dimanche 24 février 2008

Les délicieuses atrocités de Sweeney Todd


En général je déteste les films violents. Et encore plus les films où on chante. J'ai quand même voulu voir Sweeney Todd, parce que c'est un film de Tim Burton avec Johnny Depp, deux personnages du cinéma que j'adule. J'y suis allée à reculons en craignant une amère déception.
L'esthétique glauque de Burton (L'étrange Noël de Mr Jack, Les noces funèbres) m'a toujours séduite, avec cette capacité à mélanger le clair et l'obscur (Edward aux mains d'argent), la couleur et le noir et blanc. Il manie les effets spéciaux et l'animation avec une dextérité époustouflante... Au final on perd tout repère.
Quant à Johnny Depp... Je pourrais parler de sa beauté, mais il a réussi à la faire oublier comme certains artistes de familles connues se font un prénom. On savait déjà qu'il était un extraordinaire idiot , rêveur, naïf (Edward aux mains d'argent, Ed Wood, Sleepy Hollow, Charlie et la chocolaterie...) mais nous ignorions ce qu'il donnerait en psychopathe épris de vengeance. Finalement, Depp est magnifique.

Le scénario est étrange et les répliques sont pleines d'humour. Il s'agit d'une comédie musicale déjà existante. On comprend assez rapidement ce qui a séduit Burton dans cette oeuvre décalée et grandiose. On croirait que c'est lui qui l'a écrite.

A mes yeux, Sweeney Todd est le meilleur film de Tim Burton. Les litres d'hémoglobine coulant délicatement sur les murs sales, les immeubles de Londres dont on ne sait s'ils sont réels, les dentelles usées d'Helena Bonham Carter, le four flamboyant et les rasoirs étincelants forment une danse macabre et splendide ; l'amour, toujours absolu, se marie à des jaillissements de sang, à des gorges tranchées en l'honneur d'une femme à la beauté impardonnable.
La violence, la souffrance et la saleté révèlent une insoupçonnable beauté tandis que ce que nous croyions beau devient blessant pour les yeux. La justice est infecte, le meurtre est juste ; le monstre est aimable, le notable est monstrueux.

Seul bémol, Burton ayant embauché tous les acteurs d'Harry Potter, je m'attendais toujours à voir le Bedeau se transformer en rat. Quoique ça n'aurait pas vraiment détonné...

jeudi 21 février 2008

Egalité juridique et égalité réelle


S'il y a une chose que je déteste entendre c'est bien des phrases du genre "vous avez l'égalité maintenant, de quoi vous vous plaignez, les gonzesses ?". Ça me met hors de moi.

Il y a égalité et égalité. Nous avons l'égalité juridique, c'est indéniable. A part quelques exceptions notables comme la transmission - scandaleusement patriarcale - du nom de famille, les
lois nous donnent ce à quoi nous avons droit moralement. Mais cela, ce n'est que la théorie. Qu'en est-il en pratique ?
Un rapport vient de sortir prouvant qu'en France en 2008, dans le vie de tout les jours, les femmes sont encore durement pénalisées. Un article du Monde souligne le point le plus visible (et le plus incontestable), le choix du secteur d'activité et la différence de rémunération.
Pour quoi l'égalité juridique n'entraîne-t-elle pas automatiquement l'égalité réelle ? Parce que d'une part les lois ne sont pas appliquées et d'autre part parce que les victimes ne portent pas plainte ! Nous vivons dans un pays où les victimes n'ont pas connaissance de leurs droits (combien de femmes savent qu'elles n'ont pas à porter le nom de leur mari ?) et les coupables n'ont pas conscience de mal faire...


Ce qui me parait central dans ce rapport, c'est la place des femmes dans la famille. On a tendance à penser que ce qui se passe dans les familles est du ressort des individus et qu'il ne faut pas s'en occuper. Pourtant, c'est là que tout se joue.


Les femmes s'occupent de la plupart des tâches ménagères, des enfants et des vieux. En plus du boulot quand elles bossent. Vous me direz, c'est leurs affaires. Pourquoi s'en mêler ? Ben tout simplement parce que les conséquences de ce phénomène nous touchent (ou devraient nous toucher) tous.
Des mômes élevés seulement par leur mère auront forcément tendance à reproduire le schéma. Alors à la génération suivante, les femmes auront encore du mal à "conjuguer la vie familiale et la vie professionnelle" comme on dit.
Des recruteurs habitués à voir leur épouse trimer à la maison refuseront d'embaucher des femmes qui seront, selon eux, plus prises par leur vie de famille que par leur vie professionnelle. Et hop, le taux de chômage qui fait un bond...
Des hommes habitués à être entourés de femmes cantonnées à leurs travaux domestiques (faisables par un enfant de dix ans) n'auront pas une grande estime d'elles. Si, en plus, elles restent à la maison, elles feront partie des meubles. On peut cogner alors...
Des femmes ayant été élevées par leurs maman et l'admirant follement feront tout pour lui ressembler et seront détruites par leur échec inévitable. Dépression, anorexie...
Je pourrais continuer longtemps...

A mon sens, ne pouvoir imaginer les femmes que comme les gardiennes de la famille et du foyer est la source de tous nos problèmes de sexisme. Et c'est aussi ce qui nous empêche de nous en sortir car, puisque les femmes sont solidaires de leur famille, de leurs pères, de leurs époux, elles ne sont pas solidaires entre elles et ne peuvent s'allier pour protester efficacement. La solidarité féminine n'est qu'un mythe de plus ; nous sommes élevées pour être rivales car notre valeur étant proportionnelle à l'attention que nous recevons, nous ne pouvons vivre et travailler ensemble.

jeudi 14 février 2008

Saint Valentin

La Saint-Valentin est sans doute la fête que je déteste le plus.

D'abord, c'est une fête qui n'est que commerciale. Noël est une fête commerciale, mais dans ce cas il y a au moins une base religieuse. Pour la Saint-Valentin, ce n'est pas le cas. Le saint en question, si je me souviens bien, est un moine qui a eu le malheur de finir brûlé vif. Je ne sais pas par quel hasard il s'est retrouvé saint patron des amoureux. En tout cas les fabricants de cartes de vœux ont bien choisi leur jour.

Ensuite, c'est une journée qui peut être très douloureuse pour tous les célibataires et les victimes de chagrins d'amour. C'est tellement injuste !

Et puis je déteste les cœurs, le rose, la guimauve. Quoiqu'un cœur gothique entouré de roses noires ça doit avoir de la gueule.

Et enfin... Choupinou oublie toujours de me faire un petit cadeau. Je vais encore finir cette journée comme le premier mai, à repenser à tous ces types que j'ai croisé dans la rue un bouquet de fleurs à la main en mangeant des raviolis devant la télé.