lundi 13 mai 2013

Réflexes


C'est une après-midi tranquille, un week-end, dans un centre commercial. Philippe et Agnès avancent lentement dans la cohue, les bras chargés de paquets. Ils sont fatigués, leurs pieds les font un peu souffrir. Agnès passe mentalement en revue ses achats : les chaussettes pour le petit, le cadeau d'anniversaire de tante Juliette, les deux nouvelles chemises de Philippe, le livre de soutien en maths pour la fille aînée... Il ne manque plus que la veste dont elle a besoin pour compléter sa tenue au mariage de Jean-Claude. La robe qu'elle a prévu de mettre est légère, et la météo prévoit du vent...
"Ah ! Voilà la boutique que je cherchais ! lance Agnès à Philippe en désignant une échoppe. Ici, c'est chic, mais c'est pas trop cher.
- Ca me va ! répond Philippe , ragaillardi à l'idée d'en finir avec la corvée de courses. Tu ne vas pas trop piller ma carte bleue, comme ça."

vendredi 3 mai 2013

Un conte à rendre : Cendrillon

Cendrine naquit dans une ferme cossue d'un petit village. Sa mère mourut des suites d'une chute dans l'escalier survenue alors que sa fille n'avait que cinq ans. Elle fut enterrée dans le cimetière derrière la maison ; sa fille pouvait voir sa tombe depuis sa fenêtre. Son père, ne pouvant s'occuper de sa fille et des vaches en même temps, se remaria rapidement avec une femme d'âge mûr à l'esprit pratique rencontrée par petites annonces. Cette seconde épouse venait de la ville et amenait deux filles, Javotte et Anastasie, dans ses bagages. Le père accueillit ces petites filles avec indifférence : peu lui importait qu'elles soient là ou non du moment qu'on ne les entendait pas. Et si on les voyait, qu'elles soient jolies et agréables !
Quelques années s'écoulèrent. Javotte et Anastasie ne se firent jamais à ce père de substitution qui n'avait jamais pris la peine de savoir quel était leur livre préféré mais qui les empêchait de courir dans la boue. Cendrine, elle, se pliait au joug paternel avec une piété filiale confinant à la sottise. Son père ne faisait attention à elle que quand elle était sage, douce, gentille, jolie ? Elle s'appliqua à cultiver ces qualités. Quant à sa belle-mère, elle s'enfermait peu à peu dans un silence teinté de haine pour cet homme colérique et exigeant.
Un jour, le fermier se rendit à pied à la capitale toute proche pour acheter des semences. Il acheta également des robes et des bijoux pour Anastasie et Javotte qu'il trouvait bien mal fagotées. Sur le chemin du retour, une branche de noisetier fit tomber son chapeau. Trouvant la branche solide et souple à la fois, il la cueillit et l'emmena, songeant que Cendrine s'en prendrait un coup s'il lui venait à l'idée de se plaindre de ne pas avoir eu de cadeau. La petite ne fit aucun caprice, mais s'empara de la branche qui lui rappelait sa mère : la défunte avait en effet l'habitude de brûler les branches de noisetier que le fermier ramenait de ses voyages. Cendrine planta la branche sur sa tombe, l'arrosa soigneusement, et en quelques années, un arbre majestueux poussa.