le suspect... Mais lorsque l'on lit le J'Accuse de Noami Wolf publié par le Huffington Post, repris par Maïa Mazaurette et traduit intégralement par Hypathie, on a la nausée. Tant d'horreurs sont commises au vu et au su de tout le monde, sans que personne ne réagisse...
A noter que chez Emelire vous trouverez une savoureuse caricature sur le sujet.

Défendre les droits des femmes ? D'accord, mais seulement quand ça arrange les hommes au pouvoir. Sinon vous pouvez aller vous brosser. Le féminisme n'est bon que quand il peut être utilisé par les hommes.

lundi 20 décembre 2010

10 clichés sur l'accouchement à la télé et au cinéma

Les scènes d'accouchement me manquent pas dans les films et les séries. Qu'apprend-on en les regardant ?
  1. Un accouchement commence toujours par la perte des eaux. Elle est immédiatement suivie de contractions ininterrompues extrêmement douloureuses.
  2. Après cette perte des eaux, on n'a que quelques minutes pour aller à l'hôpital. Et il y a toujours des embouteillages.
  3. Même dans une série/film qui n'est pas une série/film historique, la femme qui accouche n'a jamais droit à la péridurale. D'ailleurs, on ne le lui propose même pas, et elle ne le réclame pas. Il faut qu'elle souffre et qu'elle hurle, sinon ce n'est pas un accouchement. Si c'est une comédie, elle enchaîne les gros mots.
  4. La femme qui accouche sue comme une truie. Mais pas de panique, il y a toujours une main secourable avec une ch'tite compresse pour lui tamponner maternellement le front.
  5. Le père, s'il est présent, a l'air d'un crétin.
  6. Le bébé nait tout rose, même s'il avait le cordon autour du cou. Il est de plus tout propre et il met du 3 mois.
  7. Le bébé crie tout de suite, sauf s'il s'agit d'une série médicale, où il a obligatoirement besoin de soins de la part du jeune héros.
  8. Ce premier cri remplace immédiatement la grimace crispée de douleur et d'inquiétude sur le visage de la parturiente par une expression extatique débile. Même si elle pisse le sang.
  9. Après un accouchement, il n'y a jamais besoin de délivrance ni de recoudre la jeune maman. Ou alors ça se passe mal et elle meurt tragiquement.
  10. Quelques minutes après l'accouchement, la maman est fraîche comme une rose, coiffée, maquillée (et surtout lavée, vu qu'elle a beaucoup sué). Au bout d'une heure, elle est capable de courir un marathon. Elle est mince et n'a pas la peau du ventre qui pend.
Conclusion : l'accouchement est une aventure extrêmement douloureuse qui se déroule dans la panique totale. Le père ne sert à rien, et on s'en remet tout de suite, comme si de rien n'était.

samedi 18 décembre 2010

Prostitution et handicap

J'avais cité dans ma revue de presse il y a 2 semaines un billet publié par Emelire sur la proposition que font certaines personnes d'offrir des services sexuels aux handicapés. Sur le même sujet, un article est paru jeudi sur les Nouvelles News. Et Emelire vient de récidiver avec un billet qui propose plein de liens intéressants et un très bon dessin.
La sexualité des handicapés est certes taboue. Un corps abîmé, ça ne fait pas envie, et on n'a pas envie de l'imaginer en activité sexuelle. Ce qui parait laid, on préfère le cacher avec honte, dédain, voire agressivité. Comme pour la sexualité des personnes âgées. Il faudrait clairement lancer une réflexion sur le sujet.
Les articles en question ont le mérite de tenter de lancer le débat. Mais ils ne vont pas très loin : on se borne à proposer, comme solution à la misère sexuelle des hommes handicapés et à la détresse de leurs proches qui se chargent de les branler, de payer des femmes pour le faire. On ne parle pas de prostitution (ouh, le vilain mot !), mais de "service sexuel". Je ne vois pas vraiment la différence, d'autant plus qu'il est proposé de faire évoluer la loi sur le proxénétisme.

Cette rhétorique est un pur exemple d'androcentrisme. On pense au bien-être des hommes, et pas un mot n'est dit au sujet de celui des femmes.
Même en restant dans le discours androcentré, on peut très bien opposer un argument à l'emploi de ces services : devoir recourir à une professionnelle pour se faire éjaculer et ramener les désirs et plaisirs intimes à un simple acte d'hygiène doit être humiliant. Etre considéré comme un encombrant générateur de foutre qu'il faut traire de temps en temps, au prix de l'utilisation d'un corps humain, même sans scrupules chrétiens, ça ne doit pas être valorisant du tout. Le corps des handicapés est déjà bien assez méprisé comme ça. Les défenseurs de cette pratique parlent de sexualité, mais cette idée de la sexualité occultant l'affectif, déshumanise des corps qui souffrent déjà des regards détournés des bien-portants.

Mais quittons cette rhétorique de borgne.
Quid des femmes handicapées ? N'ont-elles pas de besoins sexuels ? Ces besoins sont-ils moins importants ? Nous voguons ici en plein cliché : les hommes auraient des pulsions souveraines, tandis que les femmes rêvent d'amour.
Mais surtout, quid des femmes (personne ne parle de confier cette tâche à ces hommes, pourtant ils sont les plus compétents pour l'accomplir) qui devraient monnayer leurs services pour soulager ces hommes ? On nous parle de "droit à la sexualité", et je ne nie pas que la frustration sexuelle est difficile à vivre. Mais cette gêne ne justifie en rien qu'on impose un rapport sexuel non consenti à quelqu'un, même en échange d'argent. Car il s'agit bien d'un rapport sexuel non consenti : le consentement ne s'achète pas ! Les témoignages d'anciennes prostituées et d'anciennes actrices porno (, , et là en anglais - mais je vous déconseille de lire ça sans sac à vomi) ne manquent pas pour dire que le "service sexuel" est humiliant et douloureux à pratiquer. Ce n'est pas un métier pénible comme tant d'autres mais une activité profondément déshumanisante qui peut vite devenir atrocement douloureuse. Et ne me dites pas que si on encadre bien la pratique, les prostituées ne risquent rien, ce serait d'une part occulter la nature même du rapport tarifé qui ne peut être pratiqué sans douleur (ben quand on ne mouille pas...) ni sans rapport de force (l'argent, c'est le pouvoir, sauf chez les Bisounours).
Au fait, z'avez remarqué que si vous enlevez une lettre à "services sexuels", ça fait "sévices sexuels" ?

D'ailleurs, plutôt que de parler de "service sexuel", j'aimerais qu'on appelle un chat un chat. Il s'agit de payer quelqu'un pour dégorger les couilles d'hommes handicapés. C'est vulgaire, dit comme ça ? Hé bien, je préfère une phrase vulgaire qu'une formulation polie pour une idée minable, c'est moins hypocrite.


=> Pour aller plus loin sur le sujet, lire le dossier très complet publié sur le site de la revue "Prostitution et Société" du Mouvement du Nid.

lundi 13 décembre 2010

Le sein ou le biberon ?

Bientôt le congé maternité (la quiiiiiiiiille !) et je commence à m'organiser en vue de l'heureux événement. On prépare la chambre, on prépare le lit, on fait l'inventaire des fringues et des jouets que grand frère peut léguer, on répare la poussette, on se prend la tête pour le siège auto, on fait l'inventaire des biberons...
Et en tripotant les biberons, me voilà prise d'une hésitation. Je n'avais pas assez de lait, et mon premier s'est retrouvé au biberon. Le biberon, pour nous, ça a été le bonheur : après trois jour à voir notre fils pleurer sa faim, nous l'avons vu dormir comme un ange. Il a toujours mangé de bon appétit et son père a pu le nourrir. Au rythme d'un biberon toutes les 3 heures, en se levant à tour de rôle, mon mari et moi parvenions à dormir 6 heures par nuit. Quand je vois mes copines se lever toutes les 2 heures pour donner le sein pendant une heure, je trouve qu'on a été chanceux.
Bon, c'est un peu égoïste, comme vision des choses. Notre fils a certes bénéficié de parents reposés et de bonne humeur, mais il n'a pas pu profiter de mon lait. Chaque grossesse est différente, et peut-être que cette fois j'aurai assez de lait. Il n'y a qu'une seule manière de le savoir : il faut tenter de l'allaiter et s'accrocher.

Aujourd'hui Olympe aborde le sujet en citant Mère Bordel. Mettre en place un allaitement n'est pas simple, et on n'est pas vraiment aidées. Les forums de discussions regorgent d'inquiétudes de jeunes mères perdues.
J'ai eu de la chance, la maternité où je suis allée était plutôt pas mal pour l'allaitement. J'ai été bien informée et bien prise en charge. Dès qu'on a vu que mon fils ne prenait pas de poids, ils m'ont confié un tire-lait pour vérifier les quantités que je produisais. Devant les quelques malheureux millilitres que la machine m'avait soutirés, ils m'ont proposé un biberon. Nous avons discuté d'autres options, j'ai tenté l'allaitement mixte, avant de revenir totalement au biberon.
Ce qui me fait vraiment hésiter, c'est que je refuse de repasser 2-3 jours à attendre que le lait vienne en regardant mon bébé maigrir, sachant qu'il y a des chances que je n'aie pas de quoi le nourrir. L'important, c'est que bébé soit nourri, et le priver de nourriture, même temporairement, me parait insupportable.

Je ne tiens pas plus que ça à allaiter. Ca ne m'attire pas vraiment, sans me dégoûter non plus. Il y en a qui trouvent que ça fait vache, mais ça ne me gêne pas, c'est beau une vache. Je ne gagnerais pas grand-chose à allaiter et notre expérience du biberon a été excellente. Si je me lançais, ce serait seulement parce qu'il parait que c'est ce qu'il y a de mieux pour le bébé, pas pour moi.
C'est là où le personnel de la maternité, qui était si bon techniquement, m'a heurtée au point que je me demande si je suis bien objective aujourd'hui. Plusieurs auxiliaires de puériculture et sage-femmes m'ont harcelée de questions, jusqu'à me faire pleurer, pour vérifier que je n'étais pas traumatisée par mon échec, que ça ne m'empêchait pas de me "sentir mère" et que je ne me sentais pas coupable. Coupable de quoi ? De ne pas avoir de lait ? Que puis-je y faire ? Etre mère serait donc en priorité s'acquitter de fonctions organiques ? Elles ont refusé de me croire quand je disais que j'étais heureuse de voir mon fil nourri et détendu. J'ai ressenti comme une violence cette obstination à me vouloir coupable des déficiences de mon corps, à supposer que j'étais égoïstement accrochée à mes propres désirs de pompage de tétons.
Tout ce que je veux, c'est que mes enfants soient nourris et en bonne santé. Peu m'importe le moyen.


Oui, au fait, pardon pour le choix de l'image, j'admets avoir quelquefois un humour douteux. Mais j'aime tellement la Vache Qui Rit !

samedi 11 décembre 2010

Comment fabriquer une femme ? - Manuel à l'usage des mères - Introduction

J'ai décidé de m'amuser à écrire une espèce de manuel qui expliquerait aux mères comment reproduire les clichés dans l'éducation de leurs filles. Je l'ai écrit de manière caricaturale pour montrer l'absurdité du bourrage de crâne que subissent nos enfants.


Madame, vous allez mettre au monde une fille, et nous vous en félicitons. Il est possible que votre entourage, en particulier le père de votre enfant, soient déçus de ne pas voir naître un garçon, et il est vrai que, malgré les lois outrageusement progressistes et heureusement ignorées du commun de la population, elle ne pourra transmettre le nom, et par conséquent l'héritage culturel, de votre famille. Cependant, si votre éducation est bien menée, elle prendra soin de vous jusqu'à votre dernier souffle, au contraire de vos fils qui, eux, devront assurer la subsistance de leur famille et suivre leur voie (ce fait est prouvé statistiquement).
L'objet de ce manuel n'est pas de vous donner des conseils de puériculture, mais de vous aider à élever votre fille de manière à ce qu'elle puisse s'insérer aisément dans notre société. Rappelez-vous que l'avenir de vos enfants est votre responsabilité bien plus que celle du père qui, lui, fournit l'essentiel de la subsistance de votre famille et contribue au bon fonctionnement du pays par son rude labeur. C'est bien pour cela que les femmes assument encore 80 % des tâches domestiques en France malgré leur important taux d'emploi.

Si la féminité est l'essence de votre fille, cette féminité peut être aisément ignorée, voire dévoyée. Il vous appartient de révéler à votre fille ses propres potentialités, par l'exemple principalement, mais aussi en aiguillant soigneusement ses activités. Votre comportement à son égard et vos exigences contribueront à lui faire comprendre son rôle social et à le lui rendre naturel. Il importe également de lui éviter de tomber dans les pièges de sa propre condition et de devenir une femme de mauvaise vie : bien que ces dernières soient nécessaires au bon fonctionnement du corpus social, la honte s'attache à elles. La société dans son ensemble, par le biais de la publicité, de l'art et de la culture, vous soutiendra dans votre œuvre.
Hommes et femmes sont différents ; la nature leur a accordé des rôles différenciés dans le groupe humain, et ce depuis la nuit des temps (même les paléontologues vous le diront). L'homme produit, la femme reproduit. La femme est garante de la reproduction de l'espèce et doit veiller sur sa progéniture. Votre fille doit donc être en mesure de maîtriser les méthodes lui permettant de :
  • trouver un mari, car pour constituer sa famille, votre fille doit trouver un époux qui puisse subvenir à ses besoins et lui donner des enfants,
  • garder son mari, pour que sa famille reste intègre, que ses enfants puissent être élevés dans de bonnes conditions et qu'elle ne se retrouve pas sans ressources,
  • prendre soin de ses enfants, car c'est le seul moyen pour une femme de s'épanouir parfaitement.
Ce manuel se compose de trois parties :
  1. la petite enfance, qui est l'étape cruciale de l'éducation sexuée, au cours de laquelle vous lui donnerez ses repères,
  2. l'enfance, qui est une période au cours de laquelle les enfants s'identifient à leurs parents,
  3. l'adolescence, qui est l'âge de la mise en pratique des leçons de l'enfance et de la petite enfance.
Rien de ce que nous décrirons pas la suite n'est nouveau, nous ne ferons que mettre en lumière les mécanismes utilisés par les parents pour façonner leurs enfants, en espérant que ces outils étant connus seront utilisés à meilleur escient.

A suivre !

lundi 6 décembre 2010

La Princesse et la Grenouille



Pour Noël, Canalsat soigne sa grille et nous a proposé, à grand renfort de publicité, La Princesse et la Grenouille. J'avais un bon a priori sur ce film, car j'ai beaucoup apprécié de voir Disney choisir une héroïne noire. Le pari n'était pas aisé : il fallait insérer un brin de culture noire-américaine dans un conte classique pour que les petites filles puissent s'identifier à l'héroïne sans que cela soit exagéré et caricatural ni détruire le conte. Le choix de la Nouvelle Orléans des années folles pour situer l'histoire permet de gagner ce pari avec classe. Pas trop de transgression tout de même, le prince est noir aussi, Disney n'est pas moderne au point de montrer un couple mixte.

J'ai beau adorer les films Disney, je râle toujours quand je vois un de leurs longs-métrages pour la première fois car ils ne respectent pas les contes. Quand il s'agit de Cendrillon, je ne peux rien dire, tout le monde comprendra bien qu'on ne peut pas montrer les demi-sœurs se découper le pied pour rentrer dans la pantoufle. Dans le cas de la Petite Sirène, j'accepte parfaitement la création d'un happy ending à la place de la fin sadique mise en place par Andersen. Là, je n'ai rien dit non plus, car si Disney n'avait pas un peu brodé (enfin... plus qu'un peu !) le film aurait duré 20 minutes. D'après ce que j'ai lu sur Raiponce, par contre, je me prépare à péter une durite.
Bref, du conte original, il ne reste que l'idée d'un prince transformé en grenouille et qui doit rouler une pelle à une princesse. Les lecteurs de Garulfo apprécieront. Seulement, allez chercher une princesse à la Nouvelle Orléans...

Mon petit bonhomme de trois ans et demi est resté scotché à la télévision du début à la fin, il a donc bien aimé. Personnellement, j'ai aussi passé un très bon moment, il y a pas mal de petites blagues destinées aux parents. C'est une jolie histoire, avec de l'action et un brin de romantisme. Le dessin et l'ambiance jazzy sont très sympas.

La vraie surprise du film, c'est le message qui passe. Tiana, l'héroïne, n'est pas une princesse qui fait le ménage comme Blanche-Neige ou Cendrillon, elle n'est pas passive comme Aurore, ni naïve comme Jasmine et Ariel. Elle a un rêve et bosse comme une forcenée pour le réaliser (bon, OK, elle est cuisinière et serveuse, c'est un peu stéréotypé, mais bon...). Quant à Naveem, le prince, c'est un feignant qui passe son temps à faire la fête et vit aux crochets de sa famille, et il se retrouve transformé en grenouille. Moralité : si tu veux un truc, ne compte pas sur ton physique ni ta naissance, bouge-toi les fesses ! Ca fait plaisir.
Un bémol tout de même : j'ai été déçue de la voir se demander à quoi sert la réussite si on n'a pas l'amour. Ce n'est pas faux, mais dans une société où on encourage les filles à chercher avant tout un mari, ce n'était pas la peine d'insister là-dessus. Et je ne parle pas du personnage de la copine richissime et hystérique, je vais être vulgaire.


Enfin, je retiens surtout le progrès dans la vision sociale proposée par Disney, il est tellement énorme... Espérons que Raiponce ne constitue pas un retour en arrière trop violent !

vendredi 3 décembre 2010

Merci les filles !... d'hier et d'aujourd'hui

Grâce à la page Facebook de l'association La Barbe, j'ai appris que le documentaire "Encore elles !", qui a été diffusé sur France 3 et que j'ai honteusement raté, est peut être visionné en ligne sur le site de la chaîne. Le documentaire revient sur la lutte féministe des années 70, ce qui fait toujours du bien, et donne quelques clés sur les aspects les plus noirs de la situation des femmes aujourd'hui. Les Chiennes de Garde, Osez le féminisme, la Barbe et Ni Putes Ni Soumises sont citées pour montrer que le féminisme est de retour, et rappelle qu'on en a bien besoin. Hé oui, encore elles !
Pour mes lecteurs et lectrices qui s'intéressent à l'histoire du féminisme, je recommande au passage le brillant Merci les Filles ! de Virginie Berthemet, Juliette Joste, et Valérie Ganne sorti il y a quelques mois.

Curieuse coïncidence, juste après avoir vu le documentaire où l'on voyait le magazine Elle fustigé par le MLF, j'ai appris, par le blog de Sandrine, que les résultats du prix des blogueuses Elle étaient tombés. Pas de catégorie "féminisme", évidemment, mais tous les blogs ne parlant pas de godasses ou de cuisine étaient répertoriés sous "société". Et dans cette catégorie, c'est un blog féministe qui l'emporte : Olympe et le plafond de verre. Félicitations à elle ! A dire d'elle était aussi sélectionné, et si je l'avais découvert plus tôt, j'aurais été bien en peine de choisir entre elles.
C'est un beau pied de nez, n'empêche, de voir un blog féministe sacré par un magazine aussi cliché. Et si ça faisait réfléchir la rédaction ? Ou au moins les lectrices...

En parlant de documentaires, les abonné-e-s de Canal + auront le plaisir de découvrir La Domination Masculine de Patric Jean ce mois-ci. J'en au entendu beaucoup de bien et il sera diffusé le 14 décembre en seconde partie de soirée. On y parle, entre autres, de la tuerie de l'école Polytechnique de Montréal, événement totalement inconnu en France et pourtant si dramatique, dont on "fêtera" les 21 ans le 6 décembre prochain.

samedi 27 novembre 2010

Pas une maladie !


A cinq mois et demi, ma grossesse commence à vraiment se voir. Travaillant dans un milieu plutôt masculin, je craignais un peu que de mauvaises réactions, mais à part quelques blagues pas drôles (t'as qu'à rouler, t'iras plus vite !), ça se passe super bien. En fait, je me fais chouchouter. Je pourrais râler au paternalisme, à la condescendance, mais j'ai juste l'impression que c'est de la gentillesse et j'apprécie.
On m'a aussi globalement épargné les clichés sur la grossesse, type les vannes sur les hormones. En même temps, j'ai bien fait comprendre à tout le monde que je ne supportais pas qu'on remette ma clarté d'esprit en doute. Mais il y a une phrase stéréotypée que j'entends souvent, même si ce n'est jamais dit sur une intention méchante : "la grossesse n'est pas une maladie !". La dernière fois qu'on me l'a sortie, je comparais le congé maternité marchait à un congé maladie de longue durée du point de vue de la sécu. Je l'entends aussi quand je parle des caisses prioritaires pour les femmes enceintes et ceux qui ont des soucis médicaux. C'est une réaction épidermique qui vient des hommes comme des femmes. Si je comprends bien et partage l'idée, la virulence avec laquelle cette phrase est généralement prononcée me choque.

Je me pose beaucoup de questions quant à la signification de cette phrase. La grossesse est quand même assez lourdement médicalisée : rendez-vous chez le gynéco tous les mois, tests sanguins et urinaires à répétition... Au moindre souci, on vous envoie chez le gynéco voire aux urgences pour vérification, et si vous hésitez, vous vous faites engueuler et traiter d'irresponsable (ça m'est arrivé à ma première grossesse). La grossesse est un moment fortement médicalisé de la vie d'une femme. J'ai quelquefois l'impression que c'est trop, mais quand je vois les statistiques de mortalité maternelle et infantile dans le monde, je me dis que ça vaut sans doute mieux. Peut-être qu'on pourrait faire des progrès du côté de la délicatesse du personnel médical pour ne pas stresser les patientes, c'est tout. En tout cas, il me parait normal de tracer des parallèles avec une situation de maladie, sans pour autant considérer que c'est la même chose.

Pourquoi est-ce ce rapprochement entre grossesse et maladie est-il si choquant ? La maladie est donc une honte, une truc crade qui ne saurait, en aucun cas être rapproché sémantiquement de la grossesse, ce qui est considéré comme un moment de grâce absolue ?

Je ne suis pas de celles qui s'éclatent à avoir un polichinelle dans le tiroir. J'adore mon fils et j'aime déjà à la folie le petit bout qui verra le jour bientôt ; je fais et ferai de bon cœur tous les efforts nécessaires et même plus pour la santé et le confort de mon bébé. Il n'empêche que ce n'est pas marrant d'être encombrée par ce bide vaguement douloureux, d'aller pisser toutes les 5 minutes, de ne pas pouvoir manger ce qu'on veut sans conséquences, sans compter les effets secondaires peu ragoûtants dont je suis victime et dont je ne parlerai pas ici par pudeur. Je ne vois vraiment pas comment on peut sacraliser cet état.

La maladie est un dysfonctionnement du corps, la grossesse un processus normal. Ce sont bien deux choses différentes que je ne compare pas. Néanmoins, dans les deux cas on passe par l'hôpital, on se frotte au personnel médical condescendant ou génial, on lutte avec la sécu et on galère physiquement. J'aimerais juste qu'on désacralise la grossesse et qu'on cesse de considérer la maladie comme quelque chose de sale ou honteux. Dire que la grossesse n'est pas une maladie serait alors une évidence qui ne serait plus prononcée d'un air scandalisé.

Les photos sont de Anne Geddes.

jeudi 25 novembre 2010

25 novembre, journée internationale contre la violence faite aux femmes

Aujourd'hui 25 novembre, c'est la journée internationale contre la violence faite aux femmes. Je suis toujours un peu dubitative quant à l'utilité des "journées internationales contre ceci-cela", mais bon, tout est bon à prendre pour marteler (encore) le message.

Petite revue de presse, d'abord.
Le Monde propose un article qui rappelle l'état des lieux. "654 000 femmes ont déclaré avoir subi des violences physiques ou sexuelles en 2009, près de 20 000 de plus qu'en 2008. Et pour la moitié d'entre elles, ces violences ont eu lieu au sein même de leur foyer, selon les chiffres de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales. L'an passé, 140 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint, selon le ministère de l'intérieur. Soit une femme tuée tous les deux jours et demi." La campagne nationale contre le viol et la campagne lancée par Ni Putes Ni Soumises (la journée de la jupe) sont citées.
Libération aborde également le sujet du point de vue des victimes, citant des progrès qui ont été faits dans la lutte contre les violences conjugales et la nécessité de ne pas abandonner le combat.
Des spots pas mal du tout sont visibles sur le site Publigeekaire (lien que j'ai trouvé par le blog Plafond de Verre).

Deux initiatives font donc parler en ce 25 novembre. La campagne La honte doit changer de camp dont je parlais hier, et la journée de la jupe.
La première est l'objet d'un franc succès, la pétition recueille à ce jour plus de 10000 signatures (la preuve que ça marche, le serveur est surchargé). Il y a bien sûr quelques réserves (comme celles d'Anaïs en commentaire à mon billet précédent), que ce soit de personnes craignant qu'on mette tous les hommes dans le même panier, de personnes refusant qu'on tombe dans la victimisation à outrance, voire de vrais salauds (des fois, je lis encore les commentaires des articles du Monde pour voir à quel point certains peuvent être cons).
La seconde a l'air de bien marcher aussi, près de 150000 personnes ont déclaré, sur la page Facebook, participer à l'événement. Une tribune de Sihem Habchi, présidente de Ni Putes Ni Soumises, dans Le Monde, explique le pourquoi du comment. Il s'agit de porter une jupe en solidarité pour les filles des banlieues (celles que l'association défend) qui se font insulter, voire battre, lorsqu'elles osent montrer leurs jambes. Cette initiative est très décriée. J'en veux pour preuve un billet de Sandrine Goldschmidt : le vraie libération n'est pas de conquérir le droit de mettre une jupe mais de s'habiller comme on veut. L'appel à porter un symbole de féminité dont les femmes ont longtemps cherché à se libérer n'est guère heureux si on le sort de son contexte. L'erreur de NPNS est à mon sens de ne pas assez rappeler leur contexte de lutte et de ne pas tenter d'inscrire ce contexte dans le schéma social global du système patriarcal qui est dénoncé depuis plusieurs décennies par les mouvements féministes.

Personnellement, je suis restée en pantalon. D'une part parce que ça caille sévère, d'autre part parce que j'ai horreur des jupes et que je ne supporte pas qu'on m'emmerde pour en mettre une. La pression pour être féminine, j'en bouffe tous les jours. Alors me geler les miches, me faire reluquer les jambes et me prendre des remarques à la con, non merci. Je ne crois pas que ce soit une initiative constructive : la plupart des gens connaissent la gravité de la situation en banlieue et s'en foutent. On n'a pas besoin d'interpeler le grand public mais de le responsabiliser. Alors filez-moi toutes les pétitions que vous voudrez, je signe, envoyez-moi des infos, je relaye, mais ce genre de gestes inutiles et non constructifs, non merci.

mercredi 24 novembre 2010

Campagne nationale contre le viol



Une campagne nationale contre le viol est lancée aujourd'hui à l'initiative d'Osez le Féminisme, du CFCV et de Mix-Cité. Elle est soutenue par de nombreuses personnalités et une pétition a été lancée. J'ai copié-collé ci-dessous le message d'accueil du site :

La honte doit changer de camp !

CHAQUE ANNEE EN FRANCE, PLUS DE 198 000 FEMMES SONT VICTIMES DE VIOL OU DE TENTATIVE DE VIOL.
75 000 SONT VIOLEES.
JE SUIS L’UNE D’ELLES, JE PEUX ETRE L’UNE D’ELLES


Je vous invite à consulter de toute urgence le site www.contreleviol.fr, la page Facebook, ou à suivre le profil Twitter. On y rappelle que, contrairement aux idées reçues, "Le viol n’a rien à voir avec un désir soi-disant incontrôlable" et que "En France, on estime que seulement 2% des violeurs sont condamnés". J'ai reproduit ci-contre l'affiche de la campagne.









Le site propose en outre :


Signez la pétition et faites circuler l'information !

mardi 23 novembre 2010

Ca ne passerait pas ?


Parmi les liens qui circulent sur Facebook, je viens de tomber sur celui-ci : le top 48 des pubs qui ne seraient jamais autorisées aujourd'hui (en anglais). Elles sont classées en plusieurs catégories, sexisme (catégorie particulièrement fournie), tabac, alcool, racisme, bébés/enfants et autres.
En ce qui concerne le tabac et l'alcool, les pubs font apparaître le produit d'une manière tellement positive, utilisant quelquefois des enfants ou le Père Noël, que c'est très choquant. Merci la loi Evin.
Celles concernant les bébés et les enfants sont particulièrement atroces. Ma fibre maternelle patiemment tissée par le matraquage publicitaire des jouets pour p'tites filles en rose a du mal à s'en remettre.
Je suis très contente, en voyant les pubs racistes, de constater à quel point on a avancé. On en rigolerait presque, en se demandant comment les gens ont pu être aussi bêtes. Ce qui ne veut pas dire que le racisme est éteint, loin s'en faut.

Quant aux pubs sexistes... A première vue, les choses ont bien changé. Vraiment ? Les vieilles pubs présentaient les femmes comme des ménagères, des objets à séduire, légitimaient la violence à notre encontre ? Que dire alors des publicités (quelquefois même financées par les instances publiques, comme en particulier dans le cas du Cantal) dénoncées sur le blog d'Emelire ? Elles sont peut-être moins directes, camouflent leur violence sous un esthétisme qui se veut travaillé, mais le fond du message est le même. Une différence notable : on verra plus de pubs présentant les femmes comme des objets sexuels qu'autrefois, certes. Comme progrès, on fait mieux.


Tout ceci m'amène une question : pourquoi donc a-t-on pu progresser socialement contre le racisme, mais pas contre le sexisme ? Est-ce parce que les femmes ne se bougent pas autant que les victimes de racisme ?

vendredi 19 novembre 2010

La dignité des femmes en prison

Vous l'aurez peut-être remarqué, je lis beaucoup lemonde.fr. Le site met aussi en avant des blogs tenus par des invités. Je lis très régulièrement certains d'entre eux : l'actu en patates de Martin Vidberg, Dentelles et Tchador dArmin Arefi, le Veilleur de Jour... Ce dernier blog met en avant les nouvelles qui sont généralement tues par les médias.
D'après le Veilleur de Jour, donc, la prison pour femmes de Strasbourg propose désormais des soins de beauté aux détenues. La justification ? "Pour Alain Reymond, le directeur de la maison d’arrêt, il s’agit « de redonner aux femmes une dignité qu’elles croient avoir perdue »." Monsieur Reymond, vous me devez un café et un clavier.

Je ne suis pas sadique, et je ne pense pas qu'on doive martyriser les personnes qui se retrouvent en prison. La punition est la privation de liberté, c'est déjà très violent, plus que ce qu'on pourrait croire, et c'est pas la peine d'en rajouter. Plutôt que de mettre en place ce genre d'initiatives ponctuelles, il faudrait revoir à fond le système. Mébon, on ne vit pas au pays des Bisounours et les initiatives ponctuelles, c'est tout ce qu'on peut financer.
Alors oui, il me parait important de rendre un peu de dignité aux prisonniers. Je crains cependant de ne pas être d'accord avec M. Reymond sur ce qu'est la dignité des femmes.

Je suis heureuse que quelques chose soit fait pour ces femmes, même si autre chose aurait été sans doute plus utile et plus sain. C'est uniquement la justification du directeur de la prison qui me choque.
Etre digne, pour une femme, c'est donc être belle ? C'est se faire arracher tous les poils pour ressembler à une gamine prépubère, se tartiner la tronche de crèmes qui coutent les yeux de la tête et ne servent pas à grand-chose, se limer les ongles pour qu'ils ressemblent à des griffes handicapantes et cassantes ? Je ne vois pas ce qu'il y a de digne à se déguiser (au terme d'un processus long et douloureux) en une poupée peinte. Je perds sans doute mon sens de la mesure, mais la notion de soin esthétique m'évoque plutôt les filles qui passent des heures à se transformer pour donner à quelques sales types l'envie de m'arroser la figure de sperme, ce qui ne fait pas vraiment partie de ma conception de la dignité.
Il y quand même beaucoup de problèmes à régler pour la dignité des prisonnières avant de leur coller des concombres sur les mirettes, non ? Etre présentable, agréable à regarder, désirable, serait donc un besoin essentiel des femmes ? Et les prisonniers, alors ? Ils n'ont pas le droit ni l'envie d'être beaux ?
Il ne manquerait plus qu'elles fassent un calendrier...

jeudi 18 novembre 2010

D'une pierre deux coups

J'ai été interpelée aujourd'hui par la tribune d'Azouz Begag dans Le Monde.


Rappelons que M. Begag est chargé de recherche au CNRS et ancien ministre délégué à l'égalité des chances du gouvernement de Villepin.

Le dernier remaniement du gouvernement n'est pas un progrès pour la parité : 11 femmes pour 31 membres. On voit cependant arriver des représentants, en l'occurrence des représentantes, des minorités injustement écartées habituellement des instances dirigeantes françaises, tant politiques qu'économiques. Après Rachida Dati, Rama Yade et Fadela Amara, Jeannette Bougrab rejoint le gouvernement. Nicolas Sarkozy fait donc d'une pierre deux coups en nommant à la fois des femmes et des minorités (j'en profite pour rappeler qu'on ne peut qualifier les femmes de minorités, on est plus de 50 % de la population quand même !), histoire qu'elles servent de bouclier à la fois contre les accusations potentielles de racisme et de machisme. Ca va finir par se voir, quand même... Mais il ne faut pas se priver de se réjouir de voir des personnes issues de catégories de la population habituellement muselées accéder à des postes de pouvoir.

Le rôle d'alibi de ces femmes est bien dénoncé par M. Begag au début de sa tribune. Les "étrangères", on les tolère quand elles se taisent : d'après lui, Rama Yade et Fadela Amara étaient trop voyantes, bien trop causantes pour le gouvernement, au contraire de Nora Berra qui y est restée. M. Begag s'interroge ensuite sur le choix de ne représenter les minorités qu'à travers des femmes : "Ce n'est pas fortuit si ce ne sont que des femmes issues de l'immigration que Nicolas Sarkozy a promues au gouvernement." Je veux bien le croire, rien n'est fortuit en politique !

J'aurais naïvement pensé que le président a juste cherché à faire d'une pierre deux coups, comme je le disais plus haut. Pour M. Begag, ça va plus loin. "Cet affichage doit satisfaire l'électorat majoritaire pour qui les femmes d'origine immigrée ont une meilleure image que les hommes. Elles inspirent moins d'inquiétude." Là encore, je veux bien le croire. Aux yeux des racistes, une femme d'origine étrangère qui ne porte pas le voile représente l'intégration réussie, le "bon arabe", quoi. Et si en plus elle est jolie, ça décore avantageusement les marches de l'Elysée... Ce choix flatterait les racistes et les machos, beurk.

Mais comment réagissent les personnes d'origines étrangères ? Sont-elles satisfaites d'être enfin représentées ? "Au sein de la population arabo-musulmane de France, cette féminisation exclusive de l'intégration des minorités passe mal. Elle a un goût amer de provocation. Elle symbolise aux yeux de beaucoup une émasculation, une volonté de créer une image de vous qui vous paralyse, qui vous fait honte de ce que vous êtes, tellement elle est mauvaise..." Rien que ça ! Que les minorités soient représentées par des femmes est une "émasculation", l'image donnée par ces femmes "fait honte", "elle est mauvaise" ! Que ce soit un cliché de plus, que ce soit une image réductrice, je veux bien. Mais une telle violence dans les mots est puante. Que signifie cette phrase ? Est-ce une description du ressenti de toute la population arabo-musulmane (à laquelle fait partie M. Begag, il faut donc qu'il assume ces paroles), femmes comprises ? Ou une description du ressenti de quelques personnes qui exagèrent à peine ?

Que le choix de ces femmes soit une ènième manifestation du manichéisme "bon immigré/mauvais immigré", et que ce soit grave, je peux le concevoir. Mais est-ce que la seule raison ? Est-ce que ça veut dire forcément que les autres sont tous considérés comme des terroristes/exciseurs/polygames ? M. Begag n'hésite pas à l'écrire, sans aucun sens de la mesure.

Et il en rajoute : "Cette féminisation de l'élite politique issue de la diversité a accru le sentiment d'éviction des jeunes Arabes, alors que depuis trois décennies ce sont eux qui subissent la plus grosse charge des vexations, des humiliations et des violences sociales et économiques." J'aimerais avoir des faits pour étayer cette phrase. Les jeunes filles arabes ne souffrent pas de violence sociale et économique ? Stigmatisant Ni Putes Ni Soumises, se souvient-il de la raison pour laquelle l'association existe ?
Remarquez que nous sommes passés de "la population arabo-musulmane de France" à "des jeunes Arabes". Mais finalement, de qui parle cet article ? Qui interprète de manière si manichéenne et démesurée le choix de ces femmes ? Quelques gamins, une majorité des immigrés ou M. Begag lui-même ?

Continuons : "Ces nominations marquent une nouvelle étape dans les prérequis exigés des enfants de l'immigration désireux de faire carrière en politique : qu'ils soient des minorités invisibles et silencieuses." Jeannette Boughrab est donc silencieuse ? Elle a pourtant fait couler un peu d'encre quand elle a dirigé la HALDE... Invisible ? J'en doute. A moins que ce ne soit tout ce que retient M. Begag d'une femme politique... J'imagine qu'il veut dire que ces femmes sont poussées à être silencieuses (invisibles, non, en tant qu'alibi, ce serait absurde, et on ne peut pas dire que Rachida Dati et Rama Yade ait été invisibles), mais sa formulation est au mieux maladroite.

Il y a sans doute un fond de vrai dans ce que dit M. Begag, mais les conclusions qu'il en tire me font me demander s'il ne serait pas simplement jaloux d'être écarté du gouvernement alors que les gonzesses, elles...

lundi 8 novembre 2010

La tendresse selon Milan Kundera

Picasso, Paul dessinant (illustrant La Vie est Ailleurs de Milan Kundera, Folio 834)


En lisant La Vie est Ailleurs de Milan Kundera, je suis tombée sur un passage qui m'a fait réfléchir.

Le livre est la biographie d'un poète fictif, Jaromil. Couvé par sa mère qui reporte pour lui son manque d'amour (cet aspect du livre est remarquable de sensibilité, le personnage de la mère abusive n'est, pour une fois, pas traité comme un monstre mais on le comprend), Jaromil est un amant abusif, et jaloux. Il idéalise les femmes comme il idéalise l'amour.
Le passage en question se situe peu après la seconde guerre mondiale, avant sa première expérience sexuelle, alors qu'une jeune fille vient de poser sa tête sur son épaule. Ce geste l'a bouleversé et le narrateur en profite pour faire une parenthèse précisant la perception qu'a Jaromil du corps féminin.

Ce corps était au-delà des limites de son expérience et, pour cette raison précisément, il lui consacrait un nombre incalculable de ses poèmes. Combien de fois n'est-il pas question du sexe de la femme dans ses poèmes d'alors ? Mais par un effet miraculeux de la magie poétique (la magie de l'inexpérience), Jaromil faisait de cet organe génital et copulateur un objet chimérique et le thème de rêveries ludiques.
Par exemple, dans un de ses poèmes, il parlait d'une
petite montre qui fait tic-tac au centre du corps féminin. [...]
Et dans un autre poème, les jambes de la jeune fille se muaient en deux fleuves qui se rejoignaient ; il imaginait à ce confluent une mystérieuse montagne qu'il désignait d'un nom inventé à consonance biblique : le mont Seïn.
Ailleurs encore, il parlait du long vagabondage d'un vélocipédiste (ce mot lui semblait beau comme le crépuscule) qui roule fatigué au milieu du paysage ; ce paysage est le corps de la jeune fille et les deux meules de foin où il voudrait dormir sont ses seins.
C'était tellement beau, vagabonder sur un corps féminin, un corps inconnu, jamais vu, irréel, un corps sans odeur, sans points noirs, sans petits défauts, sans maladie, un corps imaginé un corps qui était le terrain de jeu de ses rêves !
C'était si charmant de parler de la poitrine et du ventre féminin sur le ton dont on dit des contes de fées aux enfants; oui, Jaromil vivait au milieu de la tendresse, qui est le pays de l'
enfance artificielle. Nous disons artificielle, parce que l'enfance réelle n'a rien de paradisiaque et n'est pas tellement tendre non plus. [...]
La tendresse, c'est la frayeur que nous inspire l'âge adulte.
La tendresse, c'est la tentative de créer un espace artificiel où l'autre doit être traité comme un enfant.
La tendresse, c'est aussi la frayeur des conséquences physiques de l'amour ; c'est une tentative de soustraire l'amour au monde des adultes (où il est insidieux, contraignant, lourd de chair et de responsabilité) et de considérer la femme comme un enfant.


Le corps féminin apparait à Jaromil comme une manifestation universelle de la Nature, dans toutes les dimensions temporelle et spatiales. Mais c'est une nature idéalisée, expurgée de ses défauts, douce, sans danger, maternelle, accueillante. Elle est à la fois repère et refuge, origine et objectif. La tendresse, ici, est un amour idéalisé, entre l'amour qu'on voue à une mère rassurante et celui qu'on ressent pour une amante inatteignable.

Illustration de W. Siudmak utilisée en couverture de La Planète aux Vents de Folie de Marion Zimmer Bradley

Cette vision naïve ne me parait pas si anodine qu'on pourrait le croire au premier abord. Elle est à inscrire dans une logique paternaliste, où les femmes sont traitées comme des enfants, pas seulement pour les asservir en prétextant leur stupidité et leur fragilité, mais aussi pour les figer dans un modèle idéalisé, éternel. Les défenseurs du système paternaliste ne sont pas tous des salauds, ils peuvent aussi être des enfants qui ont grandi sans accepter de quitter ce pays du tendre, d'assumer leur humanité et ses petits désagréments. Devant le réalité de la vie, les trahisons de l'amour, les défaillances du corps humain, les menaces de la nature, ils paniquent et, à défaut de pouvoir pleurer dans le giron de leur maman qui n'est pas si rassurante qu'ils le souhaiteraient, ils tentent de se réfugier dans de fantasme de cet "éternel féminin".
Cette vision est aussi à relier à la pression que subissent les femmes pour effacer toutes les imperfections de leur corps, pour les rendre imberbes comme ceux d'un enfant, harmonieux comme un paysage, et ce éternellement. Ces corps sont à exhiber, pour que l'œil puisse en prendre possession et ainsi s'enrichir du fantasme incarné par ces personnages déshumanisés.

J'admire cette lucidité chez Milan Kundera. Il ne dénonce pas la situation, le sujet du livre est la poésie, qu'elle soit morale ou non, mais la suite de l'histoire, le comportement de Jaromil adulte, suffisent à laisser au lecteur le goût amer que le pathétisme du personnage impose.

lundi 18 octobre 2010

Super Eva et les super-directives


J'ai appris par le site Marianne2 que l'Union Européenne avait publié une série de vidéos visant à défendre l'égalité entre les sexes. Le ton employé par Marianne m'a semblé violent et j'ai tout de suite pensé qu'ils exagéraient : "L'égalité entre les hommes et les femmes est un vrai sujet. " (merci de le souligner) "A condition de ne pas prendre les gens pour des enfants. C'est exactement le travers de cette vidéo de la Commission européenne."


Evidemment, je suis immédiatement allée consulter l'objet du délit. Il s'agit de 5 vidéos présentant Super Eva (pourquoi ce prénom, d'ailleurs ? une référence à Eve la pécheresse ?), petit personnage de jeu vidéo du plus pur style nippon, évoluant dans un jeu de plateforme. Le scénario est sensiblement toujours le même : Eva débute son niveau en ayant repéré son objectif (un job, un poste de manager, sa pension de retraite...), mais son avancée est contrecarrée par la présence du mâle, visible ou non. Au moment où tout semble perdu, Eva reçoit la Super-Directive de la Commission Européenne et devient Super Eva. Elle atteint alors comme par magie son objectif.
La vidéo ci-dessous reprend les autres :



Infantilisant ? Un peu. Les vidéos ne présentent pas de faits, ne s'adressent pas à notre intelligence, mais à... euh... à quoi en fait ?
La discrimination est présentée dès le départ comme un état des choses anormal. Pourtant, ceux qui reproduisent ces discriminations en sont soit inconscients (et là, il faut les convaincre faits à l'appui), soit conscients et satisfaits (et là, il faut les menacer de sanctions). Là, pas d'explication, pas d'analyse, pas de pourquoi, pas de comment. Sommes-nous trop bêtes pour comprendre ?
L'arrivée de la Super-Directive est également critiquable. La directive européenne apparait comme un champignon magique. Or, si c'était si simple, l'égalité serait établie et le cul des poules calibré. Après avoir vu ces vidéos, je ne sais toujours pas ce qu'est une directive européenne, qui la crée, à quoi ça sert, ni quel est son effet. Je reste frustrée, car la Super Directive n'a pas agi pour moi, et j'ai l'impression qu'on me ment.
Ce qui m'a le plus choquée dans ces vidéos est la fin de certaines séquences. Je trouve violent de voir Super Eva obtient le job qu'elle convoitait aux dépends de l'homme (qui l'avait spoliée au départ, mais quand même), quand elle fait renvoyer son patron, quand elle pique les sous du retraité homme. On reste avec l'impression qu'Eva n'obtient pas un dû mais le confisque, s'arrogeant par violence le bien d'un autre. J'entends déjà les anti-féministes grincer des dents et le serpent de mer de l'hystérique frustrée cherchant à prendre la place des hommes, à les castrer, et à devenir pire qu'eux, rôder autour de Bruxelles. Nous voulons l'égalité, pas l'exclusivité du pouvoir, et il faut toujours prendre garde de ne pas donner du grain à moudre aux propagateurs de clichés. Sinon l'effet est inverse.

Bref, non seulement ces vidéos sont infantilisantes voire blessantes mais en plus je doute fortement de leur efficacité. J'espère qu'elles n'ont pas coûté trop cher à nos copains de Bruxelles.
C'est vrai que ces vidéos ont le mérite d'exister, mais il existe tellement d'initiatives intelligentes et efficaces dont personne ne parle , tellement de moyens d'action et de personnes motivées que ces vidéos me font l'effet d'un gâchis de temps et d'argent.

Ajoutez à ça la campagne pour le dépistage du cancer du sein pointée du doigt par Anaïs... A quand une campagne qui ne prend pas les gens pour des imbéciles ?

dimanche 10 octobre 2010

Les gender studies au programme de Sciences Po


Si les élites de demain sortent de Sciences Po, peut-être seront-elles conscientes de problèmes aujourd'hui ignorés par nos politiques et motivées pour faire avancer les choses. L'établissement vient, en effet, d'intégrer à son programme un enseignement des gender studies - la branche des sciences sociales étudiant les différences de genre.
Sur le sujet, deux articles passionnants ont été publiés sur le site du Monde :
[1] Sciences Po pense sexes
[2] Faut-il imposer un enseignement sur les inégalités entre les sexes en France ?, compte-rendu d'un chat entre les internautes et Hélène Périvier, économiste.
Tous deux soulignent l'importance de telles études, dans un pays où "les femmes touchent aujourd'hui des pensions de 30% à 35% inférieures à celles des hommes". [1] Paradoxalement, si les réflexions sur l'identité de genre ont été initiées en France par Simone de Beauvoir, un retard important a été pris depuis. La question passe-t-elle pour secondaire auprès de ceux qui financent les recherches et auprès des chercheurs ? Pourtant, "il ne faut pas perdre de vue que les femmes représentent plus de la moitié de la population, et donc les rapports de pouvoir et de répartition de ce pouvoir entre les sexes est une question structurante de nos sociétés" [2].
Pour bien comprendre de quoi il s'agit, il faut garder à l'esprit la phrase de Simone de Beauvoir "on ne naît pas femme, on le devient". Le sexe est à différencier du genre au sens où toutes les caractéristiques identifiant un individu comme "femme" ou"homme" ne sont pas intrinsèques au sexe (terme à prendre au sens anatomique) mais une construction sociale, nommée "genre" (gender en anglais). Ainsi, une femme ne se conforme à un comportement dit "féminin" que puisque la société, qui l'a formatée au cours de son éducation, le lui impose. Les gender studies permettent d'identifier ces caractéristiques, de comprendre leur origine et d'en cerner les conséquences.
L'influence religieuse a, pendant des siècles, imposé une vision essentialiste des sexes : femmes et hommes étaient créés différents par essence, et s'éloigner de comportements spécifiques était contre nature. L'existentialisme a montré que nos caractéristiques étaient issues d'une éducation différenciée. Le féminisme moderne est né de cette réflexion et s'est nourri depuis des conclusions des gender studies. Le féminisme n'est donc pas un délire de moches frustrées, mais une véritable réflexion de fond nourrie de philosophie et d'études sérieuses.
Ces idées concernent absolument tout le monde, et les stéréotypes imprégnant tout le monde transforment notre vision des individus. La démarche transversale proposée par Sciences Po est particulièrement pertinente. L'intérêt massif des étudiants pour la discipline, relayé par Hélène Périvier ("Ces cours étaient toujours pleins, ce qui témoigne d'une véritable demande d'enseignement de la part des étudiants") est une excellente nouvelle et présage d'une implication saine de la part de nos futurs dirigeants.

mercredi 6 octobre 2010

Revue de web

Quelques articles et billets intéressants que j'ai trouvés ces derniers jours.

- D'après Le Monde, la délinquance des filles est en hausse. Malgré cette déclaration tonitruante qui laisse craindre l'invasion d'hystériques dénaturées (bah oui, les filles, c'est gentil de nature, c'est bien connu), le quotidien refuse qu'on parle d'explosion : d'après Sébastian Roché, interrogé par le journal, "La frontière entre les genres est moins imperméable, l'égalisation des conditions et des styles de vie adolescents pouvant aider les filles à faire 'comme les garçons' car s'identifiant à leurs modèles de rôle". En gros, les filles veulent imiter les mecs ? J'aurais plutôt pensé qu'elles se lâchent, car rien ne prouve qu'elles soient naturellement moins violentes que les garçons. La société leur accordant peu à peu le droit d'être elles-mêmes, le grand public réalise avec effroi que les filles sont aussi bêtes et méchantes que les garçons. Ben oui, c'est ça aussi l'égalité !
Coline Tardi, sociologue interrogée par Le Monde pour apporter quelques précisions sur les chiffres, relativise l'augmentation, le chiffre global restant faible. C'est la tolérance à la violence, en particulier des femmes, qui baisse. Les policiers, la reconnaissant enfin, arrêtent les femmes plus volontiers (tant mieux, il faut que justice soit faite pour tout le monde) et les médias montent les affaires en épingle.

- Le retour de Bertrand Cantat sur scène ne cesse de faire couler l'encre. A chaque article, les réactions des lecteurs sont d'une virulence peu commune. D'un côté, nous avons les fans qui réclament l'oubli, croyant dur comme fer à la thèse de l'accident, et veulent que leur idole puisse bosser tranquille, de l'autre côté ceux qui l'appellent meurtrier et voudraient bien qu'il passe sa vie fouetté en prison (qu'il paye pour tous les autres !). Evidemment, Cantat, c'est du pain bénit pour les médias qui sont sûrs, étant donné l'émotion que suscite l'affaire, de faire de l'audience.
Tout le problème est le traitement de cette affaire. La justice a reconnu que l'homicide était involontaire : de là, certains (les fans d'une part, les machos qui refusent de considérer l'ampleur des violences conjugales) souhaitent faire croire à un simple accident, un truc banal qui peut arriver à tout le monde. L'étape suivante dans la mauvaise foi est de dénoncer l'acharnement médiatique dont il a été victime et d'encenser son courage quand il remonte la pente. Un bon article des Nouvelles News (site indispensable, à bookmarquer d'urgence !), et un billet paru sur Rue89 résument très bien cette situation.
Cantat a purgé sa peine, justice a été faite, il a le droit de recommencer à vivre, c'est comme ça. Personne n'a le droit de dire quoi que ce soit. On peut cependant reconnaître que, moralement (justice et morale sont deux choses différentes), il devrait se faire discret par respect pour la famille de sa victime, par respect pour toutes les victimes de violence conjugale et pour ne pas banaliser son acte. Il a le droit de travailler, mais les métiers du spectacle ne sont pas des métiers comme les autres, ils impliquent une visibilité qui leur permet d'atteindre une grand nombre de personnes : il a choisi ce métier, qu'il en assume les conséquences. Rien ne l'y oblige légalement, néanmoins, et s'il refuse de comprendre ce que signifie le mot respect, c'est aux médias de faire preuve de modération et au public de le traiter comme il le mérite, sans en faire un héros, ni un martyr, ni un punching-ball. Je comprends que les fans l'aiment, mais il a tué, c'est un fait, et s'il a payé légalement, rien ne peut effacer son acte. D'un autre côté, s'acharner contre lui ne fera pas revenir Marie Trintignant.

- Les viols de lesbiennes en Afrique du Sud sont dénoncés par ce blog. Il s'agirait de les remettre dans le "droit chemin" à coup de bite. Combien, en France, blaguent sur ce principe ? Combien d'hommes se croient détenteurs d'une baguette magique générant automatiquement des gémissements de plaisir (sauf chez les frigides) et garante de l'ordre social ?

- Le sexe pas si libéré des Américains fait l'objet d'un court article dans Le Monde. Les USA ont la chance d'avoir vu paraître le rapport Kinsey par le passé pour étudier leur sexualité. Une nouvelle étude montre que les temps ont changé. Cependant, si l'on croyait les femmes enfin maîtresses de leur corps, on se trompait : "Ainsi, 85 % des hommes affirment que leur partenaire a eu un orgasme lors du dernier acte sexuel, contre seulement 64 % des femmes. Par ailleurs, un tiers des femmes, mais seulement 5 % des hommes, assurent avoir subi des douleurs génitales la dernière fois qu’elles ont fait l’amour". Notre jouissance reste rare, et la douleur n'appartient pas au passé. Ben oui, un vagin n'est pas en béton armé, on n'y rentre pas comme dans le couloir du métro !

- La campagne de publicité de Canal+ pour sa nouvelle série Maison Close fait scandale chez les féministes. Les Nouvelles News citent le Mouvement du Nid (dont le site web est ici), et la Meute réagit. C+ utilise l'iconographie trash de la prostitution pour vendre : elles sont belles, et désespérées. Cosette est à vendre !
Si je suis tout à fait d'accord avec les arguments des sites que je viens de citer, j'aimerais tout de même voir la série avant de crier au loup. La pub est dégueu, certes, comme plein d'autres, il suffit de consulter le site de la Meute. Cependant, le peu que j'ai lu sur la série me donne l'espoir de voir enfin les Maisons Closes traitées non pas comme les lieux classe où tout le monde s'éclate dans un décor enchanteur, mais la prison que c'était, où l'on pratiquait une activité d'une atroce barbarie. Si quelqu'un-e l'a vu, merci de me laisser un commentaire !!!

samedi 25 septembre 2010

Un clou chasse l'autre



Je lis rarement les pages sport du Monde.fr, mais quand je suis tombée sur un titre à la une sur la difficile promotion du foot féminin, j'ai cliqué, même si j'ai ce sport en horreur.
En 98, on nous promettait que les dames allaient s'intéresser au foot, surtout pour mater les fesses de Manu Petit. Nos champions (pas besoin de préciser lesquels, hein, on n'en a pas eu tant que ça !) étaient des icônes de la mode et celles qui crachaient encore sur le foot étaient has been. Ca n'a pas duré. Le football est vite redevenu le bastion machiste qu'il a toujours été, avec ses supporters relous, ses sportifs consommateurs de prostituées et ses entraîneurs coutumiers des remarques homophobes.
La passion que le sport déchaîne a transformé la défaite de cet été en catastrophe nationale (et pendant ce temps, des centaines de personnes mouraient au Kirghizistan, mais tout le monde s'en fout). L'équipe nationale était la cible de toutes les moqueries. Quelques voix se sont élevées pour dire qu'à côté de ça, l'équipe féminine avait de très bons résultats. Mais ça n'est pas allé très loin. Le foot féminin ? Quel intérêt ?

Pourtant, les footeuses aimeraient bien qu'on parle un peu d'elles, et la FFF tente de redorer son blason en mettant en avant leurs performances. Comment faire parler du foot féminin ? En parlant de leur talent ? Si le talent des femmes déplaçait des foules, ça se saurait. Alors, plutôt que parler foot, sport, résultats, buts, on n'a qu'à parler de leur physique !
Le but serait de casser le stéréotype qui serait à l'origine de la défection des supporters pour la discipline (ce que je crois sans peine). Le cliché de la footeuse, donc, c'est une gonzesse moche, bâtie comme un travelo, potentiellement lesbienne, brutale et vulgaire : bref, le garçon manqué pas féminin, pas baisable. Evidemment que c'est faux, et même si c'était vrai, quel intérêt, puisqu'on leur demande de taper dans un ballon, pas de décorer le salon de Mr. Heffner ? Mais il faut bien constater que le garçon manqué fait fuir les médias. Pour casser un stéréotype, on a le choix : soit on réagit intelligemment en démontrant qu'il n'a pas lieu d'être, soit on le remplace bêtement par un autre. La FFF étant dirigée par des gens malins, la seconde solution a été choisie : il s'agit donc de montrer que les footeuses ne sont pas des thons, mais des bonnasses. Un clou chasse l'autre.

L'an dernier, la FFF a fait fort en les faisant poser à poil. Attention, c'est pas vulgaire, c'est glamour. On les photographie toutes nues, en disant bien que c'est à regret, mais pas dans des poses cochonnes de vilain porno, ça non, on mate avec respect, hein. On vend leurs corps, mais c'est pas pour le business, c'est pour faire réfléchir. Le message tamponné sous les photos était "faut-il en arriver là pour que vous veniez nous voir jouer ?" : pertinent mais hélas, la photo est faite, on en est déjà arrivé là, le message est tué. D'ailleurs, ça fait tellement réagir que personne n'en a parlé. J'espère qu'en plus les dames n'ont pas chopé froid.
Alors, pour cette année, on continue dans le glamour, on cache les footeuses et on utilise Adriana Karembeu. Toujours prête à rendre service, l'ambassadrice de la Croix Rouge a posé pour une série de photo. Celle présentée sur le site du Monde (ce-dessous) allie l'imagerie du foot (les vestiaires, les grandes chaussettes), l'atmosphère féminine (les placards roses façon boudoir pour Barbie décoratrice chez M6) et la gestuelle sensuelle (mais non, elle ne se caresse pas la jambe, elle met -ou enlève- ses chaussettes). Glamour, sexy, sensuel, pas vulgaire qu'on vous dit !


Si c'est pas vulgaire, pourquoi se plaindre ? Qu'y a-t-il de mal à montrer que les footeuses peuvent être désirables ? Etre désirable serait donc un drame ?
C'est toute la difficulté qu'a le discours féministe pour se faire entendre : il est plus subtil que le simple manichéisme dont on l'accuse. Etre désirable n'est pas un mal en soi, ce qui l'est , c'est le système sexiste qui force les femmes à l'être, ne valorise que les femmes sexy et dévalorise celles qui ne le sont pas (pire, celles qui refusent de l'être). Cette pression n'est pas évidente pour tout le monde, certains ne la voient pas (sont-ils chanceux, de mauvaise foi, ou aveugles ? j'ai rencontré les trois), d'autres la nient carrément. Il existe pourtant une collection d'exemples répertoriés dans des ouvrages (du Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir au récent Petit traité contre le sexisme ordinaire de Brigitte Grésy) et des analyses publiées dans de nombreux articles (en particulier dans le domaine des Gender Studies : c'est du sérieux, pas une élucubration de frustrées). Cette pression reste discrète car elle prend la forme de petites remarques, entendues sporadiquement ("pourquoi tu ne te maquilles pas ?", "tu aurais pu mettre une jupe"), elle se traduit par la prépondérance de filles sexy et disponibles dans les médias, les unes des magazines féminins, les publicités... C'est ce qu'on appelle le sexisme ordinaire.
J'ai fait une petite recherche google image pour illustrer ce billet, ça fait peur : nos footeuses ne sont pas prêtes de s'en dépêtrer, de ce sexisme ordinaire. Courage, mesdames, on est avec vous !

samedi 18 septembre 2010

La guerre des sexes version TF1


Même la question la plus sérieuse prend une dimension ridicule lorsque TF1 l'aborde. Surtout quand c'est dans une émission aussi intellectuelle que Koh-Lanta. Le contenu de telles émissions ne me parait cependant pas anodin, étant donné la quantité impressionnante de personnes qui les regardent fidèlement en éteignant les cerveaux (Coca-Cola vous dit merci, chers téléspectateurs !). Les messages publicitaires qui s'infiltrent dans les esprits rendus disponibles des travailleurs épuisés le vendredi soir ne sont pas la seule pollution distillée par la chaîne : la vision rétrograde et simpliste de la société et de l'humain en général, construite pour ne pas heurter les certitudes de la ménagère de moins de 50 ans et de son époux friand de divertissements à peu de frais, qui est proposée dans ce type de programme, n'est pas moins abrutissante.
Je n'ai pas honte de le dire : je suis depuis quelques années une fidèle de Koh-Lanta. Je me tamponne de leurs épreuves à deux balles comme de mon premier soutif, et je ne prétendrai pas m'intéresser au paysages qu'on aperçoit vaguement au générique ni aux sociétés locales dont on distingue quelquefois un spécimen entre deux plans sur les singes et les lézards. J'aime voir les candidats galérer sur la plage pour bouffer deux moules et un citron pas mûr, et je l'assume. La survie me fascine depuis que j'ai dévoré Robinson Crusoë au collège, j'ai toujours rêvé de me construire ma cabane et de trouver mon dîner dans la nature (quoique dépendre du Auchan de Cergy-Pontoise pour assurer sa subsistance, c'est aussi une belle expérience de survie, dans son genre). Je suis une fanatique de Raphaël, Grégoire et Freddy, tandis que les bisbilles entre les candidats m'emmerdent prodigieusement.

Je ne sais pas si c'est le casting, le montage et la mise en scène qui font ça ou si c'est une véritable tendance qui transparait dans ce programme comme partout, mais le comportement des femmes de Koh-Lanta est dans la plupart des cas complètement stéréotypé. Prétextant leur manque de force physique, elles glandent sur la plage en attendant que les hommes leurs ramènent la bouffe. Elles se chargent de la popotte mais ne s'occupent pas du feu (pourtant, souffler sur trois braises, c'est pas le bout du monde), elles chialent quand il pleut, braillent dès qu'une vilaine bébête pointe le bout de sa patte velue ou griffue... On se croirait dans un manuel scolaire sur la préhistoire dicté par un vieux schnock barbu à sa secrétaire docile en se grattant les roubignoles.
Les mecs, présentateur et voix off inclus, n'ont d'ailleurs pas tellement de considération pour elles (qu'elles la méritent ou non) : dès qu'il y en a une qui gagne une épreuve ou pêche une palourde, elle gagne le qualificatif d"Amazone" tellement ça surprend tout le monde ; un comportement volontaire parait si surprenant qu'il les aide souvent à gagner. De toute manière, le nombre de plans sur leurs nichons tressautant ou leurs petits culs se trémoussant pendant les épreuves montre bien ce que la production attend d'elles.
Même si je sais bien qu'il faut pas s'attendre à autre chose de la part de TF1, ça me fait râler à tous les coups. Remarquez, râler sur des dindes le vendredi soir, ça fait du bien. C'est ainsi avec une joie mauvaise teintée d'une appréhension bien légitime que j'ai accueilli le premier épisode de Koh-Lanta : Vietnam hier soir, où les deux équipes seront non mixtes (c'est pas que je sois pour la non-mixité, hein, bien au contraire, le pseudo-débat sur la mixité à l'école qu'on nous fait subir en ce moment m'insupporte). Enfin, me disais-je, elles vont devoir se bouger, allumer le feu, se chercher à bouffer toutes seules ! Je l'ai déjà dit ici, qu'on se batte pour que les machos nous laissent une place au soleil, c'est une normal, mais c'est inutile si les femmes continuent à se comporter comme des poupées dociles et faiblardes. L'égalité ne se mendie pas, elle se gagne au prix d'une remise en question.
Dès que les candidats ont été mis au courant de ce qui les attendait, ça n'a pas loupé : sous le regard goguenards de ces messieurs, les gonzesses se sont demandées ce qu'elles allaient devenir, et la casse-burnes de service a commencé à faire la tronche, pasque les nanas, ça piaille, c'est faible et ça fait des histoires. A l'arrivée sur les plages, tout de même, une surprise attendait les deux équipes : une femme (Véronique, plus toute jeune et sympa) dans le camp des hommes, un homme (Boris, jeune et vachement bien gaulé) dans le camp des femmes. La première épreuve a été offerte aux dames pour faire croire qu'elles avaient une chance (je parie que la poutre des mecs a été savonnée). Mamie Véronique s'est chargée de la bouffe au grand plaisir de ces messieurs appréciant une présence féminine (je serais curieuse de voir comment ils auraient réagi s'ils avaient hérité d'un top model anorexique), Boris le preux a allumé le feu. L'enquiquineuse geignarde qui, je suppose, ne pouvais simplement pas se passer d'hommes et était bouffée de jalousie devant toutes des nanas bien plus jolies qu'elle, s'est faite virer à l'unanimité après son accrochage avec la seule qui se bougeait sérieusement. Je m'attendais franchement à plus trash.
Reste que j'ai toujours l'espoir, étant donné les personnes qui ont été sélectionnées (la coiffeuse hyper-active, l'hôtesse de l'air sous acides ou la lutteuse taciturne), de boire du petit lait en voyant, enfin, des candidates qui servent à autre chose qu'à empêcher le riz d'attacher au fond de la casserole. Enfin, je ne m'attends pas à des miracles, non plus : quand on mate des conneries à la télé, faut pas se plaindre que le débat ne vole pas haut.

Allez, courage. Canal+ nous annonce à grand renfort de publicité sexy sa nouvelle série, "Maison close". Vous pariez combien qu'on va se retrouver devant un programme racoleur, rabâchant des poncifs sur l'identité de genre et renforçant les clichés sur la prostitution ?

dimanche 5 septembre 2010

Première rentrée des classes




Personne n'a pu échapper au battage médiatique : jeudi, c'était la rentrée des classes.
Pour mon petit bonhomme, c'était la première fois. Je vous rassure, tout s'est bien passé. Il était tout heureux d'aller enfin à l'école, il a été sage et a adoré l'école. La preuve, samedi il a fait un caprice pour y retourner.
Pour moi, ça a été un peu plus dur. Il faut pouvoir accepter de lâcher son petit bout dans ce monde de brutes. L'influence de la maîtresse, que je n'ai pas choisie au contraire de la nounou, va presque égaler la mienne. Et si elle lui racontait des bêtises ? Et les copains vont sans doute lui apprendre plein de bêtises. Et s'il était en classe avec des racistes ?
Enfin, c'est la vie.

L'idée de la maternelle, c'est surtout de socialiser les mômes. Peut-on les socialiser, leur apprendre à vivre ensemble, sans les formater ? Sans faire d'eux another brick in the wall ? Je veux croire que oui. Mais le corps enseignant est-il désireux d'éviter de leur inculquer des codes sociaux, en particulier l'identité de genre ? J'ai bien l'impression que, pour ça, je suis mal tombée.
Dès le premier jour, ça a commencé : on nous confie un "cahier de vie scolaire" pour chaque enfant, avec un protège-cahier bleu pour les garçons, rouge pour les filles. La liste des enfants affichée à l'entrée de l'école présente leurs noms en bleu et rose. Pourquoi cette différence ? Est-elle vraiment nécessaire ? Je ne le crois pas.
Le comble a été le second jour. Je ramenais à la maison mon poussin qui me racontait sa journée avec enthousiasme. "Et puis j'ai été sur le tobogan, et là, la maîtresse a dit que c'était l'heure des mamans". J'ai déjà entendu avec horreur cette expression désuette, et j'ai réagi de manière épidermique en corrigeant mon fils "l'heure des mamans ET des papas". C'est évident, en plus, il y avait plein de papas venus chercher leurs enfants. Alexandre, habitué à un partage des tâches égalitaire à la maison, a acquiescé tant cela lui paraissait évident. Avec un peu de chance, si la maîtresse réutilise cette expression, il la corrigera ! Comment peut-elle nier l'implication des pères d'aujourd'hui ? Elle les a sous le nez tous les jours !

J'espère franchement me tromper et que tous ces détails ne sont que de fausses alertes. Il faudra que nous soyons vigilants pour empêcher que notre fils soit conditionné... Mais je crains que ce ne soit qu'un début : quand on voit sur le blog d'Olympe ce qu'on trouve dans les fournitures scolaires...

mercredi 30 juin 2010

Le silence des poupées

Ca y est, c'est fait, le Parlement a adopté la loi de lutte contre les violences conjugales. Une bien bonne chose de faite !
Ces messieurs les députés ne se sont pas déplacés en masse pour voter, mais bon, on a l'habitude. Ce sont les quelques femmes de l'assemblée qui sont venues, et les termes "violence de genre" ont eu le mérite d'être prononcés, à défaut d'être intégrés dans la loi. Ceci dit, même si les hommes victimes de violences conjugales sont minoritaires, il ne faut pas les oublier juridiquement, ne serait-ce qu'en vertu du principe d'égalité ; il y a bien d'autres moyen d'ancrer dans la loi le bannissement de la violence de genre (par exemple comme circonstance aggravante ? - enfin, moi et le juridique, ça fait 2...).
Ce grand combat ayant enfin porté ses fruits, je vois venir les commentaires acerbes des masculinistes triomphants du type "vous, les femmes, vous avez tous les droits, arrêtez de vous plaindre". Pardonnez mon cynisme, mais il me parait logique (j'ai pô dit que c'était normal ou justifiable ;-) ) qu'un homme manquant un peu de confiance en lui s'accroche à son idée de sa supériorité et aux privilèges que la société lui octroie généreusement. Ce qui me hérisse monstrueusement, par contre, c'est la complicité enthousiaste et bêlante de certaines femmes. J'ai de plus en plus la sensation que le combat féministe ne devrait plus viser en premier lieu à imposer des limites aux hommes mais surtout à botter les fesses des femmes pour qu'elles prennent leur destin en main et arrêtent de se comporter comme des objets fragiles.

Isabelle Alonso (qui a écrit plein de choses bien, si, si, je vous jure !) a pour ce genre de femmes une dénomination que je trouve fort juste : celles qui scient la branche sur laquelle elles sont assises.
Ce sont celles qui jurent qu'elles ne sont pas féministes sans même savoir ce que c'est (et prennent la pilule comme si ça allait de soi), rient bêtement aux blagues macho ("ouais mais elle est bonne, quand même"), ne réagissent pas aux insultes sexistes ("ben quoi ? c'est pas méchant..."), et croient dur comme fer que les violences envers les femmes sont des violences parmi tant d'autres, assez exceptionnelles et perpétrées exclusivement par des déséquilibrés dans des parkings obscur ("mais qu'est-ce qu'elle est allée faire dans ce parking, cette gourde !"). Elles ont bien un petit dégoût pour la prostitution, mais cela leur parait un mal nécessaire pour satisfaire les hommes qui en ont besoin ; en plus c'est censé diminuer le nombre de viols (t'as qu'à croire !) et leur procurer la sécurité que les faits divers dont les journaux les gavent leur parait urgente.
Puisqu'il leur parait indispensable d'être belle, ou tout du moins désirables, elles se torturent les pieds et le dos avec des talons aiguille, souffrent du froid en mini-jupe en hiver, perdent un quart d'heure à se peindre la figure le matin et autant pour tout enlever le soir, souffrent stoïquement et fièrement des épilations quasi-intégrales. Elles râlent que leur compagnon ne fait rien à la maison sans se douter qu'il n'a rien à faire, car elles prennent les devants.


Au cours de leur scolarité (oui, elles ont fait des études, puisque Papa a dit qu'il le fallait), elles ont choisi avec enthousiasme une orientation où leurs qualités féminines intrinsèques pouvaient s'exprimer. Une femme dans un métier technique leur parait toujours bizarre et elles aiment bien s'en moquer. Au travail, elles adoptent un comportement tout maternel avec leurs collaborateurs. Elles sont gentilles, jamais vulgaires et savent rougir avec charme des blagues salaces qu'on peut faire devant eux. Elles ne demandent pas d'augmentations trop élevées, ne postulent pas à des postes prestigieux, évitent soigneusement de se cogner au plafond de verre en visant toujours en-dessous de leurs possibilités. Le manque de respect qu'elles subissent ne les choque pas, tous les hommes sont les mêmes, on ne les changera pas, alors pourquoi se plaindre ? D'ailleurs, se plaindre, c'est passer pour une chieuse.
Moins solides physiquement (le sport, c'est pas féminin, et c'est pas le fitness qui va leur apprendre à coller une bonne torgnole), elles se placent sous la protection des hommes. Et tant qu'à faire, elles se font tenir la porte et porter les paquets. Elle seraient choquées de payer l'addition au restau et écartent volontiers les jambes après le dessert, envie ou pas. Leurs compagnons gèrent l'argent du ménage, les assurances, la paperasserie, et il ne leur viendrait pas à l'idée de remplir la déclaration d'impôts. Monsieur les dispense de prendre des décisions délicates (il donne son avis et elle acquiesce, ça s'appelle "en discuter"), et leur donne une plaisante sensation de sécurité financière et physique. Ca vaut bien une petite pipe de temps en temps.
Elles élèvent leurs enfants en les préparant à leur manière à leur vie future. Les garçons ont des voitures et des épées, les filles des dînettes et des poupées. Il parait qu'habiller sa Barbie est excellent pour le développement de la motricité ! Et qu'il est flatteur de voir sa petite fille imiter Maman ! On vend même des petits sacs à main avec tous les accessoires. "Elle tient son sac à main comme une dame, comme quoi c'est inné" ai-je entendu un jour.


Certaines ont réussi à intégrer les chiffres des violences conjugales, des inégalités salariales, de la disparité de temps consacré aux tâches ménagères, mais ne voient vraiment pas le rapport avec leur quotidien de poupée. De toute manière, elles préfèrent se taire qu'en parler, pas question de passer pour une féministe mal baisée ! Se rendre compte qu'un autre monde est possible, qu'il n'est pas normal de se faire insulter au travail par des machos qui croient être drôles, que tous les hommes ne sont pas des porcs, ça voudrait dire qu'elles doivent remettre en cause tout leur monde, abandonner leurs amis, quitter leur mec et la sécurité qu'il leur procure. Qui plus est, la contestation risque de les mettre au ban de la société, de les priver de l'amour et de l'admiration qu'elles crèvent d'envie de susciter, elles qui n'existent pas pour elles-mêmes mais pour les regards qu'on leur accorde. Etre une chieuse est plus douloureux qu'être stupide et jamais elles n'imagineraient que la protection paternelle qu'elles font tout pour susciter est la source du danger qu'elles courent.

Si vous ou unes de vos copines rentrez dans la majorité de ces critères, pas de doute, vous êtes des scieuses, et il est temps de lire Simone de Beauvoir ou même Christine Ockrent. Sinon jetez un œil sur les pages associations qui font du bruit en ce moment, Osez le féminisme, Encore féministes !, la Marche Mondiale des Femmes, et bien sûr la Barbe (dont j'ai déjà parlé sur ce blog), histoire de voir leurs arguments.
Sinon, ben, lisez tout ça quand même, ça fait du bien. ;-)