A cinq mois et demi, ma grossesse commence à vraiment se voir. Travaillant dans un milieu plutôt masculin, je craignais un peu que de mauvaises réactions, mais à part quelques blagues pas drôles (t'as qu'à rouler, t'iras plus vite !), ça se passe super bien. En fait, je me fais chouchouter. Je pourrais râler au paternalisme, à la condescendance, mais j'ai juste l'impression que c'est de la gentillesse et j'apprécie.
On m'a aussi globalement épargné les clichés sur la grossesse, type les vannes sur les hormones. En même temps, j'ai bien fait comprendre à tout le monde que je ne supportais pas qu'on remette ma clarté d'esprit en doute. Mais il y a une phrase stéréotypée que j'entends souvent, même si ce n'est jamais dit sur une intention méchante : "la grossesse n'est pas une maladie !". La dernière fois qu'on me l'a sortie, je comparais le congé maternité marchait à un congé maladie de longue durée du point de vue de la sécu. Je l'entends aussi quand je parle des caisses prioritaires pour les femmes enceintes et ceux qui ont des soucis médicaux. C'est une réaction épidermique qui vient des hommes comme des femmes. Si je comprends bien et partage l'idée, la virulence avec laquelle cette phrase est généralement prononcée me choque.
Je me pose beaucoup de questions quant à la signification de cette phrase. La grossesse est quand même assez lourdement médicalisée : rendez-vous chez le gynéco tous les mois, tests sanguins et urinaires à répétition... Au moindre souci, on vous envoie chez le gynéco voire aux urgences pour vérification, et si vous hésitez, vous vous faites engueuler et traiter d'irresponsable (ça m'est arrivé à ma première grossesse). La grossesse est un moment fortement médicalisé de la vie d'une femme. J'ai quelquefois l'impression que c'est trop, mais quand je vois les statistiques de mortalité maternelle et infantile dans le monde, je me dis que ça vaut sans doute mieux. Peut-être qu'on pourrait faire des progrès du côté de la délicatesse du personnel médical pour ne pas stresser les patientes, c'est tout. En tout cas, il me parait normal de tracer des parallèles avec une situation de maladie, sans pour autant considérer que c'est la même chose.
Pourquoi est-ce ce rapprochement entre grossesse et maladie est-il si choquant ? La maladie est donc une honte, une truc crade qui ne saurait, en aucun cas être rapproché sémantiquement de la grossesse, ce qui est considéré comme un moment de grâce absolue ?
Je ne suis pas de celles qui s'éclatent à avoir un polichinelle dans le tiroir. J'adore mon fils et j'aime déjà à la folie le petit bout qui verra le jour bientôt ; je fais et ferai de bon cœur tous les efforts nécessaires et même plus pour la santé et le confort de mon bébé. Il n'empêche que ce n'est pas marrant d'être encombrée par ce bide vaguement douloureux, d'aller pisser toutes les 5 minutes, de ne pas pouvoir manger ce qu'on veut sans conséquences, sans compter les effets secondaires peu ragoûtants dont je suis victime et dont je ne parlerai pas ici par pudeur. Je ne vois vraiment pas comment on peut sacraliser cet état.
La maladie est un dysfonctionnement du corps, la grossesse un processus normal. Ce sont bien deux choses différentes que je ne compare pas. Néanmoins, dans les deux cas on passe par l'hôpital, on se frotte au personnel médical condescendant ou génial, on lutte avec la sécu et on galère physiquement. J'aimerais juste qu'on désacralise la grossesse et qu'on cesse de considérer la maladie comme quelque chose de sale ou honteux. Dire que la grossesse n'est pas une maladie serait alors une évidence qui ne serait plus prononcée d'un air scandalisé.
On m'a aussi globalement épargné les clichés sur la grossesse, type les vannes sur les hormones. En même temps, j'ai bien fait comprendre à tout le monde que je ne supportais pas qu'on remette ma clarté d'esprit en doute. Mais il y a une phrase stéréotypée que j'entends souvent, même si ce n'est jamais dit sur une intention méchante : "la grossesse n'est pas une maladie !". La dernière fois qu'on me l'a sortie, je comparais le congé maternité marchait à un congé maladie de longue durée du point de vue de la sécu. Je l'entends aussi quand je parle des caisses prioritaires pour les femmes enceintes et ceux qui ont des soucis médicaux. C'est une réaction épidermique qui vient des hommes comme des femmes. Si je comprends bien et partage l'idée, la virulence avec laquelle cette phrase est généralement prononcée me choque.
Je me pose beaucoup de questions quant à la signification de cette phrase. La grossesse est quand même assez lourdement médicalisée : rendez-vous chez le gynéco tous les mois, tests sanguins et urinaires à répétition... Au moindre souci, on vous envoie chez le gynéco voire aux urgences pour vérification, et si vous hésitez, vous vous faites engueuler et traiter d'irresponsable (ça m'est arrivé à ma première grossesse). La grossesse est un moment fortement médicalisé de la vie d'une femme. J'ai quelquefois l'impression que c'est trop, mais quand je vois les statistiques de mortalité maternelle et infantile dans le monde, je me dis que ça vaut sans doute mieux. Peut-être qu'on pourrait faire des progrès du côté de la délicatesse du personnel médical pour ne pas stresser les patientes, c'est tout. En tout cas, il me parait normal de tracer des parallèles avec une situation de maladie, sans pour autant considérer que c'est la même chose.
Pourquoi est-ce ce rapprochement entre grossesse et maladie est-il si choquant ? La maladie est donc une honte, une truc crade qui ne saurait, en aucun cas être rapproché sémantiquement de la grossesse, ce qui est considéré comme un moment de grâce absolue ?
Je ne suis pas de celles qui s'éclatent à avoir un polichinelle dans le tiroir. J'adore mon fils et j'aime déjà à la folie le petit bout qui verra le jour bientôt ; je fais et ferai de bon cœur tous les efforts nécessaires et même plus pour la santé et le confort de mon bébé. Il n'empêche que ce n'est pas marrant d'être encombrée par ce bide vaguement douloureux, d'aller pisser toutes les 5 minutes, de ne pas pouvoir manger ce qu'on veut sans conséquences, sans compter les effets secondaires peu ragoûtants dont je suis victime et dont je ne parlerai pas ici par pudeur. Je ne vois vraiment pas comment on peut sacraliser cet état.
La maladie est un dysfonctionnement du corps, la grossesse un processus normal. Ce sont bien deux choses différentes que je ne compare pas. Néanmoins, dans les deux cas on passe par l'hôpital, on se frotte au personnel médical condescendant ou génial, on lutte avec la sécu et on galère physiquement. J'aimerais juste qu'on désacralise la grossesse et qu'on cesse de considérer la maladie comme quelque chose de sale ou honteux. Dire que la grossesse n'est pas une maladie serait alors une évidence qui ne serait plus prononcée d'un air scandalisé.
Les photos sont de Anne Geddes.
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