tag:blogger.com,1999:blog-14312908017330085292024-03-13T00:42:32.764+01:00Journal en noir et blancKalistahttp://www.blogger.com/profile/11054781481773901210noreply@blogger.comBlogger153125tag:blogger.com,1999:blog-1431290801733008529.post-23643953321999059592014-01-20T08:40:00.002+01:002014-01-20T08:40:21.421+01:00Au revoir !...<div style="text-align: justify;">
Bonjour à tous ceux qui me suivent encore, au cas où je ressortirais de ma coquille... </div>
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Comme vous l'avez remarqué, je ne poste plus. Je vais très bien, mais ma charge de travail ne fait qu'augmenter, et tout mon temps libre est consacré à ma famille. </div>
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Qui plus est, je ne suis plus inspirée. Je n'ai tout simplement plus le temps ni l'énergie de m'énerver contre le patriarcat... Ce n'est pourtant pas les raisons qui manquent.</div>
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Je ne me connecte plus sur ce blog, je ne peux donc plus modérer les commentaires. Je vais donc devoir, à mon grand regret, les fermer. Je vais aussi fermer mon profil Facebook, puisque je ne l'utilise pas du tout. Je conserve en revanche mon profil Twitter, au moins pour l'instant. </div>
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J'ai adoré écrire ici, j'ai adoré rencontrer virtuellement tous ceux qui sont passés ici, j'ai adoré dialoguer avec vous tous. Mais maintenant, hélas, il faut que je fasse ce choix. J'ai une floppée de jeunes étudiants qui me prennent tout mon temps, je me dois de leur donner le meilleur de moi-même. Je suis certaine que vous comprenez. Peut-être qu'un jour, je retrouverai un peu de temps et d'inspiration...</div>
<div style="text-align: justify;">
Alors, chers lectrices et lecteurs, je vous dis au revoir et je vous souhaite affectueusement tout le meilleur pour cette année et pour les suivantes.</div>
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Kalistahttp://www.blogger.com/profile/11054781481773901210noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1431290801733008529.post-29588917393174468822013-10-22T16:47:00.002+02:002013-10-22T16:48:46.160+02:00Baisers volés<h4 style="text-align: justify;">Agressions sexuelles minimisées</h4><div style="text-align: justify;">Il y a quelques mois, <a href="http://www.slate.fr/lien/62821/photo-celebre-times-square-marin-embrasse-infirmiere-agression-sexuelle" target="_blank">un article publié</a> à propos d'une des photos historiques les plus célèbres, montrant un soldat embrassant une jeune femme a New York a fait scandale. La jeune femme n'avait pas consenti à ce baiser, il s'agissait dons d'une agression sexuelle commise en pleine rue. Le terme avait paru exagéré.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">La Toile s'agite en ce moment à propos d'une vidéo "humoristique" présentant un homme forçant des femmes à l'embrasser. Je ne publierai pas ici le lien vers la vidéo pour ne pas lui faire de publicité non méritée et je ne citerai même pas son nom. Vous retrouverez facilement ces données... <a href="http://www.madmoizelle.com/embrasser-inconnue-pley-207075" target="_blank">Le site Madmoizelle rappelle</a> à juste titre qu'embrasser quelqu'un de force constitue une agression sexuelle.</div><div style="text-align: justify;"><a name='more'></a>Et ce matin, dans ma revue de presse, je tombe sur des titres minimisant les faits : <a href="http://www.rue89.com/rue69/zapnet/2013/10/21/volant-baisers-guillaume-pley-nrj-est-passible-poursuites-246824" target="_blank"> on nous parle de "baisers volés"</a>. Ailleurs on lit que <a href="http://tempsreel.nouvelobs.com/vu-sur-le-web/20131021.OBS2035/pourquoi-tu-m-embrasses-pas-la-video-qui-donne-la-nausee-aux-femmes.html" target="_blank">la vidéo "donne la nausée aux femmes"</a>, comme si seule une partie de la population pouvait être révulsée par une agression sexuelle. <a href="http://www.madmoizelle.com/guillaume-pley-reaction-nrj-207407" target="_blank">L'auteur de la vidéo avoue avoir été maladroit</a>, dit que les femmes de la vidéo ont juste trouvé ses agissements un p'tit peu bizarre et ne se sont pas senties agressées. </div><div style="text-align: justify;">Où est donc le problème ? Encore ces féministes qui s'énervent pour rien ?...<br />
</div><h4 style="text-align: justify;">Bise volée</h4><div style="text-align: justify;">Il y a 8-9 ans, je ne sais plus trop, je me promenais dans la rue, en plein après-midi, dans un quartier sans histoires, près d'une route très passante. </div><div style="text-align: justify;">J'aime bien marcher, comme ça, dans les rues, juste pour le plaisir. Je marche vite, avec la musique une musique péchue sur les oreilles, perdue dans mes pensées et mes rêves. Je ne fais pas trop attention à la tête que je fais, et souvent je fais la tronche. </div><div style="text-align: justify;">Ce jour-là, un homme m'arrête. Il est grand, pas très costaud, mal coiffé, avec un côté je-suis-un-artiste-incompris. Moi, croyant qu'il voulait un renseignement, je débouche une de mes oreilles avec regret. </div><div style="text-align: justify;">"Ben alors il faut sourire, Mademoiselle !"</div><div style="text-align: justify;">Qu'est-ce qu'il me veux celui-là ? Son côté bohème pourtant me plait, car oui, un sourire ça éclaire le monde... Alors ça me fait sourire presque malgré moi. </div><div style="text-align: justify;">"Voilààà ! C'est quand même mieux ! Maintenant, fais-moi la bise."</div><div style="text-align: justify;">Là, je ne souris plus. J'ai pas envie de l'embrasser, même sur les joues. </div><div style="text-align: justify;">Mais il insiste.</div><div style="text-align: justify;">Et là je me demande pourquoi je résiste. C'est pas grand-chose une p'tit bise.</div><div style="text-align: justify;">Mais je ne le connais pas. J'ai peur. Un taré qui t'aborde dans la rue pour te donner de faire un effort pour lui plaire... De quoi il est capable ?</div><div style="text-align: justify;">C'est rien, il veut être sympa, c'est tout. Je pourrais être sympa, merde !</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Je l'ai fait. J'ai pas trop eu le temps de réfléchir, sa joue piquante était déjà contre ma bouche. J'ai retenu ma respiration pour ne pas sentir son odeur. Je suis partie après avoir bredouillé un au revoir, vite.</div><div style="text-align: justify;">Je suis rentrée en vérifiant qu'il ne me suivait pas et j'ai fermé la porte à double tour. Et le lendemain je ne suis pas sortie.</div><div style="text-align: justify;">Je n'en ai jamais parlé à personne.</div><div style="text-align: justify;">Une p'tite bise, c'est rien, hein, je ne vais pas en chier une pendule, que je me disais. Il n'y a rien à dire.</div><div style="text-align: justify;">Puis j'ai compris qu'il s'était joué de moi, et je me suis sentie conne. Pourquoi je me suis laissée faire ? Pourquoi j'ai souri, pourquoi je lui ai fait la bise ? Comment ai-je pu le laisser prendre la direction des événements avec juste quelques mots ? Alors comme j'avais honte, j'ai continué à me taire.<br />
</div><h4 style="text-align: justify;">S'écouter</h4><div style="text-align: justify;">Après cette expérience, je peux tout à fait comprendre qu'on qualifie un baiser obtenu par la contrainte, par la surprise, par manipulation... d'agression. Pour une simple bise, pour un contact physique léger, je me suis sentie humiliée, et abusée. Alors pour un baiser...</div><div style="text-align: justify;">Chacune son ressenti. Peut-être que les femmes qui ont autorisé la diffusion de la vidéo ne l'ont pas ressenti comme une agression, qu'elles se sont dit que ce n'était pas grand-chose. Peut-être qu'elles s'en foutent, peut-être qu'elles ont nié leur mal-être. Je ne sais pas. J'espère simplement que s'il y en a qui se sentent mal à l'aise, elles sauront d'une manière ou d'une autre que ce n'est pas de leur faute. </div><div style="text-align: justify;">Face à ce genre de situation, nous les femmes avons tendance à nous taire et à culpabiliser. "Pourquoi est-ce que je me sens mal ? Ce n'est pas grand-chose. Je suis trop sensible, je suis trop bête."</div><div style="text-align: justify;">"Si j'étais sympa je pourrais prendre sur moi. Je suis vraiment une garce."</div><div style="text-align: justify;">"Je devrais être contente qu'on s'intéresse à moi. Il ne l'aurait pas fait s'il ne m'avait pas trouvée désirable. Je ne sais vraiment pas apprécier la chance que j'ai."</div><div style="text-align: justify;">Et ainsi de suite.</div><div style="text-align: justify;">C'est le <a href="http://www.amazon.fr/Petit-trait%C3%A9-contre-sexisme-ordinaire/dp/2226192999" target="_blank"><i>Traité contre le sexisme ordinaire</i> de Brigitte Grézy</a> qui m'a permis de mettre les mot sur ce que je ressentais. Les sentiments ne naissent pas par hasard, il y a quelque chose qui les provoque. Quand on est mal à l'aise, ce n'est pas parce qu'on fait une montagne d'un rien, c'est parce qu'on est dans une situation qui met mal à l'aise. Et que la situation soit le fait d'un vicieux ou d'une personne maladroite <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2013/05/reflexes.html" target="_blank">ne change rien à la légitimité du sentiment</a>. </div><div style="text-align: justify;">On a le droit de se sentir mal à l'aise. On a aussi le droit de ne pas avoir envie d'embrasser un inconnu. On a le droit de dire non, même si toute notre vie on nous a répété qu'il fallait être séduisantes, disponibles sexuellement et reconnaissantes quand un mâle nous fait l'aumône d'un jugement positif sur notre apparence.<br />
</div><h4 style="text-align: justify;">Le droit à disposer de ses lèvres, encore un combat d'arrière-garde</h4><div style="text-align: justify;">C'est vrai, il y a pire, dans la vie. Un p'tit bisou, c'est pas un viol en réunion, quand même. </div><div style="text-align: justify;">D'ailleurs, pourquoi s'exciter sur un baiser volé alors qu'il y a 75000 viols par an en France ? </div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Parce que bien que ce ne soit pas un crime, c'est tout de même un délit. Se prendre un coup de poing dans la rue, c'est moins grave que se faire péter les deux genoux à coup de barre à mine, certes. Pourtant, l'auteur du coup de poing doit être puni, non ?</div><div style="text-align: justify;">Donc <i>moins </i>grave, ça ne veut pas dire pas grave.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Et puis cette affaire ne peut être séparée de son contexte. Justement, en France, s'il y a autant de viol, ce n'est pas seulement à cause de quelques pervers hyperactifs. Il existe un truc qui s'appelle <a href="http://www.crepegeorgette.com/2013/03/20/comprendre-la-culture-du-viol/" target="_blank">la culture du viol</a>, qui se base sur des mythes véhiculés entre autres <a href="http://antisexisme.net/2012/03/08/les-mythes-sur-le-viol-dans-les-media/" target="_blank">par les médias</a>, <a href="http://antisexisme.net/2012/02/12/mythes-autour-du-viol-partie-4-les-mythes-sur-le-viol-augmentent-la-propension-au-viol/" target="_blank">encourageant le passage à l'acte</a>, <a href="http://antisexisme.net/2012/01/16/les-mythes-autour-du-viol-et-leurs-consequences-partie-2-les-consequences-pour-la-victime/" target="_blank">détruisant un peu plus les victimes</a>. Cette vidéo, ainsi que tous les comportements maladroits ou lourdingues de boulets supposant qu'ils ont <a href="http://egalitariste.tumblr.com/post/64771097180/mon-cher-harceleur" target="_blank">le droit de nous traiter comme de la viande</a> renforcent cette culture.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Pour lutter contre le viol, donc, il ne suffit pas de faire enfermer les psychopathes jusqu'à ce qu'ils crèvent. Il faut aussi lutter contre toutes les représentations qui poussent les hommes à croire qu'ils peuvent disposer de notre corps (ou simplement d'une partie) à leur guise et les femmes à se sentir coupables d'en souffrir.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div>Kalistahttp://www.blogger.com/profile/11054781481773901210noreply@blogger.com5tag:blogger.com,1999:blog-1431290801733008529.post-44806441999033483882013-05-13T11:59:00.000+02:002013-05-13T12:00:35.523+02:00Réflexes<div style="text-align: justify;">
<br />
C'est une après-midi tranquille, un week-end, dans un centre commercial. Philippe et Agnès avancent lentement dans la cohue, les bras chargés de paquets. Ils sont fatigués, leurs pieds les font un peu souffrir. Agnès passe mentalement en revue ses achats : les chaussettes pour le petit, le cadeau d'anniversaire de tante Juliette, les deux nouvelles chemises de Philippe, le livre de soutien en maths pour la fille aînée... Il ne manque plus que la veste dont elle a besoin pour compléter sa tenue au mariage de Jean-Claude. La robe qu'elle a prévu de mettre est légère, et la météo prévoit du vent...</div>
<div style="text-align: justify;">
"Ah ! Voilà la boutique que je cherchais ! lance Agnès à Philippe en désignant une échoppe. Ici, c'est chic, mais c'est pas trop cher.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Ca me va ! répond Philippe , ragaillardi à l'idée d'en finir avec la corvée de courses. Tu ne vas pas trop piller ma carte bleue, comme ça."</div>
<a name='more'></a><div style="text-align: justify;">
Agnès serre les dents et détourne son visage. Elle se dirige résolument vers le rayon qui l'intéresse. En quelques minutes, son choix est arrêté ; elle passe rapidement la veste, agite les bras pour vérifier qu'elle n'est pas trop serrée et, satisfaite, se dirige vers la caisse, la veste pliée à la hâte sur son bras. Philippe la suit en souriant, tout content de pouvoir rentrer chez lui à temps pour voir le match. Agnès sort sa carte bleue, paye, et sort.</div>
<div style="text-align: justify;">
"Tu vois, persifle-t-elle en franchissant la porte du magasin, j'ai payé avec ma carte, avec mes sous que j'ai gagnés, pas les tiens."</div>
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Philippe lève les yeux au ciel. </div>
<div style="text-align: justify;">
"Tu ne crois pas que tu en fais un peu trop ? C'était juste une blague ! Si on ne peut plus plaisanter !</div>
<div style="text-align: justify;">
- Hé bien moi, ça ne m'a pas fait rire ! J'en ai marre de ces clichés à deux balles !</div>
<div style="text-align: justify;">
- J'ai quand même le <i>droit</i> de rigoler un peu, non ? "</div>
<div style="text-align: justify;">
Philippe, excédé, tourne les talons. La fatigue et la colère, hélas, lui font oublier qu'il est dans un couloir bondé : il heurte une dame âgée qui tombe sur le sol. Philippe, aidant la dame à se relever, se confond en excuses. Il est si gêné qu'on croirait qu'il va pleurer. La dame n'a heureusement rien d'autre qu'une petite contusion et s'éloigne en lui reprochant vertement de ne pas regarder où il va. Le couple part dans l'autre sens rapidement et en silence.</div>
<div style="text-align: justify;">
C'est Agnès qui retrouve la voiture sur le parking : Philippe s'est encore trompé d'allée. Ils chargent les paquets dans le coffre, prennent place dans le véhicule et bouclent leurs ceintures. Alors que Philippe engage la voiture sur l'autoroute, Agnès s'esclaffe.</div>
<div style="text-align: justify;">
"Qu'est-ce qu'il y a ? demande Philippe, bourru.</div>
<div style="text-align: justify;">
- J'étais en train de m'imaginer ce que tu aurais dit à la dame que tu as faite tomber si tu étais cohérent.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Quoi ???"</div>
<div style="text-align: justify;">
Alors Agnès prend une voix caricaturant celle de son compagnon.</div>
<div style="text-align: justify;">
"Enfin, madame, vous ne croyez pas que vous en faites un peu trop ? C'était juste une petite chute ! Si on ne peut plus marcher ! J'ai quand même le <i>droit</i> de circuler, non ?"</div>
<div style="text-align: justify;">
Philippe la regarde sans comprendre.</div>
<div style="text-align: justify;">
"C'est exactement ce que tu m'as dit tout à l'heure. Moi, tu me blesses avec une blague, sans le vouloir, j'en suis certaine, et j'ai rien à dire. Elle, tu la fais tomber, sans le vouloir non plus, et tu t'excuses. Pourquoi elle, elle a droit à des excuses, et moi à des reproches ? Pourquoi quand elle te reproche de ne pas faire attention à où tu vas, tu la laisses dire, alors que quand je te reproche de ne pas faire attention à ce que tu dis, je me fais enguirlander ?</div>
<div style="text-align: justify;">
- C'est quand même pas pareil...</div>
<div style="text-align: justify;">
- En quoi c'est différent ?</div>
<div style="text-align: justify;">
- La dame, j'aurais pu lui casser quelque chose. Toi, tu n'as pas à te sentir vexée pour une petite blague.</div>
<div style="text-align: justify;">
- La dame aurait pu faire ses courses en semaine, aussi. Elle n'a pas à encombrer les couloirs si elle est fragile !</div>
<div style="text-align: justify;">
- Hé, tu exagères !</div>
<div style="text-align: justify;">
- Tu vois, moi aussi, je peux porter des jugements sur ce que les gens doivent faire pour que je puisse agir et parler comme je l'entends. Ta blague m'a vexée, point. Que j'ai raison ou tort d'être blessée, ça n'a aucune importance. Que la dame ait raison de sortir ou pas, ça n'a aucune importance. Tu blesses une personne, tu t'excuses, c'est la moindre des choses"</div>
<div style="text-align: justify;">
Philippe soupire. Elle a raison. Et puis il sourit : comme il l'aime, Agnès, sa compagne qui ne se laisse pas marcher sur les pieds !</div>
<div style="text-align: justify;">
"Je te présente, ma tendre bien-aimée, mes plus plates excuses. </div>
<div style="text-align: justify;">
- Mouais. Rate pas la sortie, non plus."</div>
<div style="text-align: justify;">
Philippe engage l'automobile sur la bretelle de sortie puis sur la départementale menant à leur village. </div>
<div style="text-align: justify;">
"N'empêche que c'était juste une blague, reprend Philippe, taquin."</div>
<div style="text-align: justify;">
Agnès retient un juron avant d'exploser.</div>
<div style="text-align: justify;">
"T'as surtout loupé une occasion de plus de te taire. Merde, des comme ça, je m'en prends à longueur d'année, de la part des clients, des collègues, et même des copains ! J'ai pas besoin que tu en remettes un couche ! Tu crois que c'est agréable de se faire tout le temps traiter de femme vénale, superficielle, feignante, fragile, compulsive ? Toi, tu me dis que c'est pour déconner, que tu ne le penses pas, mais tu crois que les autres, eux, ils ne le pensent pas non plus ? Tu crois que j'ai envie que le week-end, tu me fasses repenser à tous ces connards qui me font chier à longueur de semaine ? Il y en a qui le pensent, ça c'est clair, ils font mine de rigoler, mais ils cherchent surtout à nous humilier ! Pas plus tard que mardi, un client s'est foutu de ma gueule en payant sa facture : il m'a sorti que j'allais pouvoir me payer des fringues sur le compte de la boîte..."</div>
<div style="text-align: justify;">
Philippe gare la voiture devant la maison, coupe le contact et dépose sur la joue d'Agnès un petit baiser.</div>
<div style="text-align: justify;">
"Je ne savais pas, je t'assure. Je suis désolé.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Tu ne savais pas mais tu te permets de dire que j'ai tort de le prendre mal ?"<br />
Le couple descend de la voiture en silence.<br />
"Je ne sais pas ce qui me blesse le plus, reprend Agnès. Que tu me balances un vanne réductrice, ou que tu me rabroues comme une hystérique.<br />
- OK, OK. J'ai sorti une blague vaseuse sans réfléchir, et j'ai sans doute été influencé dans le choix de ma blague comme dans ma réaction par des stéréotypes. Tu as raison."<br />
Agnès, triomphante, se dirige vers la porte de la maison.<br />
"Attends, chérie."<br />
Agnès s'arrête, intriguée.<br />
"Maintenant qu'on en a fini avec ça, tu peux prendre une partie des paquets, non ? Ils ne sont pas lourds."<br />
Agnès prend un des sacs en maugréant.<br />
"C'est dingue, hein, ces réflexes ? ajoute Philippe. Tout le monde nous dit qu'on a l'égalité des sexes, mais ce sont toujours les hommes qui conduisent et qui portent les paquets.<br />
- Et les femmes font planifient les courses.<br />
- Oui. Tu crois que ça changera un jour ?<br />
- Je ne sais pas. La seule chose dont on peut être sûrs, c'est que si on ne fait rien, rien ne changera." </div>
Kalistahttp://www.blogger.com/profile/11054781481773901210noreply@blogger.com6tag:blogger.com,1999:blog-1431290801733008529.post-47569950867610942902013-05-03T13:11:00.000+02:002013-05-03T13:11:41.169+02:00Un conte à rendre : Cendrillon<div style="text-align: justify;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/b8/%C3%89pinal_-_Cendrillon_titre.jpg/419px-%C3%89pinal_-_Cendrillon_titre.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/b8/%C3%89pinal_-_Cendrillon_titre.jpg/419px-%C3%89pinal_-_Cendrillon_titre.jpg" width="223" /></a></div>Cendrine naquit dans une ferme cossue d'un petit village. Sa mère mourut des suites d'une chute dans l'escalier survenue alors que sa fille n'avait que cinq ans. Elle fut enterrée dans le cimetière derrière la maison ; sa fille pouvait voir sa tombe depuis sa fenêtre. Son père, ne pouvant s'occuper de sa fille et des vaches en même temps, se remaria rapidement avec une femme d'âge mûr à l'esprit pratique rencontrée par petites annonces. Cette seconde épouse venait de la ville et amenait deux filles, Javotte et Anastasie, dans ses bagages. Le père accueillit ces petites filles avec indifférence : peu lui importait qu'elles soient là ou non du moment qu'on ne les entendait pas. Et si on les voyait, qu'elles soient jolies et agréables !<br />
Quelques années s'écoulèrent. Javotte et Anastasie ne se firent jamais à ce père de substitution qui n'avait jamais pris la peine de savoir quel était leur livre préféré mais qui les empêchait de courir dans la boue. Cendrine, elle, se pliait au joug paternel avec une piété filiale confinant à la sottise. Son père ne faisait attention à elle que quand elle était sage, douce, gentille, jolie ? Elle s'appliqua à cultiver ces qualités. Quant à sa belle-mère, elle s'enfermait peu à peu dans un silence teinté de haine pour cet homme colérique et exigeant.<br />
Un jour, le fermier se rendit à pied à la capitale toute proche pour acheter des semences. Il acheta également des robes et des bijoux pour Anastasie et Javotte qu'il trouvait bien mal fagotées. Sur le chemin du retour, une branche de noisetier fit tomber son chapeau. Trouvant la branche solide et souple à la fois, il la cueillit et l'emmena, songeant que Cendrine s'en prendrait un coup s'il lui venait à l'idée de se plaindre de ne pas avoir eu de cadeau. La petite ne fit aucun caprice, mais s'empara de la branche qui lui rappelait sa mère : la défunte avait en effet l'habitude de brûler les branches de noisetier que le fermier ramenait de ses voyages. Cendrine planta la branche sur sa tombe, l'arrosa soigneusement, et en quelques années, un arbre majestueux poussa.<br />
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<a name='more'></a>Peu après le dixième anniversaire de Cendrine, son père mourut à son tour, la laissant seule à la ferme avec sa belle-mère, Javotte et Anastasie. Ces dernières, libérées de la chape de plomb que le fermier avait fait peser sur la ferme, ne cachèrent guère leur joie. L'ambiance de la maison changea radicalement. Les pièces, autrefois soumises au silence, résonnaient de rires. Javotte avait une voix épouvantable mais n'en avait cure : elle chantait avec délices, maladroitement accompagnée par Anastasie qui torturait le piano sans honte. Le ménage autrefois fait avec soin sous la férule d'un fermier maniaque, n'était plus fait qu'au strict minimum.<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/3/35/%C3%89pinal_-_Cendrillon_02.jpg/455px-%C3%89pinal_-_Cendrillon_02.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/3/35/%C3%89pinal_-_Cendrillon_02.jpg/455px-%C3%89pinal_-_Cendrillon_02.jpg" width="242" /></a></div>Cendrine ne supporta pas de voir la ferme de son père laissée dans cet état : elle se chargea elle-même de l'entretien de la maison. En mémoire de son père, Cendrine mit un point d'honneur à se rendre agréable, tendre, soumise et effacée comme sa chère mère l'avait été. Ses résultats scolaires s'en ressentirent : la petite fille passait plus de temps devant son miroir et derrière ses casseroles que devant son bureau. Elle rêvait de garçons, de mariage merveilleux, de romance et de chatons. Sa belle-mère s'en effraya et tenta de la raisonner. Elle ne se rappelait que trop ses années passées auprès du fermier, incapable de réaliser que les humiliations et les coups qu'elle reçoit ne sont pas une juste punition pour des fautes imaginaires, incapable de fuir et de subvenir aux besoins de ses enfants, incapable de refuser à son époux ce qu'on lui avait présenté comme son dû. Elle commença par lui confisquer ses robes, ses colifichets, et finalement lui interdit de sortir pour voir les garçons du village tant que ses devoirs n'étaient pas achevés. Alors que Javotte et Anastasie finissaient leurs travaux scolaires tôt et pouvaient s'amuser à courir dans les champs sans se soucier de tacher leurs vêtements, la maîtresse de maison gardait Cendrine dans la cuisine, près de la cheminée pour qu'elle n'ait pas froid, jusqu'à ce que ses devoirs soient achevés. La petite fille préférait largement tracer des motifs alambiqués dans la cendre mal nettoyée que chercher à calculer l'aire d'un rectangle ; cette habitude lui valut le surnom de Cendrillon. <br />
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L'été qui suivit le second échec au bac de Cendrillon, Javotte s'inscrivit en médecine et Anastasie entra en école d'ingénieurs. Le village jasait, répétant que Cendrillon était séquestrée, privée de tout et forcée à effectuer les bas travaux de la ferme ; la fermière n'en avait cure et continuait à forcer Cendrillon à réviser pour l'année suivante avec toute l'énergie dont elle était capable. La jeune fille, lorsque ses devoirs de vacances lui laissaient un répit, préférait astiquer les sols que lire un livre. Elle avait une connaissance encyclopédique des produits ménagers mais n'aurait pu citer un nom d'auteur au programme du collège. <br />
<a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/3/30/%C3%89pinal_-_Cendrillon_04.jpg/436px-%C3%89pinal_-_Cendrillon_04.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/3/30/%C3%89pinal_-_Cendrillon_04.jpg/436px-%C3%89pinal_-_Cendrillon_04.jpg" width="232" /></a>Au début de la troisième semaine des vacances, la famille apprit qu'un casting pour une nouvelle émission de télé-réalité avait lieu dans le village. Le concept de <i>Chaussure à son pied </i>n'avait rien d'original : il s'agissait de présenter des jeunes filles à un jeune homme riche et célibataire. L'heureuse élue gagnerait une forte somme : Javotte songeait aux médicaments qu'elle pourrait acheter et envoyer dans les pays pauvres, Anastasie rêvait de financer par ce prix des prototypes capables de faciliter la vie de ses concitoyens. Avec la tendre bénédiction de leur mère qui ne les imaginait guère élues par un dandy fréquentant la jet-set, les jeunes femmes s'inscrivirent au casting. <br />
Cendrillon ne rêvait que de ce jeune homme qu'elle n'avait jamais vu. Le jour du casting, elle finit ses devoirs au plus vite pour se joindre aux femmes de la maison. Sa belle-mère tint à juger de la qualité de son travail avant de la laisser prendre une des tenues confisquées dans l'armoire familiale . C'était un exercice de mathématiques simple : <br />
<div style="text-align: center;"><i>Un fabriquant de lentille garantit que sa production ne contient que 1 % de cailloux. Sachant que 1 kg de lentilles contient environs 2000 éléments, combien de cailloux y a-t-il dans un paquet de 200 g ?</i></div>Cendrillon avait écrit, sans autre commentaire, "<b>3</b>". La fermière soupira tristement et donna à Cendrillon une heure pour recommencer ; passé ce délai, elles partiraient sans elle, et l'armoire resterait fermée à clé. Cendrillon revint à deux reprises avec des résultats ineptes, désespérée, essayant des nombres au hasard. Enfin, voyant les trois femmes mettre leurs manteaux, elle s'empara en cachette d'un smartphone et tweeta son exercice. La réponse lui vint rapidement et Cendrillon hurla : <b>4</b> depuis sa cuisine. Mais il était trop tard, l'heure était passée, la famille était partie avec la clé de l'armoire et Cendrillon se trouva seule avec son smartphone.<br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/8/87/%C3%89pinal_-_Cendrillon_08.jpg/437px-%C3%89pinal_-_Cendrillon_08.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/8/87/%C3%89pinal_-_Cendrillon_08.jpg/437px-%C3%89pinal_-_Cendrillon_08.jpg" width="233" /></a></div>Cendrillon tweeta tristement sans espoir d'être lue. Cependant, à sa grande surprise, une de ses followeuse lui proposa une robe, une autre un collier, une troisième des chaussures... Cendrillon leur proposa de laisser les affaires sous le noisetier poussé sur la tombe de sa mère. Quelques minutes plus tard, elle portait une robe dorée, des bijoux de verroterie et d'adorables chaussures de fausse fourrure. La jeune femme prit le chemin du casting, le cœur rempli de rêves.<br />
Les organisateurs trouvèrent hilarante l'histoire de Cendrillon et de ses deux demi-soeurs. Ils acceptèrent les trois, avec l'espoir d'assister à une lutte sans merci entre les jeunes filles confinées. Du grand spectacle ! songea le réalisateur, en voyant les jeunes filles arriver dans un carrosse orange lors du prime time lançant l'émission.<br />
Pourtant les spectateurs, assistant chaque semaine à un nouvel épisode diffusé peu avant minuit, furent déçus. Anastasie et Javotte étaient trop raisonnables pour se montrer mesquines envers leurs concurrentes. Elles restaient dans leurs chambres, un livre à la main, ou se retrouvaient dans le jardin pour débattre de philosophie. Leur langage maîtrisé et précis contrastait furieusement avec les gloussements des autres concurrentes et leurs dialogues avec le célibataire à marier tournaient rapidement au ridicule. La production, espérant toujours les voir malmener Cendrillon, demanda au célibataire officiellement maître des lieux de ne pas les éliminer tout de suite avant de se raviser, craignant que ces jeunes filles au discours cohérent fassent fuir les téléspectatrices. <br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/3/30/%C3%89pinal_-_Cendrillon_10.jpg/433px-%C3%89pinal_-_Cendrillon_10.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/3/30/%C3%89pinal_-_Cendrillon_10.jpg/433px-%C3%89pinal_-_Cendrillon_10.jpg" width="230" /></a></div>Cendrillon, elle, évoluait comme un poisson dans l'eau parmi les concurrentes. Elle et le jeune homme s'étaient tout de suite plus. Il lui paraissait beau, plein d'assurance et intelligent ; elle lui paraissait magnifique, douce et adorable. Cendrillon fut ainsi choisie pour être parmi les dernières candidates.<br />
Cependant la production avait vu les chiffres d'audience chuter. Les candidates furent donc rassemblées et on leur demanda de participer à des activités sexys qui seraient susceptibles d'attirer des téléspectateurs masculins. Cendrillon accepta de patauger dans la piscine mais elle refusa le bikini minimaliste qu'on tentait de lui imposer ; elle se tint à l'écart autant que possible du concours de beach-volley mais, lorsqu'on lui annonça un concours de T-shirt mouillé, elle fit ses bagages et quitta le jeu, laissant au jeune homme de ses rêves une lettre tendre enroulée dans la chaussure qu'elle portait lors du casting. A la fin de l'avant-dernier épisode, alors que minuit sonnait, les téléspectateurs rigolards virent Cendrillon quitter le manoir où était tournée l'émission en courant, et le célibataire serrer la chaussure contre son cœur.<br />
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De retour chez elle, le cœur brisé, Cendrillon se confina dans sa chambre, sans même une connexion internet. Elle désactiva tous ses comptes et se décida à ouvrir ses livres de cours.<br />
Anastasie et Javotte n'avaient pas résisté à l'envie de lire les commentaires des internautes sur leurs profils de réseaux sociaux. Les termes insultants et humiliants y pullulaient. Leur physique surtout était la cible de moqueries. Minées, toutes deux sombrèrent dans une profonde dépression. Ne sachant plus comment aider ses filles, leur mère leur trouva un chirurgien esthétique à bas prix susceptible de rapprocher leurs traits des canons de beauté courants : ainsi, espérait-elle, l'avis de la Toile serait positif, et la fierté d'Anastasie et Javotte restaurée. Hélas, le chirurgien expédia les opérations, laissant Anastasie et Javotte bien abîmées. Les moqueries s'intensifièrent. Sur Twitter, des plaisantins avaient créé, à l'aide du nom de l'émission et des photos des visages sanguinolents des jeunes filles prises juste après l'opération, le hashtag #SangDansLaChaussure.<br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/b0/%C3%89pinal_-_Cendrillon_14.jpg/436px-%C3%89pinal_-_Cendrillon_14.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/b0/%C3%89pinal_-_Cendrillon_14.jpg/436px-%C3%89pinal_-_Cendrillon_14.jpg" width="232" /></a></div>Cendrillon regarda avec indifférence Anastasie et Javotte sombrer dans leur marasme. Elle ne pouvait songer à autre chose qu'à son amour perdu.<br />
Elle ignorait toutefois que le jeune homme n'avait cessé de l'admirer. Une autre femme avait remporté le jeu, et la production lui avait laissé le choix entre un gros chèque et des fiançailles : elle avait pris le chèque et l'avait encaissé pour s'inscrire dans une école d'architecture réputée. On n'entendit plus parler d'elle jusqu'à ce qu'elle construise son premier immeuble, qui remporta de nombreux prix pour ses qualités écologiques et durables. <br />
Toujours célibataire, le jeune homme exprima sa déception sur Twitter. Il avoua que Cendrillon occupait toujours ses pensées dans un message qui fut retweeté 16257 fois. Les vieux amis de Cendrillon, followers de la première heure, vinrent à son secours : ils lui parlèrent du noisetier du cimetière que la jeune fille appréciait tant. Il la retrouva au pied du noisetier alors qu'elle lisait un ouvrage d'histoire de l'art ; le livre tomba des mains de Cendrillon quand elle vit son bien-aimé qui serrait toujours la petite chaussure entre ses mains.<br />
Ils se marièrent rapidement. Cendrillon vécut dans l'opulence et l'oisiveté pendant qu'Anastasie et Javotte bûchaient pour décrocher leurs diplômes, puis des emplois correctement rémunérés.<br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/2/29/Image-%C3%89pinal_-_Cendrillon_fin.jpg/415px-Image-%C3%89pinal_-_Cendrillon_fin.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/2/29/Image-%C3%89pinal_-_Cendrillon_fin.jpg/415px-Image-%C3%89pinal_-_Cendrillon_fin.jpg" width="221" /></a></div>Quinze ans plus tard, les trois femmes se retrouvèrent pour enterrer la fermière sous le noisetier.<br />
Javotte était chirurgienne esthétique. Elle réparait les dommages causés par ses confrères véreux, et opérait contre des sommes dérisoires les victimes de violence. Elle ambitionnait de reprendre ses études pour apprendre à réparer les clitoris excisés. Elle était pauvre, célibataire, mais heureuse.<br />
Anastasie était titulaire d'un diplôme d'ingénieure et d'un doctorat. Elle était régulièrement invitée à participer à des conférences prestigieuses dans des lieux paradisiaques. Elle était en couple avec une adorable jeune femme, récemment opérée par sa sœur, diplômée de philosophie, qui enseignait en faculté. Elle était constamment épuisée par ses travaux, mais heureuse.<br />
Cendrillon était divorcée depuis dix ans. Elle s'était remariée, et avait divorcé de nouveau deux ans plus tard. Elle recevait chaque mois une généreuse pension alimentaire pour nourrir ses trois enfants. Ses ex-époux s'affichaient avec des bimbos de plus en plus jeunes dans les magazines à scandale pendant qu'elle s'épuisait à élever leurs rejetons. Elle n'avait aucun instinct maternel, bien qu'elle s'efforçât de faire croire le contraire, et n'avait trouvé de réconfort qu'au fond d'une bouteille de vodka. Elle tenta vainement de convaincre Javotte de lui poser des nouveaux seins, espérant conquérir un nouvel homme. Finalement, Anastasie, apitoyée, lui dit : "Toute ton enfance, tu as cherché à plaire à ton père. Toute ta jeunesse, tu as cherché à plaire à tes époux. Quand vas-tu te décider à vivre pour toi-même ? Quand vas-tu faire quelque chose par toi-même ? Regarde mon visage. J'ai, une fois dans ma vie, cherché l'approbation des autres au mépris de ma santé. Je l'ai payé cher. Aujourd'hui, je ne suis guère aimée par des personnes qui me sont étrangères, mais je suis fière de ce que j'ai accompli, et je peux me dire heureuse." <br />
Quand elle quittèrent ensemble le cimetière, Cendrillon comprit enfin ce que la fermière avait maladroitement tenté de lui inculquer. Elle ne reprit pas ses études : son esprit n'était pas fait pour le monde académique. Mais elle se mit à dessiner au fusain, comme autrefois elle dessinait dans la cendre de la cheminée. Et le jour du vernissage de sa première exposition, ce ne furent ni le regard étonné de ses ex-maris, ni les yeux admiratifs de ses enfants, ni le sourire appréciateurs des invités prestigieux qui la rendirent heureuse, mais la vue de ses œuvres, qu'elle avait créées toute seule, et dont elle était fière.<br />
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<i>Illustrations : Images d'Epinal </i>(source <a href="http://commons.wikimedia.org/wiki/Category:%C3%89pinal_-_Cendrillon" target="_blank">wikimedia commons</a>)<br />
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</div>Kalistahttp://www.blogger.com/profile/11054781481773901210noreply@blogger.com11tag:blogger.com,1999:blog-1431290801733008529.post-79555724979050642452013-03-08T10:54:00.000+01:002013-03-08T11:13:07.224+01:00Journée de l'infâme<div style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-8FumWoj4eqc/UTmwhwPjh2I/AAAAAAAAAdw/wl_3x1lECy8/s1600/3qhpp8.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="http://3.bp.blogspot.com/-8FumWoj4eqc/UTmwhwPjh2I/AAAAAAAAAdw/wl_3x1lECy8/s320/3qhpp8.jpg" width="255" /></a></div>
J'enfonce des portes ouvertes pour mes lectrices et lecteurs habituels, mais il faut que ça sorte.<br />
Aujourd'hui, c'est pas <i>la journée de la femme</i>, mais la <i>journée internationale des <b>droits </b>des femmes</i>, merde.<br />
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Ce n'est pas une journée où les entreprises sont censées <a href="http://www.toutalego.com/2013/03/journee-des-droits-des-femmes-le.html" target="_blank">faire des offres promotionnelles pour les femmes</a> avec <a href="http://blog.plafonddeverre.fr/post/8-mars-journ%C3%A9e-de-LA-femme" target="_blank">du glamour, des paillettes</a> et des chatons qui pètent dedans, mais <a href="http://www.toutalego.com/2013/03/journee-des-droits-des-femmes.html" target="_blank">une journée de militantisme</a> servant à dénoncer violences et inégalités ainsi qu'à lancer des actions pour les réduire. <br />
Alors aujourd'hui, soit vous vous en foutez et je vous prierai aimablement de n'emmerder personne avec des vœux de bonne journée, des <a href="http://vidberg.blog.lemonde.fr/2013/03/08/les-points-journee-de-la-femme/" target="_blank">cadeaux gloussants</a> ou <a href="http://vidberg.blog.lemonde.fr/2010/03/08/journee-des-droits-de-la-femme/" target="_blank">des blagues qui n'amusent que vous</a>, soit vous avez un chouïa de conscience et je vous encourage à potasser le sujet des droits des femmes. <br />
C'est quand même pas les problèmes qui manquent, hein. Rien qu'en France, on compte <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/p/statistiques.html" target="_blank">10% de femmes victimes de violences conjugales</a>, <a href="http://pasdejusticepasdepaix.wordpress.com/les-chiffres-des-viols-en-france/" target="_blank">75.000 femmes violées par an</a>, <a href="http://www.inegalites.fr/spip.php?article972" target="_blank">37% d'inégalités salariales</a> : c'est quand même pas la faute à pas de chance. C'est pas les actions de quelques pervers, c'est pas le résultat d'une nature qui aurait fait les hommes foncièrement dominateurs et les femmes foncièrement vulnérables. <br />
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<a name='more'></a>Les seuls cadeaux pas trop crétins aujourd'hui sont des ouvrages féministes (<a href="http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=5&cad=rja&ved=0CFcQFjAE&url=http%3A%2F%2Fjournalennoiretblanc.blogspot.com%2F2011%2F11%2Fainsi-soit-elle-benoite-groult.html&ei=Pao5Uf37NcvA7Ab814CgCw&usg=AFQjCNFnKJwm3E6XCNFiAUZgydptUjQaDg&sig2=Q_rkhTrdRxkLedxGgkjJ8Q&bvm=bv.43287494,d.ZGU" target="_blank">celui-ci</a>, <a href="http://fr.scribd.com/doc/8320520/Le-deuxieme-sexe-extraits-Simone-de-Beauvoir" target="_blank">celui-là</a>, ou encore <a href="http://www.editions-zones.fr/spip.php?page=lyberplayer&id_article=149" target="_blank">celui-ci</a>), ou des cours d'auto-défense. Mais le mieux, c'est encore de se rendre à un événement et de se servir de sa tête.<br />
Non mais sans déconner, lors de la journée mondiale de la paix, ça vous viendrait à l'idée d'offrir des fleurs aux victimes de la guerre ? Lors de la journée mondiale de l'eau, ça vous viendrait à l'idée d'offrir des fleurs aux personnes qui n'en ont pas ? Lors de la journée mondiale de l'hygiène des mains, vous vous grattez l'anus ?<br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-21akop-XmzA/UTmvxQyo1gI/AAAAAAAAAdk/TAYYzffPjaA/s1600/3qhpvn.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="http://3.bp.blogspot.com/-21akop-XmzA/UTmvxQyo1gI/AAAAAAAAAdk/TAYYzffPjaA/s320/3qhpvn.jpg" width="320" /></a></div>
Transformer la journée des droits des femmes en journée de lafâme, c'est préférer taire les violences et inégalités pour célébrer la féminité. Je ne parle pas de la féminité au sens du sexe, bien sûr, quoiqu'on ne se réjouit jamais assez d'avoir un clitoris, mais de la féminité au sens du genre imposé et présenté mensongèrement comme l'inné. <br />
Or, c'est ce mensonge qui est la cause des violences et inégalités. Les hommes qui insultent, battent, violent leurs femmes le font parce qu'ils se croient en droit de le faire, puisqu'elles sont toutes de gourdes adorant piller le compte en banque de leur mari avec leur carte incrustée de verroterie. Les patrons qui sous-paient leurs employées le font car ils croient qu'elles sont trop connes pour dépanner elles-mêmes leur ordinateur et trop prises par leurs tâches ménagères.<br />
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Fêter la journée de lafâme, c'est encourager indirectement les violences que cette journée est censée dénoncer.<br />
Et ça, c'est infâme. <br />
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Kalistahttp://www.blogger.com/profile/11054781481773901210noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-1431290801733008529.post-78040321451973358662013-02-20T15:55:00.001+01:002013-02-20T15:56:41.610+01:00Un conte à rendre : Blanche-Neige<div style="text-align: justify;">
Il était une fois une reine qui se faisait chier grave.<br />
On ne peut pas dire que le roi faisait attention à elle, ni que ses activités, limitées à la broderie, à la supervision de la préparation des repas et à la participation à des soirées caritatives où on lui demandait de sourire et de se taire malgré la torture que lui infligeaient ses chaussures, ne l'enthousiasmait vraiment. Alors la reine piquait discrètement des bouteilles de gin dans la cuisine pour oublier les nuits passées au côté de son rustre de mari et les jours à s'emmerder.<br />
Un jour d'hiver, la reine brodait auprès d'une fenêtre ouverte, en espérant choper une bonne grippe qui lui permettrait d'avoir une excuse pour rester seule au pieu. Elle avait également un bon coup dans le nez : elle finit par se piquer le doigt. Quelques gouttes de sang rouge tombèrent par la fenêtre encadrée d'ébène sur la neige blanche. Dans son ivresse prononcée, la reine s'esclaffa que c'était trop cool, toutes ces couleurs, et souhaita avoir un enfant dont la peau serait blanche comme la neige, les lèvres rouges comme le sang, et les cheveux noirs comme l'ébène. Ses suivantes, qui se foutaient bien de sa gueule et se réjouissaient à l'avance de raconter cette anecdote à la presse, lui dirent que l'idée était très classe.<br />
Quelques mois plus tard, la reine mit au monde une fille dans l'indifférence générale. Le roi aurait souhaité un héritier et, apprenant la naissance de Gudule, se détourna de son épouse. Serviteurs et soigneurs imitèrent leur Seigneur et la reine mourut quelques jours après l'accouchement d'une infection mal soignée.<br />
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<a name='more'></a><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/0/05/Snow_White_Mirror_4.png/547px-Snow_White_Mirror_4.png" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/0/05/Snow_White_Mirror_4.png/547px-Snow_White_Mirror_4.png" width="292" /></a></div>
Le roi, débarrassé de son épouse mélancolique, se remaria bientôt avec une princesse docile qu'il espérait capable de lui fournir rapidement un fils. La nouvelle reine était très jolie, mais profondément stupide. Elle portait une attention maladive à son apparence qu'elle estimait bien plus que son confort ou sa santé ; elle n'hésitait guère à s'affamer pour que le tabloïd <i>Le Miroir</i> la classe en première position de leur classement de bonasses. Le roi était ravi de sa nouvelle épouse : non seulement elle ne lui prenait pas la tête mais en plus elle était fort décorative à son bras. <br />
Gudule, de son côté, grandissait avec la rage au cœur. Son père et sa belle-mère ne lui démontrèrent jamais d'affection. Elle ne les voyait que très peu. Élevée par des serviteurs indifférents, scrutée par les magazines, elle développa un fort sentiment d'infériorité. Elle avait gardé précieusement le dernier numéro du <i>Miroir</i> ayant évoqué sa mère dans un article méprisant où elle avait appris l'anecdote du sang sur la neige. Le jour de ses 16 ans, Gudule, en souvenir de sa génitrice injustement moquée, se teignit les cheveux en noir d'ébène, s'acheta un tube de rouge à lèvres rouge vif et porta en toutes circonstances un maquillage blafard. Elle rejoignit rapidement le mouvement gothique où elle trouva, enfin, des amis qui l'acceptèrent telle qu'elle était : pour eux elle n'était pas Gudule la princesse orpheline, mais Blanche-Neige (c'est le surnom qu'ils lui avaient donné), une fille sympa.<br />
La nouvelle reine ne faisait guère attention à Gudule jusqu'à ce que le <i>Miroir</i> publie en Une une photo de Blanche-Neige sortant de chez son tatoueur, arborant un cœur noir orné de ronces sur la poitrine. La reine jugea que cette extravagance nuisait à la réputation de la Couronne et jura qu'elle ferait arracher son cœur à la jeune fille. Rendez-vous fut pris dans une clinique pour des séances de laser et on menaça Blanche-Neige de lui couper les vivres si elle refusait de s'y rendre.<br />
Blanche-Neige se révolta. Jamais on n'avait fait attention à elle, sauf pour lui faire des reproches. Ce tatouage, qu'elle avait choisi avec soin, c'était sur son corps à elle, et personne n'avait le droit d'y toucher. Elle s'enfuit.<br />
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<a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/7/73/Schneewittchen.jpg/433px-Schneewittchen.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/7/73/Schneewittchen.jpg/433px-Schneewittchen.jpg" width="231" /></a>Les deux premières années, les magazines la cherchèrent partout. Des dizaines d'articles furent publiés : on l'avait vue par ici, on l'avait aperçue par là. On lui prêta les destins les plus fous. Mais aucun d'entre eux n'avait approché la vérité.<br />
Blanche-Neige passa les premières semaines dans un squat, avec quelques amis gothiques. Assez rapidement, la situation tourna au vinaigre, et il lui fallut fuir la police. De squat en squat, elle perdit ses amis de vue. Finalement, Blanche-Neige n'eut plus de toit. Pourtant, craignant plus que tout d'être reconnue, elle sortit de la capitale et s'enfonça dans la forêt. C'est alors qu'elle rencontra les Sept Nains.<br />
On n'a jamais su vraiment leurs noms. Ils préféraient largement être appelés par des surnoms qu'ils s'étaient choisis. Les Sept Nains s'étaient rencontrés dans une association de personnes handicapées. Ils avaient en commun une certaine misanthropie désabusée qui les avait amenés à s'installer tous ensemble dans une maison éloignée de la ville. Pour gagner leur vie et aussi un peu pour se payer le plaisir d'enfreindre les lois des gens dits "normaux", ils trempaient dans des affaires louches de trafic de pierres précieuses.<br />
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Après plusieurs nuits dans la forêt, Blanche-Neige, affamée, se trouva devant le repaire des Sept Nains. Elle poussa la porte, pilla le frigo avant de s'abattre sur un lit. A son réveil, les Sept Nains étaient rentrés et discutaient de ce qu'ils allaient faire d'elle. Elle les supplia de ne pas la dénoncer à la police. Eux, voyant la jeune femme si vulnérable, lui proposèrent de rester cachée chez eux moyennant quelques menus services. Elle devait tenir l'appartement, les servir, leur obéir et veiller à leur confort. Pour sa sécurité, elle ne devait ne jamais chercher à sortir, et ne jamais ouvrir à personne. Au premier manquement à ces règles, elle serait dénoncée à la police comme fuyarde et rendue à sa famille qui la puniraient durement. Servir et obéir, lui dirent-ils, c'était la moindre des choses, puisqu'ils la cachaient ; et puis tant de femmes auraient été ravies d'être à sa place, logées et nourries sans rien d'autre à faire que des menus travaux ; et puis elle était jeune et bien trop stupide pour faire autre chose. Blanche-Neige acquiesça, voyant cette offre comme une aubaine. <br />
<a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/c/c0/Offterdinger_Schneewitchen_(2).jpg/428px-Offterdinger_Schneewitchen_(2).jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/c/c0/Offterdinger_Schneewitchen_(2).jpg/428px-Offterdinger_Schneewitchen_(2).jpg" width="228" /></a>Blanche-Neige n'avait guère d'orgueil et ne pensait pas mériter qu'on lui confie une tâche moins rébarbative que le ménage. Elle récurait les chiottes encrassées par les Sept Nains sans rechigner, avec reconnaissance, même. Mais les Sept Nains, mesurant chaque jour plus sa détresse et sa dépendance, devenaient de plus en plus exigeants. Le ménage n'était jamais assez bien fait, ni assez rapidement, il lui fallait toujours recommencer, houspillée par ses généreux bienfaiteurs. Blanche-Neige finissait par penser qu'elle était réellement trop stupide pour faire le ménage correctement. Alors elle travailla encore plus dur, encore plus longtemps, sans succès.<br />
Elle craignait l'arrivée de la nuit. Les Sept Nains passaient dans son lit au rythme d'un planning soigneusement établi. Ils lui disaient que de tels services étaient bien normaux, que d'autres femmes se seraient senties honorées d'être tant aimées et qu'elle avait tort de pleurer. Blanche-Neige sentait son esprit s'égarer et sombrer dans une effroyable apathie.<br />
<br />
Blanche-Neige ne voyait personne, elle n'avait pas la télévision, mais elle avait internet. Elle évitait soigneusement tout contact, même protégée par un pseudo, avec qui que ce soit. En revanche, elle passait son temps libre à s'abrutir devant les articles légers et gais des magazines en ligne.<br />
Un jour, sur le <i>miroir.com</i> elle trouva une interview de sa belle-mère en Une. La reine dont la photo illustrait l'article avait pris une allure de femme d'affaire pour présenter une ligne de joaillerie qu'elle avait lancée. Cette ligne, nommée <i>Blanche-Neige</i> en l'honneur de la princesse disparue, était d'inspiration gothique. Des lacets de velours ornés de têtes de mort en argent s'alignaient entre des bagues d'acier et de cuir. Pleine de nostalgie pour sa vie passée, désireuse de retrouver l'apparence qu'elle avait choisie, Blanche-Neige trouva moyen de commander un de ces lacets de velours. Elle pensa que les Sept Nains seraient heureux de la voir prendre soin de son apparence. Le lacet était affreusement serré, mais Blanche-Neige s'entêta à le porter, jusqu'à ce qu'elle soit au bord de l'étouffement. Les Sept Nains, furieux de la voir démontrer une quelconque vanité, coupèrent le lacet et le jetèrent. <br />
Peu de temps après la perte définitive de son bijou, Blanche-Neige lut une interview de sa belle-mère qui promouvait un parfum.<br />
"Votre Altesse, pourquoi avoir appelé ce parfum <i>le Fruit Défendu</i> ? Et pourquoi avoir choisi un flacon en forme de pomme ?<br />
- La pomme est hautement symbolique. C'est une référence à la sexualité. Croquer la pomme, c'est goûter au plaisir. Mais les pépins, à l'intérieur, menacent toute personne trop goulue. Savez-vous que, si l'on avale un bol de pépins de pomme, on meurt ? Le parfum contient d'ailleurs à la fois de l'essence de pomme et de pépins de pomme."<br />
Blanche-Neige, une nouvelle fois, se laissa tenter, malgré les bleus que la ferme opposition des Sept Nains lui avait laissés. Elle reçut le parfum, déballa le paquet avec gourmandise, et s'aspergea plusieurs fois. Elle tomba immédiatement, comme morte, frappée par un choc anaphylactique.<br />
A leur retour, les Nains la trouvèrent inanimée sur le sol. Blanche-Neige leurs avait rendu bien de services, mais elle était aussi bien encombrante. Ce jour-là, plus particulièrement, ils n'avaient pas besoin de se faire remarquer : ils venaient de rentrer au volant d'une voiture volée après un casse. Ils décidèrent finalement de se débarrasser de la fille en même temps que de la voiture. <br />
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<a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/f9/Schneewittchen2.jpg/434px-Schneewittchen2.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/f9/Schneewittchen2.jpg/434px-Schneewittchen2.jpg" width="231" /></a></div>
A l'orée de la forêt, il y avait un quartier fort défavorisé où l'on brûlait couramment des voitures. Dans cette cité vivait un jeune homme, délinquant repenti et respecté, qu'on surnommait le Prince. <br />
Le Prince sortit sur le parking de la tour Grimm en pleine nuit, éveillé par les flammèches crachées par le moteur d'une voiture familiale. Il s'approcha, songeant que les blaireaux qui avaient allumé ce feu n'étaient que des amateurs : il allait bientôt s'éteindre sans faire le moindre dégât. A son grand étonnement, à l'arrière de la voiture, à travers le toit panoramique, il aperçut une jolie jeune fille endormie. Ravi de l'aubaine, il se coula à son côté et commença à la tripoter. Sa langue effleurant les lèvres de la jeune fille, rencontra un filet de vomi qui le fit reculer. Le corps tressautait, secoué par une toux lugubre. Mû par un réflexe salvateur, le Prince coucha Blanche-Neige sur le côté et saisit son smartphone pour composer le numéro des secours. Les pompiers éteignirent le feu avant de tirer Blanche-Neige de la carcasse de verre de la voiture qui aurait pu être son cercueil.<br />
Devant cette jeune fille réanimée par les secouristes, le Prince sentit son coeur s'émouvoir. Il songea à sa petite soeur, rentrée en larmes du lycée parce que des garçons l'avaient tripotée dans la cour. Peut-être, se dit-il, qu'il avait un peu abusé en posant ses mains sur cette jeune femme sans lui en demander l'autorisation. Honteux, il monta dans l'ambulance immaculée à ses côtés.<br />
<br />
Ils vécurent heureux quelques mois. Le Prince travaillait comme vigile dans un supermarché et hébergeait Blanche-Neige qui, comme chez les Nains, faisait le ménage et le laissait jouer avec son corps.<br />
Et puis Blanche-Neige rencontra un groupe de féministes. Elle leur raconta sa rencontre avec les Sept Nains, et sa vie avec le Prince. Les féministes lui parlèrent de viol et lui dirent qu'elle ne méritait pas ça. Alors Blanche-Neige prit ses quelques affaires, quitta un Prince éberlué qui croyait avoir fait son bonheur et retourna au palais de son père. Sa belle-mère l'accueillit avec joie, ravie de la revoir en un seul morceau : la reine savait combien le monde était dangereux pour les femmes et n'avait jamais souhaité voir Blanche-Neige souffrir comme elle-même avait souffert aux mains des hommes de sa vie. Elles partagèrent les revenus générés par la vente de bijoux ; la reine, encouragée par Blanche-Neige qui lui répétait qu'elle méritait mieux que les insultes incessantes de son époux, quitta le roi. Toutes deux, en femmes d'affaires redoutables, firent prospérer une entreprise produisant des accessoires iconoclastes, jolis, amusants et agréables à porter, pour femmes actives. Cet argent leur permit de financer une association luttant contre les violences faites aux femmes, dont Blanche-Neige se fit la porte-parole dévouée.<br />
<br />
Elles vécurent heureuses et eurent des enfants au moment de leur choix.<br />
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<i>Illustrations : <a href="http://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Snow_White?uselang=fr" target="_blank">Wikimedia Commons</a></i></div>
Kalistahttp://www.blogger.com/profile/11054781481773901210noreply@blogger.com13tag:blogger.com,1999:blog-1431290801733008529.post-56130606151520775952012-12-08T15:44:00.002+01:002012-12-24T12:18:59.115+01:00Le nom de famille de la rose<div style="text-align: justify;">
La question du nom de famille me passionne particulièrement pour plusieurs raisons. J'ai d'ailleurs écrit il y a quelque temps <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2011/01/nom-de-nom.html" target="_blank">un article sur le sujet, rappelant la loi</a> : bien que nul ne soit censé ignorer la loi, celle concernant le nom, bien que touchant à notre identité, est totalement inconnue ! Quelle étrangeté, que les règles régissant ce qui nous touche si profondément soit ignorée au profit d'habitudes désuètes et humiliantes... Et comme par hasard, la loi est ignorée juste quand il s'agit de l'identité des femmes...<br />
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<a name='more'></a>A titre personnel, bien que mariée, je n'utilise pas le nom de mon mari. Et ce, pour des raisons clairement identifiées dans mon esprit, qui n'ont rien de honteuses mais qui sont trop personnelles pour que j'en parle ici.<br />
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<a href="http://p6.storage.canalblog.com/62/81/902825/70701232.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="177" src="http://p6.storage.canalblog.com/62/81/902825/70701232.jpg" width="320" /></a></div>
Je n'oserais pas dire que ne pas utiliser le nom (charmant) de mon époux (charmant aussi) relève du parcours du combattant. Il y a des cafouillages, des coups de fils importuns ("Allô ? Mme Y. ? - Nan. Mais je suis la femme de M. Y. - Alors vous êtes Mme Y. - Tuuut... Tuuut... Tuuut...<soupir>"), des employés de bureau obtus qui me donnent envie de distribuer des bourre-pif façon Tonton Flingueur ("Ah mais non je ne peux pas vous donner votre document-super-important-sans-lequel-vous-n'aurez-plus-de-quoi-vivre, votre carte d'identité n'est pas valide, vous êtes mariée et il n'y a pas le nom de votre mari !"), des papiers qui, quoi qu'on fasse, arrivent avec le nom du mari (bin c'est lui qui paye, du coup !)... Mais dans l'ensemble, ça se passe bien : je rappelle la loi, les gens sont surpris et sont en général très heureux d'apprendre quelque chose. Il y en a même qui changent leurs habitudes : il y a quelques années, en signant un document finalisant mon départ d'un laboratoire, l'employée s'est insurgée de voir mon dossier classé sous le nom de mon mari, alors qu'un an auparavant, quand elle m'avait fait signer mon embauche, elle m'avait copieusement engueulée parce que je ne portais pas le nom de mon mari, et je lui avait gentiment conseillé de lire les articles de loi. YESSSS !</soupir><br />
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Oui, les choses changent peu à peu.<br />
Je demande souvent aux hommes mariés qui s'étonnent de me voir porter mon "nom de jeune fille" pourquoi <i>eux </i>ne portent pas le nom de leur épouse. Peu trouvent une réponse. Et aujourd'hui, d'après Slate.fr : <i><a href="http://www.slate.fr/lien/65857/homme-nom-famille-femme" target="_blank">Pour la première fois en France, un homme prend le nom de sa femme</a></i>. Je ne pense pas que ce soit la première fois, mais il est certain qu'il s'agit du premier cas médiatique. Il était temps ! <br />
L'homme raconte la difficulté à faire appliquer la loi. Il raconte l'incompréhension des mairies qui devraient être les premières à la connaître. Mais ce qui m'a frappée, c'est surtout qu'il déclare que, suite au changement : <i>«j’ai vraiment l’impression de ne plus être la même personne».</i> Si pour lui,ce changement est positif (il connaissait des difficultés avec son nom), il n'en est pas moins profond. </div>
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<a href="http://www.onlineworldofwrestling.com/pictures/u/ultimatewarrior/01.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="http://www.onlineworldofwrestling.com/pictures/u/ultimatewarrior/01.jpg" width="314" /></a></div>
La notion d'identité est cruciale en ce qui concerne la condition féminine.<br />
J'ai commencé à m'interroger sur la notion d'identité quand j'ai appris que certains catcheurs (dans le milieu, qui me fascine, l'identité a des facettes multiples ; <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2009/02/wrestler.html" target="_blank">le film <i>The Wrestler</i> le montre très bien</a>) ont fait changer leur identité pour prendre définitivement le nom du personnage qu'ils incarnaient (<a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Stone_Cold_Steve_Austin#Personal_life" target="_blank">Steeve Austin</a>, et plus bizarrement <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Warrior_%28wrestler%29#Trademark_and_libel_litigation" target="_blank">Ultimate Warrior</a>, le type à droite). La limite entre le personnage et la personnalité s'efface, et finalement, qui est l'homme que nous voyons sur le ring ? Le personnage a-t-il pris le pas sur la personne ? Ou le personnage est-il une émanation de la personne ?<br />
J'en parlais avec une amie très versée dans la psychanalyse (et lucide sur ses dérives). Elle était stupéfaite et s'est écriée "Mais quelle violence ! Il effacent toute leur histoire familiale, en abandonnant le nom de leur père !". J'ai rétorqué que c'était ce qu'on impose aux femmes depuis toujours ; elle a souri car nous partageons la même opinion sur la condition féminine. On nous prive de notre identité, de nos attaches à notre famille, de notre histoire personnelle comme collective. Le "nom d'épouse" fait de nous des possessions de nos époux.<br />
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<a href="http://24.media.tumblr.com/tumblr_m82tflBBGu1rosv8go1_500.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="180" src="http://24.media.tumblr.com/tumblr_m82tflBBGu1rosv8go1_500.jpg" width="320" /></a></div>
Puisque j'ai assez de culot pour citer Shakespeare dans un billet où je parle aussi de catch, écoutons Juliette qui, <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Juliet#Juliet.27s_age" target="_blank">du haut de ses 14 ans même pas révolus</a>, possède la lucidité de l'innocence : "<i>Tu n'es pas un Montague, tu es toi-même. Qu'est-ce qu'un Montague ? Ce n'est ni une main, ni un pied, ni un bras, ni un visage, ni rien qui fasse partie d'un homme... Oh ! sois quelque autre nom ! Qu'y a-t-il dans un nom ? Ce que nous appelons une rose embaumerait autant sous un autre nom. Ainsi, quand Roméo ne s'appellerait plus Roméo, il conserverait encore les chères perfections qu'il possède...</i>" Si Roméo n'avait pas eu de nom, Juliette aurait pu le détacher de ses racines ensanglantées de la vendetta entre leurs familles. Sans nom, Roméo n'a pas d'histoire.Mais sans nom, serait-il Roméo ? L'aimerait-elle encore ? On ne le saura jamais.<br />
De son côté, Adso de Melk n'a pas eu besoin d'un nom pour aimer passionnément sa rose. Au contraire, ne pas le connaître lui a permis de nier leur différence de milieu. Il pouvait ainsi l'adorer comme l'incarnation même de la féminité dans tout ce qu'elle a de plus pure. Nier le nom, c'est nier l'histoire de la personne, son origine, son existence même, pour n'en percevoir qu'une essence idéalisée.<br />
<br />
Ainsi, refuser de porter le nom de son mari, conserver son nom, c'est un acte militant. C'est dire "j'existe, je ne lui appartient pas, je suis <i>moi</i>, je ne suis pas une incarnation sans visage de l'éternel féminin". <br />
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Kalistahttp://www.blogger.com/profile/11054781481773901210noreply@blogger.com24tag:blogger.com,1999:blog-1431290801733008529.post-80376243196175800572012-11-25T12:26:00.000+01:002012-11-25T12:26:19.101+01:0025 novembre : changer notre regard sur le viol<div style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://referentiel.nouvelobs.com/file/4776668.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="208" src="http://referentiel.nouvelobs.com/file/4776668.jpg" width="320" /></a></div>
Il y a quelques jours, France 5 a diffusé le documentaire <a href="http://www.pluzz.fr/viol-double-peine-2012-11-20-20h40.html" target="_blank"><i>Viol, la double peine</i></a>, basé sur des témoignages de victimes. On y voit clairement la détresse des victimes auxquelles <a href="http://www.lamontagne.fr/auvergne/actualite/departement/allier/2012/11/22/la-psychiatre-muriel-salmona-denonce-le-manque-de-prise-en-charge-des-femmes-violentees-1342871.html" target="_blank">aucune aide n'est proposée</a> : elles sont seules avec leur traumatisme face à une justice qui leur impose de prouver qu'elles sont bien victimes. <br />
Dans le sillage de ce documentaire, le plate-forme <a href="http://viol-les-voix-du-silence.francetv.fr/" target="_blank"><i>Viol, les voix du silence</i></a> permet aux victimes de donner le témoignage qu'elles n'ont jamais pu faire entendre. Cette plateforme s'ajoute à <a href="http://www.contreleviol.fr/" target="_blank">celle créée il y a deux ans par OLF</a>.<br />
Le Nouvel Obs, de son côté, veut lancer un pavé dans la marre avec un <a href="http://tempsreel.nouvelobs.com/viol-le-manifeste/20121119.OBS9861/je-declare-avoir-ete-violee-l-obs-lance-le-manifeste-des-313.html" target="_blank">manifeste contre le viol</a> porté par Clémentine Autain, pendant que la Fédération Nationale Solidarité Femmes publie <a href="http://femmes.gouv.fr/spot-video-pour-les-20-ans-du-3919-et-la-journee-pour-lelimination-de-la-violence-a-legard-des-femmes/" target="_blank">une vidéo pour les 20 ans du 3919</a>. <br />
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<a name='more'></a>Si tout le monde parle de viol, ce n'est pas un effet de mode : nous sommes le 25 novembre, c'est la journée de lutte contre les violences faites aux femmes.<br />
C'est donc le moment de déranger le public et de lui rappeler qu'en France, chaque année, <a href="http://pasdejusticepasdepaix.wordpress.com/les-chiffres-des-viols-en-france/" target="_blank">plus de 75000 femmes sont violées</a>, que 70000 victimes ne peuvent pas porter plainte, que 16% des femmes subissent un viol ou une tentative de viol au cours de leur vie.<br />
Le viol est donc un phénomène massif et non pas le fait de quelques pervers. Le viol n'est pas "la faute à pas de chance", une femme plutôt jolie qui se trouvait malencontreusement sur le chemin d'un prédateur. Puisque 80% des victimes connaissaient leur agresseur, il faut cesser de considérer que les violeurs sont majoritairement des prédateurs louches-pas-comme-les-autres.<br />
<br />
Il faut donc changer notre regard sur le viol.<br />
De la même manière qu'on conviendra que la violence verbale est une violence exercée par le biais de la parole, il faut comprendre que la violence sexuelle est une violence exercée par le biais du sexe, et non pas un désir mal contenu. Le viol n'est donc pas un débordement de sensualité, il n'a pas à être <a href="http://www.madmoizelle.com/je-veux-comprendre-culture-du-viol-123377#sthash.jRxXH0F2.dpbs" target="_blank">érotisé ni fantasmé</a>.<br />
Un violeur n'est pas un homme qui n'a pas pu se contenir. Le désir sexuel s'éteint nécessairement devant une femme qui crie, qui pleure, qui supplie, ou qui tout simplement n'exprime pas son enthousiasme. Un violeur est un homme qui prend son pied à frapper sa victime <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2012/10/ce-que-ma-appris-le-verdict-de-creteil.html" target="_blank">là ou il pense la marquer de manière indélébile</a>.<br />
Une femme violée n'est pas une femme souillée. C'est encore moins une femme qui l'a cherché. La manière dont elle était habillée, son comportement ou son taux l'alcoolémie n'autorisent personne à poser la main sur son corps sans qu'elle en ait exprimé clairement le désir. En tant que victime, elle mérite donc toute l'aide qu'on peut lui apporter. <a href="http://www.stopauxviolences.blogspot.fr/2012/06/nous-accusons-manifeste-petition-signer.html" target="_blank">Une prise ne charge des victimes</a> serait un minimum. Chercher à démontrer qu'elle porte un part de responsabilité dans l'acte atroce dont elle a été victime est ignoble.<br />
<br />
S'il est nécessaire de libérer la parole des victimes pour montrer l'étendue du viol, il faut aussi rappeler (encore !) que ce n'est pas à elles d'avoir honte.<br />
Toute les actions mettent aujourd'hui en avant les femmes : <a href="https://sandrine70.wordpress.com/2012/11/21/la-face-cachee-du-viol-cest-le-violeur/" target="_blank">elles avouent avoir été violées</a>, <a href="http://www.feministes-radicales.org/2012/11/24/quand-une-femme-dit-non/" target="_blank">elles rappellent que "non c'est non"</a>. Quand seront-elles centrées sur les violeurs ? Quand montrera-t-on que ce ne sont pas des hommes éperdus de désir, mais des égoïstes en mal de domination ? Quand dira-t-on aux jeunes hommes qu'une femme n'est pas un objet à leur disposition au lieu de dire aux jeunes filles qu'elles doivent faire attention à leur tenue, à leurs heures et lieux de sortie et à leur taux d'alcoolémie ?<br />
Quand centrera-t-on les campagnes sur l'importance du consentement ? Sans consentement donné librement, il y a viol ; un consentement obtenu par la force, la menace ou la manipulation n'a aucune valeur. Aujourd'hui, on considère encore que la femme est consentante par défaut, que qui ne dit mot consent : la victime doit prouver à la justice qu'elle a clairement fait comprendre son absence de consentement. Une femme ayant subi un acte sexuel sans avoir pu donner un consentement libre n'ose pas parler car elle doute d'être victime ; si elle arrive à mettre le mot viol sur l'acte, elle peut légitimement douter qu'elle sera considérée par son entourage, les forces de l'ordre et la justice comme une victime et prévoir qu'elle sera suspectée de mystification. Cette absence de considération pour un consentement libre manifesté par une femme visiblement enthousiaste <a href="https://sandrine70.wordpress.com/2012/11/18/le-consentement-paravent-de-la-propagande-de-limpunite-des-violeurs/" target="_blank">permet à certains accusés de prétendre que la victime était consentante</a>, comme s'il pouvait y avoir le moindre doute.<br />
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Kalistahttp://www.blogger.com/profile/11054781481773901210noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-1431290801733008529.post-69853125390631136512012-11-17T18:23:00.002+01:002012-12-24T12:20:39.383+01:00Vive le mariage gai<div style="text-align: justify;">
Je viens de voir des images de la manif des cathos contre le mariage homosexuel.<br />
Quelle horreur, ce terme, quand même. Ça veut dire que les mariages entre personnes de même sexe seront intrinsèquement différents. Ils resteront à part, pas un mariage normal, un mariage <i>homosexuel</i>. Comme si c'était un vilain mot.<br />
Les cathos qui manifestent ne veulent pas que les couples de même sexe se marient ni surtout qu'ils aient des enfants. Au mépris, bien sûr, de tous les témoignages de personnes élevées par des couples homosexuels et qui vont très bien. Les cathos qui manifestent veulent que <i>leur</i> vision de la famille (papa l'autorité, maman la douceur et les enfants en culotte courte) reste inscrite dans la loi. Ils veulent que <i>leur</i> vision du mariage, quoique faisant déjà d'un sacrement dans leur club de gros relous, soit imposée de manière permanente au pays entier, aux catholiques comme aux autres.<br />
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<a name='more'></a>Quoique faisant partie pour moitié d'un couple hétérosexuel marié, je prends ces revendications comme une insulte personnelle, car ma vision du couple n'a rien à voir avec la division des rôles qu'implique nécessairement un mariage entre personnes dites complémentaires. Monsieur n'assume pas un rôle masculin de patriarche, l'autorité parentale est exercée conjointement par les deux parents. Madame n'est pas un refuge doux et tendre pour les chérubins. Je n'ai pas d'envie de pénis, il n'a pas peur de la castration. Nos fils ne sont pas élevés pour être de parfaits petits patriarches le jour où ils fonderont une famille et même, ils savent que s'ils ramènent à la maison un compagnon du même sexe, je serai une belle-mère aussi exécrable avec lui qu'avec une meuf.<br />
La vision catholique du couple me rebute et je l'accuse sans hésitation d'être responsable de la situation désastreuse de la société française. Cette vision du couple nécessairement hétérosexuel est simplement une manière de faire croire que les hommes et les femmes ont des qualités intrinsèquement différentes. Aux hommes la force et donc l'autorité, l'activité, aux femmes la douceur et donc la faiblesse, la passivité. Cette vision du couple met ainsi les femmes en situation d'infériorité et permet toutes les discriminations dont nous sommes victimes ; elle excuse et encourage les violences sexistes. Oui, cette vision du couple est <b>criminelle</b>. Continuer à la défendre est irresponsable.<br />
Je ne refuse donc qu'on m'impose cette vision du couple et je suis prête à me battre pour qu'on me reconnaisse le droit d'être active, forte, et d'exercer une autorité - d'être moi-même, tout simplement. <br />
<br />
Pourtant, si ces familles veulent continuer à vivre dans ce schéma autodestructeur, grand bien leur fasse. Je n'en ai rien à cirer.<br />
Qu'ils continuent à célébrer, en plus du mariage civil leur garantissant des droits, le mariage religieux leur imposant ces règles. Qu'ils continuent à croire que les hommes doivent rapporter à la famille sa subsistance et que les femmes sont responsables du foyer. Qu'ils continuent à habiller leurs enfants en Cyrillus au mépris du bon goût. Qu'ils continuent à se demander où va le monde et à prier pour nous. Qu'ils continuent à se croire seuls tenants de la vérité sans avoir jamais remis en cause la bonne parole des curés ni utilisé le talent que Dieu confie à chacun d'entre nous : un cerveau qui permet de réfléchir. Restez dans votre marasme mental et votre malhonnêteté intellectuelle, c'est pas mon problème.<br />
<br />
Personne ne leur demande de célébrer des mariages catholiques homosexuels. Ils n'ont donc aucune raison de venir nous faire chier.<br />
Qu'ils nous laissent vivre comme on l'entend.<br />
Qu'ils cessent de seriner que les enfants doivent avoir un père et une mère : ils stigmatisent violemment les gosses de divorcés, ceux dont un parent est mort, ceux dont un parent s'est mis en ménage avec une personne de même sexe. Aimez-vous les uns les autres qu'ils disaient.<br />
Qu'ils cessent de mettre leur nez dans nos slips. <br />
<br />
Moi, je suis pour le mariage gai.<br />
Celui où on s'aime, celui où on rit ensemble, celui où on transmet cette joie de vivre à des enfants qu'on rendra aussi heureux qu'on le peut. Celui où les parents sont égaux, pas nécessairement complémentaires, celui où personne n'est forcé de rentrer dans un moule. Celui où on ne tolère pas qu'un membre du couple prenne le pas sur l'autre. Celui où les gosses découvrent avec émerveillement que les familles sont multiples. Celui où les enfants sont désirés, et au lieu d'être simplement acceptés.<br />
<br />
<br />
Lisez aussi <a href="http://miroir-feminisme.blogspot.fr/2012/11/pourquoi-tous-ces-debats-sur-le-mariage.html" target="_blank">le post d'Emily</a> !<br />
<br />
<br /></div>
Kalistahttp://www.blogger.com/profile/11054781481773901210noreply@blogger.com15tag:blogger.com,1999:blog-1431290801733008529.post-82923152431584304852012-11-12T09:20:00.001+01:002012-11-12T09:20:49.217+01:00Enseigner à la génération Y<div style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/e/e8/Stuart_and_Students_in_LRC.jpg/450px-Stuart_and_Students_in_LRC.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/e/e8/Stuart_and_Students_in_LRC.jpg/450px-Stuart_and_Students_in_LRC.jpg" width="240" /></a></div>
J'ai toujours trouvé profondément ridicule d'affubler une génération d'un surnom.<br />
Un marronnier pour journaliste en mal de titre accrocheur, pensais-je.<br />
Pourtant, la semaine dernière, à l'issue d'un cours où j'ai failli baisser les bras et quitter la salle, j'ai compris pourquoi cette génération porte un nom bien défini.<br />
Ils sont nés avec une télé dans le salon, comme moi. Ils ont grandi avec un ordinateur sur le bureau, comme moi. Je pensais donc pouvoir communiquer avec eux sans difficulté. Je n'avais pas encore compris que, si pour moi, ces objets étaient des outils que j'étais heureuse de pouvoir utiliser exceptionnellement, pour eux ils faisaient partie intégrante de leur univers et de leurs schémas de pensée.<br />
Les outils que j'ai connus étaient plus difficiles à utiliser, moins rapides, plus chers, et j'ai appris à les utiliser comme une aide d'appoint. Mes élèves ont pour ainsi dire toujours connu des ordinateurs puissants connectés à internet via une liaison haut-débit, des calculatrices miniatures qui font aussi le café et des téléphones qui leur permettent de trouver une réponse sur Wikipédia avant même qu'on ait fini de poser la question.<br />
D'où leur incompréhension face à mes exigences. <br />
<br />
<br />
<a name='more'></a>Effectuer un calcul ? Pour quoi faire ? La calculatrice fait ça très bien. Il suffit de comprendre et connaître la démarche générale de la démonstration.<br />
Écrire un rapport lisiblement et sans fautes ? Pour quoi faire ? Le rapport final sera tapé à l'aide d'un traitement de texte équipé d'un correcteur orthographique. Il suffit de savoir comment ordonner les idées dans le rapport.<br />
Apprendre des formules ? Pour quoi faire ? Le jour hypothétique où ils en auront besoin, ils sauront les retrouver sur internet. Il leur suffit donc de savoir les mots-clés associés à leurs cours. <br />
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/c/c5/Getting_Ready_For_the_Movie.jpg/800px-Getting_Ready_For_the_Movie.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="168" src="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/c/c5/Getting_Ready_For_the_Movie.jpg/800px-Getting_Ready_For_the_Movie.jpg" width="320" /></a></div>
Toute leur démarche est donc axée sur l'articulation des idées les unes par rapport aux autres. Faire des sciences, c'est mettre dans le bon ordre des idées piochées çà et là. <br />
Puisque les mathématiques sont inutiles, puisque la mémorisation est un pur masochisme, ils n'ont à fournir qu'un travail minimal : comprendre et mémoriser les raisonnements qui s'enchaînent comme les rebondissements d'un film peu original.<br />
Ils sont donc spectateurs.<br />
Ils assistent au cours comme ils assistent à un spectacle au cours duquel on leur raconte une histoire. Ils attendent ainsi de nous une prestation (après tout, nous sommes rémunérés) qu'ils commentent et critiquent selon leur humeur. Le spectacle est jugé mauvais s'il est ennuyeux, s'il est difficile, s'il contient un seul de ces calculs mathématiques fastidieux et inutiles, s'il n'est pas assorti d'un support de cours qu'ils pourront relire, si le <s>clown</s> prof n'est pas sympathique. <br />
Les exercices ne peuvent consister qu'à restituer les raisonnements vus en <s>spectacle</s> cours. Il s'agit donc d'apprendre par cœur tous les raisonnements possibles et pour les restituer le jour du test. Un test variant d'une virgule par rapport au panel d'exercices traités est une traîtrise de la part de l'enseignant. Un test demandant un calcul dépassant le niveau de mathématiques de cinquième (ou de troisième pour un étudiant un peu doué) est infaisable si la calculatrice est interdite.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b6/La_cite_des_sciences_1.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b6/La_cite_des_sciences_1.jpg" width="320" /></a></div>
L'apprentissage des raisonnements et leur restitution doivent en outre être facile. Toute tentative d'aborder un point ardu, un calcul fastidieux, ou d'employer un vocabulaire spécifique est vue comme une tentative délibérée de leur montrer à quel point ils sont nuls et combien nous leur sommes supérieurs.<br />
Parce qu'ils se rendent compte, même si ce n'est que très confus, que leur approche du savoir sans effort ne leur donne aucune prise sur le monde. Ils réalisent assez rapidement que la pratique scientifique n'a rien à voir avec une expérience de La Villette (bien que ces dernières soient pédagogiquement très adéquates), mais continuent à se comporter comme si c'était le cas, puisqu'ils croient que rien d'autre n'est à leur portée. Ils retiennent quelques notions comme ils retiennent quelques-unes des conclusions des émissions de Mac Lesggy, mais ils ne savent rien faire. Pour arriver à une quelconque conclusion, ils ont besoin d'être guidés, poussés, aidés. Ils voient bien que la réalité du monde et des sciences n'a rien à voir avec le monde coloré que Science et Vie leur promet et ne comprennent pas pourquoi les cours sont si difficiles.<br />
Impuissants, ne comprenant même pas ce qu'ils devraient faire pour arranger cette situation, ils se persuadent de leur nullité. Et comme nous les poussons à se lancer dans des activités où ils échouent faute de savoir par quel bout prendre leurs lignes de calculs, ils en viennent à penser qu'on le fait exprès pour les écraser ou qu'on a perdu le sens des réalités. Certains en deviennent agressifs, traitant les profs de "robots" et d'autre épithètes que je m'abstiendrai de mettre par écrit.<br />
<br />
J'ai toujours été prêt à adapter mes enseignements à un public particulier. Ça fait partie du boulot : enseigner, c'est une manière de communiquer. Communiquer contient le "<i>cum</i>" latin, c'est une activité qui se pratique à plusieurs. A quoi sert d'émettre si personne ne vous reçoit ?<br />
J'ai déjà commencé à m'adapter : je fournis un formulaire contenant les notions mathématiques essentielles avec mes cours, et je tente de rendre mes cours attrayants avec des photos et des couleurs. Je pourrais aller plus loin. <br />
Je pourrais expurger mes cours des démonstrations mathématiques les plus fastidieuses et les laisser tapoter sur leurs machines pour trouver la solution voulue.<br />
Je pourrais demander de me rendre les rapports et compte-rendus sous format informatique (en plus ce serait écolo).<br />
Après tout, il ne faut pas se leurrer, parmi les techniciens et ingénieurs qui pratiquent les métiers qu'ils seront amenés à pratiquer, qui écrit ses compte-rendus à la main ? Qui effectue plus de trois lignes de calculs sans calculatrice ? Qui connait sur les doigts ses formules de première année ? Même moi je vais les chercher sur le web et dans les livres pour les vérifier avant les cours, j'utilise un logiciel de calcul et un traitement de texte... Il serait malhonnête de leur dire que ce n'est pas ce qu'on fait réellement. Par contre, les former à l'utilisation pertinente de ces outils leur serait utile.<br />
<br />
Mais c'est un pas que j'hésite à sauter. Je crains d'ouvrir la boîte de Pandore.<br />
Veut-on vraiment créer un monde où tous les calculs sont gérés par des machines programmées par des personnes qui ne savent pas comment les faire eux-mêmes ? Ne va-t-on pas perdre tout un savoir-faire ? A force de ne rien mémoriser et de faire confiance à internet, ne vont-ils pas être tout simplement incapables de retenir même les choses les plus simples ?<br />
Leur mépris de la difficulté et des choses qui ne les amusent pas ne sont pas qu'à mettre sur le compte d'une utilisation intensive et exclusive des supports multimédias. C'est aussi le résultat de l'effort qui a été fait par les collèges et les lycées pour rendre les sciences moins dépendantes des mathématiques et de ces abstractions que nous valorisions tant quand j'usais mes jeans sur leurs bancs. Aujourd'hui, ils ne voient pas pourquoi nous nous acharnons à modéliser les phénomènes physiques à l'aide des mathématiques. Continuer dans cette voie ne va pas les aider à comprendre à quoi ça sert ni à les armer pour leur futur.<br />
Nous ne sommes pas là pour les divertir. Il faut les sortir de cette léthargie du téléspectateur, les forcer à prendre leur crayon et à chercher par eux-mêmes. Je ne pense pas que cette problématique soit nouvelle, mais avec les Y, c'est particulièrement compliqué. <br />
<br />
Il faut donc réussir à concilier l'utilisation pertinente des outils qui, finalement, font réellement partie de notre univers, et l'acquisition d'un savoir-faire utilisant les mathématiques honnies et méconnues, ainsi que la langue qu'ils considèrent comme désuète. Le tout face à des personnes enthousiastes mais coutumières d'incivilités commises avec une naïveté désarmante.<br />
C'est pas gagné.<br />
<br />
<br />
<br />
<i>Toutes illustrations en provenance de <a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/Accueil" target="_blank">Wikimedia Commons</a>.</i></div>
Kalistahttp://www.blogger.com/profile/11054781481773901210noreply@blogger.com9tag:blogger.com,1999:blog-1431290801733008529.post-44564774859246705752012-11-02T21:38:00.001+01:002012-12-24T12:19:38.403+01:00Humour, maladresses et beauferies<div style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-_C4yF6iBIOg/UJNnqS4T0GI/AAAAAAAAAbU/U1CxgRVf8v8/s1600/3qhpwr.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="289" src="http://1.bp.blogspot.com/-_C4yF6iBIOg/UJNnqS4T0GI/AAAAAAAAAbU/U1CxgRVf8v8/s320/3qhpwr.jpg" width="320" /></a></div>
Lundi dernier, de retour en France après un séjour mi-professionnel mi personnel, j'ai découvert, avec un peu de retard, <a href="http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20121022.FAP1446/le-foll-promeut-des-femmes-bien-que-nos-dossiers-soient-tres-techniques.html" target="_blank">la "petite phrase" de Stéphane Le Foll</a> :<br />
<div style="text-align: center;">
"<i>J'ai tenté de promouvoir des femmes au maximum, bien que nos dossiers soient très techniques</i>"</div>
Après tout ce que j'ai pu entendre personnellement, ça ne m'étonne même plus, ce genre de phrase. Ca m'a plutôt fait rigoler de voir un homme politique sortir une ânerie aussi énorme (oui, une femme peut aborder des dossiers techniques, si <a href="http://hypathie.blogspot.fr/2012/10/faux-proces-en-sexisme.html" target="_blank">le message d'Hypathie</a> ne suffit pas je peux prendre M. Le Foll en stage dans mon labo) sans sourciller. Et puis voir les médias s'enflammer pour une petite phrase, découvrant avec stupeur qu'il y a du sexisme en France, c'est toujours un grand moment.<br />
<br />
J'ai aussi trouvé dans ma liste de messages de blogs en retard <a href="http://femininlemporte.blogspot.fr/2012/10/besancon-recidive-avec-le-sexisme-sur.html" target="_blank">une dénonciation d'une publicité pour le forum du handicap de Besançon</a>. Message transmis : femme, même handicapée, tu resteras un objet sexuel. C'est une beauferie de plus, financée par des fonds publics baillés par des machos qui sans doute croyaient bien faire en montrant qu'une femme, même handicapée, peut rester digne. Cette vision de la dignité des femmes n'est pas neuve : je me rappelle <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2010/11/la-dignite-des-femmes-en-prison.html" target="_blank">avoir déjà râlé sur ce sujet il y a quelques années</a>.<br />
<br />
<a name='more'></a>Et me voilà hier matin, terminant ma grasse matinée devant Twitter en ricanant dans mon café froid, regardant les tweets s'enchaîner à propos de <a href="https://t.co/DuuPkoEf" target="_blank">la dernière pub pour une Playstation portable</a>. Je pense qu'ils voulaient faire de l'humour, ou même faire du buzz sur le dos des féministes. Après tout, le <a href="http://cafaitgenre.org/2012/08/18/joystick-apologie-du-viol-et-culture-du-machisme/#comments" target="_blank"><i>feminist-bashing</i></a> marche bien chez les gamers.<br />
Est-il pertinent de rentrer dans le jeu et de leur faire de la pub ? Je pense que oui. Je pense que la plupart des gens ne voient pas ce qu'il y a de choquant dans cette pub, qu'elle sera taxée de beauferie ou d'humour lourdingue, mais pas de violence. Il nous appartient, hélas, de rappeler que considérer que le corps féminin est un jouet, que présenter les nichons comme un jeu à disposition des hommes pour les amuser est une violence. Notre corps n'est pas un vêtement qu'on porte, qu'on peut ajuster, prêter, louer ; notre corps, c'est nous.<br />
<br />
Ces pubs et ces petites phrases ne sont que des beauferies qui ne méritent que notre mépris. Il y a bien plus urgent : la lutte contre les violences conjugales (<a href="http://www.inhesj.fr/fichiers/ondrp/reperes/reperes_18_CR.pdf" target="_blank">des nouvelles statistiques viennent de sortir</a>, c'est toujours pas glorieux), contre les viols (<a href="http://lesaventuresdeuterpe.blogspot.fr/2012/10/echos-de-la-malitude-dechainee.html" target="_blank">il parait que c'est pas grave !</a>), contre les trafics de femmes et de filles qui nourrissent le système prostitutionnel, contre les mutilations génitales qui continuent, contre les mariages forcés, contre les inégalités salariales qui maintiennent les femmes dans la misère, contre la répartition du travail domestique qui maintient les femmes en position d'esclaves (Noël approche, c'est parti pour la foire aux catalogues de jouets foireux !)...<br />
<br />
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-CoEA0RJE0K8/UJNlytNkcCI/AAAAAAAAAbM/Cd6z0OEczBQ/s1600/3rlw28.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="188" src="http://1.bp.blogspot.com/-CoEA0RJE0K8/UJNlytNkcCI/AAAAAAAAAbM/Cd6z0OEczBQ/s320/3rlw28.jpg" width="320" /></a>Mais mes lecteurs fidèles (salut Papa, salut Maman !) <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2012/03/tous-ceux-qui-ralent-que-les-feministes.html" target="_blank">savent que je ne pense en aucun cas</a> que ces effets anodins du sexisme sont à taire, même s'il y a urgence et atrocité par ailleurs. Ces petites phrases, ces petites blagues, ou ces pubs qui se veulent canaillement drôles ne sont pas anodines. <br />
J'aime particulièrement le terme de "sexisme ordinaire" couramment utiliser pour désigner ce type d'effets. C'est ordinaire, car banal, fréquent, pas original. C'est cette soupe insipide qu'on nous sert tous les jours, qui ne nous tuera pas mais qui nous mine peu à peu, sape nos forces et notre moral.<br />
<br />
Voilà une bonne lapalissade : le sexisme ordinaire, c'est du sexisme.<br />
Et le sexisme est une maladie sociale.<br />
C'est une maladie qu'on détecte grâce à des symptômes. Il y a les symptômes, graves, évidents, qu'on cherche à soigner en priorité : meurtres de femmes, viols, violences sexistes... Il y a aussi les symptômes moins graves mais qui peuvent dégénérer : une femme payée moins qu'un collègue, une épouse insultée... Il y a enfin les symptômes ordinaires, qui passent facilement inaperçus : une vanne, une remarque désobligeante. Ce sont les symptômes de la même maladie.<br />
C'est une maladie qui se transmet de génération en génération. L'éducation qu'on donne à nos enfants, les préjugés qu'on leur transmet, la culture véhiculant les stéréotypes et l'exemple qu'on leur donne sont autant de vecteurs de transmission qui ne sont actuellement pas soumis à une quelconque prophylaxie. <br />
C'est enfin une maladie qui a une cause. Tous les symptômes du sexisme, du plus ordinaire au plus dramatique, sont causés par cette croyance en une nature différente des hommes et des femmes. Parce que nous, femmes, sommes considérées comme des incubateurs sur pattes prenant notre pied en faisant plaisir aux mâles pour qu'ils nous inséminent et sécurisent le foyer, on a le droit de nous présenter comme des objets manipulables dans des pubs à la con, on a le droit de nous faire croire que la normalité, c'est la séduction, on a le droit de dire que nous sommes incapables de raisonner. On a aussi le droit de nous payer moins parce qu'on raisonne mal, on a le droit de nous taper dessus parce qu'on est trop connes pour comprendre les choses autrement et parce qu'on doit tout accepter du mâle en échange de sa protection (le pauvre !),on a le droit de nous violer parce qu'au fond on n'attend que ça...<br />
<br />
Humour, maladresses et beauferies ne sont que des âneries pitoyables. Mais remis dans le contexte d'une société où la violence contre les femmes fait des ravages, ils deviennent les signes visibles d'une société infectée par la haine envers la moitié de l'humanité.<br />
<br />
<br />
<i>Illustrations :</i><br />
<i>Des mèmes que j'ai réalisés sur quickmeme.com. Vous pouvez les diffuser, c'est cadeau, ça me fait plaisir. </i><br />
<br />
<br /></div>
Kalistahttp://www.blogger.com/profile/11054781481773901210noreply@blogger.com21tag:blogger.com,1999:blog-1431290801733008529.post-18173268959099707502012-10-15T13:44:00.001+02:002012-10-15T13:45:29.641+02:00Ce que m'a appris le verdict de Créteil<div style="text-align: justify;">Franchement, moi, les affaires juridiques, j'y connais rien. Je ne comprends pas grand-chose, d'ailleurs, aux billets de maître Eolas. Alors finalement, en lisant 2-3 articles sur le procès de Créteil, j'ai appris plein de trucs.<br />
<br />
<a name='more'></a>J'ai ainsi découvert qu'on pouvait, sans que ça émeuve l'assistance, insulter et se moquer des plaignantes lors d'un procès d'Assises. Moi qui pensais que dans cette enceinte sacrée la courtoisie était de mise... Moi qui pensais (très naïvement sans doute) que les magistrats auraient à cœur de faire régler le respect en ces murs...<br />
J'ai appris que viol en réunion, ça méritait un an de prison ferme dans le pire cas. Moins que des <a href="http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?idArticle=LEGIARTI000006418952&cidTexte=LEGITEXT000006070719&dateTexte=20120220&fastPos=17&fastReqId=1919947031&oldAction=rechCodeArticle">sévices grave sur un animal domestique</a>.<br />
J'ai appris que quand une fille se fait passer dessus par tellement de mecs que tout le monde ne peut pas passer, que quand elle est brûlée avec des cigarettes, qu'elle pleure et vomit pendant l'acte, qu'elle est tabassée avant et après, la justice donne des peines avec sursis à 4 mecs et acquitte les autres. Paraîtrait qu'elle aime ça : gageons que les jurés vont essayer eux-mêmes dès que possible.<br />
J'ai appris qu'en cas de plainte, on éloigne la victime, on l'arrache à son foyer, à sa famille, "pour la protéger".<br />
Je ne sais pas ce que c'est que l'instruction, mais ça doit être des gens très occupés qui la font : ils n'ont pas considéré que l'affaire était assez importante pour faire leur travail avec soin. L'avocate de la défense a dit que le dossier avait été mal instruit. Pour la justice, donc, un viol collectif ne mérite pas qu'on fasse gaffe.<br />
Je ne sais pas quel est le rôle de l'avocate générale, non plus, mais on dirait bien que c'est la personne qui défend les accusés, non ? Elle a demandé des peines bien faibles (4 à 5 ans) par rapport à ce que dit Légifrance (<a href="http://vosdroits.service-public.fr/F1526.xhtml#N1012E">15 ans</a>).<br />
<br />
On en apprends aussi sur les médias, d'ailleurs.<br />
Le vocabulaire utilisé par les journalistes qui suivent les affaires de viol en réunion sont les mêmes que ceux qui suivent les tournois de ping-pong. Qu'on tape dans une baballe ou qu'on se tape une fille qui hurle, pleure, vomit, c'est le même mot. <br />
<br />
Quelques sources :<br />
<ul><li><a href="http://www.liberation.fr/societe/2012/09/16/ils-etaient-au-moins-vingt-cinq-certains-me-tenaient-d-autres-rigolaient_846741">«Ils étaient au moins vingt-cinq. Certains me tenaient, d’autres rigolaient»</a></li>
<li><a href="http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/09/18/le-calvaire-de-nina-victime-de-viols-collectifs-dans-sa-cite_1761704_3224.html">Le calvaire de Nina, victime de viols collectifs dans sa cité</a></li>
<li><a href="http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/10/11/proces-des-tournantes-un-naufrage-judiciaire-pour-la-defense_1773263_3224.html">Procès des tournantes : un "naufrage judiciaire" pour les avocats des plaignantes</a></li>
<li><a href="http://www.liberation.fr/societe/2012/10/11/tournantes-de-fontenay-sous-bois-un-verdict-derisoire_852500">Tournantes de Fontenay-sous-Bois : un verdict dérisoire</a></li>
<li><a href="http://www.liberation.fr/societe/2012/10/12/proces-des-viols-collectifs-le-parquet-fait-appel_852803">«Si la justice me croit, s’ils m’ont violée, pourquoi juste des peines de sursis ?»</a></li>
</ul><br />
Moi, pour tout ça, je ne vois qu'une explication. C'est que les magistrats, les jurés, et les journalistes pensent qu'un viol est un acte de destruction totale et inéluctable.<br />
On n'a pas le droit d'y survivre, car ce qui a été touché, c'est l'intime, le sacré, la capacité de jouir et la maternité potentielle. Jouir et faire jouir, donner la vie, c'est l'essence de la femme qui est atteinte. La victime d'un viol doit donc mourir, soit en luttant contre son violeur, soit en succombant à ses blessures, soit en se suicidant après, comme le fit Lucrèce. Elle peut aussi survivre physiquement, son esprit brisé à jamais, comme une coquille vide.<br />
<br />
Dans cette logique, si vous y survivez, ce n'est pas un viol, puisque vous n'êtes pas détruite. CQFD.<br />
Soit vous n'avez pas assez lutté, soit le traumatisme n'est pas assez important. Dans les deux cas, votre esprit est tordu : quelque part, vous l'avez voulu, ce viol, vous avez aimé ça. Un tel esprit tordu fait froid dans le dos. Alors la bonne société cherche des signes de cet esprit tordu. Ca doit se voir, quand même, une telle perversité.<br />
Une "fille qui le cherche", c'est une fille qui sort, qui s'habille de manière à exciter les hommes, c'est une fille qui drague, qui a plusieurs amants. C'est une fille qui ne fait pas assez attention, qui sort à des heures indues, inconsciente du danger, qui se rend vulnérable en se droguant, en buvant : tout le monde sait que ces comportement exposent les filles au viol, passer outre montre une acceptation inconsciente du châtiment.<br />
<br />
<br />
Si un viol tue nécessairement, la plainte est inévitablement sujette à caution. <br />
Il peut arriver qu'une vraie victime survive assez longtemps pour porter plainte, mais c'est forcément difficile. Quelle circonstance extraordinaire lui a permis de survivre ? Survivre demande une force morale extraordinaire : il faut être une sacrée combattante pour ne pas mourir. Cette combattante ne tarde pas à porter plainte, car elle sait qu'elle le doit et qu'elle en a le droit. Portant les stigmates éternels de son viol, souillée, elle est perdue, condamnée. Voir cette pureté brisée frémissant dans son ultime révolte est bouleversant et magnifique. Pour honorer sa mémoire, son violeur sera condamné et subira l'opprobre. <br />
Mais une fille qui "l'a cherché" et qui porte plainte, c'est non seulement une fille tordue, mais aussi une personne malhonnête. Refusant d'admettre sa part de responsabilité, elle tente de se rendre intéressante, ou de se venger de la personne qui, finalement, lui a rendu service en lui donnant ce qu'elle voulait vraiment inconsciemment. Puisque ce n'est pas un viol, elle fait perdre du temps à tout le monde. Les magistrats ont tellement mieux à faire que consoler des filles qui n'ont pas été assez prudentes ! Alors on le leur fait payer. Très cher. Faudrait pas que les autres aient l'idée d'accuser des hommes qui leur rendent service.<br />
<br />
<br />
Nina et Aurélie ont payé. Leur tort ? Avoir survécu. Circonstance aggravante : elles ont parlé.<br />
CA SUFFIT.<br />
<b>Exigeons </b>une réponse politique du gouvernement en signant <a href="http://www.change.org/contreleviol">la pétition du collectif Féministes en Mouvement</a>. <br />
<br />
Et ce soir, rassemblons-nous toutes pour dire au gouvernement que ça ne peut plus durer. <br />
A Paris, place Vendôme à 18h30. <a href="https://www.facebook.com/events/127288644086634/https://www.facebook.com/events/127288644086634/">https://www.facebook.com/events/127288644086634/</a><br />
A Bordeaux : à 18H30 sur le parvis des Droits de l'Homme (coté Place Pey Berland)<br />
A Strasbourg : 18h30, place Kléber <a href="https://www.facebook.com/events/421422451250716/" rel="nofollow" target="_blank">https://www.facebook.com/<wbr></wbr><span class="word_break"></span>events/421422451250716/</a><br />
A Lyon : 18h30, 67 rue Servient, Lyon 3e <a href="https://www.facebook.com/events/363459833736690/" rel="nofollow" target="_blank">https://www.facebook.com/<wbr></wbr><span class="word_break"></span>events/363459833736690/</a><br />
A Clermont-Ferrand : 18h15 place de Jaude <a href="https://www.facebook.com/events/100659330094899/" rel="nofollow" target="_blank">https://www.facebook.com/<wbr></wbr><span class="word_break"></span>events/100659330094899/</a><br />
<div class="text_exposed_show">A Toulouse : 18h30, 2 allée Jules Guesde <a href="http://osezlefeminisme31.com/contreleviol-verdict-de-creteil-rassemblement-a-toulouse-lundi/" rel="nofollow nofollow" target="_blank">http://<wbr></wbr><span class="word_break"></span>osezlefeminisme31.com/<wbr></wbr><span class="word_break"></span>contreleviol-verdict-de-cre<wbr></wbr><span class="word_break"></span>teil-rassemblement-a-toulo<wbr></wbr><span class="word_break"></span>use-lundi/</a><br />
A Lille : 18h30, devant la préfecture<br />
A Rennes : 18h30 devant le Parlement de Bretagne<br />
A Montpellier : 19h devant le palais de justice, 1 rue Foch <a href="https://www.facebook.com/events/280570148727350/" rel="nofollow" target="_blank">https://www.facebook.com/<wbr></wbr><span class="word_break"></span>events/280570148727350/</a></div><br />
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</div>Kalistahttp://www.blogger.com/profile/11054781481773901210noreply@blogger.com14tag:blogger.com,1999:blog-1431290801733008529.post-21635548128119771422012-09-26T17:41:00.000+02:002012-12-24T12:19:53.706+01:00Journée mondiale de la contraception<div style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/cf/Pr%C3%A9servatif_f%C3%A9minin.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="144" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/cf/Pr%C3%A9servatif_f%C3%A9minin.jpg" width="320" /></a></div>
Aujourd'hui, c'est la <a href="http://www.journee-mondiale-de-la-contraception.fr/">journée mondiale de la contraception</a>... #viedemeuf.<br />
<br />
Aujourd'hui, j'ai appris que <a href="http://www.egalite-infos.fr/2012/09/21/vers-la-fin-du-remboursement-des-pilules-de-troisieme-generation/">la pilule de 3ème génération va être déremboursée</a>. Pas assez efficace, qu'ils disent. Donc vazy, raque. Pis si t'as pas les moyens, t'as qu'à pas baiser. #viedemeuf.<br />
<br />
Aujourd'hui, je me rends sur le site de l'événement. Direct, en page d'accueil, je me le prends en pleine gueule : le tutoiement. On a gardé les cochons ensemble ?<br />
Ah, non, c'est une campagne pour les jeunes. Le jeune, ça se tutoie. Un jeune, c'est comme un gosse, même si c'est assez grand pour baiser : on est directement potes, pas besoin de mettre une distance respectueuse pour aborder des questions intimes. Hé, toi, jeune, je vais te parler de ce qu'il y a entre les jambes, wesh, keupin-e ! A moins que ça soit de la condescendance ?<br />
<br />
<a name='more'></a><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/e0/NuvaRing_in_hand.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/e0/NuvaRing_in_hand.jpg" /></a></div>
Sur le site, on nous met un dépliant qui explique les différents moyens de contraception.<br />
Ambiance rose girly, silhouettes d'anorexiques qui font la gueule en talons et minijupe, police arrondie... Le message est clair : la contraception, c'est glam', c'est chic, et surtout, c'est pour les fiiiiiiiilles !<br />
Ca commence bien :"<i>La stérilisation à but contraceptif, même si elle n’est autorisée en France que depuis peu, ne sera pas abordée dans ce document, car il s’agit d’une méthode irréversible.</i>" Donc si c'est irréversible, gardons-nous bien d'en parler. Il ne faudrait surtout pas que les femmes sachent qu'elles ont le droit de ne pas vouloir d'enfants, jamais. Il ne faudrait pas qu'elles sachent qu'il existe des méthodes comme la méthode <a href="http://essure.fr/Default.aspx">Essure</a> pour échapper à l'épée de Damoclès d'une fertilité difficilement contrôlable. Il ne faudrait pas qu'elles cessent d'être dépendantes du corps médical pour obtenir péniblement le droit à disposer de leur corps.<br />
Et ça continue : "<i>Un professionnel de santé (médecin ou sage-femme) est la personne qui peut vous conseiller et choisir, avec vous, la méthode de contraception qui vous convient.</i>"<br />
Non, non, non ! Un professionnel de santé est la personne qui peut me conseiller<i> pour que <b>je </b>puisse choisir</i> la méthode de contraception qui me convient. Le conseil du-de la professionnel-le de santé sera écouté avec le respect que je lui dois, mais c'est <i><b>mon </b></i>utérus, c'est <b><i>mon</i></b> choix. <br />
Suit une description de l'appareil génital féminin qui n'a toujours pas de clitoris, mais passons, on parle reproduction, pas plaisir (c'est pas comme si c'était lié, hein). Au passage, j'ai appris plein de mots top glam', comme "phase secrétive". Les illustrations rose bonbon à côté forment un contraste marrant ; finalement, le rose, c'est peut-être pour évoquer les règles ? Ah, pardon, j'oubliais, dans le monde girly-glam-web-chaton, on dit "rrr". Faudrait pas dire le mot entier, c'est sale.<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/1/1d/Pilule_contraceptive.jpg/800px-Pilule_contraceptive.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="197" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/1/1d/Pilule_contraceptive.jpg/800px-Pilule_contraceptive.jpg" width="320" /></a></div>
Enfin, on a droit à la description des méthodes de contraception. La pilule, chère pilule ! 12 ans de prise, personnellement, à 15 € par mois, non remboursés, ça nous fait 2160 €. Plus le stress permanent à l'idée de l'oublier, une culpabilité proche de la panique à chaque prise retardée d'une heure ou deux, un casse-tête lors des voyages avec décalage horaire, et une libido dans les choux. Le prochain gynéco (ah pardon, j'oubliais, c'est "gygy" qu'il faut écrire) qui essaie de me la prescrire, je lui fais bouffer son spéculum. Mais dans le dépliant ? Rien. Soit ils ne sont pas au courant, soit ils considèrent que ce n'est pas grave. C'est sûr que la bourse vide et pas d'envie (c'est peut-être pour ça que c'est efficace !) c'est moins grave que le cancer, mais j'aurais pensé que ça valait le coup d'en parler... Non ?<br />
Notons, dans cette section, le choix du vocabulaire, précis, médical. On perd en clarté, il faut se concentrer pour suivre, mais au moins on n'est pas prises pour des connes. J'avoue que le terme "contraception mécanique" utilisé pour le DIU m'évoque plus une pompe à vélo qu'un délicat petit ustensile, mébon, tout à l'heure je me plaignais que le dépliant était trop glam'...<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/15/T%C3%AAte_de_st%C3%A9rilet.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="149" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/15/T%C3%AAte_de_st%C3%A9rilet.jpg" width="320" /></a></div>
La contraception, en France, aujourd'hui, c'est ça.<br />
L'information n'est pas si évidente que ça à trouver. Je ne suis pas sûre que la plupart des gens connaissent la moitié des dispositifs décrits par le dépliant. En France, on prend la pilule, épicétou.<br />
On n'informe <b>que </b>les femmes, comme si les hommes n'étaient pas concernés. Certes, ils ne risquent pas de tomber enceintes, mais s'ils choisissent de coucher avec une femme, ils peuvent prendre leurs responsabilités aussi, non ?<br />
On informe à travers un gloubi-boulga infâme d'ambiance glamour en se limitant à un message froid, médical, qui ne rappelle en aucun cas qu'il est question de sexualité. On ne parle pas de plaisir, on ne parle même pas de confort. <br />
Et une fois qu'on est informées, on doit aller voir gygy pour qu'il choisisse à notre place la méthode qui, s'il est d'accord, nous permettra de disposer de notre corps. <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2012/09/le-choeur-des-femmes.html">Je ne vais pas revenir sur le sujet</a>. Ensuite seulement, on ira, tentant vainement de ne pas marcher comme un canard, lâcher une quinzaine d'euros par mois chez un pharmacien pour prendre l'incontournable pilule. Si on peut se le permettre. <br />
Ensuite on se fait chier avec la pilule, même si elle ne correspond pas au mode de vie qu'on a choisi. Et si ça foire, il faut lutter pour trouver un centre pour avorter, <a href="http://blog.jevaisbienmerci.net/">puis supporter la culpabilité</a>... <br />
<br />
Alors les keupines, si on se fait offrir des fleurs pour la journée de Lafâme, comment on fête la journée de la contraception ? <br />
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<br />
<i>Images wikimedia Commons.</i></div>
Kalistahttp://www.blogger.com/profile/11054781481773901210noreply@blogger.com15tag:blogger.com,1999:blog-1431290801733008529.post-28402987227720676272012-09-26T13:38:00.000+02:002012-09-26T13:40:12.252+02:00Femen, slutwalk, le féminisme "nouvelle génération" ?<div style="text-align: justify;">Deux phénomènes féministes sont actuellement très populaires les médias : les <i>slutwalks </i>et les <i>Femen</i>.<br />
Dans les deux cas, le fond du message est la réappropriation du corps. Il s'agit du refus d'être un objet à exploiter par les hommes pour le plaisir ou la reproduction. Et dans les deux cas, la forme du message fait fantasmer les médias et grincer des dents certaines féministes.<br />
<br />
<a name='more'></a><h3>Slutwalks</h3><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"></div>Les <i>slutwalks </i>sont nées <a href="http://www.slutwalktoronto.com/">au Canada en 2011</a>, après <a href="http://www.bbc.co.uk/news/uk-13739876">la réflexion d'un policier</a> qui considère que pour éviter d'être violées, les femmes devraient éviter de s'habiller comme des putes. Les <i>slutwalks </i>ont rapidement essaimé partout dans le monde, <a href="http://slutwalkfrance.tumblr.com/">y compris en France</a>.<br />
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-clm4_kfL0ns/UGLldg8IJHI/AAAAAAAAAa0/R483S9mBaxw/s1600/Slutwalk_Toronto_May_2012.png" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="http://4.bp.blogspot.com/-clm4_kfL0ns/UGLldg8IJHI/AAAAAAAAAa0/R483S9mBaxw/s320/Slutwalk_Toronto_May_2012.png" width="213" /></a>Il s'agit de marches de femmes revendiquant le droit de s'habiller comme elles veulent. Rien ne justifie le viol, ni les vêtements, ni l'attitude : le viol n'est pas un débordement de désir mais un acte de barbarie. Au lieu de <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2011/11/une-impardonnable-cruaute.html">blâmer les victimes</a>, donc blâmons les coupables. Pourquoi devrions-nous couvrir nos corps ? Les hommes sont-ils donc des loups affamés qui risquent de nous dévorer si on leur montre un morceau de peau ? Finalement, au delà de la question hautement pertinente de la culpabilisation des victimes, c'est de la réappropriation de nos corps qu'il s'agit : cesser d'être des objets sexuels qui doivent se cacher des uns pour mieux se dévoiler aux autres, cesser de se vêtir en fonction du regard des hommes et marcher libres dans la rue.<br />
<br />
La couverture médiatique est au rendez-vous, pensez donc ! Des femmes qui revendiquent l'appellation "salope", dont certaines sont fort court vêtues, ça fait des jolies photos. Le message est clair, on parle de liberté, tout le monde est d'accord, des jeunes filles écœurées d'être <a href="http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/08/07/harcelement-la-rue-ne-doit-plus-etre-un-espace-ou-les-hommes-font-leur-loi_1743292_3232.html">harcelées dans la rue</a> aux machos qui salivent à l'idée de pouvoir mater des jambes dénudées. Les rédactions ne prennent aucun risque en publiant des articles sur le sujet. La forme plait plus que les <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2012/03/tous-ceux-qui-ralent-que-les-feministes.html">campagnes féministes qui nécessite plus de vingt secondes de réflexion pour être comprises</a>, on suggère le nom de "<a href="http://blogs.lexpress.fr/styles/le-boulevardier/2011/05/09/les-slutwalks-comme-nouvelle-manifestation-du-femininisme/">nouveau féminisme</a>". C'est le féminisme dont le grand public rêve, glamour, fun, pas compliqué, pas violent en apparence.<br />
<br />
Pourtant,<a href="http://sandrine70.wordpress.com/2011/08/15/que-penser-des-slutwalks-marche-des-salopes-elements-pour-reflexion/"> des questions se posent</a>.<br />
Pour refuser d'être considérées comme des objets sexuels, est-il pertinent de s'en approprier les codes ? Oui, nous sommes toutes d'accord pour dire que la féminité n'est pas à éradiquer, qu'on peut être <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2011/06/feministe-et-feminine.html">féministe et féminine</a>. Mais quelle est la limite entre la revendication de la liberté à jouer avec les codes et la promotion d'un certain modèle ?<br />
Nous nous battons depuis des décennies contre l'obligation à être baisables, disponibles sexuellement. Est-il cohérent, de revendiquer le droit à être sexy ?<br />
<br />
<h3>Femen</h3>Les <i>Femen </i>nous viennent d'Ukraine. Se revendiquant "sextrémistes", elles jouent avec les médias avec leurs actions seins nus. Arrivées en France à l'occasion de l'affaire DSK, les médias ont exposé avec stupéfaction et délectation les images d'une jeune femme seins sus, déguisée en soubrette, frottant le pavé devant l'immeuble où logeait le couple Strauss-Khan (j'avoue, j'étais pliée de rire).<br />
<a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/b3/2_years_of_FEMEN_2.jpg/800px-2_years_of_FEMEN_2.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="213" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/b3/2_years_of_FEMEN_2.jpg/800px-2_years_of_FEMEN_2.jpg" width="320" /></a>Il faut une bonne dose de courage pour se montrer seins nus. Il faut surmonter la pudeur, nos seins étant considérés comme des objets de tentation qu'il faut cacher comme des trésors. Il faut aussi surmonter les complexes qu'on nous a imposés en nous répétant que <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2012/02/on-nest-pas-finies-2-une-page-de.html">nous sommes imparfaites</a>. C'est aussi faire face au risque de la violence dont les <i>Femen</i> ont bien conscience. Finalement, se dénuder, c'est faire fi des convenances qui nous cantonnent dans un rôle d'objet sexuel comme de l’iconographie populaire qui nous dégoûte de nous-mêmes ; c'est braver les interdits et affronter la violence patriarcale. C'est, là encore, une réappropriation de nos corps.<br />
Tout ça dans une paire de nichons.<br />
<br />
Évidemment, montrer des seins permet d'attirer les caméras et de faire parler du mouvement. Sans compter que l'action politique des <i>Femen</i>, qui a valu prison et torture à certaines d'entre elles, leur confère un aura de martyres. Là encore, les caméras se régalent, les journalistes chantent le "<a href="http://www.dixhuitinfo.com/societe/article/les-femen-font-naitre-un-nouveau">nouveau féminisme</a>" ou le "<a href="http://obsession.nouvelobs.com/pop-life/20120919.OBS2875/femen-hexagonales.html">néo féminisme</a>" (la mode du "post-féminisme"serait-elle passée ?). Parce que le féminisme, avant, c'était chiant. C'était porté par des intellectuelles même pas baisables, des avocates hargneuses, des journalistes acariâtres, ou des femmes politiques arrivistes. Maintenant, les féministes sont jolies, on peut les mater. Elles sont couronnées de fleurs comme les déesses de l'Antiquité, et en plus elles sont marrantes. <br />
Les <i>femen </i>le disent elles-mêmes :<br />
"<i>Et puis, le mouvement montre que les féministes ne sont pas toutes enragées, castatrices, poilues et lesbiennes... même si on peut être lesbienne et poilues</i>" (<a href="http://www.dixhuitinfo.com/societe/article/les-femen-font-naitre-un-nouveau">une militante française</a>)<br />
"<i>Nous avons voulu montrer que les féministes ne sont pas que des vieilles femmes cachées derrière leurs bouquins.</i>" (<a href="http://next.liberation.fr/sexe/2012/09/17/inna-shevchenko-un-esprit-sein_846924">Inna Shevchenko, militante en France</a>)<br />
"<i>Le féminisme classique est mourant, les nouvelles générations de femmes ne sont pas intéressées par ce type de féminisme, elles ont peur de dire qu’elles sont féministes. C’est pour ça que nous avons créé un nouveau visage du féminisme.</i>" (<a href="http://www.20minutes.fr/vousinterviewez/1005819-interviewe-groupe-feministe-femen">interview de militantes sur le web</a>)<br />
<br />
Je suis tout à fait d'accord pour dire que les femmes françaises ont en général une idée négative du féminisme, comme les hommes, d'ailleurs, et qu'il faut agir là-dessus urgemment (c'est l'objectif de ce modeste blog). Mais est-ce la faute du féminisme "classique" ou de la désinformation ? Est-il pertinent, face à l'inculture, de créer une nouvelle idole plutôt que de faire comprendre et réfléchir des idées somme toute séduisantes et pas très compliquées ? N'est-il pas maladroit, là encore, d'utiliser les codes de la femme-objet (car peu de <i>Femen </i>ont les seins qui tombent) pour dénoncer son existence ?<br />
<br />
<h3>Les féministes ont toujours tort</h3>De toute manière, quoi qu'elles fassent, les féministes ont toujours tort.<br />
<br />
On nous enferme (toujours, quoi qu'on en dise) dans la dualité maman/putain. Il faut être un peu de l'un, mais pas trop, un peu de l'autre, mais pas trop. Cet équilibre casse-gueule, <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2011/06/qui-suis-je.html">inaccessible</a>, est la cause de tous nos problèmes.<br />
Inévitablement, les médias classent les féministes (réduites à la partie féminine des mouvements) dans un des deux rôles. On a eu le cliché de la mère-la-pudeur, de la bourgeoise qui craint pour sa respectabilité. Les médias, ravis d'avoir des jolies images, nous présentent les féministes-putains, sexys, qu'on peut mater, et qui, avec un peu de chances, seront disponibles sexuellement.<br />
<br />
Quelle que soit l'action, quel que soit le groupe qui la lance, c'est toujours "trop".<br />
Trop politique, par exemple, le féminisme, qui devrait être l'affaire de tous et non d'une poignée de femmes rassemblées dans une association, est soupçonné d'être un tremplin vers le pouvoir.<br />
Trop futile, aussi, quand on parle de <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2011/09/madame-ou-mademoiselle-live-blogging.html">civilité </a>ou de <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2011/05/la-langue-reflet-de-la-societe.html">langage</a>. Bien sûr, la civilité fait partie de l'identité, et le langage façonne notre pensée : c'est loin d'être futile, mais il faut dépasser sa répugnance à remettre en cause ses préjugés pour s'en rendre compte.<br />
<a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2011/06/osez-le-clitoris-et-ses-representations.html">Trop racoleuse</a>, vulgaire, crue, la campagne pour la reconnaissance du clitoris...<br />
<a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2010/11/campagne-nationale-contre-le-viol.html">Trop évidente</a>, la campagne contre le viol, parce que tout le monde est d'accord pour dire que violer, c'est mal. Sauf les 75000 violeurs qui sévissent chaque année, ni la justice qui ne condamne que 1% d'entre eux. <br />
<br />
L'avis de chacune d'entre nous, finalement, n'est qu'une traduction de sa manière très personnelle d'être femme. L'avis de chacun d'entre nous, également, n'est que la traduction de son rapport idéalisé avec l'autre sexe. Parce que nous avons toute notre histoire, notre passé, nos envies. Parce que nous avons toutes une vision bien à nous de notre corps, qui influence notre sexualité, notre habillement, et façonne nos convictions. Prostitution, pornographie, GPA, jupe, voile... aucun sujet n'y échappe, les féministes comme le grand public se balancent des épithètes quelquefois colorées, simplement parce que chacun et chacune ressent comme une menace contre sa liberté ou contre son intégrité les avis, quelquefois reposant sur des arguments tout à fait pertinents, de l'autre. <br />
<br />
<br />
</div>Kalistahttp://www.blogger.com/profile/11054781481773901210noreply@blogger.com34tag:blogger.com,1999:blog-1431290801733008529.post-78038510693392940032012-09-16T19:47:00.003+02:002012-09-16T19:47:50.480+02:00Le choeur des femmes<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://martinwinckler.com/IMG/arton954.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="http://martinwinckler.com/IMG/arton954.jpg" width="194" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2012/09/perles-de-psys.html">Mon dernier billet, à propos de la psychanalyse</a>, a eu un certain succès (merci à tous ceux qui l'ont gentiment partagé sur Facebook). Le hasard veut que l'article suivant dans ma liste de brouillons à publier concerne encore des soignants peu respectueux... On ne peut pas dire que j'aime particulièrement taper sur le corps médical (j'ai croisé des sacrés couillons qui ont fait de gros dégâts dans ma vie et celle de mes proches, mais aussi des anges, dont pas de généralité !), ni sur une catégorie socio-professionnelle quelconque : c'est un véritable hasard.</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
Il y a quelque temps, j'étais dans le RER, assommée après ma semaine de rentrée passée à courir pour emmener les mômes chez la nounou puis à l'école avant de sauter dans les transports pour aller donner mon cours à des étudiants que je ne connaissais pas encore (quel stress, mine de rien), le sac lesté de publications scientifiques que je devrais étudier au lieu de lire des romans.Comme tous les jours, remettant à plus tard mon étude bibliographique du courant électrique dans les hétérojonctions, j'ai ouvert <a href="http://martinwinckler.com/article.php3?id_article=954"><i>Le Choeur des Femmes</i> de Martin Winckler</a>, me promettant de bosser quand je serais plus reposée. Et j'ai tourné les pages, happée comme un électron dans la base d'un transistor bipolaire par un récit merveilleusement écrit qui est immédiatement entré en résonance avec mon propre ressenti. <br />
<br />
<a name='more'></a>Jean Atwood est interne à l'hôpital de Tourmans, envisageant de se spécialiser en chirurgie réparatoire des organes génitaux. On lui impose d'effectuer un stage de 6 mois dans le service de médecine de la femme (MLF - ça annonce la couleur) de l'unité 77 tenue par Franz Karma. Le moins qu'on puisse dire, c'est que les méthodes peu orthodoxe et cependant plus humaines de Karma vont décontenancer notre jeune médecin...<br />
<br />
J'ai moyennement apprécié l'histoire tournant autour d'Atwood, avec ses retournements de situation prévisibles. Son adaptation aux méthodes de Karma m'a paru artificiellement rapide. La description des actes gynécologiques, les récits des consultations, les témoignages des patientes, en revanche, m'ont profondément émue. Là, rien d'artificiel, rien de truqué, pas de manipulation littéraire, ce n'est que du vrai, c'est la vie, celle que toutes les femmes ont connu à un moment ou à un autre. Le gynéco suffisant qui vous défonce la touffe avec ses gros doigts sans vous expliquer ce qu'il fait ni pourquoi, la peur d'être jugée en racontant nos histoires de vagin, la douleur de l'être effectivement, c'est terriblement banal, commun, mais si ignoré. Les femmes sont des hystériques qui se prennent la tête pour rien, c'est bien connu : ne parlons pas de leurs états d'âme... Une partie du livre aborde, de plus, la question des personnes intersexuées et le traitement abominable qui leur est réservé ; ça bouscule, c'est salvateur. Je dois enfin évoquer le style de l'auteur, déroutant le lecteur qui ne sait plus qui parle, et exploitant nos propres préjugés. Rien que pour ça, ça vaut le coup de le lire.<br />
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/6/6f/Yearly_Exam.jpg/668px-Yearly_Exam.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="286" src="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/6/6f/Yearly_Exam.jpg/668px-Yearly_Exam.jpg" width="320" /></a></div>
Ca fait des mois que je m'intéresse aux écrits de Martin Winckler. J'étais convaincue avant d'ouvrir son livre. Pourtant, quand je parle de ses idées autour de moi, je bute sur au mieux de l'incrédulité ("C'est pas possible que ça arrive, c'est des cas isolés, il y a des cons dans tous les métiers !"), au pire sur de l'agressivité ("Cet écrivain est un salaud qui dit aux femmes ce qu'elles veulent entendre. Combien vont <i>mourir </i>si on ne fait plus les examens comme il faut ?"). Ce sont d'ailleurs majoritairement des hommes qui ont réagi pour justifier le traitement imposé à mon vagin ; par contre, quand il s'agit d'un toucher rectal pour dépister le cancer de la prostate, c'est pas le même discours. <br />
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Ce vendredi-là, donc, dans le RER, je lisais les témoignages de ces femmes qui ont souffert de leur gynécologue et ma vue s'est brouillée. Une boule dans la gorge, immobile, les yeux fixant sans voir les caractères noirs sur le papier blanc, le souvenir de ce cabinet aux murs bruns où je me suis faite piéger il y a 12 ans s'est imposée à moi. La mémoire m'a envahie impérieusement ; impossible de m'échapper, de nier, d'oublier encore, de faire comme si rien ne s'était passé, comme si tout cela était derrière moi, comme si tout avait été normal. Impossible d'étouffer la peur, la colère, la tristesse ni la rage qui j'avais faites taire jusqu'à ce jour comme autant de manifestations hystériques d'une contrariété montée en épingle. Parce que, je le savais, je l'ai toujours su mais n'ai jamais voulu l'admettre, j'avais raison de le haïr, ce gynécologue si gentil, si calme et rassurant. Et puis ma pensée a dérivé, dérivé encore, étouffant dans la chaleur du train non climatisé roulant sous l'été qui luttait encore, devant mon livre dont je ne tournais plus les pages. <br />
<br />
Il y a eu la première visite chez un gynéco qui m'a examinée en me promettant de ne pas me faire mal, sans m'expliquer ce qu'il allait faire ni à quoi cela servirait. Je ne savais pas en quoi consistait l'examen car voir un gynécologue me paraissait si naturel que je n'avais rien demandé à personne : je suis restée sidérée quand il a enfilé un gant en plastique sur sa main immense, silencieux, en détournant le regard, l'air honteux. <i>Mais qu'est-ce qu'il va me faire oh mon dieu c'est pas possible ça peut pas arriver ça peut pas se passer comme ça...</i> Je marchais en canard en sortant, une ordonnance pour un test sanguin en poche, avec l'impression d'être punie pour avoir osé demander l'accès à la contraception et la honte d'avoir souffert d'un processus par lequel toutes les femmes passent sans rechigner. <br />
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<a href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/6/6e/Obstetrical_examination_(1822).jpg/441px-Obstetrical_examination_(1822).jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/6/6e/Obstetrical_examination_(1822).jpg/441px-Obstetrical_examination_(1822).jpg" width="235" /></a></div>
Il y a eu la gynécologue chez qui j'avais peur d'aller car on m'avait dit que les femmes étaient moins douces. Pourtant, elle, au moins, a eu la délicatesse de faire une pause avant l'examen et de me dire doucement "respirez profondément, détendez-vous". Rien que pour ça, je lui suis restée reconnaissante.<br />
<br />
Il y a eu la gynécologue qui m'examinait brutalement, en me reprochant d'être crispée (je l'ai surnommée "la charcutière"). Accompagnant ma première grossesse, elle était d'une froideur effarante, abordant les fausses couches et le test de la trisomie comme des choses sans conséquences. Refusant d'entendre mes inquiétudes au sujet de la baisse de libido
provoquée par la pilule, elle a dit sèchement que c'était sans doute la fatigue et
que le stérilet était inefficace pour les moins de 35 ans. J'ai cessé de la voir au début de ma seconde grossesse, qui avait été attendue et désirée avec frénésie : je l'avais appelée pour des saignements qui m'inquiétaient, et elle m'avait répondu, l'air ennuyé, que ce n'était pas grave, une fausse couche si précoce.<br />
<br />
Mon quatrième gynéco, lui, a son caractère, il s'écoute un peu parler, mais il ne me fait pas passer d'examen pénible sans raison, il me parle comme à une adulte (même s'il a fallu qu'il apprenne à me connaître avant ça), il m'explique ce qu'il fait. Il m'a laissée choisir ma contraception, tout en me proposant des options de rechange si mon choix ne suffisait pas, il a toujours écouté ce que j'avais à lui dire sans me juger. Je l'ai même vu engueuler des collègues à lui qui n'avaient pas fait preuve de respect à mon égard dans le suivi de mes grossesses et accouchements. Et même, un truc tout bête, quand j'arrive, avant de me demander à quand remonte mon dernier frottis, il me dit bonjour et demande de mes nouvelles ainsi que des nouvelles de ma famille. Et ça me fait plaisir à chaque fois comme si je rencontrais le Père Noël.<br />
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<br />
Le pire, dans tout ça, c'est que, la première fois que j'ai consulté le Père Noël, j'en suis sortie effrayée. Comment pouvait-il savoir que tout allait bien sans m'examiner ? J'étais prête à retourner chez ma charcutière, juste pour être sûre. Je me suis dit qu'un dentiste devait voir les dents de son patient pour vérifier que tout va bien.<br />
Mais avec le recul, j'ai fini par penser qu'exiger un examen gynécologique, c'était plutôt comme demander un coup de fraise sur une dent saine. Si le docteur vous dit que c'est pas la peine, on ne va pas en redemander, non ?<br />
Enfin... Je n'ai pas assez creusé la question sur la pertinence des examens gynécologiques pénibles. Tout ce que je peux dire, c'est qu'avant de laisser un homme mettre une partie quelconque de son individu dans mon vagin, en général, je demande un peu de conversation respectueuse de sa part. On parle de mon intimité, quand même, pas d'une autoroute gratuite.<br />
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Kalistahttp://www.blogger.com/profile/11054781481773901210noreply@blogger.com6tag:blogger.com,1999:blog-1431290801733008529.post-89504511731849094512012-09-12T15:20:00.000+02:002012-12-24T12:00:48.061+01:00Perles de psys<div style="text-align: justify;">
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<a href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/14/Rorschach_blot_04.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="216" src="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/14/Rorschach_blot_04.jpg" width="320" /></a></div>
Sur son blog <i><a href="http://blogs.lexpress.fr/the-autist/2012/09/10/psychanalyse-des-theories-sexuelles-machistes-et-dangereuses/" target="_blank">The Autist</a>, </i>Magali Pignard nous annonce la publication du teaser du documentaire <a href="http://psychanalysedevoilee.oceaninvisibleproductions.com/la-psychanalyse-devoilee/la-theorie-sexuelle/la-suite-du-mur-decouvrez-le-teaser-de-la-theorie-sexuelle/" target="_blank"><i>La théorie sexuelle</i></a>. <br />
Moi, franchement, j'y connais rien en psy-chanalyse, -chologie, -chiatrie et consorts. J'ai connu des gens qui sont passé sur un divan et s'en sont sentis mieux. J'ai lu des théories sur le web qui faisaient peur. Je ne sais pas trop quoi penser de la chose en général, alors autant que je la ferme. Mais, vu le teaser, je sais quoi penser des clampins qui ouvrent leur bouche dans le docu. Sont-ils représentatifs des différentes branches psy ? J'espère pas, sinon on est dans une belle merde.<br />
<br />
Je voudrais réagir ici sur les phrases issues du teaser relevées pas Magali Pignard. Oui, les siennes, parce que j'ai la flemme de revoir le teaser en prenant des notes, je ne pense pas que les intervenants du docu méritent que je fasse cet effort que Magali Pignard a d'ailleurs fait avec efficacité et pertinence. Merci de tout cœur pour votre patience, chère auteure.<br />
<br />
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<a name='more'></a>"<b><i>Le phallus représente l’acte sexuel dans sa réalisation potentielle à savoir pour qu’il y ait acte sexuel il faut une érection donc un pénis dressé</i></b>" (Jean-Michel Hirt, psychanalyste et professeur d’université)<br />
Avis aux branleuses et aux lesbiennes : quand vous vous faites plaisir, ce n'est pas un acte sexuel. Et avec les objets, grand professeur, on peut ? Clinton avait raison, donc : le coup du cigare dans Monica, c'était pas sexuel.<br />
Allez, trêve de plaisanterie, on en a une belle sur le feu...<br />
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<a href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/12/Albrecht_D%C3%BCrer_004.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/12/Albrecht_D%C3%BCrer_004.jpg" width="259" /></a></div>
Une femme phalliquement lourde, "<b><i>c’est une femme autonome financièrement, qui n’a besoin en rien d’un homme ; si elle est belle c’est pire parce que la beauté c’est phallique</i></b>" (Marie-Christine Laznik, docteure en psychologie et psychanalyste)<br />
Attention, celle-là c'est une perle à plusieurs couches. Rare !<br />
1. Le pognon, c'est phallique. C'est un truc de mecs. Retourne dans ta cuisine, bécasse.<br />
2. Si tu es autonome financièrement, tu n'as pas besoin d'un homme. Donc, une femme hétérosexuelle n'a pas besoin d'autre chose venant d'un homme. L'affection, l'amour, partager sa vie avec l'être qu'on a choisi, tout ça c'est du flan.<br />
3. Une femme normale (non phallique, donc, suivez, un peu) a besoin d'un homme (enfin, de son portefeuille).<br />
4. Une femme normale n'est pas autonome financièrement. Comment elle achète à bouffer ? Avec les sous de la bourse de monsieur. C'est donc monsieur qui a le pouvoir de décider si elle bouffera à midi ou pas. Et après on s'étonne que la meuf soit malheureuse et qu'elle aille voir un psy...<br />
5. La beauté est phallique. Euh... Là, ce que je comprends, c'est que la beauté, comme les thunes, donne du pouvoir et que le pouvoir est un truc de mecs.<br />
Qui c'est qui est lourd, là ?<br />
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"<b><i>Le sexe (féminin) c’est un trou, c’est un vide donc c’est le seul organe qui n’a pas de signifiant propre</i></b>" (Guidino Gosselin, psychologue, sexologue et psychanalyste)<br />
Ziva comment qu'il utilise des mots compliqués pour montrer qu'il est culturé, le mec.<br />
Si je comprends bien, il n'y a rien qui représente le sexe féminin, parce que c'est un trou tout vide. Ca me donne envie de pleurer, une telle inculture masquée par des mots savants. On dirait une interview de Carla Bruni.<br />
Pour dire que "le sexe féminin", c'est un trou, il faut ne pas y avoir mis la tête souvent. Il y a plein de choses, dans le sexe féminin. Un clitoris, d'abord, avec plein de terminaisons nerveuses, plus que dans ce phallus dont on nous rebat les oreilles. Une vulve, avec des lèvres, et puis un vagin derrière. Il y a plein des choses avec lesquelles on peut jouer, plein de recoins à explorer. N'y voir que du vide, c'est ne concevoir le sexe féminin que comme réceptacle docile d'une bite. Et il est sexologue, ce type !<br />
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<a href="http://static.lexpress.fr/medias/1429/732083_sans-titre.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://static.lexpress.fr/medias/1429/732083_sans-titre.jpg" /></a>"<b><i>On ne représente pas le sexe féminin puisque de toutes façons il n’est pas visible.</i></b>" (Jean-Michel Hirt)<br />
La bite non plus n'est pas visible, sauf si tu te balades à poil dans la rue, et là, tu vas avoir des problèmes.<br />
Ma touffe, par contre, elle est bien visible des personnes qui m'ont donné envie de la leur montrer. A peu près autant qu'une bite, si on allume la lumière.<br />
Dans notre société actuelle où la pornographie nous offre gratuitement des vues plongeantes sur des vulves impeccablement épilées (pas très réalistes, mais si le monsieur veut en voir...), avec tous les livres touchant à la gynécologie qui sont accessibles, avec les résultats des études d'Odile Buisson publiées et vulgarisées comme il faut, dire qu'on ne voit pas la foufoune, c'est un mensonge. La seule explication plausible à cette citation est que ce monsieur ignore délibérément le sexe féminin. Il devrait peut-être voir un psy ?<br />
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"<b><i>Le désir sexuel n’est pas naturel</i></b>" (Gérard Pommier, psychanalyste)<br />
Oui. Dans la nature, nous nous reproduisons par parthénogenèse. Tu savais pas ?<br />
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"<i><b>La sexualité est de l’ordre l’excès</b></i>" (Jacqueline Schaeffer psychanalyste, formatrice à l’Hôpital St-Anne)<br />
Seulement si tu te tapes un vampire de <i>Twilight</i>.<br />
A moins que la définition psychanalytique de la normalité soit d'être asexué... Auquel cas, personne n'est normal. Mais la normalité, généralement, on considère que c'est la plupart des gens...<br />
Oh, ça commence à me faire mal à la tête, là.<br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/b1/Jean_Auguste_Dominique_Ingres_-_Zeus_and_Thetis.jpg/465px-Jean_Auguste_Dominique_Ingres_-_Zeus_and_Thetis.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/b1/Jean_Auguste_Dominique_Ingres_-_Zeus_and_Thetis.jpg/465px-Jean_Auguste_Dominique_Ingres_-_Zeus_and_Thetis.jpg" width="248" /></a></div>
"<b><i>Plus la femme sera soumise plus l’homme sera fort. Plus l’homme sera viril.</i></b>" (Jacqueline Schaeffer encore)<br />
Il y a encore un souci de vocabulaire. Plus la femme sera soumise, plus l'homme sera <i>dominateur</i>. Ca ne veut pas dire qu'il est fort. Un homme dominateur peut avoir un physique à la Zemmour, avec des bras comme des cure-dents.<br />
A moins que "fort" fasse référence à une force morale. Mais un homme qui ressent le besoin de dominer les femmes n'est pas fort moralement. S'il l'était, il n'aurait pas besoin de se rassurer en se prouvant qu'il peut disposer d'une autre être humain.<br />
Si la condition pour être viril est d'être dominateur, vivent les fiottes. <br />
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<br />
"<b><i>La féminité c’est que du semblant.</i></b>" (Esthela Solano, psychanalyste de renommée internationale)<br />
Jusque là, je dis oui. La féminité (au sens social du terme, le <i>genre </i>féminin, donc) n'est qu'<a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2012/02/on-nest-pas-finies-2-une-page-de.html" target="_blank">un ensemble d'artifice</a>s, quelquefois <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2012/02/on-nest-pas-finies-1-le-traumatisme-du.html" target="_blank">douloureux à utilise</a>r, souvent <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2011/06/peau-de-peche-et-oeil-de-biche.html" target="_blank">absurdes</a>, pour être vue, appréciée, désirée. Ça se gâte quant la madame ajoute que si les femmes savent mettre en avant leurs atouts féminins, "<b><i>c’est pour masquer la femme qui n’existe pas.</i></b>"<br />
Bien sur que <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2012/03/le-mystere-feminin.html" target="_blank">Lafâme </a>n'existe pas. Mais si elle n'existe pas, pourquoi la masquer ? C'est pour se rapprocher d'un modèle que les femmes se font chier à se déguiser en <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2011/06/qui-suis-je.html" target="_blank">Batman </a>mi-pute mi-soumise, pas pour masquer une quelconque vacuité innée. C'est pour combler une faille que nous croyons avoir. Et à cause de qui on se croit incomplètes ?...<br />
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/bb/Herkulaneischer_Meister_001.jpg/177px-Herkulaneischer_Meister_001.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/bb/Herkulaneischer_Meister_001.jpg/177px-Herkulaneischer_Meister_001.jpg" width="94" /></a></div>
"<b><i>C’est à dire qu’elle [Lafâme] existe quand elle passe hors-la-loi phallique, et cela produit un déchaînement qui conduit au pire.</i></b>" (Claude Parchliniak, psychanalyste)<br />
Au pire ? On nous cite Médée. Faut arrêter deux secondes, avec les mythes, les enfants. Comme image, c'est déjà limite, mais comme exemple, ça devient carrément foireux... Vous croyez au Père Noël aussi ?<br />
"La loi phallique" vaut son pesant de cacahuètes, aussi. D'abord, popol est érigé en représentation de la sexualité, puis il devient la loi. Quel type de loi ? Une loi scientifique ? Une loi naturelle ? Elle est votée à l'Assemblée, votre loi ? Ou alors, c'est une loi sociale, une obligation sans fondement telle que, si on y déroge, on subit des moqueries, comme un petit garçon qui aurait <i>osé </i>jouer à la poupée ?<br />
Ce qu'on nous dit ici, c'est qu'une femme <i>doit </i>être vide, sinon elle sera monstrueuse. Harpye, toussa. Moi, je choisis le monstre, c'est mieux que rien. Grrr, fuis mes griffes de castratrice, lecteur porteur d'un phallus !<br />
<br />
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"<b><i>On ne peut pas être un bon éducateur, excusez-moi, sans être quelque part, avoir un amour pour les enfants</i></b>" (Guidino Gosselin)<br />
Jusqu'ici, tout va bien. Eduquer des gosses sans les aimer un tantinet, c'est dur, parole de mère gâteuse de deux Nazgûls. Mais alors le psy nous sort...<br />
"<b><i>Le pédophile lui il veut être un bon père, c’est-à-dire un père non seulement qui aime l’enfant, qui fait preuve d’amour avec l’enfant mais qui veut aussi que l’enfant puisse jouir […] Il veut reconnaître le droit à la jouissance de l’enfant.[...] Il va tomber amoureux."</i></b><br />
Teuheu teuheu teuheu... Il me doit un café et un clavier, le gars.<br />
Un gosse qui hurle et pleure, c'est parce qu'on lui offre une preuve d'amour ?<br />
Je répète, il est se-xo-lo-gue, ce type.<br />
<br />
<br />
Vivement la sortie du documentaire complet, tiens. Si le reste du casting est au niveau des têtes d'affiches, ça promet.<br />
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<i>Illustrations :</i><br />
La 4ème carte du test de Hermann Rorschach (1921)<br />
<i>Allégorie de l'avarice</i>, Albrecht Dürer (1507)<br />
L'affiche de la campagne <a href="http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&ved=0CCMQFjAA&url=http%3A%2F%2Fwww.osezleclito.fr%2F&ei=MIZQUNuyPMOq0QXkyYGwDw&usg=AFQjCNFzWai2Unh8WrrN8BjoM5TgrWeMfw">Osez le Clito</a>.<br />
<i>Jupiter et Thétis</i>, Ingres (1811)<br />
<i>Médée</i>, fresque murale d'Herculanum (70-79)</div>
Kalistahttp://www.blogger.com/profile/11054781481773901210noreply@blogger.com56tag:blogger.com,1999:blog-1431290801733008529.post-2756521736506634142012-08-15T12:25:00.001+02:002012-08-15T12:27:08.337+02:00Merveilleuse Irlande 3. Cork et Kilkenny<a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2012/08/merveilleuse-irlande-1-de-dublin-au.html" target="_blank">Lien vers la première partie.</a><br />
<a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2012/08/merveilleuse-irlande-2-le-burren-et-le.html" target="_blank">Lien vers la deuxième partie.</a><br />
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<div style="text-align: justify;">
Après avoir parcouru Dublin puis les magnifiques paysages de l'ouest, nous avons programmé les visites de Cork et Kilkenny.<br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-uAioihhVRyo/UCtjzU6B2KI/AAAAAAAAAZg/FDaayhk58m0/s1600/100_7870.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="http://2.bp.blogspot.com/-uAioihhVRyo/UCtjzU6B2KI/AAAAAAAAAZg/FDaayhk58m0/s320/100_7870.JPG" width="240" /></a></div>
Notre visite de Cork a débuté par la <a href="http://cathedral.cork.anglican.org/" target="_blank">cathédrale Saint Fin Barre</a>. Cet édifice, décrit par les guides touristiques comme de style "gothique français", est de toute beauté. Nous avons ensuite mangé dans un <a href="http://www.quaycoop.com/Home.html" target="_blank">petit restaurant végétarien</a> très sympa (ça change des énormes pièces de poisson ou de viande servies avec des patates par kilo).<br />
Nous avons ensuite parcouru les rues de Cork. Malheureusement, on a vite fait le tour. L'été avait étouffé l'ambiance réputée du quartier de Shandon, et nous avons traîné nos guêtres toute l'après-midi dans le <a href="http://www.englishmarket.ie/" target="_blank">marché anglais</a>, la rue Saint Patrick et Grand Parade. La plupart des choses sympas signalées par le Routard étaient soit trop loin du centre soit introuvables. Nous avons fini dans un bar-restau très convainquant (voir un petit panneau "LGBT welcome" sur la porte, ça met tout de suite en confiance) où nous avons bu de la Murphy's et découvert l'<i>irish stew</i> (simple mais délicieux - pour mes amis vegan, je suis sûre que ça doit s'adapter sans perdre son charme). Notre journée s'est achevée dans un <a href="http://www.gabrielhousebb.com/" target="_blank">charmant B and B</a>. <br />
Cork ne nous laissera hélas pas un souvenir impérissable.<br />
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<a name='more'></a><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-GlwOZACV5r0/UCtvQnxaQPI/AAAAAAAAAZ4/iT-giH35mI0/s1600/IMG_1527.JPG" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="239" src="http://4.bp.blogspot.com/-GlwOZACV5r0/UCtvQnxaQPI/AAAAAAAAAZ4/iT-giH35mI0/s320/IMG_1527.JPG" width="320" /></a></div>
Nous avons pris la route pour Kilkenny le lendemain matin.<br />
Mais avant de quitter le comté de Cork, nous avons fait un petit détour par Midleton pour visiter la <a href="http://www.tours.jamesonwhiskey.com/age_verification.aspx?ReturnURL=/Home/The-Jameson-Experience-Midleton.aspx" target="_blank"><i>Jameson Experience</i></a>, une ancienne distillerie de cette marque de whisky reconvertie en musée. Après une vidéo à la gloire de la famille Jameson (bof), une guide nous a entraînés dans la distillerie, nous expliquant les étapes de la fabrication du whisky irlandais. Elle parlait en anglais, mais un dépliant en français reprenant strictement son discours nous a aidés à comprendre les mots inconnus. Même sans être amateur de whisky, la visite est intéressante, ne serait-ce que pour la description des outils et méthodes anciens. La visite se termine évidemment par une dégustation gratuite au bar. Nous avons mangé au restau bon et pas cher de la distillerie avant de passer par l'incontournable boutique. <br />
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<a href="http://3.bp.blogspot.com/-IpljfCVpgPo/UCtvceaB8BI/AAAAAAAAAaA/bZ9fr11Io7k/s1600/100_7888.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="http://3.bp.blogspot.com/-IpljfCVpgPo/UCtvceaB8BI/AAAAAAAAAaA/bZ9fr11Io7k/s320/100_7888.JPG" width="320" /></a>Après une grosse demi-heure de route, nous nous sommes arrêtés au <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Rock_of_Cashel" target="_blank"><i>Rock of Cashel</i></a>. J'avais vu ce château construit sur une colline rocheuse en photo, j'avais eu le coup de foudre. Arrivés là, pas de bol, le monument est en réfection et un immense échafaudage défigurait l'ensemble. Bon, faut bien prendre soin des vieilles pierres, on ne râle pas et on profite de ce qu'on a !<br />
Cashel a été le château des rois d'Irlande, dont <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Brian_Boru" target="_blank">Brian Boru</a> qui a chassé les Vikings de l'île. Le château a ensuite été vendu à l'Eglise, transformé en cathédrale, puis laissé à l'abandon. Ce qu'on visite est les ruines de la cathédrale du XIIème siècle. Si les hauts murs décapités de la cathédrale laissent apparaître ça et là de mystérieux visages sculptés, sa visite n'est guère passionnante. La haute tour ronde, magnifiquement conservée, et la charmante église de Cormac, de style roman, sont plus intéressantes.<br />
<br />
Sur la route menant à Kilkenny, nous avons croisé un panneau montrant une petite fille, en prétendant qu'avorter était briser sa vie. Ca rappelle que les gens hyper sympas que nous avons croisé tout au long du voyage sont aussi d'affreux bigots qui prétendent régenter nos utérus. <br />
<br />
Nous sommes arrivés à Kilkenny en fin d'après-midi. Ceci nous a laissé le temps de parcourir un peu les rues de cette ville au charme irrésistible. <br />
Quelle ambiance ! Pas un pub qui n'affiche un concert pour le soir. Notre choix s'est porté irrésistiblement vers le <a href="http://www.kytelersinn.com/" target="_blank"><i>Kyteler's Inn</i></a> à la façade prometteuse. L'auberge est située dans un bâtiment datant du Moyen-Age, tenu à l'époque par <a href="http://www.kytelersinn.com/dame-alice-kyteler.asp" target="_blank">Alice Kyteler</a>. Lady Kyteler, veuve de quatre riches maris, a été suspectée de sorcellerie, emprisonnée et condamnée au bûcher. Elle s'est mystérieusement évadée, laissant sa servante Pétronille étrenner le premier bûcher d'Irlande. Aujourd'hui, l'établissement est tenu par un personnel sympa et propose concerts et spectacles tous les soirs. Nous avons eu droit, tout en dégustant une bière Kilkenny, à un concert de musique folklorique et à une lecture de poésie (les anglophones étaient pliés de rire). <br />
Le lendemain, nous avons visité la ville plus en détail.<br />
Nous avons visité avant tout le <a href="http://www.kilkennycastle.ie/en/" target="_blank">château de Kilkenny</a>. L'architecture extérieure, résolument moyenâgeuse (le château a vu passer <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Richard_FitzGilbert_de_Clare" target="_blank"><i>Strongbow</i></a>), contraste fortement avec l'intérieur, conservant l'aménagement du XIXème siècle. Faut aimer.<br />
Devant le château, nous avons trouvé un <a href="http://www.irishtouristtrains.ie/" target="_blank">petit train touristique</a>. Nous n'avons pu refuser une tour au hobbit si sage depuis le matin, même si c'était un peu cher à mon goût. La visite nous a tout de même permis de voir des monuments qui n'étaient pas signalés par le Routard.<br />
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-W7t26aJSFgE/UCt3HrfiFvI/AAAAAAAAAaY/vWvYW8gaulc/s1600/100_7908.JPG" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="240" src="http://1.bp.blogspot.com/-W7t26aJSFgE/UCt3HrfiFvI/AAAAAAAAAaY/vWvYW8gaulc/s320/100_7908.JPG" width="320" /></a>J'ai eu un petit coup de cœur pour la cathédrale <a href="http://www.stcanicescathedral.com/" target="_blank">Saint Canice</a>, de style gothique, avec un joli plafond en bois. Nous n'avons pas osé monter dans la tour ronde, car sa visite était interdite au moins de 12 ans.<br />
La <a href="http://rothehouse.com/" target="_blank">Rothe House</a>, une maison ancienne reconvertie en musée est en revanche très décevante, car la collection est pauvre. Une reconstitution plus poussée de l'utilisation de la maison aurait sans doute été plus adaptée.<br />
Nous sommes passés devant la <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Black_Abbey" target="_blank">Black Abbey</a> sans oser entrer de peur de déranger les moines en pleine prière. Dommage, les vitraux promettaient une lumière unique.<br />
Nous avons fini la journée dans les boutiques, avant de dîner une nouvelle fois au Kyteler's Inn où un spectacle de danse irlandaise a mis notre gamin dans tous ses états.<br />
<br />
Le dernier jour, dès le matin, nous sommes revenus à Dublin pour prendre l'avion. </div>
<div style="text-align: justify;">
Nous avons juste eu le temps de passer dans le <a href="http://www.stephensgreen.com/" target="_blank">centre commercial Saint Stephen's Green</a>, d'architecture victorienne très sympathique, de manger dans le Burger King du coin (j'ai failli ramener un sac juste pour lancer une rumeur en France), et de faire quelques pas dans le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/St_Stephen%27s_Green" target="_blank">parc Saint Stephen's Green</a> avant de filer à l'aéroport. Là, le sac à dos lesté de bouteilles de whisky achetés en <i>duty free</i>, nous sommes revenus en France, la tête pleine d'images de rochers, de drapeaux arc-en-ciel discrètement collés sur les portes des pubs, de sorcières et de harpes millénaires...<br />
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Kalistahttp://www.blogger.com/profile/11054781481773901210noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-1431290801733008529.post-71440021938682326452012-08-14T19:57:00.000+02:002012-08-15T12:27:43.049+02:00Merveilleuse Irlande 2. Le Burren et le Kerry<div style="text-align: justify;">
<a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2012/08/merveilleuse-irlande-1-de-dublin-au.html" target="_blank">Lien vers la première partie</a>. <br />
<br />
En préparant notre voyage, j'avais omis une région que le Guide du Routard recommandait : le Burren. Étant donné le nombre grandissant d'images alléchantes que nous croisions, nous avons décidé en route d'abandonner notre visite de Limerick pour y passer.<br />
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-1ijfviH-S2o/UCpOxIMJA5I/AAAAAAAAAXs/QMjan7iZfuw/s1600/100_7818.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="http://1.bp.blogspot.com/-1ijfviH-S2o/UCpOxIMJA5I/AAAAAAAAAXs/QMjan7iZfuw/s320/100_7818.JPG" width="320" /></a>En quittant l'hôtel où nous logions à Kinvarra, le monsieur de l'accueil, ayant appris où nous nous rendions, nous a aimablement donné une carte du Burren en nous signalant l'itinéraire le plus joli. Nous avons quitté Kinvarra, sa <a href="http://www.kinvaraguesthouse.ie/" target="_blank"><i>guesthouse </i></a>sympathique mais un peu chère et son <a href="http://www.keoghs.eu/index.php" target="_blank">pub </a>où l'on mange bien pour pas cher quand il y a des la place, pour nous diriger vers le dolmen de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Dolmen_de_Poulnabrone" target="_blank">Poulnabrone </a>et les <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Falaises_de_Moher" target="_blank">falaises de Moher</a>. <br />
Le Burren est un désert montagneux couvert de rochers gris-bleu, zébré de murets de pierre dont l'utilité reste mystérieuse, et où le silence n'est brisé que par un vent âpre sifflant entre les rares touffes d'herbes. Au fond des vallées, une herbes grasse nourrit des moutons identifiés par des taches de couleur. Ca et là, des rocs immenses trônent en équilibre, comme déposés par des géants facétieux. Et au milieu de ces pentes rocailleuses où rien ne peut pousser, se trouve un dolmen.<br />
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<a name='more'></a><a href="http://4.bp.blogspot.com/-RUyF3irZJr0/UCpO3-NvDbI/AAAAAAAAAX0/jSDjPEI5lpI/s1600/IMG_1499.JPG" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="239" src="http://4.bp.blogspot.com/-RUyF3irZJr0/UCpO3-NvDbI/AAAAAAAAAX0/jSDjPEI5lpI/s320/IMG_1499.JPG" width="320" /></a>Laissant la voiture au parking pour approcher du monument, une question me taraudait : que sont venue foutre ici les Celtes qui ont choisi ces lieux pour leur sépulture ? Comme une absurdité, le dolmen de dresse au milieu d'une vaste étendue de rocs millénaires. Ses proportions harmonieuses lui donnent l'air d'une cabane où l'on a envie de s'étendre, à l'abri du vent et du froid, avec les êtres que l'ont aime. Pierres levées par les hommes sur pierres étendues par la nature, il se fond dans le paysage comme s'il n'avait pu s'en extraire totalement. Et puis nous sommes partis, sautant de rocher en rocher, sur ce sol étrange, comme pavé au hasard par un architecte ivre.<br />
Nous avons fait demi-tour (pas vraiment l'itinéraire optimal... nous avons voulu faire mieux que ce que nous conseillait notre hôte !) et avons pris la route de la côte. Là, les pentes rocheuses plongent dans l'océan ; les vagues se brisent contre les montagnes humides et grandioses. Et puis tout d'un coup, au détour d'un virage, apparaissent les falaises de Moher.<br />
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<a href="http://3.bp.blogspot.com/-56QBsdisfJk/UCpRyDVSizI/AAAAAAAAAYE/i5DJw2p0K4Y/s1600/100_7823.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="http://3.bp.blogspot.com/-56QBsdisfJk/UCpRyDVSizI/AAAAAAAAAYE/i5DJw2p0K4Y/s320/100_7823.JPG" width="320" /></a></div>
On nous avait dit qu'elles étaient semblables à Etretat, en noir. Pourtant, devant les falaises de Moher, on ne songe pas à la comparaison. Elles sont là, splendides, immenses et uniques, défiant la mer et le vent, abritant une myriade d'oiseaux planant devant les visiteurs muets.<br />
Le centre touristique des falaises de Moher accueille les incontournables boutiques de souvenirs et restaurants, mais aussi une exposition fort intéressante et accessible aux enfants. Il faut avant tout le trouver, car ses concepteurs l'ont dissimulé dans le paysage ! Il est donc souterrain, laissant voir seulement une verrière panoramique.<br />
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Nous sommes partis à reculons, calculant le temps qu'il nous fallait pour atteindre le Kerry. Passant par Limerick, nous avons renoncé à visiter le <a href="http://www.shannonheritage.com/Attractions/BunrattyCastleandFolkPark/" target="_blank">château de Bunratty</a>, entouré d'un village folklorique reconstitué. Nous n'avions qu'une heure devant nous, ce n'était pas assez ! Dommage, ça avait l'air bien. Arrivés à Killarney, nous avons de nouveau pris du repos en vue de l'excursion du lendemain.<br />
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<a href="http://4.bp.blogspot.com/-7RJ89fs8pBs/UCpaHpzs2iI/AAAAAAAAAYo/nFE8ZJ2lrGU/s1600/100_7831.JPG" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="http://4.bp.blogspot.com/-7RJ89fs8pBs/UCpaHpzs2iI/AAAAAAAAAYo/nFE8ZJ2lrGU/s320/100_7831.JPG" width="240" /></a>Le jour suivant, donc, nous avons repris la voiture tôt pour parcourir le fameux <a href="http://www.ringofkerrytourism.com/" target="_blank">Ring of Kerry</a>. Il s'agit d'une route faisant le tour de la péninsule d'Iveragh, au cœur du comté du Kerry, partant de Killarney. J'avais estimé, à partir de sites d'itinéraires routiers, notre parcours à 3h, sans compter les pauses aux belvédères et j'ignorais l'état de la route. <br />
Notre première étape a été à <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Torc_Waterfall" target="_blank"><i>Torc waterfall</i></a>, juste après Killarney. Cette adorable cascade de 18m s'atteint après une marche de deux minutes dans la forêt. J'en ai profité pour parler des leprechauns au hobbit qui les a cherchés pendant toute la fin du séjour.<br />
Nous nous sommes ensuite arrêtés à <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ladies_View" target="_blank"><i>Lady's view</i></a>, un panorama apprécié de la reine Victoria qui a eu l'extrême bonté de laisser ses demoiselles de compagnie le regarder avec elle tant c'était joli. C'est dire si c'est chouette. Mais c'est envahi par les <i><a href="http://www.guide-irlande.com/culture-irlandaise/quotidien-irlandais/midges/" target="_blank">midges</a>.</i><br />
La route s'enfonce ensuite dans une épaisse forêt où l'on imagine sans peine les leprechauns courir en ricanant. Puis la végétation s'écarte et laisse voir un paysage de montagnes plongeant dans la mer. Là encore, des rochers percent les prairies verdoyantes. des rochers différents de ceux du Burren, gris-roux et déchiquetés.<br />
Après avoir traversé plusieurs villages de pêcheurs, nous nous sommes arrêtés à Waterville pour manger à <a href="http://www.ancorcan.com/" target="_blank">An Corcan</a>, une bonne adresse, pas cher, où on mange bien, servis par un personnel sympathique qui semble nourrir avec bonhommie tout le village. Puis, de nouveau, la route et ses paysages somptueux, quelquefois noyés dans la bruine qui jette un voile de mystère sur les pentes rocailleuses.<br />
Approchant de Killarney, nous avons hésité à nous engager dans le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Gap_of_Dunloe" target="_blank">Gap of Dunloe</a>, pour finalement nous arrêter aux <a href="http://www.monnuage.fr/point-d-interet/the-heights-of-aghadoe-a98590" target="_blank">heights of Aghadoe</a>. Là, une famille française traînant une grande fratrie en culottes courtes s'enthousiasma de notre rencontre ainsi que de celle d'une compagnie de motards qui aurait bien aimé qu'on les laisse tranquilles ("non, monsieur, nous ne sommes pas français, vous parlez anglais bien mieux que ce que vous pensiez ! "). <br />
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<a href="http://2.bp.blogspot.com/-NEyfzSsYdsw/UCqPcE7bgvI/AAAAAAAAAZA/nZbSg4qVD4E/s1600/100_7844.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="http://2.bp.blogspot.com/-NEyfzSsYdsw/UCqPcE7bgvI/AAAAAAAAAZA/nZbSg4qVD4E/s320/100_7844.JPG" width="320" /></a></div>
La dernière étape de notre périple a été près de Killarney, au <i>Ross Castle</i>.<br />
Auprès du <i>lough Leane</i> à Killarney trône un château. C'est un château classique irlandais, constitué d'une large tour carrée percée de mâchicoulis et entourée d'une enceinte fortifiée. Lors de sa construction, il a été prédit que le château ne tomberait jamais s'il était attaqué par la terre, mais qu'il serait pris par le lac. Cromwell a attaqué le château, sans succès, jusqu'à ce que le commandant de son armée ait l'idée d'attaquer par le lac. Voyant les attaquants arriver sur des barques, les défenseurs ont déposé les armes et fui, persuadés que la prédiction était en train de se réaliser.<br />
Le château était plein, il n'était plus possible de le visiter. Les vues extérieures, complétées par une exposition présentant l'intérieur de la tour en coupe, étaient néanmoins tout à fait satisfaisantes. D'autres opportunités nous tendaient les bras : accéder au <i>Gap of Dunloe</i> en calèche ou rejoindre par bateau une île au centre du <i>lough Leane</i>. Les trajets en calèche étant très longs et le crépuscule approchant, nous nous sommes laissés tentés par le bateau. Un Irlandais d'âge mûr au nez évoquant une fraise nous a emmenés sur une barque.<br />
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<a href="http://2.bp.blogspot.com/-anyIW1kSeH4/UCqPzb1iOrI/AAAAAAAAAZI/LgqHDTxDKTU/s1600/100_7853.JPG" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="240" src="http://2.bp.blogspot.com/-anyIW1kSeH4/UCqPzb1iOrI/AAAAAAAAAZI/LgqHDTxDKTU/s320/100_7853.JPG" width="320" /></a></div>
L'île nous a laissés sans voix. Dans un silence à peine troublé par les vaguelettes frémissant sur le lac, nous nous sommes promenés dans les ruines d'une abbaye fondée au VIème siècle, ayant élevé les plus grands héros de l'histoire médiévale irlandaise. Les bâtiments dont nous cherchions à deviner la fonction dataient du XIIème siècle. Au bout d'une allée d'herbes, une minuscule église romane trône. On y accède par une petite porte surmontée d'une arche ronde sculptée par une main tombée en poussière depuis des siècles. A l'intérieur, une croix celtique repêchée au fond de l'eau a été déposée avec une dévotion mesurable à la quantité de piécettes laissées en offrande. <br />
Se promener sur cette île était simplement magique. Nous sommes repartis avec des étoiles dans les yeux.<br />
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<a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2012/08/merveilleuse-irlande-3-cork-et-kilkenny.html" target="_blank">La suite ici.</a> <br />
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Kalistahttp://www.blogger.com/profile/11054781481773901210noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-1431290801733008529.post-7165992520636471452012-08-14T12:23:00.000+02:002012-08-14T23:55:04.798+02:00Merveilleuse Irlande 1. De Dublin au Connemara<div style="text-align: justify;">
Comme l'an dernier j'ai eu très chaud au <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2011/08/voyage-au-vietnam-1-hanoi.html" target="_blank">Vietnam</a>, j'ai demandé des vacances au frais, cette année. Nous sommes donc partis passer 8 jours en Irlande.<br />
Le problème, c'est qu'en Irlande, il y a plein de choses à voir. Nous nous sommes donc rapidement orientés vers un voyage de type autotour. Puis, comme les prix des autotours nous paraissaient exagérés, nous avons organisé notre voyages nous-mêmes. J'ai utilisé les programmes des voyages décrits sur les sites d'agences de voyage ainsi que des sites décrivant le pays comme <a href="http://www.discoverireland.com/fr/" target="_blank">discover-ireland</a> pour établir un programme, et monsieur a cherché hôtels, location de voiture et vols au meilleur prix. <br />
C'est en comptant les heures passées à préparer le programme du voyage que j'ai découvert mon côté <i>control freak</i>. Nous sommes partis sans bébé, mais avec un hobbit monté sur ressorts répétant en boucle les villes que nous allions traverser, avec des bagages optimisés, une feuille de route établies par mes soins en 20 pages, le Guide du Routard 2010 emprunté en médiathèque, et une Kalista épuisée par des nuits blanches passées à vérifier qu'on avait bien tout prévu. <br />
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<a name='more'></a><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-UFbx0KzherM/UCepVxRAcQI/AAAAAAAAAWU/kn62uKMwtsU/s1600/IMG_1467.JPG" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="http://4.bp.blogspot.com/-UFbx0KzherM/UCepVxRAcQI/AAAAAAAAAWU/kn62uKMwtsU/s320/IMG_1467.JPG" width="239" /></a></div>
Nous sommes arrivés à Dublin en début d'après-midi, avec dans l'estomac un petit sandwich chichement offert par Cityjet. Mes expériences à l'aéroport Paris-Charles de Gaulle ne m'avaient pas préparée à l'efficacité de celui de Dublin. En une heure, nous avions récupéré nos bagages, loué la voiture équipée d'un GPS et d'un siège enfant, à l'autre bout de l'aéroport, et nous étions en route pour <a href="http://www.maldronhotelsmithfield.com/" target="_blank">notre hôtel</a> sur Smithfield, où trône la cheminée de l'ancienne distillerie Jameson reconvertie en tour panoramique (à droite). Cette efficacité nous a permis de gagner un temps précieux pour les visites de la journée. <br />
Je pensais, en effet, que nous n'aurions que le temps de passer devant les monument bordant le quartier de Temple Bar : <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Irish_Houses_of_Parliament" target="_blank">Bank of Ireland</a> (bof), <a href="http://www.tcd.ie/" target="_blank">Trinity College</a> (forcément, je suis jalouse), et le <a href="http://www.dublincastle.ie/" target="_blank">château de Dublin</a> (une tour datant du Moyen-Age, flanquée de bâtiments Tudor assez insipides, excepté la chapelle). Mais comme l'heure de fermeture n'était pas arrivée, mon cher époux et mon adorable fils m'ont emmenée dans le bâtiment qui, ils le savaient bien, me faisait rêver depuis des mois :<a href="http://www.tcd.ie/Library/bookofkells/" target="_blank"> Old Library, dans Trinity College</a>. On a même eu une réduction puisque nous n'avions que 30 minutes pour tout voir ; avec un hobbit survolté, c'est amplement suffisant. La visite débute par des panneaux explicatifs que nous n'avons que survolés, la fabrication des livres au Moyen Age étant le cadet des soucis du hobbit parti en courant devant. J'ai quand même réussi à l'intéresser au trésor de la bibliothèque : le livre de Kells, considéré comme le plus ancien d'Europe. Magnifiquement conservé, ce petit livret ne paye pas de mine. Je n'ai pas pu éviter de penser au Nom de la Rose, évidemment. Guillaume de Baskerville aurait été fou dans l'étage supérieur, une longue galerie tapissée de livres du sol au plafond et décorée de bustes représentant de grands hommes de lettres et de sciences. Les ouvrages les plus précieux sont exposés dans une vitrine au centre de la galerie ; une harpe ancienne, faisant partie de symboles nationaux, a retenu l'attention de mon hobbit qui faisait de gros efforts pour être sage dans ce bâtiment que sa maman avait tant envie de voir. J'y ai gagné le surnom de Barbotine. Coïncidence, à la sortie du Trinity College, une artiste de rue jouait de la harpe. Le hobbit l'a écoutée avec ravissement tout en vérifiant que, sur la façade de la Bank of Ireland, il n'y a pas de fenêtres.<br />
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<a href="http://1.bp.blogspot.com/-N5qD13GQSPY/UCeqJXGrFqI/AAAAAAAAAW0/Xrit6uc69Xw/s1600/IMG_1468.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="239" src="http://1.bp.blogspot.com/-N5qD13GQSPY/UCeqJXGrFqI/AAAAAAAAAW0/Xrit6uc69Xw/s320/IMG_1468.JPG" width="320" /></a></div>
Nous avons ensuite parcouru <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Temple_Bar_%28Dublin%29" target="_blank">Temple Bar</a>, ce quartier animé regorgeant de pubs. Le petit sandwich étant loin, nous avons mangé <a href="http://www.halfmoon.ie/" target="_blank">une crêpe</a> délicieuse mais affreusement bourrative, puis bu un coup dans le charmant <a href="http://www.thetemplebarpub.com/" target="_blank">Temple Bar Pub</a> : une Harp pour papa, une Murphy's pour maman, une jus de pomme pour le fiston. La soirée s'est achevée dans un <a href="http://www.badassdublin.com/" target="_blank">bar-restau sympa</a> où Sinead O'Connor, d'après le Routard, a fait ses débuts. Après la crèpe, je n'avais plus de place pour les pâtes baignant dans une sauce grasse, mais le hobbit a adoré avoir un coloriage pour patienter, chose qui s'est répétée dans la plupart des restaus sans prétention où nous nous sommes rendus.<br />
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<a href="http://2.bp.blogspot.com/-jygqpDRnABo/UCesBYGWS7I/AAAAAAAAAW8/wc4TVdZcHkw/s1600/100_7776.JPG" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="240" src="http://2.bp.blogspot.com/-jygqpDRnABo/UCesBYGWS7I/AAAAAAAAAW8/wc4TVdZcHkw/s320/100_7776.JPG" width="320" /></a></div>
Le lendemain matin, nous avons pris la direction de <a href="http://www.christchurchdublin.ie/" target="_blank">Christ Church</a>. Cette charmante cathédrale gothique a marqué le hobbit car elle contient la tombe de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Richard_FitzGilbert_de_Clare" target="_blank">Richard de Clare dit Strongbow</a>, le conquérant anglo-normand de Dublin. C'est pas tous les jours qu'on salue un chevalier.<br />
Le musée historique <a href="http://www.dublinia.ie/" target="_blank">Dublinia </a>est relié à la cathédrale pas une galerie enjambant la rue. Le Routard nous le signalait comme bien adapté aux enfants : c'était vrai. L'histoire de Dublin y est contée à travers des reconstitutions fidèles de la vie des Vikings qui ont fondé la ville et de la vie au Moyen-Age, avec des ateliers ludiques. Franchement à faire !<br />
Avant de quitter Dublin, nous n'avons pas voulu rater le <a href="http://www.brazenhead.com/" target="_blank">Brazen Head</a>, le plus vieux pub d'Irlande. Nous y avons dégusté nos premiers<i> fish and chips</i> que nous avons accompagnés de notre première Guiness. Moi qui croyais ne pas aimer cette bière... Ce fut une révélation ! Notre hobbit a reconnu avec étonnement la harpe qu'il avait vue la veille dans la bibliothèque sur la bouteille.<br />
Abandonnant l'idée de visiter la cathédrale Saint Patrick (une église dans la journée, ça suffit, non ?), nous avons pris la route pour Galway et le Connemara.<br />
Nous avons logé à Kinvarra, à une demi-heure de Galway, nous n'avions par trouvé plus près. Nous n'avons pas regretté ce manque de chance, puisque Kinvarra est un charmant port de pêche qui était sur la route de la suite de notre périple.<br />
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Je n'avais pas réussi à choisir entre les différentes merveilles à voir dans le Connemara. J'ai donc laissé les locaux choisir pour nous, en réservant une excursion auprès <a href="http://www.galwaybustours.ie/" target="_blank">d'un organisateur de Galway</a>. Nous avons donc laissé la voiture à Galway pour grimper dans un bus confortable et nous laisser balader pour la journée. Le top !<br />
L'excursion a commencé par un parcours dans Galway avec description de ses monuments. Ceci ne m'a guère donné envie d'y rester pour dîner, à vrai dire. Il n'y a pas grand-chose, à Galway. Nous avons ensuite pris la route de la côte pour découvrir le village de Spiddal où nous avons pu nous promener sur une plage de galets avec vue sur le Burren, de l'autre côté de la baie de Galway, sur les îles d'Aran. Ca fait rêver. Puis le bus a quitté la côte pour plonger dans le Connemara. <br />
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<a href="http://2.bp.blogspot.com/-6FodIdvnB5I/UCe9kXCcl_I/AAAAAAAAAXQ/heEwfJxxUBQ/s1600/100_7802.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="http://2.bp.blogspot.com/-6FodIdvnB5I/UCe9kXCcl_I/AAAAAAAAAXQ/heEwfJxxUBQ/s320/100_7802.JPG" width="320" /></a></div>
Le chauffeur nous a fait passer dans des villages typiques de l'époque où les Anglais dominaient l'île. Les Irlandais étaient réduits à louer des habitations aux seigneurs anglais ; ces maisonnettes exiguës au toit de chaume, sans fenêtres ou presque, avec un âtre ouvert, trônaient sur des petits terrains où ils pouvaient cultiver quelques patates. Si l'Irlandais ne pouvait plus payer son loyer, le propriétaire anglais l'expropriait en brûlant le toit de la maison. Le chauffeur a également évoqué la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Grande_famine_en_Irlande" target="_blank">Grande Famine</a> qui a provoqué un million de victimes et a conduit un autre million de personnes à immigrer aux Etats-Unis. <br />
Après cette visite bouleversante, nous avons abordé les plaines sauvages du Connemara. Terre noire des tourbières, lacs obscurs, herbes rêches poussant sur des territoires vallonnés, rochers grisâtres avec au loin les Twelve Bens couronnées de nuages... Si je n'avais pas eu en tête cette chanson idiote de Sardou, j'aurais été au paradis. Nous nous sommes arrêtés près d'une petite chute d'eau. Les eaux noires de tourbe tourbillonnaient sous une écume blanche rappelant vaguement une délicieuse boisson locale...<br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-o0M61c4H03U/UCe-u3ls8YI/AAAAAAAAAXY/m_evhrox9YY/s1600/100_7807.JPG" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="240" src="http://1.bp.blogspot.com/-o0M61c4H03U/UCe-u3ls8YI/AAAAAAAAAXY/m_evhrox9YY/s320/100_7807.JPG" width="320" /></a></div>
A midi, nous nous sommes arrêtés à <a href="http://www.kylemoreabbey.com/" target="_blank">Kylemore Abbey</a>. Le site aurait mérité une journée de visite à lui seul. L'abbaye, tenue par des nonnes bénédictines, est un bâtiment construit par un riche anglais pour son épouse adorée qui était tombée amoureuse des lieux lors de leur voyage de noces. Après le décès de celle-ci, l'Anglais a fait construire une très belle église et un petit mausolée près de la maison qu'il a vendue.<br />
Les paysages vus dans l'après-midi étaient moins intéressants. Nous avons longé un fjord puis le lac Corrib avant de rejoindre Galway.<br />
Après tout cela, une bonne nuit s'imposait ! Les jours suivants promettaient d'être un peu plus fatigants... <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2012/08/merveilleuse-irlande-2-le-burren-et-le.html" target="_blank">A lire ICI</a> !<br />
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Kalistahttp://www.blogger.com/profile/11054781481773901210noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-1431290801733008529.post-6827040260896954182012-07-18T15:40:00.000+02:002012-12-24T12:10:55.334+01:00Quelques mecsplications<div style="text-align: justify;">
Le "mescplication", charmante traduction de l'anglais "<i>mansplaining</i>" proposée par <a class="account-group js-account-group js-action-profile js-user-profile-link" data-user-id="260744697" href="https://twitter.com/celinelt"><span class="username js-action-profile-name"><s>@</s><b>celinelt</b></span></a>, fait débat sur la toile. Ca a commencé par une discussion sur Twitter qui a donné lieu à un billet sur le (très bon) blog <a href="http://cafaitgenre.org/2012/07/14/bingo-feministe-et-mansplaining/" target="_blank">Ça fait genre</a>. L'article a déchaîné les passions sur la toile, j'ai vu passer plein de tweets du style : "et alors les hommes n'ont pas le droit de s'exprimer sur le féminisme ?"<br />
Je ne sais pas si le monsieur incriminé dans le post a effectivement fait du <i>mansplaining</i>, et j'avoue que je m'en fous. Ce n'est pas le sujet. Il me parait fondamental, en revanche, est de mettre en lumière <a href="http://lemauvaisgenre.wordpress.com/2012/07/17/etre-feministe-avec-une-bite/" target="_blank">ce comportement</a> très commun chez les machos et quelquefois adopté, faute d'en comprendre le sens, par des hommes de bonne foi. C'est pas que tous les hommes soient des machos, loin de là, mais l'éducation reçue par tous les hommes rend banale une pratique très horripilante.<br />
Bien sûr, vous, les gars qui me lisez, vous vous dites que vous ne le faites jamais. Vous qui avez été accusés de mecspliquer, vous venez ici convaincu que l'accusation n'était pas méritée. Je vous prie de lire mon billet jusqu'au bout avant de vous précipiter vers les commentaires pour m'expliquer en quoi vous avez raison.<br />
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<a name='more'></a><br />
<span style="font-size: large;"><b>Portraits de gars qui pratiquent la mecsplication</b></span><br />
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Des gars pratiquant la mecsplication, j'en ai croisé pas mal ; c'est peut-être le milieu scientifique, où tu peux prétendre que <i>tu sais</i> (là où il est plus constructif d'avouer qu'on ne sait pas), qui les attire.<br />
<br />
<b> C., le gars qui sait ce que les féministes devraient faire.</b><br />
D'après lui, les féministes devraient fermer leur gueule, parce que la marche vers l'égalité est lente. Les avancées les plus marquantes sont récentes (droit de vote, droit de signer un chèque, droit d'avorter, droit à la contraception, pénalisation du viol) et il faut laisser aux mentalités le temps d'évoluer. Nous avons tous les droits, l'égalité réelle (salaires, temps de travail au sein du couple...) viendra d'elle-même. Et puis les féministes gagneraient en crédibilité si elles dénonçaient les inégalités dont sont victimes les hommes.<br />
Hum. A qui sont dues ces avancées ? Ont-elles été accordées par les hommes qui ont réalisé d'eux-mêmes que les femmes étaient des êtres humains à part entière ? Non. Ce sont les féministes qui se sont emparé de ces droits. Avoir des droits est une chose, qu'ils soient appliqués en est une autre : le combat n'est donc pas fini et l'impulsion donnée pour faire évoluer les mentalités n'est pas suffisante.<br />
Les hommes sont victimes d'inégalités, certes. Le féminisme ne nie pas ces inégalités qui sont d'ailleurs mises en évidence par l'idée du genre née dans le milieu. Nous sommes tous confinés dans des<a href="http://antisexisme.wordpress.com/2011/05/20/petits-rappels-sur-le-genre-reminders-on-genders/" target="_blank"> rôles genrés</a>. Mais tant que les hommes ne subiront pas 75000 viols par an, je continuerai à trouver que les femmes sont des victimes méritant une priorité d'action, tout comme la femme victime d'excision passera avant le femme victime d'insultes.<br />
C. connait-il assez bien la question pour pouvoir dire aux féministes ce qu'elles doivent faire ? Il m'a maintes fois prouvé que non. Il a beau connaître la date d'obtention du droit de signer un chèque, il ignore le nombre de viols perpétrés par an ni le taux de dépôts de plaintes. Cela ne l'empêche pas de prendre un ton supérieur quand il s'adresse à moi sur la question du féminisme.<br />
<br />
<b>V., le gars qui connait la psychologie des mères</b><br />
Je me plains toujours de mes gosses. Il y a toujours un truc qui va pas. C'est la vie, hein.<br />
Un jour, alors que je me plaignais comme d'habitude, V. m'a sorti que c'était normal que je me prenne la tête, c'est comme ça que fonctionnent les mères, c'est Freud qui l'a dit. Il faut que je laisse mon mari résoudre le problème, puisque le rôle du père est de séparer la mère de l'enfant. Et pour conclure, il m'a dit avec un sourire enjôleur "je sais que ça fait pas plaisir à entendre, mais c'est comme ça".<br />
Ah ben non, tiens, ça fait pas plaisir à entendre, qu'on est programmée pour être scotchée à son môme, qu'on y perd sa lucidité, et que le père doit intervenir pour protéger l'enfant contre la néfaste influence de sa mère.<br />
J'ai adoré le "c'est comme ça", surtout. Il n'a pas de mômes, mais il sait, lui, comment ça fonctionne. Et quand je lui ai expliqué que moi, non, j'avais jamais été scotchée à mes mômes, il s'est étonné. C'est déjà très couillon d'expliquer à quelqu'une des expérience qu'elle a vécu deux fois, mais se planter, en plus, ça fait mal.<br />
<br />
<b> N., le gars qui connait la biologie</b><br />
Celui-là, c'est celui qui m'a fait le plus de peine. Parce que je l'aime vraiment bien, ce type.<br />
Il est entré un jour dans mon bureau en râlant que "vous les femmes, dès que l'enfant arrive, on n'existe plus !". Heu, ben non, moi j'étais pas comme ça... Je me sens même des fois un peu mise de côté, vu le magnifique rapport qu'entretiennent mon époux et les enfants...<br />
Ah ben non. C'est bio-lo-gique, c'est les hormones, qu'il m'a expliqué, N. Ça te change une personne, les hormones. Et c'est parti pour un bon quart d'heure d'explications savantes, face auquel mes "méheu, non, je suis pas comme ça, moi..." ne pesait pas grand chose. Que vaut ton expérience, femme, face à la Science ?<br />
Son mépris de mon expérience personnelle, sachant que je passe mon temps à m'auto-analyser, quitte à ne plus en dormir, m'a franchement rendue dingue. Ça fait plus de 30 ans que je vis avec ce corps, je le connais un tantinet mieux que lui. Quant aux arguments scientifiques, je les ai tellement vus malmenés ces dernières années que je fais plus confiance à mon ressenti (pourtant... sur un échantillon de 1 personne...) qu'à ces études qui semblent plus démontrer l'état d'esprit de l'auteur qu'une véritable relation de cause à effet.<br />
<br />
<span style="font-size: large;"><b>La suffisance contextualisée</b></span><br />
<br />
Vous avez sans doute remarqué que le point commun entre tous ces cas est la suffisance, la condescendance avec laquelle ils s'arrogent le droit de m'expliquer la vie, en balayant du revers de la main ma manifeste connaissance supérieure du sujet.<br />
Un gars qui mecsplique, c'est un type qui explique à une femme d'un ton supérieur, condescendant, voire paternaliste, ce que c'est qu'être une femme, comment une femme fonctionne physiquement, alors qu'il n'a jamais touché une serviette hygiénique (beurk alors). C'est un type qui n'a jamais ouvert un ouvrage féministe, qui serait bien en peine de citer une seule action féministe récente, mais qui explique volontiers aux femmes qu'elles ont tort d'être heurtées par le sexisme, et ce que les actions féministes devraient ou ne devraient pas être. Ça marche dans tous les domaines de compétences, mais surtout quand il s'agit de la féminité et du féminisme.<br />
Un mecsplicateur, c'est un gars qui, plus ou moins consciemment, a remarqué que chez <a href="http://blog.plafonddeverre.fr/post/Epididyme-d-Or-de-f%C3%A9vrier-2012" target="_blank">Yves Calvi</a> comme dans d'autres émissions de télé, <a href="http://www.lesnouvellesnews.fr/index.php/cafouillage/66-sexisme-ordinaire/1966-les-hommes-qui-parlaient-des-femmes" target="_blank">l'expertise est masculine</a>. <br />
Les préjugés ont la vie dure. Une femme est incapable de raisonner avec objectivité, c'est bien connu, ses hormones, ses émotions, son manque d'intérêt pour les sciences, son manque de rigueur, l'en empêchent. Une féministe est forcément hystérique et bouffée par la haine des hommes et de la féminité : elle ne peut être objective. Donc l'homme, doté d'un savoir supérieur, de son esprit rigoureux et objectif, se doit de lui rappeler quelle est sa nature, et à quel point ses luttes sont mal menées. C'est pour son bien : il faut l'empêcher de faire des bêtises, cette pauvre femme.<br />
C'est ce contexte de préjugés sexistes qui distingue l'homme qui mecsplique d'un type condescendant avec une personne quelconque. Une homme mecsplique à une femme parce que c'est une femme, et pas parce que c'est elle en particulier. Il ne ferait d'ailleurs pas la même chose avec un homme : C., en particulier, change singulièrement de ton quand mon époux me soutient sur un point.<br />
Une femme pourrait mecspliquer, en théorie. Quand je parle, des fois, je n'en suis pas loin : je prends volontiers une voix grave pour imposer mes vues, quitte à m'arracher la gorge. Il m'est arrivé qu'une femme m'explique la vie avec ce ton habituellement masculin. Pourtant, j'ai relevé une différence : ces femmes n'insistent pas autant. Elles ne sont pas certaines de leur expertise, et il suffit de parler un peu plus fort, un peu plus autoritairement, d'apporter un ou deux sources, pour les faire taire.<br />
Un mecsplicateur, donc, est un homme qui ne tient pas compte des connaissances de son interlocutrice et lui explique sur un ton péremptoire, avec suffisance ou condescendance, quelque chose qu'elle connait mieux que lui. Lorsqu'elle le contredit, il insiste, car il tient à avoir raison. <br />
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<span style="font-size: large;"><b> Ne pas se méprendre !</b></span><br />
<br />
<b>Ca ne veut pas dire que le type qui mecsplique est forcément un enfoiré</b><br />
Comment distinguer un mec condescendant d'un mec qui veut juste discuter ? La méprise est possible : une femme peut trouver un homme condescendant alors qu'il n'a nulle intention de l'être, surtout à l'écrit comme c'est le cas sur le web. Je ne crois pas, d'ailleurs, que C., V. et N. aient eu l'intention de me blesser ; au contraire, ils ont voulu me rendre service en mecspliquant des choses, croyant sans doute ma connaissance du sujet subjective ou incomplète (ce ne serait pas impossible, d'ailleurs, tant il est difficile d'être objectif et exhaustif sur des sujets qui touchent au corps et à l'identité). D'ailleurs, je les connais assez, tous les trois, pour savoir qu'aucun n'est qu'un connard de macho qui bat sa femme et harcèle sexuellement sa secrétaire.<br />
Qui peut prétendre être complètement libéré de ses préjugés ? Face à une féministe qui bouscule vos croyances, messieurs, arrivez-vous à écarter le cliché de la féministe hystérique, haineuse, incapable de réfléchir froidement car victime de ses émotions et de ses hormones ? L'arrêter net dans sa diatribe en lui expliquant péremptoirement pourquoi elle se trompe peut être un mouvement de défense devant <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2011/06/un-long-processus-qui-peut-etre.html" target="_blank">des idées qu'il n'est pas évident d'accepter</a>, qui contredisent des croyances, qui paraissent folles.<br />
Un gars qui prend un ton condescendant, ponctuellement, n'est pas forcément pourri jusqu'à la moelle : il peut avoir cédé, l'espace d'un instant, sous le poids des stéréotypes, comme il peut oublier de passer la serpillère parce que tout sa vie on lui a dit que c'était pas son boulot, sans être une grosse feignasse. Nous vivons tous dans la même société sexiste, et il serait vraiment présomptueux de dire : moi, je n'adopte jamais de comportement sexiste, je ne suis victime d'aucun préjugé, la société ne m'influence aucunement.<br />
Je n'oserais pas dire que, <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2011/04/ah-si-jetais-un-homme.html" target="_blank">si j'étais un homme</a>, je n'utiliserais jamais les outils mis à ma disposition pour convaincre mes interlocutrices. Je me garderai donc bien de mépriser un homme qui mecsplique la vie, à condition qu'il accepte a posteriori de reconnaître son erreur. Ca peut arriver à tout le monde d'être maladroit. Moi aussi, des fois, j'adopte un comportement influencé par des préjugés sur les hommes : quand je suis abordée par un inconnu, par exemple, la pensée qu'il peut être un agresseur, bien que je sache parfaitement que tous les hommes ne sont pas dangereux, peut influencer mon comportement. C'est vrai, je l'admets, et je ne me sens pas insultée quand on me le fait remarquer. Je tente en revanche de me corriger.<br />
<br />
<b>Ca ne veut pas dire que les mecs doivent fermer leur gueule</b><br />
Il a été dit que, dans le cas des mecsplications sur le féminisme, cette notion n'était qu'une censure de la parole masculine. Je me demande par quelle magie on est passés de "il faudrait que <b>certains </b>mecs arrêtent de chercher à nous expliquer en quoi on a tort alors qu'ils n'en savent rien" à "<b>aucun </b>mec ne peut parler du féminisme légitimement".<br />
Il ne s'agit pas de dénoncer en bloc la prise de parole masculine au sein du combat antisexiste. Il s'agit au contraire de pointer une mauvaise habitude née des stéréotypes pour libérer la parole masculine : libérés de la suspicion de mecsplication, les hommes pourraient s'exprimer plus sereinement au sein du mouvement. Il faut pour cela prendre conscience du poids des préjugés et des rôles sociaux ; avant de prendre la parole pour dire aux autres comment changer le monde, <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2012/05/pas-de-ca-chez-moi.html" target="_blank">il faut se changer soi-même</a>. Dénoncer les inégalités les plus graves ne peut se faire sans identifier les comportements qui les rendent possible, ces comportements que nous adoptons tous.<br />
Il ne s'agit pas de faire taire les hommes, il s'agit d'éliminer la condescendance et la suffisance, il s'agit de ne pas importer <a href="http://antisexisme.wordpress.com/2012/07/08/genre-et-parole/" target="_blank">les inégalités de parole,</a> dont nous sommes victimes dans tous les milieux, au sein du mouvement féministe. Il s'agit de faire accepter que, quand il s'agit de notre bien-être, nous sommes les premières concernées. L'expérience du corps féminin et de la condition féminine sont à prendre en compte prioritairement. Il s'agit de demander aux hommes de faire preuve d'humilité dans leur discours et de rigueur dans leur argumentation. Est-ce de la censure ? Ou simplement des bases saines pour une discussion respectueuse ?<br />
Le féminisme ne se limite pas à réclamer l'égalité des salaires : c'est un courant de pensée qui s'est construit sur plusieurs décennies, et qui a donné naissance à une littérature dense. Expliquer à une féministe qui a passé une bonne dizaine d'années à compulser des sources ce qu'est ou devrait être le féminisme alors qu'on n'a soi-même qu'une connaissance restreinte du courant de pensée est quelque peu cavalier. Cette méconnaissance du féminisme, qui est extrêmement répandue, peut mener un homme à contredire une féministe, soit. Mais ensuite, pourquoi s'obstiner à lui démontrer qu'elle a tort ? Pourquoi ne pas simplement accepter ses explications, lui demander des précisions ? Pourquoi partir du principe qu'elle se plante ?<br />
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<span style="font-size: large;"><b>Concrètement</b></span><br />
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Vous qui me lisez, messieurs, pensez ne pas être victimes de préjugés sexistes et vous ne voulez pas adopter de comportement sexistes. Mais nier que le sexisme existe, en particulier en remettant en cause le concept de mecsplication, ne vous protègera pas contre ses effets. <br />
Respecter l'expertise de la personne avec qui on parle est la moindre des choses. Quand on parle à un médecin, on ne lui explique pas, à moins d'être franchement imbu de soi-même, comment rédiger correctement une ordonnance. Avant d'expliquer quelque chose à une personne ou avant de lui démontrer en quoi elle a tort, jauger sa connaissance du sujet me parait être un bon début. Reconnaître qu'on connait moins un sujet et accepter l'expertise d'une femme n'a jamais asséché la virilité d'un homme.<br />
J'admets que ce n'est pas simple. La communication entre deux être humains plongés dans une société bourrée de stéréotypes n'est jamais simple. Un homme peut mecspliquer sans s'en rendre compte, une femme peut prendre pour une mecsplication une simple explication donnée sans condescendance. Mais des erreurs ponctuelles ne remettent pas en cause un concept entier.<br />
Et puis quoi, face à une femme qui s'obstine alors que vous êtes persuadé qu'elle a tort (une femme qui se plante, ça existe, non ?), pourquoi ne pas tout simplement laisser tomber ? La victoire est-elle si importante ?</div>
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<br />Kalistahttp://www.blogger.com/profile/11054781481773901210noreply@blogger.com47tag:blogger.com,1999:blog-1431290801733008529.post-44841104813427396602012-06-17T15:38:00.000+02:002012-12-24T12:06:53.322+01:00Si j'étais la Première Dame....<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/38/Bundesarchiv_B_145_Bild-F026330-0024,_Paris,_Bankett_Einweihung_Deutsche_Botschaft_%28Ausschnitt%29.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/38/Bundesarchiv_B_145_Bild-F026330-0024,_Paris,_Bankett_Einweihung_Deutsche_Botschaft_%28Ausschnitt%29.jpg" width="227" /></a></div>
<ul style="text-align: justify;">
<li style="text-align: justify;">J'engueulerais systématiquement les médias qui m'appellent "Première Dame", comme s'il y avait un classement des femmes avec comme critère le métier du mari, c'est quoi cette idée de Néandertalien ?</li>
<li style="text-align: justify;">Je ne porterais pas le nom de mon mari, ni l'actuel, ni l'ancien, parce que j'ai une identité propre.</li>
<li style="text-align: justify;">Je commenterais la politique sur Tweeter en ne disant que des conneries, histoire de bien montrer que ma seule expertise en la matière étant de sauter le Président, mon avis on s'en tape. </li>
<li style="text-align: justify;">Je ne m'occuperais pas de la déco de l'Elysée. Et en cas d'insistance crasse du personnel du palais, j'achèterais des nains de jardin en soldes.</li>
<li style="text-align: justify;">Je télétravaillerais discrètement, histoire de faire quelque chose, en diminuant au maximum les problèmes de sécurité et les soupçons en tous genres. Sorti de mon boulot, je m'occuperais de mes oignons.</li>
<li style="text-align: justify;">Je profiterais de ma notoriété pour publier un recueil de blagues grasses. </li>
<a name='more'></a>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: right;">
<a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/3/3d/Danielle_Mitterrand_-_Royal_&_Zapatero%27s_meeting_in_Toulouse_for_the_2007_French_presidential_election_0542_2007-04-19.jpg/401px-Danielle_Mitterrand_-_Royal_&_Zapatero%27s_meeting_in_Toulouse_for_the_2007_French_presidential_election_0542_2007-04-19.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/3/3d/Danielle_Mitterrand_-_Royal_&_Zapatero%27s_meeting_in_Toulouse_for_the_2007_French_presidential_election_0542_2007-04-19.jpg/401px-Danielle_Mitterrand_-_Royal_&_Zapatero%27s_meeting_in_Toulouse_for_the_2007_French_presidential_election_0542_2007-04-19.jpg" width="214" /></a></div>
<li style="text-align: justify;">Je m'habillerais chez Kiabi. S'il faut faire de la pub pour un créateur de fringues français (euh... ils sont bien français ?), autant que ce soit un créateur chez qui tout le monde peut acheter.</li>
<li style="text-align: justify;">Je n'accompagnerais pas mon mari à l'étranger. Je ne vais tout de même pas utiliser les sous de l'Etat pour tortiller du cul à le Maison Blanche ! </li>
<li style="text-align: justify;">Puisque je serais souvent seule à Paris tandis que mon présidentiel époux serait en vadrouille, je me rendrais publiquement, avec mon escorte de gardes du corps et des journalistes, dans un sex-shop pour m'acheter un vibromasseur dont je commenterais abondamment les performances dans la presse.</li>
<li style="text-align: justify;">Je poserais un coussin péteur sur le siège de Vladimir Poutine.</li>
<li style="text-align: justify;">Je ferais profiter le Ministre de la Recherche et de l'Enseignement Supérieur de mon expérience de terrain. Tous les jours.</li>
<li style="text-align: justify;">J'organiserais des gueuletons en conseil des ministres, en demandant à chacun d'amener une spécialité de sa région d'origine ou un gâteau fait maison.</li>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/0/04/Bernadette_Chirac_2_%282009%29.jpg/400px-Bernadette_Chirac_2_%282009%29.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/0/04/Bernadette_Chirac_2_%282009%29.jpg/400px-Bernadette_Chirac_2_%282009%29.jpg" width="213" /></a></div>
<li style="text-align: justify;">Je trollerais la page Facebook de l'Elysée.</li>
<li style="text-align: justify;">Je ferais moi-même la voix de ma caricature aux Guignols.</li>
<li style="text-align: justify;">Comme toutes les femmes de président, je créerais ma fondation. Je récolterais des fonds pour la lutte contre les violences sexistes, en insistant bien sur l'éducation des enfants. On ne peut pas que rigoler, hein !</li>
<li style="text-align: justify;">Je lancerais mon magazine féminin. Avec des vrais sujets d'actualité, des résultats sportifs incluant à 50% le sport féminin, de la culture pas limitée au <i>girly</i>... Les photos présenteraient des femmes de toutes les couleurs, taille 40 minimum, sans retouches. Et dans les pages mode, il y aurait des vêtements confortables avec des poches (un truc de ouf !).</li>
<li style="text-align: justify;">Je ferais découvrir aux diplomates étrangers dînant à l'Elysée la vraie cuisine française, celle qu'on bouffe pour de vrai dans nos chaumières. Exit le homard thermidor et les tournedos Rossini, place aux plats de restes exécutés à partir de légumes du marché. Le repas ne coûterait pas plus de 30€ par personne : c'est les thunes de nos impôts, merde. Et tous les restes partiraient aux Restaus du Cœur. </li>
<li style="text-align: justify;">Lorsque je voterais, je poserais comme il se doit, le bulletin dans l'urne. Mais je n'arborerais pas sur mon visage le sourire de pub pour dentifrice. Plutôt une grosse grimace assortie d'un signe éloquent de mes doigts.</li>
<a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/6/6e/PR-2012-05-15_IMG_1557.jpg/399px-PR-2012-05-15_IMG_1557.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/6/6e/PR-2012-05-15_IMG_1557.jpg/399px-PR-2012-05-15_IMG_1557.jpg" width="213" /></a>
<li style="text-align: justify;">Je ferais des barbecue dans le jardin de l'Elysée pour le personnel. Tout le monde, du chef de cabinet au troufion de la sécurité, serait cordialement invité à s'asseoir dans l'herbe et à partager son pain avec les canards.</li>
<li style="text-align: justify;">En parlant du chef de cabinet, je lui offrirais du papier toilette à Noël, tous les ans. </li>
<li style="text-align: justify;">Je réinstaurerais la tradition de la <i>garden party</i> de l'Elysée. Ce serait payant, avec merguez et bière à volonté, et les bénéfices iraient à ma fondation.</li>
<li style="text-align: justify;">J'organiserais un concert de Gojira sur la place de la Concorde. </li>
<li style="text-align: justify;">Je tweeterais des photos de mon époux la tête dans le cul au réveil après une soirée bière chez Angela Merkel. </li>
<li style="text-align: justify;">Je prendrais des notes, tout le temps, pour mettre dans un livre dès la fin du mandat toutes les conneries que j'aurais entendues. Je pense même que le livre aurait plusieurs tomes.</li>
<li style="text-align: justify;">Je danserais sur des airs des Village People en tongs sur les murs du fort de Brégançon.</li>
</ul>
Ca aurait de la gueule, hein ?<br />
<br />
<i>Illustrations (images Wikimedia Commmons) :</i><br />
<i>Yvonne de Gaulle, Danièle Mitterand, Bernadette Chirac, et Valérie Trierweiler.</i><br />
<ul style="text-align: justify;">
</ul>Kalistahttp://www.blogger.com/profile/11054781481773901210noreply@blogger.com9tag:blogger.com,1999:blog-1431290801733008529.post-25634291515887892022012-05-27T12:18:00.000+02:002012-05-27T12:18:27.998+02:00Ode à la vieillesse...<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/f7/Carl_Heuser_Portrait_of_an_old_lady_with_fur_hat.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/f7/Carl_Heuser_Portrait_of_an_old_lady_with_fur_hat.jpg" width="231" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
Mon projet pour l'avenir ? Etre vieille.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Etre vieille, déjà, ça veut dire qu'on est vivante. Je ne tiens pas à me suicider avant mes 40 ans ni à être emportée par un cancer à 45 ans. Je veux atteindre la cinquantaine, la soixantaine. Après, on verra.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Ah, la vieillesse... Je ne comprends pas pourquoi les magazines féminins veulent absolument la bannir. C'est beau, la vieillesse.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Arborer ce visage ridé, témoin des rires et des rages passées. Porter
au creux de ses joues et au coin de ses yeux les stigmates du bonheur.
Toucher du doigt, sur son front, les sillons laissés par l'inquiétude,
l'étonnement ; entre ses yeux, la profonde marque de la colère. Montrer
qu'on a vécu, qu'on vit, loin des visages lissés au botox des actrices
aux yeux aussi expressifs que des épagneuls bretons.</div>
<div style="text-align: justify;">
Avoir la peau
qui perd de sa fermeté, sentir dans la paume de sa main la joue
attendrie de l'être aimé. Permettre à l'enfant adoré de se nicher au
creux de ce corps doux, chaud, aux aspérités adoucies.</div>
<a name='more'></a><div style="text-align: justify;">
Ne plus prétendre être belle à voir, mais se parfumer subtilement pour être belle à sentir, offrir sa peau adoucie par l'âge pour être belle à toucher.</div>
<div style="text-align: justify;">
<a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/7/75/Grandma%27s_Favorite.jpg/447px-Grandma%27s_Favorite.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/7/75/Grandma%27s_Favorite.jpg/447px-Grandma%27s_Favorite.jpg" width="238" /></a>Mettre un maillot de bain même si on a du bide, s'en foutre, et danser la Macarena sur la plage en faisant tressauter les bourrelets.</div>
<div style="text-align: justify;">
Ne plus avoir à passer des heures chez le coiffeur pour avoir des mèches de couleur. Avoir des cheveux de la couleur délicieusement nommée "poivre et sel", ou mieux, totalement blancs, étincelant sous le soleil d'été comme des ailes d'ange.</div>
<div style="text-align: justify;">
Etre ménopausée, enfin tranquille. Pouvoir baiser sans se demander si la pilule a bien été prise ou si le stérilet est bien en place. Ne plus être emmerdée par les règles, ne plus en souffrir, ne plus compter les jours.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Avoir de l'expérience, avoir vécu, et en faire profiter les autres. </div>
<div style="text-align: justify;">
Dire qu'on a vécu [<i>placer ici un événement historique</i>] <placer historique="" ici="" marquant="" un="" événement="">et expliquer comment l'Histoire bouleverse nos vies. </placer></div>
<div style="text-align: justify;">
<placer historique="" ici="" marquant="" un="" événement="">Faire découvrir aux jeunes les livres et les films qui ont marqué nos vies. Voir leurs yeux s'écarquiller d'émerveillement.</placer></div>
<div style="text-align: justify;">
Former des jeunes avec compréhension, bienveillance et fermeté pour qu'ils puissent continuer à effectuer la mission qu'on s'est fixée, les armer pour leur permettre de prendre leur carrière en main. Avoir la joie d'être reconnue comme experte dans un domaine, d'être écoutée, prise au sérieux. </div>
<div style="text-align: justify;">
Et apprendre, encore. S'étonner d'être encore si démunie face à la nouveauté. S'émerveiller du chemin parcouru en une poignée de décennie. Pouvoir mesurer le progrès à l'aune de sa vie.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/3/36/Portrait_of_the_Artist%27s_Mother_by_Vincent_van_Gogh.jpg/493px-Portrait_of_the_Artist%27s_Mother_by_Vincent_van_Gogh.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/3/36/Portrait_of_the_Artist%27s_Mother_by_Vincent_van_Gogh.jpg/493px-Portrait_of_the_Artist%27s_Mother_by_Vincent_van_Gogh.jpg" width="262" /></a>Aimer encore.</div>
<div style="text-align: justify;">
Aimer cet être avec lequel on a partagé de longues années. Etre comme deux pierres polies à force de s'entrechoquer, mais pas brisées ni même fissurées, le cœur intact, inchangé. </div>
<div style="text-align: justify;">
Ou même partir, être libre. Profiter, enfin de la solitude. Laisser derrière soi les turpitudes d'une vie à deux subie avec pesanteur.</div>
<div style="text-align: justify;">
Et aimer de nouveau, comme si c'était la première fois. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Avoir conscience de sa finitude. Ne plus pouvoir douter que la fin approche, sentir son corps s'user. Ne plus faire semblant.</div>
<div style="text-align: justify;">
Ne plus avoir à penser aux conséquences à long terme de ses actes, sauf pour les êtres aimée qui, de toute façon, sont bien assez grands pour se démerder. S'en foutre, profiter de la vie.</div>
<div style="text-align: justify;">
Envoyer chier les boulets. Passer pour une vieille peau, et ricaner. </div>
<div style="text-align: justify;">
Dépenser ses thunes sans économiser plus que le strict nécessaire. A quoi ça sert d'être le plus riche du cimetière ? </div>
<div style="text-align: justify;">
Croquer la vie à pleines dents, avec un dentier peut-être, mais vivre, pendant qu'on le peut encore.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
<u><i>Illustration</i></u><i>s (sources Wikipedia Commons) :</i><u><i><br /></i></u></div>
<div style="text-align: justify;">
Carl Heuser, <i>Portrait d'une vieille dame avec un chapeau de fourrure</i>, 1892.</div>
<div style="text-align: justify;">
Artiste inconnu, <i>Le favori de Grand-Mère</i>, 1893.</div>
<div style="text-align: justify;">
Vincent Van Gogh, <i>Portrait de la mère de l'artiste</i>, 1888.</div>Kalistahttp://www.blogger.com/profile/11054781481773901210noreply@blogger.com10tag:blogger.com,1999:blog-1431290801733008529.post-69986755771152302032012-05-24T10:33:00.000+02:002012-12-24T12:08:42.610+01:00Pas de ça chez moi !<div style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/6/63/Rubens_-_Perseo_y_Andr%C3%B3meda.jpg/388px-Rubens_-_Perseo_y_Andr%C3%B3meda.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/6/63/Rubens_-_Perseo_y_Andr%C3%B3meda.jpg/388px-Rubens_-_Perseo_y_Andr%C3%B3meda.jpg" width="206" /></a></div>
On va tous être globalement d'accord, surtout si vous êtes venus sur ce blog volontairement et non au hasard d'une recherche Google sur la sodomie chez les Bisounours ou sur la zoophilie avec des zèbres (en noir et blanc, forcément) : le sexisme, c'est pô bien.</div>
<div style="text-align: justify;">
On va aussi être d'accord pour dire que les femmes sont globalement moins bien loties que les hommes. Certes, on a le droit de <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2011/10/il-etait-une-porte.html" target="_blank">se faire tenir la porte</a>, ce qui est tout de même plus sympa que de se la prendre en pleine gueule, on a généralement la garde des enfants en cas de divorce (il semble que ce soit surtout parce que <a href="http://www.maitre-eolas.fr/post/2012/03/20/Soyez-le-JAF-%281%29-%3A-le-d%C3%A9lib%C3%A9r%C3%A9" target="_blank">les pères ne demandent pas souvent la garde</a>), on paye moins cher l'assurance de la bagnole (ah, non, ça, c'est fini). En contrepartie, on a <a href="http://pasdejusticepasdepaix.wordpress.com/les-chiffres-des-viols-en-france/" target="_blank">16% de chances de subir un viol</a>, on peut se faire harceler sexuellement sans que le coupable ne risque rien (comme quoi, les choses n'évoluent pas spontanément dans le bon sens), on est payées franchement moins (avec les gosses à nourrir, vu qu'on en a la garde, chic alors), et quand on se case, on a 10% de chances de subir des violences. Bref, comme je l'ai déjà dit ailleurs, <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2011/07/ces-choses-que-je-naurai-jamais-dire.html" target="_blank">je suis bien contente de ne pas avoir de fille</a>.<br />
<br />
<br />
<a name='more'></a>Lors du lancement de la <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2010/11/campagne-nationale-contre-le-viol.html" target="_blank">campagne contre le viol par Osez le Féminisme</a>, des commentateurs se sont permis de dire qu'elle ne servait à rien, puisqu'on était tous d'accord pour dire que violer, c'est mal. Lors du lancement de la <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2011/09/madame-ou-mademoiselle-live-blogging.html" target="_blank">campagne "Madame ou Madame"</a> par la même association, des commentateurs (les mêmes ?) se sont permis de dire qu'elle ne servait à rien non plus, puisqu'elle touchait une question futile (argument de pure mauvaise foi, <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2012/03/tous-ceux-qui-ralent-que-les-feministes.html" target="_blank">comme je l'ai dit ailleurs</a>).<br />
J'ai l'impression que les revendication concernant les inégalités salariales font moins grincer des dents. Bien sûr, on trouvera toujours quelqu'un pour dire que si les gonzesses sont moins payées, c'est parce qu'elles négocient moins bien leur salaire, les gourdes. Mais à force de documentaires de bonne foi, les mentalités progressent. Si on continue, peut-être que la situation progressera aussi, non ?<br />
<br />
Quoique.<br />
<br />
<a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/a/a0/Struthio_camelus_in_Serengeti.jpg/800px-Struthio_camelus_in_Serengeti.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="213" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/a/a0/Struthio_camelus_in_Serengeti.jpg/800px-Struthio_camelus_in_Serengeti.jpg" width="320" /></a>D'après les <a href="http://www.lesnouvellesnews.fr/" target="_blank">Nouvelles News</a>, il semble que <a href="http://www.lesnouvellesnews.fr/index.php/entreprendre-articles-section/entreprendre/1902-les-entreprises-dans-le-deni-sur-egalite-femmeshommes" target="_blank">les entreprises soient dans le déni</a>. En effet, si les 3/4 des répondants à une <a href="http://cadres.apec.fr/Emploi/content/download/408937/927187/version/1/file/APEC_Egalite+professionnelle+F_H.pdf" target="_blank">étude de l'APEC</a> reconnaissent l'existence d'inégalités de manière générale dans le monde du travail, ils sont entre 60 et 73% à dire que dans leur entreprise, il n'y a pas de problème.<br />
Il y a donc un souci, mais chez les autres. Et les autres ? Ils disent qu'il y a un souci, mais pas chez eux.<br />
En somme, personne n'est témoin de sexisme dans son entourage. Mais tout le monde reconnait que ça existe chez les autres. Cherchez l'erreur.<br />
<br />
Je ne vois que deux explications logiques à cette situation. Soit personne ne voit de sexisme au travail car il n'y en a pas, soit personne ne réalise que les actes et paroles observés sont sexistes.<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/2/26/Marmota_marmota_Alpes2.jpg/800px-Marmota_marmota_Alpes2.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="239" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/2/26/Marmota_marmota_Alpes2.jpg/800px-Marmota_marmota_Alpes2.jpg" width="320" /></a></div>
Dans le premier cas, les contributrices à <a href="http://www.viedemeuf.blogspot.fr/" target="_blank">Vie de Meuf</a> seraient des menteuses, les statistiques seraient erronées, et les femmes qui ont déposé (en vain) une plainte pour harcèlement seraient des affabulatrices. Le sexisme serait ainsi une escroquerie inventée par les féministes pour culpabiliser les hommes à l'aide d'une victimisation à outrance des femmes. Et la marmotte...<br />
Dans le second cas, nous serions tous aveugles (volontairement ou non, à vous d'en décider) au sexisme. Cela signifie que les victimes se taisent, que les coupables agissent dans l'ombre, et que des événements qui nous paraissent <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2011/06/rien-de-grave.html" target="_blank">anodins </a>ne le sont finalement pas. Cette hypothèse, bien plus subtile et <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2011/06/un-long-processus-qui-peut-etre.html" target="_blank">bien plus difficile à admettre</a> que la précédente, s'applique aussi bien au monde du travail qu'au reste de la société, et justifie tout à fait les campagnes qui ont été tant décriées : le sexisme n'est pas que dans des actes criminels perpétrés par d'autres (et surtout hors de nos frontières), il est aussi dans des petites phrases assassines et dans de grands silences meurtriers dont nous sommes tous responsables. <br />
Évidemment, il est pour le moins cavalier d'accuser toutes les plaignantes de mensonge. Un soupçon d'honnêteté intellectuelle suffit pour se prononcer en faveur de la seconde hypothèse. C'est d'ailleurs la voie que j'ai empruntée, personnellement, et je m'en félicite tous les jours. La lucidité est amère, mais constructive.<br />
<br />
Il faut donc un peu de bonne foi pour débusquer le sexisme, et pour ensuite le dénoncer avec honnêteté, pas seulement quand<a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2010/12/feministe-quand-ca-marrange.html" target="_blank"> ça nous arrange</a> ou quand <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2011/03/pourquoi-ameliorer-la-condition-des.html" target="_blank">ça peut faire économiser des sous</a>. Ah ben oui, le féminisme, c'est chiant, c'est pas la première fois que
je le dis (si vous avez cliqué sur les liens que j'ai donnés tout au
long de ce texte, vous devez commencer à trouver que je me répète - m'enfin au moins je suis cohérente).<br />
<br />
Comme disait le grand philosophe Michael Jackson (hé oui, j'ai des références de ouf) :</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: center;">
<i>If you wanna make the world a better place, take a look at yourself, and then make a change</i></div>
<div style="text-align: center;">
<i>Nanana nanana nana-ah-nana</i></div>
<br />
<br />
<i><u>Illustrations</u> (sources <a href="http://commons.wikimedia.org/wiki/Main_Page" target="_blank">Wikimedia Commons</a>) :</i><br />
1. Rubens, <i>Persée et Andromède</i>, 1639-1640. Forcément, la meuf est à poil.<br />
2. Une autruche dans le Serengeti. A plumes, noires et blanches comme la charte graphique de mon blog l'y oblige. Brave bête.<br />
3. Une marmotte trop choupinette. A poils aussi, mais là c'est normal.<br />
<br /></div>Kalistahttp://www.blogger.com/profile/11054781481773901210noreply@blogger.com5tag:blogger.com,1999:blog-1431290801733008529.post-52515548942264022322012-04-25T10:03:00.002+02:002012-12-24T12:02:24.510+01:00Libres d'être femmes<div style="text-align: justify;">
<a href="http://cdn-premiere.ladmedia.fr/var/premiere/storage/images/cinema/news-cinema/video/video-rebelle-dernier-trailer-de-l-heroic-fantasy-de-chez-pixar-3339772/59888810-1-fre-FR/VIDEO-Rebelle-dernier-trailer-de-l-heroic-fantasy-de-chez-Pixar_portrait_w532.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="211" src="http://cdn-premiere.ladmedia.fr/var/premiere/storage/images/cinema/news-cinema/video/video-rebelle-dernier-trailer-de-l-heroic-fantasy-de-chez-pixar-3339772/59888810-1-fre-FR/VIDEO-Rebelle-dernier-trailer-de-l-heroic-fantasy-de-chez-Pixar_portrait_w532.jpg" width="320" /></a>Je suis allée tout récemment voir un film qui ne passe pas le <a href="http://sandrine70.wordpress.com/tag/bechdel-test/" target="_blank">Bechdel test</a>. Un film gentillet, avec des animaux et des bons sentiments, <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/search/label/Blanc%20%3A%20Cin%C3%A9ma" target="_blank">vous connaissez mes goûts</a>. Avant le film, vu son genre, les bande-annonces présentaient plutôt des films pour enfants. J'ai donc pu voir la bande-annonce de Rebelle. Et là, il y a un truc qui m'a frappée.<br />
Les histoires de filles qui sortent de leur rôle de fille, c'est pas nouveau. Il y a eu <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2010/12/la-princesse-et-la-grenouille.html" target="_blank">Tiana</a>, et dans une moindre mesure, <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2011/06/cest-toi-lchampion-gaston.html" target="_blank">Belle</a>. En général, elles souffrent d'être cantonnées à ce rôle ingrat (et on les comprends), elles se rebellent, conquièrent un bastion masculin, et finalement trouvent l'amour comme toute femme doit en rêver. Elles sont exceptionnelles, rares, et extrêmement méritantes car capables de cumuler des qualités masculines et féminines.<br />
<a name='more'></a>On ne s'étonne plus guère, aujourd'hui, de voir des femmes vouloir leur place dans le monde masculin. Celui-ci semble clairement plus agréable que le monde féminin. Cette iconographie est d'ailleurs le reflet de la condition féminine moderne : capables d'agir comme des hommes, mais toujours femmes au fond.<br />
Ces filles se valorisent en gagnant des attributs masculins, mais gare à elles si elles vont "trop loin" et renient leur féminité. Car, si le droit de tendre vers la perfection masculine est relativement acquis, le droit à cesser d'être féminine ne l'est pas. Les filles et les garçons sont toujours séquestrés sur Mars et Vénus sans que le retour sur Terre soit envisagé. Les Vénusiennes peuvent jouer au Martien si elles le veulent, ce n'est qu'un jeu bien compréhensible. De leur côté, les Martiens jouent... au Martien.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://mzkteam.free.fr/Videos/Comiques/Les_inconnus_telemagouille.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="260" src="http://mzkteam.free.fr/Videos/Comiques/Les_inconnus_telemagouille.jpg" width="320" /></a></div>
Mais quand est-ce que les hommes réclameront le droit d'être féminins? Quand est-ce que cette idée cessera de choquer ou de provoquer des moqueries homophobes?<br />
Nous avons gagné bien des
batailles. Nous pouvons user de privilèges autrefois réservés aux
hommes. Et les hommes? Ils ne peuvent même pas porter une jupe rose. Pas
parce que les hommes sont lésés! Parce que le féminin est toujours
dévalorisé par rapport au masculin. Chacun comprendra la lutte féministe
pour le droit à être des hommes comme les autres, d'ailleurs nous
exerçons déjà en grande partie ce droit, sans être trop chahutées tant que nous restons féminines pour l'essentiel. Mais la lutte, toujours féministe, pour que les hommes gagnent le droit d'être des femmes comme les autres est encore à inventer. Il y a certes des initiatives, plus ou moins honnêtes, pour les droits des papas, mais c'est tout. L'égalité ne sera réelle que quand un homme pourra porter une jupette rose s'il en a envie, sans intention de se déguiser, sans être considéré comme un travesti ni subir de moqueries.<br />
Le mépris du féminin est, d'ailleurs, tellement ancré, que l'une des accusations les plus courantes contre le féminisme est celle du refus de la féminité. La lutte pour le droit de n'être pas féminines est comprise comme la lutte contre la féminité : il parait plus logique de vouloir se débarrasser de cet odieux carcan que de s'en emparer et de cesser de le vivre comme une fatalité. <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2011/06/feministe-et-feminine.html" target="_blank">C'est absurde</a>, comme l'est l'accusation de pruderie qui découle du dégoût religieux du sexe.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://bedeplace.net/wp-content/uploads/2011/07/asterix.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="243" src="http://bedeplace.net/wp-content/uploads/2011/07/asterix.jpg" width="320" /></a></div>
Je n'ai guère pu m'identifier à ce genre de personnages féminins au cours de
mon enfance. Ces filles transgressant les règles établies pour
simplement être elles-mêmes m'enthousiasmaient moins que les personnages
masculins bien dans leur peau, castagnant les Romains en rigolant.
Pire, leur transposition dans le passé semblait me dire : "de quoi te
plains-tu, tu as de la chance, tu es libre". Libre de quoi ? D'assumer
une double journée de travail ? De me pourrir la vie pour coller <a href="http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2011/06/qui-suis-je.html" target="_blank">au modèle de la femme parfaite</a>, mi-pute mi-soumise ? <br />
Les filles ont deux types de modèles : ces filles exceptionnelles et les princesses. Les premières disent aux petites filles qu'elles gagneront tout à tenter de conquérir des bastions masculins, mais qu'elles souffriront au passage (ça donne vachement envie). Les secondes qu'il existe une voie tranquille vers le bonheur, celle de la passivité et de la soumission. Combattre ou se soumettre, voilà notre choix. Les garçons n'ont même pas ce choix. Leurs modèles sont soumis à l'ordre établi et s'en portent très bien. Ce modèle n'est pas qu'un modèle valorisé, c'est un modèle unique. On ne leur laisse même pas d'alternative, on ne les laisse même pas imaginer autre chose.<br />
<br />
La véritable transgression n'est
pas de présenter une fille disposant de qualités qu'on nous a appris à
considérer comme supérieures. Ce serait de présenter un garçon se
battant pour porter des jupes, pour être coquet, ou refusant de se battre. Ce serait de cesser de présenter la féminité comme une geôle d'où les filles cherchent à s'évader, mais comme un ensemble de caractéristiques pas plus honteuses que d'autres, et désirables pour certains garçons qui ne sont pas forcément des tarés.<br />
Voilà une idée révolutionnaire : on peut être né garçon, désirer faire comme une fille, et ne pas souffrir de pathologie relevant de la psychiatrie. Un truc de ouf !<br />
<br />
<br /></div>Kalistahttp://www.blogger.com/profile/11054781481773901210noreply@blogger.com18tag:blogger.com,1999:blog-1431290801733008529.post-14002209273041509732012-04-01T21:46:00.000+02:002012-04-01T21:46:08.666+02:00Jour de cours<div style="text-align: justify;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/93/Auber-RER-Paris-2005-Platform-2.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="256" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/93/Auber-RER-Paris-2005-Platform-2.jpg" width="320" /></a></div><i>Un jour d'hiver, en région parisienne...</i> <br />
<br />
<i>6h00. </i>Je me lève péniblement, en veillant à ne réveiller personne dans la maison. J'avale un café vite fait et je file en direction de ma station de RER dans le froid, non sans avoir jeté un œil attristé aux portes des chambres des enfants que je ne pourrai embrasser ce matin. Aujourd'hui, je donne deux cours d'électronique dans mon IUT de banlieue "chaude".<br />
Je prends le RER avant l'heure de pointe. La rame est quasi vide. Je fais partie de la France qui se lève très tôt et qui fait des heures sup'. Pas pour gagner plus, si je voulais du fric je ne ferais pas ce métier, mais pour la satisfaction d'avoir apporté quelques connaissances à des gamins de banlieue qui pourront peut-être, s'ils travaillent bien, obtenir un emploi et sortir de la misère. Je n'exagère pas : certains n'ont pas les moyens d'acheter du papier pour travailler, et rendent leurs compte-rendus sur des feuilles récupérées en examen.<br />
<br />
<a name='more'></a><i>7h30. </i>Me voilà arrivée, enfin. J'ai traversé les quartiers chics de Paris puis des cités. Je retrouve souvent seule dans le wagon, je ne peux pas m'empêcher de flipper.<br />
Je suis en avance d'une bonne demi-heure. Je ne peux pas me permettre d'être en retard et, sur une heure et demie de transport, on a toutes les chances de rencontrer un pépin. Alors je prends de l'avance et, chaque jour, je peste de devoir me lever tôt pour attendre, seule, dans ma salle vide.<br />
Je fais le café, je vérifie mes mails, je revois mon cours, je vérifie la présence de craies dans ma salle. <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/0/09/Pirate_English_Classroom.jpg/800px-Pirate_English_Classroom.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="240" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/0/09/Pirate_English_Classroom.jpg/800px-Pirate_English_Classroom.jpg" width="320" /></a></div><i>8h00. </i>A cette heure-ci, on est censés commencer. Pourtant, je n'ai que deux étudiants, Ben et Thomas, sur les 20 que compte le groupe. Alors on attend les autres.<br />
J'aime bien ces deux jeunes gens. Ils sont trop fatigués pour me parler, ce matin, mais par le passé nous avons eu des échanges intéressants. Ils arrivent d'Afrique, ils ont connu les cours par classe de 100 sur des aires de terre battue, et ne comprennent pas que leurs camarades de classe se plaignent de leurs conditions de travail. Ils sont bosseurs, motivés, et désabusés, du haut de leurs 18 ans.<br />
Il fait si froid que les étudiants doivent garder leur manteau. On a des problèmes de chauffage. J'ai fait 2 facs et 3 labos, je n'y ai jamais eu chaud. Dire qu'il y en a pour dire qu'on vient profiter de la lumière et du chauffage... <br />
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<i>8h10. </i>Oh, Mohamed n'a que 10 minutes de retard, ce matin, il n'a pas raté son bus. Il entre, tout sourire, me demande des nouvelles de ma famille, me propose un biscuit du paquet qui lui sert de déjeuner. Derrière lui, trois de ses camarades sont entrés et ont posé leurs sacs sur la table. Ils ne sortent pas leurs affaires, ça non. Ils s'écroulent, bras croisés, sur leurs sacs, et s'endorment aussitôt.<br />
Bon, ils sont 6, je commence. Je réveille tant bien que mal les dormeurs, les deux Africains les regardent d'un air narquois, Mohamed sort ses affaires en rougissant de honte de ne pas l'avoir fait de lui-même.<br />
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<i>8h30. </i>Ils arrivent un à un, se saluent, se tapent dans la main, commentent le match de foot de la veille. Ils ouvrent leur sac, pas pour sortir leurs affaires, mais pour sortir le 20 Minutes et finir le Sudoku. Je confisque les journaux à tour de bras, c'est super pour allumer la cheminée.<br />
Mohamed est, comme d'habitude, de bonne humeur. Il blague, il m'écoute, il réagit avec enthousiasme, il motive ses camarades. C'est pas le meilleur de la classe, mais c'est sans doute le plus attachant.<br />
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<i>8h45. </i>Le responsable de formation passe la tête dans ma classe, compte rapidement les étudiants, leur demande de faire la leçon aux absents. Moi, je ne dis rien. Ceux qui ont séché ce matin sont les pires éléments du groupe : ils ne travaillent pas, ils empêchent leurs camarades de travailler avec leurs bavardages, ils sont impertinents et agressifs avec moi. Je préfère les savoir chez eux que dans ma salle.<br />
Ils sont adultes, s'ils font des conneries, qu'ils assument ! Ils ne sont pas obligés d'être inscrits chez nous. Nous leur avons bien expliqué, à la rentrée, que s'ils sèchent les cours, ils n'arriveront rien. Je vois déjà ce qui va leur arriver à la fin de l'année : ils échoueront, ils nous demanderont pourquoi, nous diront que nos cours étaient trop ennuyeux pour les intéresser, que nos examens étaient trop difficiles... Ils iront s'inscrire ailleurs en pestant contre nous, et ça recommencera.<br />
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<i>9h. </i>Ismaël arrive. Je le refuserais bien, mais il a un billet de la SNCF à la main. C'est marrant, le RER est toujours en retard juste après que j'en sois descendue.<br />
Quand on arrive avec une heure de retard, on doit bosser plus pour rejoindre les autres. Ismaël ne semble guère s'en soucier : il bavarde avec ses camarades (ils adorent se traiter de pédés, ça les fait marrer), il regarde la poussière de craie tomber dans les rais de lumière traversant le volet cassé.<br />
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<i>9h15. </i>Le chahut devient insupportable. Je menace de virer les bavards et les dormeurs (ce qui me forcerait à faire cours à 3 élèves au plus...), ils se calment, sachant que je le ferais. Ismaël râle, disant qu'il me préfère quand je suis gentille. Comme si ça pouvait me faire plier... La veille, quand je l'ai croisé dans le couloir, il m'a complimentée sur ma tenue. Espère-t-il m'entendre glousser de plaisir à un compliment sur mon apparence ? Je glousse, certes, mais seulement quand je corrige une copie sans fautes. C'est pas lui qui va me faire glousser.<br />
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<i>9h30. </i>Ils ont perdu le peu de motivation que j'avais réussi à leur insuffler. Axel demande si la notion que je tente de leur inculquer tombera au DS. Je lui réponds, comme d'habitude, qu'il n'est pas là pour apprendre à passer des DS, mais pour apprendre un métier. Et comme d'habitude, ma réponse ne le satisfait pas. Il se contrefiche de son avenir, ce qui l'intéresse, c'est d'avoir la moyenne, c'est tout. L'avenir ? On se débrouillera. Je soupire, et je lui dis, sans mentir, que je n'ai pas encore préparé le sujet, et que je ne sais pas si ça tombera. Dans le doute, il faudra qu'il bosse...<br />
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<i>9h45. </i>Abdelkarim est un roublard. Je l'ai surpris à glander, il tente de m'entortiller avec des excuses à deux balles, soutenu par son voisin. Et puis il rigole de sa propre tentative, et il s'y met avec bonhomie. Et en deux secondes, il a trouvé le bon résultat. Ce garçon est désarmant.<br />
Il voit bien que je me marre intérieurement. Il me connait. Il sait que je suis bonne cliente pour ces trucs-là. Il a même eu le cran de mettre des blagues et des mots gentils dans sa copie d'examen, le mois dernier, entre deux résultats parfaitement exacts. <br />
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<i>9h50. </i>La montre d'Ismaël avance. Il commence à ranger ses affaires.<br />
Un tel manque de respect me ferait presque hurler. Je lui rappelle sèchement qu'on n'a pas fini ; il râle. Ben et Thomas, au fond, se moquent de lui. Ca fait longtemps qu'ils ont fini leurs exercices, ils ont expliqué la méthode à leurs voisins, ils ont résolu un exercice supplémentaire que j'ai exhumé péniblement de ma mémoire, et ils attendent maintenant la fin de la séance commentant leur cours (quand ils croient que je les entends) et la politique régionale (quand ils croient que je ne les entends pas), sans emmerder personne.<br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/4/45/Coffeee_img451.jpg/450px-Coffeee_img451.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/4/45/Coffeee_img451.jpg/450px-Coffeee_img451.jpg" width="240" /></a></div><i>10h. </i>Je les vire de la salle, pressée d'aller prendre un café. Ca fera du bien à ma gorge malmenée.<br />
Mohamed vient me poser quelques questions. Il hoche la tête, et repart, content comme un gamin qui a un nouveau jouet.<br />
Je file en salle des profs, saluant au passage les étudiants du second groupe qui commencent à arriver.<br />
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<i>10h10. </i>Je finis mon café en conversant amicalement avec le prof de maths qui vient d'avoir l'autre groupe. Je lui fais part des difficultés que nos étudiants ont eues pour le calcul du jour, et il s'étonne car il leur a fait travailler ce type de calcul quelques jours auparavant et ils n'avaient pas eu de problèmes. Ils oublient ce qu'ils ont vu pendant un cours sitôt la porte passée. Les maths, c'est en cours de maths, ailleurs ils sont incompétents.<br />
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<i>10h20.</i> J'ai 5 minutes de retard, car je sais que le prof de maths, emporté par son enthousiasme, les a laissés sortir à 10h05. Le second groupe est plus gentil, ils n'ont rien osé lui dire. Ils ne me reprochent pas mon retard, ils savent que j'ai discuté avec leur prof de maths et que ces minutes étaient un petit cadeau de ma part. Du moins, c'est ce que je leur fais croire : j'ai, moi aussi, besoin de ces précieuses minutes pour me remettre.<br />
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<i>10h30. </i>J'ai eu moins de mal à les mettre au boulot, mais j'ai dû lutter tout de même.<br />
Laila s'est lancée tête baissée dans les calculs. Sélim, à côté d'elle, regarde ce qu'elle écrit et attend qu'elle ait fini pour lui demander des explications. Je lui demande de prendre son crayon et de faire lui-même l'exercice.<br />
"Mais je ne sais pas comment faire !"<br />
Je lui donne le point de départ : écrire ce qu'on connait, manipuler les expressions, appliquer les méthodes qu'on a vues en cours. S'il ne se rappelle pas de ces méthodes, il lui suffit de tourner les pages de son cours, on n'est pas en DS, il a le droit d'utiliser son polycopié. Il prend le paquet de feuilles froissé au fond de son sac et en tourne les pages, sans conviction.<br />
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<i>10h45.</i> Ils travaillent tous consciencieusement, et j'en profite pour m'asseoir. Après avoir couru pour prendre mon RER, j'ai passé toute la matinée debout, à courir de table en table pour aiguiller mes étudiants.<br />
A la fatigue physique s'ajoute la fatigue nerveuse : la peur de dire une connerie et de perdre toute crédibilité à leurs yeux, la peur de ne pas savoir réagir de manière adéquate à leurs provocations, la peur de ne pas savoir être assez pédagogue (je n'ai reçu aucune formation pédagogique), la peur de ne pas savoir répondre à une de leurs questions (ma matière n'est pas ma spécialité), la peur qu'un d'entre eux devienne agressif (on m'a tellement raconté d'histoires dramatiques)...<br />
J'ai été réellement surprise de constater la difficulté physique et nerveuse de mon métier. Après mes premiers cours, j'étais incapable de parler de la soirée. Aujourd'hui, cela va mieux, j'ai juste des douleurs aux jambes. Les collègues disent qu'on s'habitue, mais que je dois m'économiser pour ne pas finir avec une maladie professionnelle. <br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/4/41/NewtonsPrincipia.jpg/800px-NewtonsPrincipia.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="212" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/4/41/NewtonsPrincipia.jpg/800px-NewtonsPrincipia.jpg" width="320" /></a></div><i>11h. </i>Mehdi m'appelle. Il me montre le résultat de son calcul : "C'est ça ?"<br />
Son raisonnement tient et son résultat est proche du résultat attendu, moyennant un arrondi trop cavalier. Il n'a pas l'air de comprendre. Les notions d'exactitude, d'approximations, d'erreur d'arrondis, ça leur passe au-dessus de la tête. Ils sont jeunes, et c'est à nous de le leur apprendre.<br />
Je crois que le plus décourageant, c'est l'absence totale de recul de leur part. On peut leur dire ce qu'on veut, ils ne réfléchissent pas. Le calcul est toujours exact, l'arrondi jamais approximatif, la mesure toujours parfaite. Seul le prof peut cautionner un résultat, ils ne cherchent pas à savoir par eux-mêmes s'ils ont raison ou tort. Un résultat délirant, comme un frigo en parfait état de marche conservant une température de 200°C, ne les surprend pas.<br />
Dans leur esprit, la Science dispute à la Religion le terrain de la Vérité. La leçon est un prêche, il faut accepter les notions scientifiques sans les remettre en question, apprendre sans comprendre, étudier sans juger, résoudre les problèmes avec les méthodes rituelles. Dans ces conditions, il n'est pas surprenant qu'ils n'aient pas envie de travailler : quel est l'intérêt de manipuler des outils scientifiques sans chercher à comprendre à quoi ils servent et sans questionner leur adéquation au problème ? Alors on cherche à les émerveiller avec des résultats étonnants : l'immensité de l'Univers, la vitesse de propagation d'une onde... Ça ne marche pas : ils croient trop aux miracles pour que la Science les étonne.<br />
Comme la Religion, la Science est le domaine des initiés. La Vérité leur est inaccessible, à eux, les petits scarabées. Ils ne font pas le lien entre le résultat théorique et la vie réelle, ils ont bien trop peur de réaliser qu'ils ont raison, qu'ils ont réussi à percer le Mystère. C'est Interdit. Ils se sabordent, de peur de devenir des Initiés. De plus, s'ils arrivaient à devenir des Scientifiques, ils n'auraient plus le droit au Paradis promis par la Religion...<br />
Nous, profs, sommes des prophètes de la Science et nous dispensons la Vérité. Notre parole ne saurait être mise en doute, sauf si, une fois, nous commettons une erreur : nous devenons alors à leurs yeux de faux prophètes méritant leur mépris.<br />
La Vérité scientifique, hélas, ils n'y croient pas, ils font semblant de l'accepter pour nous extorquer un diplôme qui leur permettra de décrocher un emploi, mais elle reste, à leurs yeux, suspecte, car elle questionne la Religion. Et s'il leur fallait choisir entre les deux...<br />
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<i>11h20. </i>Sélim s'est décidé à prendre son crayon.<br />
Merde, il dessine. Je l'engueule, il soupire, je l'emmerde à le forcer à bosser. Il ne dit rien, il sait que j'ai raison, et de toute manière il n'a pas envie que Laila se moque de lui.<br />
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<i>11h30. </i>Je déambule dans la salle en réveillant les dormeurs. Guillaume planque un petit bout de papier sous ses cours : un sudoku découpé dans le journal. Comment peut-il remplir les sudoku avec une telle efficacité et ne pas être foutu d'appliquer la loi d'Ohm ?<br />
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<i>11h40. </i>"Madame, j'ai trouvé une résistance négative, c'est pas possible, hein ? Non ? Si ?" Merci de te poser des questions, Amine. Ça me redonne un peu de courage. Maintenant, il faut que tu apprennes à avoir confiance en toi, et que tu comprennes que ton doute est aussi légitime qu'un froncement de sourcils de ma part. <br />
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<i>12h. </i>Laila a trouvé la solution de l'exercice et explique sa méthode à ses voisins. Ils recopient ses résultats ; elle leur rappelle en riant que ça ne sert à rien, qu'il faut qu'ils trouvent tout seuls. Sans plus de résultats que lorsque je le leur dis moi-même.<br />
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<i>12h15. </i>Enfin, j'ai fini la matinée. Ils sont aussi longs à partir qu'à s'installer, entre ceux qui finissent de recopier la correction des exercices au tableau et ceux qui discutent, comme s'il ne fallait pas se dépêcher de manger pour ne pas être en retard aux cours de l'après-midi.<br />
J'efface le tableau en soupirant. Je ramasse les feuilles d'appel ; les tableaux sont à moitié vides. Fatima était encore absente, elle m'inquiète. C'est une jeune fille brillante, je n'aimerais pas qu'elle gâche ses chances.<br />
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<i>12h45. </i>Me voilà avec mes collègues avec un sandwich OGM-vache folle-huile de palme (c'est tout ce qui restait à la cafèt'). Nous buvons des litres de café pour tenir le coup. Nos paroles sont parfois dures à l'égard des étudiants, c'est l'énervement, la déception, l'épuisement qui parlent. Aucun d'entre nous ne serait là s'il ne croyait pas, fondamentalement, pouvoir leur apporter un peu plus qu'un diplôme : un peu de savoir-faire, de connaissance, de recul. Et peut-être qu'un ou deux pourront réfléchir, faire la part des choses, remettre en question le monde dans lequel ils vivent...<br />
Il faut y croire. Je connais de vieux profs désabusés, je ne veux pas finir comme eux. <br />
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<i>13h30. </i>Je passe l'après-midi à préparer mes cours suivant. Il me faut généralement trois heures de préparation pour une heure de cours. Je ne peux pas me permettre de reprendre bêtement les cours des années précédentes : les programmes changent, mes étudiants n'arrivent plus avec le même bagage (le leur est de plus en plus léger et de moins en moins utile), les technologies évoluent, je ne peux pas leur apprendre à utiliser une technologie qui était has been il y a 15 ans.<br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/8/82/Cable_closet_bh.jpg/800px-Cable_closet_bh.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="237" src="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/8/82/Cable_closet_bh.jpg/800px-Cable_closet_bh.jpg" width="320" /></a></div><i>15h. </i>Je passe dans les salles de TP pour les ranger et les réorganiser. Les salles sont toujours en désordre. Les étudiants ne rangent rien. Ils s'imaginent sans doute que les affaires se rangent toutes seules comme par magie, comme à la maison où règne une petite fée répondant au doux nom de Maman.<br />
Donnez-leur trois boîtes, une avec des fils rouges, une avec des fils bleus, une avec des fils noirs, où rangeront-ils leurs fils bleus ? Par terre, bien sûr. Avec leurs papiers de bonbons.<br />
Là, tout de même, je m'énerve. Qu'ils n'aient aucun recul scientifique, c'est normal, ils sont jeunes. Qu'ils n'aient qu'une connaissance réduite des bases de mathématiques et de français, c'est parce que le lycée ne leur donne plus les moyens de faire mieux. Qu'ils ne travaillent pas, c'est par manque d'intérêt, ils finiront bien par comprendre que les sciences et technologies peuvent être fascinantes. Mais ne pas ranger les salles et y laisser trainer leurs ordures, c'est un manque de respect élémentaire pour les autres. Je veux bien lutter contre l'inculture et l'ignorance, même sans formation, même sans reconnaissance, mais je ne peux rien faire contre l'irrespect et l'indifférence...<br />
Allez, retour dans mon bureau pour créer des affiches singapouriennes : "Toute table non rangée entrainera une baisse de la note de TP". Police 40, gras, souligné, avec le logo de la formation pour faire officiel. Je me retrouve à les fliquer comme des gosses. Ce sont des gosses... dont certains ne sont pas très bien élevés. <br />
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<i>15h30.</i> Laila et Abdelkarim frappent timidement à la porte de mon bureau. Derrière eux, Sélim et Mohamed me saluent gentiment.<br />
Laila et Abdelkarim faisaient ensemble un exercice d'électronique que j'avais donné pour réviser les examens et se disputaient amicalement sur le résultat. Je donne raison au second, trouve l'erreur de calcul qu'a faite la première qui repart, un peu vexée mais soulagée d'avoir le fin mot de l'histoire. Abdelkarim ne fanfaronne pas, il réexplique le raisonnement à ses camarades. Ils me remercient chaleureusement avant de repartir, ravis de trouver leurs professeurs si disponibles. Au lycée, la salle des profs étaient trop petite pour contenir tout le monde, les profs rentraient chez eux sitôt les cours terminés. Nous, on n'a pas de chauffage, mais on a des bureaux.<br />
Leur passage me rappelle que mes collègues doivent être en pause. Je sors les saluer. La prof de mécanique me dit que les élèves n'ont pas été très attentifs. Certains profitaient de son cours pour faire des exercices d'électronique. Oups...<br />
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<i>16h30.</i> Je repars. Il est tôt, mais j'ai du chemin à faire pour rentrer. Puis, il faut récupérer les enfants, passer un peu de temps en famille, et bosser encore un peu avant de dormir. La mise en place de mes activités d'enseignement me prends tout mon temps, mes travaux de recherche n'avancent pas, et l'AERES passe bientôt pour nous dire ce qu'on vaut.<br />
Je traverse les couloirs de l'IUT. Les étudiants sont en pause, ils prennent un café. Guillaume et Ismaël font semblant de ne pas me voir, Mehdi et Axel me saluent poliment mais froidement, tandis que Mohamed, Abdelkarim, Amine, Laila et Sélim me sourient avec quelque chose qui ressemble à de la reconnaissance. J'avoue... ils ont beau me rendre dingue, je les adore, mes petits.<br />
Ils ne travailleront pas ce soir, je le sais. Certains ont un emploi, d'autres doivent veiller sur la fratrie. J'ai même appris que l'un d'entre eux avait perdu son logement et était hébergé chez son frère. Ils passeront leur soirée collés devant la télé ou l'ordinateur pour oublier leur journée difficile et reviendront avec un déficit de sommeil demain pour passer une autre mauvaise journée.<br />
Et nous ? On sera là, en avance, carburant au café, soupirant devant leur manque d'enthousiasme et de maturité, riant de leurs pitreries, explosant de bonheur et de fierté chaque fois que l'un d'entre eux prononce cette petite phrase toute simple :<br />
"J'ai compris."<br />
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<i>Note : Ce récit est fictionnel mais basé sur des événements réels, que j'ai vécus personnellement ou que mes collègues m'ont racontés. </i></div>Kalistahttp://www.blogger.com/profile/11054781481773901210noreply@blogger.com8