mardi 23 août 2011

Ce qu'on m'a appris sur les hommes

Il parait que les filles, quand elles sont entre elles, sont "pires que les hommes". Les filles entre elles, ça fait un peu fantasmer les hommes, ça les dégoûte un peu aussi. Plus vulgaires, plus directes, leurs discours seraient plus francs, plus intimes. Libérées du désir de plaire, elles se lâcheraient.
Je n'ai jamais été dans ce genre de discussions. Les rares fois où j'ai eu des échos sur la sexualité de mes connaissances, c'était plutôt des plaintes gênées. En outre, jamais je n'ai pu dire de gros mots sans soulever l'indignation. Je n'ai jamais partagé de moments intimes, câlins, ou coquins avec mes copines. Par contre, je me suis souvent trouvé dans des discussions où les femmes se plaignaient des hommes.
Messieurs qui rêvez de discussions débridées où nous célèbrerions vos performances sexuelles, déchantez. Voilà ce que j'ai entendu, voilà comment on vous voit.

D'abord, les hommes sont tous les mêmes. Tous, sans exception. Leur comportement peut varier en surface, selon l'éducation qu'ils ont reçue, mais au fond, ils fonctionnent tous de la même manière. Quand une femme pense être tombée sur la perle rare, celui qui est spécial, il y aura toujours un moment où, déçue, elle réalisera qu'il ne l'est pas tant que ça, et elle trouvera une copine pour lui dire, en soupirant : "c'est les hommes !".

Tous les hommes, donc, présentent une caractéristique aisée à appréhender : ils ont tous besoin de fourrer leur bite fréquemment dans un trou joliment orné. Ils sont tous des obsédés sexuels.
Fréquemment signifie que, s'il n'est pas satisfait par sa compagne, il ira forcément chercher ailleurs. En cas de tromperie, c'est forcément parce qu'il n'avait pas ce qu'il voulait à la maison : ce n'est pas qu'ils sont volages, c'est qu'ils ont des besoins, comme les animaux. Je dirai plus loin qu'ils sont insensibles, donc la satisfaction de leur besoin passe, chez eux, avant le désir de ne pas faire souffrir leur compagne. Les épouses sont donc perpétuellement en danger d'être trompées, et pour éviter cela, elles écartent les jambes, quitte à finir dégoûtées du sexe. Sinon, ben elles ne peuvent s'en prendre qu'à elles-mêmes.
Quand ils voient une jolie femme, le désir les rend stupides. Ils sont donc faciles à manipuler mais, revers de la médaille, volages. Un pétasse bien gaulée peut aisément vous piquer votre mec, et d'ailleurs, puisque c'est dans sa nature, à lui, d'être un neuneu devant un décolleté, c'est pas lui qu'il faut blâmer, mais cette salope.

Ce sont, en plus, des goinfres. On peut également les satisfaire en leur cuisinant des plats nourrissants en quantité raisonnable. Pas besoin, sauf pour quelques types d'esthètes un peu vantards, d'introduire des saveurs subtiles ni d'employer des moyens de cuisson compliqués : les choses simples et agréables suffisent, du moment que l'estomac est plein et que l'instinct du prédateur recherchant le sucre et le gras est satisfait. Ils ne peuvent pas apprécier la finesse d'une salade aux crevettes safranées et il vaut mieux leur servir des frites avec un bon steak (avec une sauce à l'échalotte qui leur donnera une excuser pour se bourrer de pain). Leurs besoins physiques les obnubilent et les empêchent d'apprécier les choses délicates.
Ils sont, sauf quelques tapettes vantardes, rustres dans leurs manières. La classe, la politesse, la douceur, leur sont étrangers. Ce n'est pas de leur faute, il sont insensibles. Ils se fichent de l'effet qu'ils produisent sur les autres (sauf lorsqu'ils provoquent des rires ou autres réactions qui les mettent en valeur), ils sont indifférents au mal qu'ils peuvent faire.Ils sont indifférents aux sentiments en général. Ce n'est pas qu'ils ressentent rien, c'est qu'ils sont incapable de s'y laisser aller : ils fuent lâchement les sentiments et les complications qu'ils engendrent. Du coup, à la télé ou au cinoche, pas de films d'amour, pas de drames : il leur faut des explosions, des course-poursuites, des corps déchiquetés, du rire gras et des filles à poil, sinon ils ne ressentent rien.

C'est moche, la violence à la télé, mais eux, ça leur plait. Au fond, ils sont tous un peu violents. Il faut se méfier d'eux, la baffe peut toujours partir, le coup de bite un peu trop rude peut toujours arriver. Et puis les prédateurs rôdent dans les rues... La violence des hommes peut être pratique quand il s'agit de vous défendre, mais quand elle vous retombe dessus...

L'insensibilité ajoutés à l'appétit de violence en fait des personnes peu fiables. A vrai dire, ils sont irresponsables en ce qui concerne les choses qui comptent vraiment : la maison, les gosses. Ils ne réfléchissent pas, quand il s'agit de ces choses-là. A la maison, ils n'ont aucun sens de l'organisation. De toute manière, ça ne les intéresse pas. Faut rien leur confier, faut tout faire soi-même, sinon bonjour la catastrophe.
Nuls pour prendre soin de leur logis et de leurs proches, ils sont aussi nuls pour prendre soin d'eux-mêmes. Ils sont sales. Ils dégueulassent la maison sans faire gaffe, et leur hygiène corporelle peut être douteuse. Ils aiment rester dans leur propre puanteur.
En fait, ils ne cherchent pas à plaire, ils ne cherchent pas à être beaux, agréables. C'est peine perdue : un homme, c'est moche. Autant une femme, c'est joli (la preuve, les publicitaires en mettent partout pour décorer les rues), autant un homme, c'est laid.

Les hommes sont orgueilleux, aussi. Pas en ce qui concerne leur physique, mais surtout en ce qui concerne leur force et leur habileté. Faut surtout pas qu'ils croient qu'on les prend pour des chochottes, ou des blaireaux. Faut surtout pas essayer de bricoler ou de dépanner la voiture : imaginez, si on y arrivait mieux qu'eux, ils seraient malheureux, ils se sentiraient menacés...

Edit : Je ne peux pas éviter de vous transmettre la réaction de mon époux à la lecture de ce post.
"Je ne pense pas qu'à baiser et à bouffer, moi !

- Ménon mon amour, je sais bien, c'était juste...
- Je pense à picoler, aussi, des fois !"
Pardon mon ange pour avoir oublié cet aspect incontournable de ta personnalité qui, j'en suis sûre, est partagé par de nombreux hommes !



Donc voilà, si on récapitule, les hommes sont des obsédés sexuels, rustres, goinfres, irresponsables, lâches, violents, insensibles, sales, puants, orgueilleux. Sympa, hein ?
Tous les aspects de la virilité qui rendent les phallocrates fiers sont aussi perçus ainsi par les femmes. Vous allez me dire qu'on se contrefout de l'avis de quelques greluches aigries. Toutes les femmes ne voient pas tous les hommes comme ça. Pourtant, cette vision est bien présente, bien ancrée dans l'esprit des femmes, et les petites filles reçoivent le message. On parle souvent de l'image des femmes, des stéréotypes qui nous empêchent d'avancer, mais l'image des hommes est aussi très handicapante, ne serait-ce que pour avoir le droit de s'épanouir avec ses enfants.
C'est du sexisme. Ce sexisme-là ne tue pas autant que le machisme, mais il est bien là. Je me demande comment les hommes machos, si fiers de leur virilité, supportent d'être considérés comme des animaux par celles qu'ils méprisent tant. Je comprends, sans trouver juste, qu'un homme puisse soutenir le système sexiste s'il s'y sent en situation de supériorité, s'il se sent admiré, si le système flatte son orgueil. Mais il faut bien ouvrir les yeux : dans ce système, l'homme n'est qu'un porc, il n'y a pas de quoi être fier. "Les hommes, les vrais" sont redoutés et méprisés ; ils ne sont tolérés que parce que les femmes croient ne pas avoir le choix.
On blâme le féminisme qui ferait de tous les hommes des agresseurs potentiels. C'est pourtant le système sexiste qui enferme les hommes ce rôle, en les présentant, tous, comme des bites sur pattes incapables de se contrôler, insensibles et irresponsables. C'est bien pratique pour violer des femmes de chambre en toute impunité, mais pas pour avoir une vraie relation constructive, basée sur la confiance et le respect, avec un autre être humain. Alors, merde, les mecs, si vous avez un peu d'estime de vous-même, arrêtez de vous accrocher à l'idée que votre pénis vous rend forts comme un bulot à son rocher. Ca ne vous rend pas plus désirable aux yeux des femmes. Battez-vous pour le droit d'être vous-mêmes, et pas un gorille croisé avec un porc.

24 commentaires:

  1. bravo camarade
    c'est exactement avec ce baratin sexiste que m'a mère s'est vengée du monde sur mon dos puisque j'étais sa seule victime sans défense pendant mon enfance !

    donc pour répondre à votre question de savoir comme un animal né avec le déterminant génétique taré du chromosome "y" peut vivre ça : ben très mal, je ne peux ni être un homme ni être une femme.

    vous expliquez remarquablement bien que c'est le système sexiste qui crée tout ça. je me tue à le dire depuis des années à mon entourage. mais comme je suis physiquement masculin, je n'ai aucune crédibilité et donc... très seul.
    voilà comment on vit ce genre de conscience.
    je ne me bat pas : je n'ai pas ça dans le sang. j'endure, et je m'accroche à ce que j'aime dans le monde pour fuir l'idée du suicide qui me taraude depuis l'enfance.

    RépondreSupprimer
  2. Merci Paul !
    Ca me fait toujorus plaisir de vous accueillir ici. (on peut se tutoyer ?)
    Une femme non plus n'aura aucune crédibilité, je pense. Elle sera toujours aigrie, mal-baisée, et j'en passe... Ceux qui nient la situation pour ne pas remettre en cause leurs croyances trouveront toujours des qualificatifs désobligeants à asséner lorsqu'ils se sentent menacés, quel que soit l'interlocuteur. Ce n'est pas vous... c'est eux !
    Vous vous battez, Paul, simplement en étant là, en refusant de devenir le salaud/crétin/boulet, même partiellement qu'on a tenté de vous faire devenir. C'est déjà ça, et c'est pas si facile que ça en a l'air.

    RépondreSupprimer
  3. merci Kalista. euh... vous me connaissez (j'veux dire, de passage sur d'autres sites de camarades) ? je sais pas hein. j'ai du mal à tutoyer. ça m'a valu beaucoup de déconvenues dans la vie et à chaque fois ça me brise un peu plus.

    Bref, j'ai horreur de tout vocabulaire guerrier de la famille de battre, combattre etc... je suis parfaitement capable de colère, et effectivement je suis une provocation de fait sans même rien dire. donc on me trouve très souvent agressif
    si je me bat c'est pas dans l'idée je veux dire de rivalité et d'affrontement, de se mesurer à l'autre etc... c'est simplement par colère et insupportation d'une situation.

    là je viens d'apprendre la nouvelle de l'abandon des charges contre l'ignoble dsk : je suis complètement assommé par cette horreur.

    mais votre texte sur le sexisme misandre véhiculé par beaucoup de femmes, comme ma mère pendant ma prime enfance sur moi, me ramène à ce que j'ai rencontré moi aussi très souvent : ne supportant pas les discussions stupides sexistes des garçons, je me suis beaucoup plus souvent retrouvé amis ou confidents de femmes... écoutant leurs discussions toutes aussi sexistes entre elles : ça se terminait toujours mal pour moi parce que tôt ou tard, je leur faisais remarquer que si elles avaient raison dans leur jugement sur les hommes, il leur fallait conséquemment revoir leur tendance régulière à toujours s'associer en priorité à ce type d'homme... et là évidemment, on me renvoie dans la gueule que je suis pire qu'eux, qui me sert d'une apparence trompeuse pour mieux les draguer...

    ce que je veux dire par là, c'est que ce système sexiste symétrique entre hommes et femmes est un cercle vicieux parce qu'il se conçoit comme universaliste : toutes les femmes sont comme ça et tous les hommes sont comme ça. donc cet universalisme interdit de concevoir d'autres relations et conception de soi à l'autre. on est donc prisonnier d'un universalisme, ou d'un totalitarisme culturel. c'est infernal.
    on rencontre le même phénomène quand en plus d'être profondément féministe, on est marxiste et donc communiste.
    la notion mensongère de démocratie capitaliste libérale est un universalisme autoévaluateur qui rend impossible toute critique du système.
    bref
    les bras m'en tombe là aujourd'hui avec en plus du mauvais temps, la libération de l'incarnation du mal.

    RépondreSupprimer
  4. Nous nous sommes croisés chez Euterpe et votre prose m'a marquée (favorablement bien sûr !).
    On peut se vouvoyer, pas de problème. Mon style est habituellement plus proche du "hé Loulou, tu prends l'apéro ?", mais j'aime l'élégance du vouvoiement et le changement.
    Pour le reste... Que dire d'autre que "je suis à 100% d'accord" ?

    RépondreSupprimer
  5. Ah bah mince, j'ai de sacrées conversations trashs avec mes copines, derrière la bonne rigolade je pense qu'il y a surtout l'échange d'informations, pour rassurer, soigner, apprendre, initier à l'image de la transmission du savoir organisé dans beaucoup de sociétés de la part des matriarches dédiées ou de la sœur ainée que cela soit le discours "ouvre les jambes et subis" ou "voilà comment se préparer et avoir du plaisir".
    On est certes informé techniquement par les livres, les magazines, les parents mais l'échange avec des amies est encore le meilleur moyen d'apprendre ou de trouver des explications (ou des fois de subir les modes). Je pense que c'est naturel d'échanger sur la sexualité comme tous autres sujets que ce soit entre femmes ou entre hommes. Derrière les fanfaronnades et les rires, il y a de vrais questions, qui sont d'autant plus recherchés que les fratries ne sont plus aussi grandes qu'avant qui permettait un transfert du "savoir" du grand frère ou de la grande sœur.

    Sinon 100% d'accord sur le sexisme que subisse les hommes. Une amie a rompu ses fiançailles car son fiancé rentrait crevé du boulot assez tard le soir et n'était donc pas trop motivé pour le sexe, chose impensable pour elle, alors qu'elle avait le droit elle d'être fatiguée.
    La peur du célibat est aussi telle qu'elles sont prêtes à accepter un macho tout en se plaignant de lui. Et évidemment ce genre de personnalités "faibles" est vite repéré par les dits-machos ravis de faire du chantage affectif pour avoir une bobonne et la boucle est bouclée.
    Mais ce sont elles qui n'ont pas posé de limites. J'ai beaucoup de mal à plaindre les femmes qui se plaignent que les pères de leurs enfants sont pas très doués avec leurs enfants en concluant "chacun ses rôles". Quand on fait son lit on se couche.

    J’observe souvent des couples où la femme interdit ou démoralise très vite un conjoint qui veut s'occuper de ses enfants ou prendre des initiatives dans le foyer, elles se gargarisent de mieux faire, mais s'en suit une fatigue, des plaintes, un conjoint déboussolé par les demandes contradictoires, une femme au final malheureuse parce qu'être la parfaite femme est difficile et ce n'est pas aussi épanouissant que ce que la société leur renvoie.

    RépondreSupprimer
  6. Je n'ai pas dit que les conversations débridées entre filles n'existaient pas, mais que ça ne m'était jamais arrivé. J'ai très peu de copines IRL. Quelque part, je le regrette ! En plus, chuis fille unique... :-(

    J'ai aussi vu des couples comme ceux que tu décris. Dans notre monde sexiste, tout le monde est coupable : les femmes qui se laissent faire et, quelquefois, en sont fières, et les hommes qui en profitent à fond. Et en même temps, on est tous victimes, parce qu'on le paye tous (les femmes peut-être plus violemment que les hommes, mais c'est pas une raison pour laisser ces derniers sur le carreau).
    Le plus insidieux, peut-être, c'est que les conséquences néfastes pour tout le monde sont cachées...

    RépondreSupprimer
  7. Bonjour Kalista
    Je voulais vous contacter par mail, groupé avec euterpe héloïse et d'autres féministes, pour vous envoyer des fichiers d'un projet littéraire faisant suite à chanson d'orage qui est en ligne sur mon site.
    pouvez-vous, si ça vous intéresse, me contacter par mail comme indiqué sur le front de mon site danse de plume ?
    amicalement
    paul

    RépondreSupprimer
  8. J'ai grandi avec la peur des hommes représentant un danger imprécis car, dans ma famille, on ne parlait de rien, ni d'amour, ni de relations sexuelles, tout cela étant "sale", seulement de mariage. Hors sacrement, point de salut. J'ai compris à demi-mots que les hommes ne pensaient qu'à vous mettre dans leur lit, sans aucun sentiment, et qu'il était du devoir des femmes "bien" de se protéger.
    Comme vous pouvez vous en douter, cette éducation n'amène pas à développer des relations de confiance, égalitaires, de partage avec les hommes. Je me suis conformée à ce qu'on attendait de moi même si je me suis rebellée intérieurement.
    Bien sûr, je me suis cassée la figure et finalement aujourd'hui (à 54 ans) grâce à un travail sur moi, je m'en sors bien, me fais confiance, me respecte et apprécie ma propre compagnie, ce qui me ouvre la voie à des relations épanouies, sans crainte, bénéfiques à tous.
    Jusqu'à la lecture de votre texte, je n'avais pas conscience que les hommes, enfermés dans d'autres stéréotypes, pouvaient également souffrir. Je les voyais comme ceux qui en tiraient profit.
    Merci de me faire réfléchir.
    Chantal

    RépondreSupprimer
  9. @ Paul : voilà qui est fait !

    @ Chantal : Merci pour ce commentaire qui m'a beaucoup touchée. J'ai connu des femmes de votre âge qui sont quelque peu dans votre cas. J'admire toujours les femmes qui arrivent à se rebeller contre ce que leur éducation leur a imposé, même intérieurement. Je suis ravie d'avoir pu vous apporter un tout petit quelque chose...
    Au plaisir de vous retrouver !

    RépondreSupprimer
  10. Un homme qui ne pense pas être un porc26 août 2011 à 19:34

    Cet article est bien construit. J'étais révolté à mi-lecture contre tant de stéréotypes nauséabonds, mais le retournement dans les derniers paragraphes produit son effet. Vous montrez bien le poids de l'éducation dans la construction de ces clichés débiles. En tout cas, ravi de voir qu'au moins certaines féministes (ou anti-sexistes) ont suffisamment d'empathie pour s'apercevoir que ce genre de problèmes touche les deux sexes.

    L'anecdote de lyly sur l'homme trop fatigué le soir pour le sexe, je l'ai vécue. J'ai dû dire non 5 fois d'affilée et écarter les jambes... pour empêcher une ex de m'enlever mon caleçon sous la couette, alors que j'étais crevé et devais me lever tôt. Dans le sens inverse on aurait sûrement appelé ça une tentative de viol. Mais c'est bon, les hommes ne sont pas censés être des tendres alors on s'en remettra ;-)

    RépondreSupprimer
  11. Je pense que toutes les féministes sont bien conscientes du poids des stéréotypes sur les hommes. Si cela transparait très peu dans nos discours, c'est à cause de l'urgence à dénoncer les violences dont sont victimes les femmes.
    A la base, nous vivons tous dans un système sexiste qui nous enferme tous dans des rôles binaires. Tout le monde en souffre. C'est douloureux pour les hommes, très douloureux pour certains. Mais pour les femmes, les effets de ce système sont dramatiques. Ca ne veut pas dire qu'il faut laisser les hommes sur le carreau, bien sûr. On donne la priorité, dans nos discours, aux formes les plus destructrices du sexisme.
    Votre anecdote (désolée, je ne trouve pas le bon mot...) est totalement pertinente. Les hommes sont censés être toujours en demande de sexe, jamais fatigués, jamais victimes, jamais blessés psychologiquement. Qui plus est, l'image du viol (erronée, j'en ai parlé par ailleurs) ne correspond pas à votre cas.
    Nous sommes tous dans le même bateau. Les hommes du bateau sont forcés de balancer les femmes à la flotte et de ramer tout seuls comme des damnés. Quelle ânerie ! Pourquoi personne ne se mutine ?

    RépondreSupprimer
  12. euh... si y'a des gens qui se mutinent, pas forcément de façon isolée d'ailleurs...
    mais voilà : l'accord collectif écrasé de terreur de tous à l'égard de tous fait que les mutins et mutines sont immédiatement écrasés, exclus, déconsidérés... bref, diversement éliminés.

    autrement, oui je suis d'accord pour dire que l'exemple du précédent camarade n'est pas de l'ordre du viol : il est de l'ordre du non respect d'autrui, d'être pris comme un objet sexuel, un jouet, une chose. et ça génère donc quelque chose d'humiliant et de très blessant.
    mais ce n'est pas encore un viol : dans le viol il y a plus que la dimension de projection de représentation. il y a la domination totale, matérielle du corps que l'on force à l'action désirée autant que la domination de l'esprit qu'on soumet à s'identifier à l'identité qu'on projète sur lui : c'est de la négation d'autrui encore plus que de la dévalorisation. c'est de la destruction. et ça génère un traumatisme total.

    en général, la principale femme capable de violer un homme, c'est sa mère quant il est jeune, enfant ou adolescent, car elle a encore sur lui un potentiel de domination psychologique et parfois physique, suffisant pour le détruire totalement, puisqu'il est dépendant psychologiquement des relations de représentation de lui par ses parents.

    après c'est beaucoup plus rare voir presque impossible.

    enfin j'dis ça, mais bon... moi j'suis tombé dans les pommes la première fois qu'on m'a fait comprendre "qu'il fallait copuler". donc je sais pas ce que c'est , mais j'ai pas trop envie de recommencer hein... donc j'suis sacrément secoué depuis longtemps. mais j'appelle pas ça avoir été violé du tout

    RépondreSupprimer
  13. Un homme qui ne pense pas être un porc a dit…28 août 2011 à 18:05

    Kalista,

    > toutes les féministes sont bien conscientes du poids
    > des stéréotypes sur les hommes.

    Permettez-moi d'en douter. J'ai croisé quelques femmes se disant féministes qui avaient l'air de penser d'une façon manichéenne assez proche de ce que vous décrivez dans la première partie de votre article. Il y a des extrémistes partout, malheureusement, et celles-là ne servent pas bien votre cause.

    Paul :

    > c'est de la destruction. et ça génère un traumatisme
    > total.

    Je ne suis pas expert, mais pour moi un viol c'est quand une personne veut forcer une autre à avoir un rapport sexuel non consenti (quelle qu'en soit la raison, fatigue ou autre). Le viol ne se définit pas par rapport à l'intensité du traumatisme subi par la victime - même si il est indéniable qu'un tel traumatisme existe. Et le viol existe aussi entre conjoints, il me semble.

    Cela dit, je n'ai pas prétendu avoir subi un viol. Mon argument était de dire que si j'avais fait cela à une femme (ou à celle qui m'a fait ça par exemple), elle aurait probablement pu appeler cela une tentative de viol.

    Mais comme je suis un homme et qu'elle ne s'attendait pas à ce que je dise non, elle ne s'est sans doute pas rendue compte de la violence de son acte. Quand elle a enfin laissé tomber, elle s'est mise à pleurer, pensant que je ne la désirais pas. Elle n'était peut-être pas habituée non plus à ce qu'on lui dise non.

    Paul, votre expérience a peut-être été traumatisante, mais si on ne vous a pas forcé à le faire je n'appellerais pas ça un viol non plus. Faire l'amour entre deux personnes qui se respectent est beaucoup plus agréable que de le faire quand on n'est pas prêt. J'étais aussi très intimidé la première fois, c'est assez normal je pense. Il faut juste y aller progressivement et avec quelqu'un qui saura aller à votre rythme.

    RépondreSupprimer
  14. au précédent camarade : je comprends bien votre objection. l'idée de la question du consentement me paraît juste.
    mais précisément, moi comme beaucoup d'autres personnes écrasées par les obligations sociales, n'avons pas vraiment notre choix libre dans tout ça !
    on ne couche pas par choix et désir personnel. ça s'impose à vous par les circonstances. et à un moment on vous fait comprendre "qu'il faut y aller".
    on y va parce que l'autre a un pouvoir d'autorité sociale sur nous.
    donc en fait on est jamais "prêt".
    j'ai connu pas mal de femmes m'ayant raconter que leurs expériences étaient comparable à la mienne.
    on se plie aux convenances qui nous imposent de coucher parce qu'autrement on perd toute valeur aux yeux de l'autre dont on attend en fait l'affection qui ne viendra jamais.
    (j'avais 22 ans lors de la première fois, j'en ai cinquante et un actuellement et il y a longtemps que je n'espère plus aucune affection de personne, justement parce que coucher, pour moi, c'est une corvée.)

    RépondreSupprimer
  15. @ Paul : j'en connais qui se seraient bien mutinés mais ils ont vite baissé les bras. Comme vous dites, on les décourage rapidement. Rien que le fait d'être là et de ne pas se comporter selon les critères machistes, c'est déjà énorme. Mais pour que la société avance vraiment, il faudrait une révolution...

    @ Celui qui n'est pas un porc : Ce femmes dont vous parlez ne sont pas, à mon sens, des féministes. Elle ne connaissent du féminisme que ce qui les arrange et ce que les médias leurs servent. Elles se réclament du féminisme en ignorant toute la dimension antisexiste et toute la pensée qui est derrière... Elles sont bruyantes et confortent les anti-féministes dans leurs conviction.
    Ca mériterait peut-être un article. Merci pour m'avoir soufflé l'idée, je suis en panne d'inspiration, en ce moment... ;-)

    Pour le reste, messieurs, s'il faut mettre un mot sur ces actes, je parlerais volontiers d'agression sexuelle. C'est sans doute la définition judiciaire qui collerait le mieux. Malheureusement, la traumatisme lié aux agressions sexuelles est sous-estimé par nos con-citoyens.

    RépondreSupprimer
  16. @kalista
    la grosse majorité des gens considère le féminisme comme "la défense" des femmes et placent donc directement les choses sous l'angle de l'agression, de l'opposition entre deux camps, donc opposition entre misogynie et misandrie et par là, ne font que reproduire le sexisme et l'essentialisme qui sont les cibles du féminisme.
    ça tient à mon avis au fait que le féminisme est une réflexion théorique profonde sur l'anthropologie sociale et que cela demande un effort d'abstraction, de conceptualisation pour lequel il faut se sortir de sa souffrance individuelle, de son cas local et particulier, pour regarder ce qui est non apparent, le phénomène social et anthropologique.
    Or la plus part des gens en restent à leur observations de souffrances locales et individuelles et n'arrivent jamais à regarder le phénomène social.
    il y a la même énorme difficulté avec le marxisme.
    au lieu de comprendre comment est générée et entretenu la lutte des classe, les gens la reproduisent en l'exacerbant alors que le marxisme cherche précisément à faire sortir les gens de ce mécanisme.

    ça aussi, ça me fait souvent baisser les bras.
    il reste que je continue ma vie en n'ayant pas intégré ces schémas et en tentant partout de proposer autre chose que cette reproduction de culture sexiste, rivalitaire etc...

    RépondreSupprimer
  17. Celui qui ne croit toujours pas être un porc mais aurait dû prendre un autre pseudo1 septembre 2011 à 22:35

    Paul,

    A vous lire, votre expérience a dû être vraiment traumatisante. Pour ma part je n'ai pas n'ai pas senti une obligation sociale de coucher, sinon je l'aurais fait avant 20 ans - cette pression est déjà là à l'adolescence de nos jours.

    >autrement on perd toute valeur aux yeux de l'autre
    >dont on attend en fait l'affection qui ne viendra
    >jamais.[...] il y a longtemps que je n'espère plus >aucune affection de personne, justement parce que
    >coucher, pour moi, c'est une corvée.

    Ca me paraît bien pessimiste tout ça. Il y a encore des gens capables de donner de la tendresse, certain(e)s même indépendamment du sexe.

    @ kalista
    Content de vous donner une idée d'article. En fait on pourrait parler de féminisme 1.0 (le féminisme bête et méchant, manichéen, pensant en terme de guerre des sexes) et de féminisme 2.0, plus éclairé, modéré, pragmatique. Y aurait-il un meilleur mot qu'anti-sexisme" ?

    Concernant l'anecdote, agression sexuelle, c'est le mot en effet. Pour ma part il n'y a pas eu de traumatisme mais suite à cet incident je ne suis pas resté avec cette personne. Je ne peux pas rester avec quelqu'un qui n'écoute pas quand je dis non 5 fois d'affilée.

    RépondreSupprimer
  18. @ Celui qui devrait se choisir un pseudo plus court ;-) : Je n'ai pas beaucoup de temps en ce moment (ce week-end, peut-être ?) mais c'est dans ma pile de brouillons. Je ne dis pas que c'est le prochain qui sortira, mais il me trotte en tête.
    A mon avis (forgé sur Wikipedia, ça vaut ce que ça vaut) c'est peut-être lié à la fameuse "troisième génération" du féminisme. La seconde contenait le MLF, non mixte, ce qui, en son contexte, se tenait. Aujourd'hui, à part les grosses urgences comme la lutte contre le viol et pour le droit à l'avortement et la contraception, le féminisme vise surtout à changer les mentalités, s'appuyant, entre autre, sur la fameuse théorie du genre qui fait l'actu. J'y reviendrai dans mon billet.

    RépondreSupprimer
  19. Bravo Kalista !
    Encore un article génial. Merci beaucoup, ça fait du bien de lire ça.
    C'est vrai que souvent on pense plus à parler du sexisme concernant les femmes. En réalité pourtant, c'est tout aussi vrai que c'est assez handicapant. J'ai par exemple un ami qui souffre de cela, parce qu'il ne correspond pas au portrait dépeint dans cet article et par beaucoup de gens, et qu'on le lui reproche autant qu'on me reproche d'être féministe.

    RépondreSupprimer
  20. @ Emily : Merci !
    Le modèle viril a été si valorisé qu'on ne pense pas toujours à le remettre en question. Les femmes ont voulu investir les lieux réservés aux hommes, nous commençons seulement à y avoir accès et à constater à quel point leur monde est pourri...

    RépondreSupprimer
  21. @ Kalista
    "Les femmes ont voulu investir les lieux réservés aux hommes, nous commençons seulement à y avoir accès et à constater à quel point leur monde est pourri... "

    et vous allez peut-être vous rendre compte que ces lieux réservés aux hommes, du fait qu'ils procèdent d'un monde profondément mal intentionné, donc pourri, ne sont pas des lieux enviables...

    et que donc il va falloir se mettre à construire un monde fondé sur d'autres bases que celles du monde viril qui, comme je le répète à l'envie sur mon île déserte, doit être un modèle banni définitivement de toute culture car il n'y a rien de bon à en tirer.

    RépondreSupprimer
  22. @ paul : il faut surtout savoir prendre du recul, faire la part des choses... On encourage les hommes à construire, les femmes à conserver. Ces valeurs doivent être conservées et partagées entre les sexes. L'agressivité virile, elle, doit évidemment être bannie.

    RépondreSupprimer
  23. "C'est bien pratique pour violer des femmes de chambre en toute impunité, mais pas pour avoir une vraie relation constructive, basée sur la confiance et le respect, avec un autre être humain."
    C'est une bien belle phrase, (enfin, le début de la phrase moins, hein, juste la fin) mais ce type de relation n'est pas accessible à tout le monde. La découverte de l'altérité suppose d'avoir une solide image de soi car c'est à la fois la plus belle et la plus terrifiante des expériences. A mon avis, la seule qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue. Mais dans l'expérience de l'altérité, il y a toujours la peur viscérale de disparaître, diluer dans l'Autre. Il faut donc bien du courage, pour choisir ce type de relation, car la confortable médiocrité de la relation de domination/asservissement de l'autre est plus aisée à mettre en place et maintenir. Je pense pour ma part, que la plupart se contentent de ça, car il ne sont pas capable de mieux. C'est assez triste pour eux. En ce qui me concerne, j'aspire à plus ^^
    Céline a dit : "L'amour c'est l'infini mis à la portée des caniches", j'adore cette citation, car je trouve qu'elle contient à la fois toute la misère humaine et en même temps, un espoir fou de changement et de sublimation. bref, je ne suis pas sure d'être très claire, je manque un peu de sommeil en ce moment ^^ Je finis un peu exaltée ;p

    RépondreSupprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.