Rappelons que M. Begag est chargé de recherche au CNRS et ancien ministre délégué à l'égalité des chances du gouvernement de Villepin.
Le dernier remaniement du gouvernement n'est pas un progrès pour la parité : 11 femmes pour 31 membres. On voit cependant arriver des représentants, en l'occurrence des représentantes, des minorités injustement écartées habituellement des instances dirigeantes françaises, tant politiques qu'économiques. Après Rachida Dati, Rama Yade et Fadela Amara, Jeannette Bougrab rejoint le gouvernement. Nicolas Sarkozy fait donc d'une pierre deux coups en nommant à la fois des femmes et des minorités (j'en profite pour rappeler qu'on ne peut qualifier les femmes de minorités, on est plus de 50 % de la population quand même !), histoire qu'elles servent de bouclier à la fois contre les accusations potentielles de racisme et de machisme. Ca va finir par se voir, quand même... Mais il ne faut pas se priver de se réjouir de voir des personnes issues de catégories de la population habituellement muselées accéder à des postes de pouvoir.
Le rôle d'alibi de ces femmes est bien dénoncé par M. Begag au début de sa tribune. Les "étrangères", on les tolère quand elles se taisent : d'après lui, Rama Yade et Fadela Amara étaient trop voyantes, bien trop causantes pour le gouvernement, au contraire de Nora Berra qui y est restée. M. Begag s'interroge ensuite sur le choix de ne représenter les minorités qu'à travers des femmes : "Ce n'est pas fortuit si ce ne sont que des femmes issues de l'immigration que Nicolas Sarkozy a promues au gouvernement." Je veux bien le croire, rien n'est fortuit en politique !
J'aurais naïvement pensé que le président a juste cherché à faire d'une pierre deux coups, comme je le disais plus haut. Pour M. Begag, ça va plus loin. "Cet affichage doit satisfaire l'électorat majoritaire pour qui les femmes d'origine immigrée ont une meilleure image que les hommes. Elles inspirent moins d'inquiétude." Là encore, je veux bien le croire. Aux yeux des racistes, une femme d'origine étrangère qui ne porte pas le voile représente l'intégration réussie, le "bon arabe", quoi. Et si en plus elle est jolie, ça décore avantageusement les marches de l'Elysée... Ce choix flatterait les racistes et les machos, beurk.
Mais comment réagissent les personnes d'origines étrangères ? Sont-elles satisfaites d'être enfin représentées ? "Au sein de la population arabo-musulmane de France, cette féminisation exclusive de l'intégration des minorités passe mal. Elle a un goût amer de provocation. Elle symbolise aux yeux de beaucoup une émasculation, une volonté de créer une image de vous qui vous paralyse, qui vous fait honte de ce que vous êtes, tellement elle est mauvaise..." Rien que ça ! Que les minorités soient représentées par des femmes est une "émasculation", l'image donnée par ces femmes "fait honte", "elle est mauvaise" ! Que ce soit un cliché de plus, que ce soit une image réductrice, je veux bien. Mais une telle violence dans les mots est puante. Que signifie cette phrase ? Est-ce une description du ressenti de toute la population arabo-musulmane (à laquelle fait partie M. Begag, il faut donc qu'il assume ces paroles), femmes comprises ? Ou une description du ressenti de quelques personnes qui exagèrent à peine ?
Que le choix de ces femmes soit une ènième manifestation du manichéisme "bon immigré/mauvais immigré", et que ce soit grave, je peux le concevoir. Mais est-ce que la seule raison ? Est-ce que ça veut dire forcément que les autres sont tous considérés comme des terroristes/exciseurs/polygames ? M. Begag n'hésite pas à l'écrire, sans aucun sens de la mesure.
Et il en rajoute : "Cette féminisation de l'élite politique issue de la diversité a accru le sentiment d'éviction des jeunes Arabes, alors que depuis trois décennies ce sont eux qui subissent la plus grosse charge des vexations, des humiliations et des violences sociales et économiques." J'aimerais avoir des faits pour étayer cette phrase. Les jeunes filles arabes ne souffrent pas de violence sociale et économique ? Stigmatisant Ni Putes Ni Soumises, se souvient-il de la raison pour laquelle l'association existe ?
Remarquez que nous sommes passés de "la population arabo-musulmane de France" à "des jeunes Arabes". Mais finalement, de qui parle cet article ? Qui interprète de manière si manichéenne et démesurée le choix de ces femmes ? Quelques gamins, une majorité des immigrés ou M. Begag lui-même ?
Continuons : "Ces nominations marquent une nouvelle étape dans les prérequis exigés des enfants de l'immigration désireux de faire carrière en politique : qu'ils soient des minorités invisibles et silencieuses." Jeannette Boughrab est donc silencieuse ? Elle a pourtant fait couler un peu d'encre quand elle a dirigé la HALDE... Invisible ? J'en doute. A moins que ce ne soit tout ce que retient M. Begag d'une femme politique... J'imagine qu'il veut dire que ces femmes sont poussées à être silencieuses (invisibles, non, en tant qu'alibi, ce serait absurde, et on ne peut pas dire que Rachida Dati et Rama Yade ait été invisibles), mais sa formulation est au mieux maladroite.
Il y a sans doute un fond de vrai dans ce que dit M. Begag, mais les conclusions qu'il en tire me font me demander s'il ne serait pas simplement jaloux d'être écarté du gouvernement alors que les gonzesses, elles...
Les mots de ce monsieur sont très violents envers les femmes.
RépondreSupprimerMais sans aller aussi loin, il touche une corde sensible, on veut bien des femmes, des d'origine de au gouvernement mais seulement si elles sont jolies et relativement jeunes.
Le fait d'incorporer uniquement des femmes d'origine immigré et belles est une façon très machiste et raciste de concevoir la politique, typique des mâles de 50 ans que sont nos politiques. On ne veut pas d'hommes parce que là ils seraient vraiment sur le même terrain que nous mais une femme??ça compte pas. En plus une jolie arabe ou noire, un bon vieux relent de colonialisme et de paternalisme, touche d’exotisme "regarder mes femmes exotiques", on veut bien de vos femmes mais pas de vous, héhé ça fait de belles photos.
Je ne considérerais pas la politique comme égalitaire quand il y aura autant de femmes et d'hommes, mais quand elles seront moches, auront un gros cul, que le président se ferra pas de photos avec uniquement elles, ce qui signifient qu'on les considère avant tout comme des femmes, ses femmes, avant des citoyennes qui font de la politique.