mercredi 31 décembre 2008

Une journée au Futuroscope


Me voilà pour le Nouvel An chez mes beaux-parents à Poitiers. Ma belle-mère avait gagné deux entrées gratuites pour le Futuroscope et nous les a données ; j'ai donc pu y passer une journée à peu des frais. Ca faisait longtemps que je n'y étais pas allée, d'autant plus qu'on passe souvent à côté : dans ces cas-là, on se dit qu'on ira la prochaine fois, et la fois suivant qu'on ira la fois d'après...
Bref, nous nous y sommes rendus malgré le froid et malgré l'évacuation qui avait eu lieu la veille pour cause d'alerte à la bombe. Ambiance de rêve ! Juste avant de partir, je me suis rendue sur le site du Futuroscope pour me faire une idée des films à voir, sachant qu'ils auraient bien changé depuis ma précédente visite (ça fait bien 5 ans !) ; ce site n'offrant pas une lisibilité exemplaire (en tout cas pas quand on n'a que 10 minutes et peu de patience), je suis partie sans plan de vol.

Nous sommes arrivés peu après dix heures, le parc venant juste d'ouvrir. Nous sommes allés directement au fond du parc, car nous avons remarqué au cours de nos visites dans d'autres parcs qu'à l'ouverture, les visiteurs s'agglutinent dans les premières attractions qu'ils trouvent. Au fond du parc, donc, nous nous sommes précipités dans l'attraction Danse avec les robots, qui n'existait pas la dernière fois que nous étions venus. A l'entrée, j'hésite un peu, je me sais petite nature dans les attractions qui secouent ; nous suivons le conseil de l'hôtesse et nous perchons sur une terrasse qui nous permet d'observer l'attraction en fonctionnement. Le ballet des énormes bras robotisés n'est pas des plus esthétiques, mais se faire balader de la sorte a l'air exaltant : je n'hésitais plus et j'ai accepté de tenter l'expérience, à la grande joie d'Arnaud qui est friand de ce genre de divertissement.

Danse avec les robots

Nous nous sommes engagés dans la queue avec enthousiasme malgré les 40 minutes d'attente prévus. La queue serpente dans un couloir obscur (j'ai horreur de ces queues où on se sait pas où on met les pieds) encadré par des photos et des exemples plus ou moins âgés de robots. On entend en boucle une insupportable voix provenant d'un robot qui se veut sympathique ; au bout de la queue j'étais prête à le dessouder sauvagement. Les consignes de sécurité (c'est toujours rassurant de savoir qu'on peut faire une crise cardiaque sur l'attraction) nous suggèrent de laisser nos affaires dans une boîtes prévue à cet effet ; je suis prête à retirer mon chapeau et mon écharpe, mais sans mes lunettes je suis aveugle... L'attraction a plusieurs niveaux de difficulté, de 1 à 3, et nous nous décidons pour le 2 : on n'est pas des mômes quand même. Nous avons aussi pu entendre les différentes chansons disponibles pour l'attraction : Le p'tit bal perdu de Bourvil, I love rock'n'roll de Joan Jett, Didi de Khaled, Stayin'alive des Bee Gees. C'est sur La Bamba que nous sommes passés.
Au début, le robot nous a baladés gentiment et pas très vite ; nous chantions à tue-tête. Juste après la première vrille qui m'a faite crier et rire, on nous prend en photo, tout rigolards. La sensation provoquée par l'attraction est très agréable et amusante, j'étais contente, jusqu'au dernier tiers de la manoeuvre : le robot nous a fait tourner de plus en plus vite et on s'est retrouvés plusieurs fois les pattes en l'air. C'était un peu trop fort pour moi, et je suis sortie en titubant, sous le regard inquiet des papas et les glapissements excités de leurs enfants. La prochaine fois, je resterai au niveau des mômes.

Pas loin de là se dresse un bâtiment rappelant un nanocristal noyé dans un isolant, vers lequel Arnaud m'a entraînée. Il s'agit d'un cinéma comportant un écran hémisphérique, sur lequel est projeté un film sur les dinosaures. Pas de quoi casser trois pattes à un canard, mais c'est joli et ça détend après s'être fait décoller la pulpe par un bras robotisé commandé par un programme qui me rappelle un peu HAL.
En attendant que les restaurants se désemplissent, nous avons assisté à un film en images de synthèse et en 3D, Le Seigneur du Ring. Le mot ring m'attire comme un aimant, mais le film ne parle pas spécialement de baston. Il s'agit plutôt d'explication (données par un personnage féminin fantasmé par un informaticien onaniste) sur la création d'un personnage virtuel ; l'ensemble est amusant et sympathique, bien que l'effet 3D soit souvent mal réalisé.

Slim et Killer, les deux Seigneurs du ring

Les restaurants étant toujours pleins, nous sommes allés oublier nos estomacs gargouillant dans le bâtiment qui ressemble à un cristal. Ce dernier abrite un écran gigantissime sur lequel est projeté un reportage sur une expédition en bateau sur le Nil Bleu. Les images sont très belles bien que l'histoire soit tellement raccourcie qu'on n'y comprend pas grand-chose (que font-ils là ? que cherchent-ils ? à quoi ça sert leur délire ?). L'écran emplit tout le champ de vision et l'effet est puissant, j'ai même eu une sensation de vertige devant le canyon du Nil Bleu en Ethiopie.

Affamés, nous avons renoncé à attendre et nous sommes entrés dans un fast-food bondé. La décoration est charmante ; des photos montrent des familles du monde entier posant devant leurs provisions pour une semaine, dans le but de montrer les différences de culture d'un continent à l'autre. Derrière moi dans la queue, un beauf s'écrie devant une photo d'une famille du Bhoutan :"je sais pas c'qu'y mangent mais c'est pas bon pour les dents !" avant de ricaner bêtement. Ben oui, ducon, si t'avais pas la Sécu pour te payer tes soins dentaires, t'aurais aussi un sourire en damier, et peut-être que tu la fermerais, ta grande gueule. Enfin, j'ai rien dit, on était là pour s'amuser, pas pour provoquer un scandale.
Le menu du restaurant était prometteur, mais la nourriture n'était vraiment pas bonne. Heureusement, on n'était pas chez Mickey et le prix était tout à fait correct. Enfin, la prochaine fois, on ira ailleurs.

Juste après le repas, nous nous sommes dirigés vers l'entrée du parc où plusieurs attractions nous intéressaient. Les horaires des séances nous ont imposé de commencer par Destination Cosmos, un film sur l'espace commenté par Pierre Arditi et projeté sur un écran hémisphérique. Franchement, j'ai détesté. On ne voit rien d'intéressant, on n'apprend rien et le texte est ridicule. Du temps perdu.
Nous avons ensuite subi une demi-heure de queue pour une nouvelle attraction, Les Animaux du Futur, où apparait Jamy Gourmaud. Les animaux présentés sont censés apparaître dans plusieurs millions d'années, ce qui autorise toutes les fantaisies de la part des concepteurs, du coup le spectacle est un peu artificiel. La technique de réalité augmentée mise en oeuvre est cependant très intéressante et le résultat est si joli que j'ai regretté qu'il soit si court.

La nouvelle attraction du futuroscope, basée sur le concept de réalité augmentée. A tenter !

Comme à chaque visite, nous nous sommes sentis obligés de revoir le film Vienne Dynamique. Il s'agit d'un cinéma dynamique présentant le département dans lequel a été construit le Futuroscope et qui m'a donné mon merveilleux époux. Je l'avais déjà vu et je l'avais adoré ; j'ai néanmoins été cette fois très déçue. L'ensemble a mal vielli : la salle d'attente comporte un écran géant constitué de 600 (oui, on a compté)... écrans cathodiques tellement vieux que Darty ne peut pas remplacer ceux qui sont défectueux. Les sièges dynamiques du cinéma sont en plastique tout dur, à l'ancienne, et les mouvements imprimés par les actionneurs antédiluviens sont sacadés, ce qui provoque quelques chocs douloureux pour le spectateur. Pour certains sièges, la position d'équilibre n'est plus horizontale, ça ne met pas en confiance. Enfin, le film lui-même est d'un ridicule achevé : je suppose que la souche enrhumée qui sert de guide au personnage principal est censée êst drôle, mais je n'ai pas entendu de rires. L'ensemble ne donne qu'une envie : faire du tourisme... à Paris.

La souche enrhumée (ça a un nom, ce truc, mais ne me demandez pas lequel) horripilante qui donne envie de fuir la Vienne.

Pour terminer notre visite, nous n'avons pas eu le courage de faire une heure de queue pour assister à l'une des attractions phares du parc. Nous avions déjà fait Atlantis au cours de notre précedente visite, nous avions beaucoup aimé. Nous nous sommes cette fois contentés de Sous les mers du monde, un film 3D projeté sur une écran hémisphérique, acheté par le parc à la Warner. Les voix sont celles de Johnny Depp et Kate Winslet (enfin, leurs doubleurs attitrés dans la version française) et la musique de Danny Elfman. La technologie est au point, quand un poisson vient se tortiller sous votre nez, on y croit. Le film de commenté de manière comique et la musique est superbe. C'est un film à ne rater sous aucun prétexte !

J'ai regretté de ne pas pouvoir faire l'intégralité du parc, alors qu'il n'avait pas l'air d'être plein. La capacité des salles de cinéma et surtout des attraction principales est bien trop faible pour tolérer un afflux de spectateurs tels que ceux des vacances scolaires. Certaines attractions sont trop vieilles ou peu intéressantes. Je pense que le parc serait plus attirant si les attractions "calmes" étaient instructives, le spectaculaire seul laisse un goût d'inachevé et ne donne pas envie de revenir.
Evidemment, on y retournera, même s'il faut payer l'entrée. Ca vaut le coup !

mardi 23 décembre 2008

Une bien jolie ville !

Me voilà en vacances pour Noël à Belfort. En bonne Facebbok addict, je l'ai immédiatement signalé dans mon statut Facebook, ce qui m'a valu quelques remarques acerbes à propos de ma ville de naissance.
Ca me fait un peu mal au cœur de constater à quel point Belfort a mauvaise réputation. Certes, il y fait soit très chaud, soit très froid, au point que j'ai plusieurs fois entendu "si tu viens t'installer à Belfort, tu as besoin de deux choses : un pull et des lunettes de soleil". En hiver, les vents glacés venant de l'est sibérien s'engouffrent entre Vosges et Jura, balayant la trouée de Belfort ; ce vent, la Bise, me fait l'effet du baiser du démon.
Malgré cela, Belfort est une jolie petite ville. C'est pas très grand et il ne s'y passe pas grand-chose, mais le peu qui existe vaut le détour.

Le fameux Lion de Belfort

J'ai une préférence marquée pour la Vieille Ville, faite de bâtiments charmants construits en grès rose des Vosges. Sur la place d'Armes se dressent la mairie et la cathédrale St-Christophe ; dans cette dernière, une grille sublime et un très bel orgue sont classés Monuments Historiques. Mais il vaut mieux se perdre dans les ruelles ponctuées de fontaines et d'escaliers, passer devant les vieilles bâtisses (quand j'étais petite, on disait que certaines étaient hantées), pour s'arrêter sur la terrasse d'un café ou monter vers le château.

Les grilles de la cathédrale St-Christophe

Le château abrite un musée militaire que j'ai toujours trouvé inintéressant au possible, mais on peut le parcourir à loisir, entre douves et pont-levis. Un peu partout, des caves humides à l'entrée barrées de grilles celent leur mystère. Au somment du château, une terrasse panoramique permet d'apprécier au premier plan les fortifications de Vauban (un parfait cas d'école de murs en étoile), au second plan la ville et ses toits d'ardoise, et en toile de fond la ligne bleue des Vosges.

Vue du château depuis la colline de la Miotte

La partie plus moderne de la ville abrite quelques détails valant le détour. Le musée Jardot contient la collection de peintures que Maurice Jardot a léguée à la ville à son décès. On y trouve des oeuvres de Chagall, Picasso, Braque, Léger... La gare dans son style Art Nouveau, la halle Fréry et les Faubourgs qu'il faut visiter le nez levé méritent eux aussi un petit détour.

On ne peut pas dire qu'il ne se passe rien non plus. Il y a bien les Eurockéennes, l'un des plus grands festivals de rock d'Europe, qui a lieu début juillet. Personnellement, j'essaie de ne pas rater le FIMU (Festival International de Musique Universitaire) qui permet d'assister gratuitement à des concerts de tous les styles, du classique au rock en passant par le jazz, les musiques traditionnelles de différents pays et des trucs bizarres, performés par des groupes d'étudiants du monde entier.
Plus prosaïquement, si vous passez à Belfort, faites-moi plaisir et arrêtez-vous au Bistrot des Moines rue Dreyfus-Schmidt, ils ont un choix de bières dont j'ai rarement trouvé l'égal.

Chorale vietnamienne au FIMU

Les environs de la ville regorgent de promenades à faire. Les étangs (celui des Forges, le Malsaucy), le canal, les forêts, permettent de retrouver un peu la nature que nous, parisiens d'adoptions, regrettons amèrement. Les Vosges, l'Alsace, et même le Jura si on a un peu de courage sont à quelques litres d'essence de Belfort. Un détour par Thann ou Besançon s'impose avant de retrouver la grisaille parisienne.

L'étang des Forges avec les Vosges en arrière-plan

jeudi 18 décembre 2008

Piled Higher and Deeper - Jorge Cham à l'X

De gauche à droite : Tajel, Cecilia, Jorge Cham et Mike. Des fois, je me demande qui est le plus réel...

Voilà maintenant plusieurs années que je suis avec enthousiasme les folles aventures de quatre doctorants - Mike Slackerny, Cecilia, Tajel, et le protagoniste anonyme - publiées sous forme de comic strips sur le web par Jorge Cham. Ca s'appelle Piled Higher and Deeper, mieux connu sous le nom de phD Comics.
Jorge Cham a commencé cette série au cours de son propre doctorat en robotique à Stanford. Diplôme en poche, il s'est fait embaucher par Caltech, mais n'a jamais cessé de dessiner. Finalement, Cham a abandonné sa carrière de chercheur pour se consacrer entièrement à son art.
Je pense que phD Comics est la plus grande private joke du monde. Les doctorants du monde entier se sont passé le mot pour rire de cette série qui décrit avec à-propos leurs pérégrinations dans le monde terrible de la recherche. Exploités, sous-payés, méprisés, incompris, les héros de phD Comics nous font nous sentir moins seuls. Surtout quand on perd notre temps à lire des BD sur le net ou à écrire des blogs au lieu de bosser... Car ces héros (ou plutôt anti-héros) ont élevés la glandouille (plus poliment appelée procrastination par l'auteur) au rang d'art salvateur.


Voilà quelque temps, les comic strips en ligne sont devenus des livres. Et Jorge Cham est parti en tournée dans le monde entier pour donner des conférences. Et il s'est arrêté à Polytechnique hier après-midi.

J'y suis donc allée accompagnée de mon compagnon de bureau Nha. La conférence avait été décalée en raison de la visite du président, et nous avons pu y aller en quittant notre bureau à 16h, pas trop tôt donc, sans honte.
Je me demandais ce que Cham pourrait bien nous raconter. Un résumé de sa carrière ? Comment se faire du fric sur le dos des doctorants, public jusqu'alors négligé ? Comment bien dessiner Cecilia ?
Après avoir traversé les bâtiments de Polytechnique à la recherche de l'amphi Arago (j'ai été un peu déçue par le campus... c'est propre, grand, mais vieillot, avec quelques relents d'architecture stalinienne...), j'ai eu ma réponse : ce n'est pas vraiment une conférence, c'est un one-man show ! Cham fait défiler les diapositives avec un pointeur laser dans la main, comme un professeur, mais le contenu n'a rien de sérieux.

Il a commencé par quelques blagues sur l'X, comparant les polytechniciens aux X-men, ainsi que M. et Mme Sarkozy à Magneto et Mystique. Inutile de dire que ce genre d'humour chauffe bien l'ambiance. Il nous a ensuite parlé (un peu) de lui, de son parcours, de son comic. Et puis il a enchaîné les blagues sur notre condition. Que c'était bon !

Une séance de dédicaces a suivi, et j'ai eu la chance de passer parmi les premiers. J'ai eu droit à un petit portrait, chose qui m'a fait énormément plaisir. Réflexion faite, il a dessiné Cecilia avec plus de cheveux... Ca m'a fait réfléchir... Eh oui, il faut bien que je l'admette, je suis une Cecilia...
Moi aussi je déprime en corrigeant mes copies...

Moi aussi je me sens seule dans une conversation normale...
Moi aussi, sans mon ordinateur, je suis un peu paumée...
Devant aussi, d'ailleurs...


Merci pour tout M. Cham !