Me voilà de retour de mon voyage au Vietnam et, comme promis, voilà le récit.
Nous sommes partis en famille, à 10.
Il y avait d'abord Mamie. Ma grand-mère adorée est née au Vietnam il y a bientôt 80 ans. Après une enfance et une jeunesse mouvementée, elle a épousé mon grand-père, un militaire français, et l'a suivi en France après la débâcle de Dien Bien Phu. Mon grand-père n'est maintenant plus de ce monde. Mamie a mis au monde 6 enfants, et elle a maintenant 11 petit-enfants et 4 arrière-petits-enfants. Elle veille sur sa smala comme une louve tendre et protectrice. Il est impossible de ne pas l'aimer ! Elle retourne au Vietnam régulièrement et elle a des copains à Hanoi comme dans la ville où elle est née.
Il y avait aussi Tonton et Tata. Tata est la dernière fille de Mamie, la soeur de ma mère. Elle est une mère de famille attentive qui adore les petits, et elle est très attachée à ses racines vietnamiennes. Tonton est un pater familias alliant d'excellentes qualités sportives à un esprit brillant. C'était leur quatrième voyage au Vietnam et c'est eux qui l'avaient organisé.
Les 3 filles de Tonton et Tata, mes cousines germaines si vous avez bien suivi, étaient aussi du voyage. Ces adorables petites filles ont de 5 à 11 ans, et je les aime de tout mon coeur.
Tonton a emmené son petit frère Sam, un artiste à l'humour décapant. Nous le connaissons depuis quelque temps déjà et nous étions ravis de le voir se joindre à nous.
Nous n'avons pas emmené le Lutin, pour lui éviter un voyage long et éprouvant dont il ne garderait pas vraiment de souvenir : nous l'avons laissé chez mes parents. Ceux-ci étaient allés au Vietnam quelques années auparavant et en avaient gardé un souvenir ému. Nous n'étions donc que 3, Chéri, Hobbit et moi. J'ai violemment étouffé ma peine en laissant mon bébé pour deux longues semaines et je suis partie, comme anesthésiée.
Nous avons donc laissé Paris derrière nous, lundi 25 juillet. C'était la première fois que mon Hobbit prenait l'avion (Doudou aussi - voir la photo ci-contre), et il en rêvait : il a passé tous les contrôles avec sérieux et application. Nous avons volé avec Aeroflot, avec escale à Moscou, et j'ai beaucoup apprécié les services de la compagnie.
Nous sommes arrivés à Hanoi mardi matin, après une nuit dans l'avion plutôt difficile, sauf pour le Hobbit qui a dormi 9 heures, soit pendant tout le vol Moscou-Hanoi. J'étais fatiguée, j'avais envie de descendre, et je ne pensais à me dégourdir les jambes, pas au voyage. Les écrans vidéos, au cours de l'atterrissage, montraient tous les images capturées par les caméras situées autour de l'avion pour nous permettre de suivre la manoeuvre. Ce n'est qu'au bout de quelques minutes que j'ai réalisé que le paysage que j'avais sous les yeux étaient ma première vision du Vietnam. Ma gorge s'est serrée. Enfin, j'y étais, je voyais et je survolais ce pays dont j'entendais parler depuis toujours. C'était là où ma Mamie chérie était née, là où mon Papy l'avait aimée, là où mes ancêtres reposent.
Nous savions qu'en été, il faisait un temps très chaud et humide à Hanoi, mais la descente de l'avion a été rude. Entre le savoir et le vivre, il y a une différence ! A la sortie de l'aéroport, Viet, un guide que Tonton et Tata connaissent bien, nous attendait. Il nous a immédiatement embarqués dans un minibus climatisé (béni soit l'inventeur de la clim). Le trajet entre l'aéroport et Hanoi dure une petite heure. J'ai dévoré le paysage des yeux : les bananiers, les reflets rosés du Fleuve Rouge, les habitations étroites, hautes et profondes, les motos, les rizières, les chapeaux côniques et les paniers portés sur un bâton sur l'épaule (ci-contre). Tata a remarqué que la circulation était légère et Viet lui a répondu que les Vietnamiens restaient chez eux pour éviter la chaleur. Ben oui, il n'y a que ces imbéciles de touristes pour se balader par ce temps, ai-je songé avant de m'endormir.
Je me suis réveillée devant l'hôtel. Sur leur site, le Royal Hôtel était alléchant, mais nous avons vité déchanté. L'attribution des chambres a été très longue, car l'hôtel n'arrivait pas à donner des chambres où les petites seraient proches de leurs parents. Les chambres étaient loin d'offrir les prestations vantées sur le site internet. La peinture était défraîchie, la décoration vieillotte, les meubles usés, les draps tachés et déchirés par endroits, les rideaux un peu arrachés, la climatisation poussive (lorsqu'elle daignait fonctionner), les salles de bains peu fonctionnelles avec un carrelage aux joints brunis. Nous nous sommes douchés vite fait sans eau chaude avant de nous coucher dans les chambres étouffantes où la climatisation n'avait pas encore pu chasser la chaleur.
Mamie, elle, avait appelé la veille de notre départ l'hôtel où elle avait ses habitudes. Il était dans la même rue que le nôtre, à 100 mètres, mais comme il n'offrait pas de petit-déjeuner, nous avions tenté l'autre (ce que je commençais déjà à regretter). L'hôtel était propret, tenu par des gens adorables qui avaient viré un client d'une chambre au premier étage pour la donner à Mamie. Au Vietnam, on respecte et on prend soin des aînés, et le personnel de l'hôtel chouchoutait ma grand-mère.
Nous l'avons laissée se reposer (elle n'avait presque pas dormi dans l'avion) et nous nous sommes réunis à 14h dans le hall de l'hôtel (enfin, le couloir de l'entrée où le bureau d'accueil avait été placé). Nous sommes sortis profiter de Hanoi.
Il n'y avait toujours pas grand-monde dans les rues écrasées de chaleur. Quelques Vietnamiens attendaient les clients sur le seuil de leurs boutiques pour touristes, installés avec des ventilateurs pussiéreux sur des tabourets en plastique. Les maisons sont décrépies, et des odeurs pas très agréables s'échappent des portes ouvertes. Par endroits, les rues sont surplombées de paquets de câbles électriques emmêlés et connectés de manière peu orthodoxe.
Nous avons traversé quelques rues pour nous rendre à la banque. La traversée d'une rue à Hanoi, au milieu des motos, c'est une aventure à part entière. Il faut connaître le truc : malgré la peur paralysante à l'approche d'un véhicule lancé à plein vitesse, il faut avancer à allure constante. Les conducteurs peuvent ainsi anticiper le trajet du piéton et l'éviter. Un concert de klaxons se fait entendre, signifiant à celui qu'on croise qu'on l'a vu. Le klaxon est plus proche d'un salut que de l'avertissement rageur qu'on Parisien émettrait. Les conducteurs vietnamiens sont calmes et ne râlent pas. Ca change.
Après avoir changé nos devises à la banque (youhou, on est millionnaires !... en dongs...), nous nous sommes dirigés vers un restaurant climatisé, le City View, qui surplombe le quartier. Nous ne pouvions plus rester dehors ! Nous n'avions pas mangé et avons pris quelques plats malgré l'heure tardive. J'ai goûté des crevettes au curry, un peu trop piquantes à mon goût (j'aurais dû y penser avant des commander !) mais délicieuses. On a goûté à la Tiger beer (photo à gauche), qui restera notre favorite jusqu'à la fin du séjour. Les enfants se sont amusés à regarder l'aquarium qui ornementait la pièce sous le regard attendri des serveuses. Les Vietnamiens adorent les enfants et craquent devant les petits Européens comme nous pouvons devenir gâteux devant un bébé asiatique. Ils manisfestent leur affection par des câlins et des caresses qu'ils prodiguent aux petits même s'ils ne les connaissent pas, ce qui surprend au début. J'ai trouvé le moyen de m'endormir sur la table. Je commançais à me sentir franchement mal : frissons, courbatures, maux de tête, vertiges... Nous sommes de nouveau rentrés à l'hôtel pour profiter de sa relative fraîcheur avant le dîner.
Nous sommes passés chercher Mamie pour dîner. Pas question de nous fourvoyer dans les gargottes à touristes, nous voulons manger comme les Vietnamiens. Ceux-ci mangent quand ils peuvent, à toute heure. D'innombrables vendeurs de plats variés sont installés dans les rues à même le trottoir. Il y a aussi beaucoup de petits restaurants, proposant un plat unique ou en nombre réduit, dont un en face de l'hôtel de Mamie où nous nous sommes attablés. Dans ce restaurant à l'apparence crasseuse et aux murs lépreux, nous avons dégusté un succulent bun tranh (impossible de retrouver l'orthographe exacte). Il s'agit d'une soupe de buns (vermicelles de riz), avec des raviolis, de la viande, et des crevettes. Mamie a commandé pour nous en vietnamien avec sa voix d'ancienne respectée et s'attendant à être immédiatement obéie. Elle a veillé à ce que tout le monde soit servi et puisse manger jusqu'à satiété, nous couvant de son regard de louve., alors que la serveuse remuait ciel et terre pour la satisfaire. Avec la chaleur et mes maux de tête, j'avais du mal à manger. Le restaurant nous a fourni du Coca et des bières qui n'étaient pas frais, ça n'a pas aidé. La patronne nous a proposé des glaçons, mais nous avons craint que notre organisme ne puisse pas tolérer les glaçons issus de l'eau du robinet vietnamienne.
S'il y a une adresse à connaître à Hanoi, c'est celle de chez Fanny. Ce glacier a été ouvert au centre de Hanoi par un français, ancien élève de Lenôtre. Les glaces sont évidemment exceptionnelles, et servies pour un prix qu'un Européen trouvera modique (1€ la boule) par un personnel pas vraiment efficace. La carte propose les parfums classiques (chocolat, fraise...) mais aussi des parfums moins conventionnels (cacahuète, avocat...). On s'est régalés, les enfants étaient ravis.
Pour se rendre de Fanny et l'hôtel, il faut faire le tour du lac Hoan Kiem (la photo ci-contre n'est pas de moi, hélas). C'est la promenade vespérale favorite des habitants de Hanoi. Ils s'y promènent, y font du sport, ou s'y installent, assis sur les incontournables tabourets en plastique. La bruit de la circulation est assourdissant. Le lac est bordé d'arbres dont les branches tourmentées s'étendent avec grâce vers l'eau, dans la nuit éclairée par des lanternes multicolores des des panneaux publiciaires.
Nous avons retrouvé l'hôtel plongé dans l'obscurité par une coupure d'électricité. Nous sommes rentrés à tâtons dans nos chambres. Non seulement il y faisait noir, ce qui terrorisait mon hobbit, mais sans électricité, la climatisation ne pouvait fonctionner ! Nous nous sommes couchés en espérant que l'électricité reviendrait vite. Effectivement, l'électricité a pu être remise rapidement. Néanmoins, quatre coupures ont troublé notre nuit. A chaque fois, le courant n'a pas pu être remis rapidement et les chambres ont eu le temps de se réchauffer.
Mes maux de tête s'étaient aggravés. Je suis descendue péniblement prendre le petit déjeuner. La nourriture était tout à fait satisfaisante à mon goût (le riz cantonais et les nouilles sautées au réveil, j'adore !), mais il a fallu se battre pour avoir des verres : le serveur chargé de la vaisselle était bien trop occupé sur internet pour les laver. C'est là que nous avons découvert le café vietnamien, très fort, avec un arrière-goût qu'aucun d'entre nous n'a pu supporter. Nous sommes restés au thé.
Je me sentais vraiment mal, un coup de chaud, sans doute. Il était clair que je ne pourrais pas participer aux activités du jour (et pourtant, j'en mourrais d'envie). Nous devions visiter Hanoi : le mausolée de Ho Chi Minh, le temple de la littérature, le musée, le théâtre de marionnettes sur l'eau. Je suis passée voir Mamie pour la prévenir que je restais et que je mangerais avec elle, puisqu'elle zappait aussi la visite, puis je suis allée me recoucher dans ma chambre enfin rafraîchie.
J'ai rejoint Mamie à son hôtel à midi et demi. Elle était installée dans le hall de son hôtel avec trois employées. Elles mangeaient ensemble un plat que j'ai identifié depuis comme étant le bun cha, sur les canapés et tables basses qui se trouvaient là. Mamie m'a présentée, et je l'ai entendu prononcer en vietnamien avec affection le nom de ma mère qui avait logé dans leur hôtel. Elles m'ont invitée à partager leur repas en parlant de mon malaise en vietnamien. Elles m'ont touché le bras au lieu du front pour mesurer ma fièvre et m'ont proposé de rester avec elles plutôt que seule dans mon hôtel. Elle ont désigné une porte au fond du couloir en m'expliquant que c'était là que mes parents avaient dormi et que je pouvais y aller si je voulais. J'ai préféré retourner dans ma chambre, avec mes livres et mon téléphone connecté au wifi, et je les ai remerciées d'une manière que j'espère assez chaleureuse pour exprimer ma reconnaissance infinie.
A l'hôtel, une nouvelle coupure d'électricité a coupé la climatisation, mais cette fois, elle ne s'est pas remise en route toute seule dès le retour du courant. J'ai lutté avec la télécommande, sans succès. J'étais trop petite pour atteindre la climatisation, et j'ai dû me résoudre à rester allongée sous le ventilateur qui brassait un air de plus en plus chaud.
A son retour, mon mari a réussi, on ne sait pas par quel miracle, à rallumer la clim en la tripatouillant avec ses bras plus longs que les miens. Ouf, je commençais à fondre. Hobbit a raconté sa journée avec enthousiasme. Le théâtre de marionnettes sur l'eau lui a laissé un excellent souvenir. J'aurais tellement voulu être là !
Le soir venu, nous sommes allés dîner tous ensemble.
On ne peut pas venir à Hanoi sans manger un pho. Mamie nous en fait souvent, c'est un délice. Le bouillon mijotte pendant des heures. A la demande, le bouillon est versé dans un bol contenant des pâtes de riz, et on ajoute de la viande, des oignons et des herbes. Nous nous sommes installés chez une vendeuse de pho dans la rue, sur les tabourets en plastique et les tables en formica. Le pho ayant mijotté toute la journée dans la marmitte cabossée d'une vendeuse vietnamienne a une saveur unique, celle de l'authenticité, que n'ont pas les pho des grands restaurants. Nous avons pris la précaution d'acheter nos boissons à la supérette du coin, où elles étaient fraiches, et avons en outre commandé des bahn cuon chez une autre cuisinière de rue (photo ci-contre) pour la plus petite des gamines qui en est friande (enfin, juste un peu plus que jes autres !). Les touristes passaient en nous regardant d'un air étonné : hé oui, on peut manger sans crainte dans la rue, la bouffe est bonne et ça ne rend pas malade ! Oui, la casserole est cabossée, vu que la cuisinière est pauvre, mais elle est propre. Les jours suivants, nous avons vu de plus en plus de touristes attablés dans notre rue.
La seconde nuit a été moins agitée. L'électricité a tenu le coup et je me sentais mieux le lendemain. Nous avons laissé les enfants à Mamie et nous sommes allés dans la célèbre Rue de la Soie, à deux pas de là, pour acheter des fringues.
On y trouve beaucoup de robes et de costumes traditionnels vietnamiens et chinois en soie, pour des prix assez modiques (dans les 70$, négociable). Je me serais bien laissée tenter, mais comme je n'aurais jamais l'occasion de les porter, j'ai renoncé. Nous avons cependant acheté un t-shirt brodé pour le Hobbit qui en mourait d'envie, et deux t-shirts de geeks mangeurs de pho. Nous avons enfin trouvé une boutique pas chère, climatisée (ça joue beaucoup sur l'envie d'acheter, mine de rien), avec des vendeurs parlant français, où mon mari a commandé un costume sur mesure pour 160$. On a fait le plein de cravates en soie et je me suis trouvé une robe et un chemisier adorables.
Nous sommes rentrés retrouver les enfants et manger. Nous avons, cette fois, opté pour une gargotte proposant une demi-douzaine de plats. J'y ai mangé des crevettes aux champignons délicieuses et les groupe a englouti des kilos de porc au caramel.
Nous devions partir le soir même pour Sapa. Notre guide nous avait dit que nous pourrions garder nos chambres jusqu'au soir, mais le personnel de l'hôtel a insisté pour que nous partions à midi. Nous avons déposé nos bagages à l'hôtel de Mamie qui ne participerait pas à l'excursion. J'avais confiance, le personnel de l'hôtel prendrait bien soin d'elle.
L'après-midi, je n'ai pas voulu tenter le diable. Je suis restée au frais dans la chambre que mes parents avaient occupée dans l'hôtel de Mamie. Les enfants ont souhaité rester avec moi, ils ont joué calmement devant la télé. Voir les dessins animés en vietnamien ne les a pas dérangés plus que ça.
Nous nous sommes hâtés d'aller manger avant de partir en excursion. Nous avons trouvé un petit restaurant coquet dans la rue d'à côté, pas très cher et avec une carte en anglais. L'endroit été visiblement prévu pour les touristes, et proposait des hamburgers autant que de la cuisine vietnamienne. Nous avons cependant très bien mangé.
Le soir, notre guide Viet nous a rejoints pour apprendre que notre hôtel nous avait littéralement jetés dehors. Il s'y est immédiatement rendu pour les enguirlander. Vu la tête qu'il faisait, j'aurais pas aimé être à leur place. Il nous a ensuite embarqués dans deux taxis pour le départ...
La suite * ici * !
Nous sommes partis en famille, à 10.
Il y avait d'abord Mamie. Ma grand-mère adorée est née au Vietnam il y a bientôt 80 ans. Après une enfance et une jeunesse mouvementée, elle a épousé mon grand-père, un militaire français, et l'a suivi en France après la débâcle de Dien Bien Phu. Mon grand-père n'est maintenant plus de ce monde. Mamie a mis au monde 6 enfants, et elle a maintenant 11 petit-enfants et 4 arrière-petits-enfants. Elle veille sur sa smala comme une louve tendre et protectrice. Il est impossible de ne pas l'aimer ! Elle retourne au Vietnam régulièrement et elle a des copains à Hanoi comme dans la ville où elle est née.
Il y avait aussi Tonton et Tata. Tata est la dernière fille de Mamie, la soeur de ma mère. Elle est une mère de famille attentive qui adore les petits, et elle est très attachée à ses racines vietnamiennes. Tonton est un pater familias alliant d'excellentes qualités sportives à un esprit brillant. C'était leur quatrième voyage au Vietnam et c'est eux qui l'avaient organisé.
Les 3 filles de Tonton et Tata, mes cousines germaines si vous avez bien suivi, étaient aussi du voyage. Ces adorables petites filles ont de 5 à 11 ans, et je les aime de tout mon coeur.
Tonton a emmené son petit frère Sam, un artiste à l'humour décapant. Nous le connaissons depuis quelque temps déjà et nous étions ravis de le voir se joindre à nous.
Nous n'avons pas emmené le Lutin, pour lui éviter un voyage long et éprouvant dont il ne garderait pas vraiment de souvenir : nous l'avons laissé chez mes parents. Ceux-ci étaient allés au Vietnam quelques années auparavant et en avaient gardé un souvenir ému. Nous n'étions donc que 3, Chéri, Hobbit et moi. J'ai violemment étouffé ma peine en laissant mon bébé pour deux longues semaines et je suis partie, comme anesthésiée.
Nous avons donc laissé Paris derrière nous, lundi 25 juillet. C'était la première fois que mon Hobbit prenait l'avion (Doudou aussi - voir la photo ci-contre), et il en rêvait : il a passé tous les contrôles avec sérieux et application. Nous avons volé avec Aeroflot, avec escale à Moscou, et j'ai beaucoup apprécié les services de la compagnie.
Nous sommes arrivés à Hanoi mardi matin, après une nuit dans l'avion plutôt difficile, sauf pour le Hobbit qui a dormi 9 heures, soit pendant tout le vol Moscou-Hanoi. J'étais fatiguée, j'avais envie de descendre, et je ne pensais à me dégourdir les jambes, pas au voyage. Les écrans vidéos, au cours de l'atterrissage, montraient tous les images capturées par les caméras situées autour de l'avion pour nous permettre de suivre la manoeuvre. Ce n'est qu'au bout de quelques minutes que j'ai réalisé que le paysage que j'avais sous les yeux étaient ma première vision du Vietnam. Ma gorge s'est serrée. Enfin, j'y étais, je voyais et je survolais ce pays dont j'entendais parler depuis toujours. C'était là où ma Mamie chérie était née, là où mon Papy l'avait aimée, là où mes ancêtres reposent.
Nous savions qu'en été, il faisait un temps très chaud et humide à Hanoi, mais la descente de l'avion a été rude. Entre le savoir et le vivre, il y a une différence ! A la sortie de l'aéroport, Viet, un guide que Tonton et Tata connaissent bien, nous attendait. Il nous a immédiatement embarqués dans un minibus climatisé (béni soit l'inventeur de la clim). Le trajet entre l'aéroport et Hanoi dure une petite heure. J'ai dévoré le paysage des yeux : les bananiers, les reflets rosés du Fleuve Rouge, les habitations étroites, hautes et profondes, les motos, les rizières, les chapeaux côniques et les paniers portés sur un bâton sur l'épaule (ci-contre). Tata a remarqué que la circulation était légère et Viet lui a répondu que les Vietnamiens restaient chez eux pour éviter la chaleur. Ben oui, il n'y a que ces imbéciles de touristes pour se balader par ce temps, ai-je songé avant de m'endormir.
Je me suis réveillée devant l'hôtel. Sur leur site, le Royal Hôtel était alléchant, mais nous avons vité déchanté. L'attribution des chambres a été très longue, car l'hôtel n'arrivait pas à donner des chambres où les petites seraient proches de leurs parents. Les chambres étaient loin d'offrir les prestations vantées sur le site internet. La peinture était défraîchie, la décoration vieillotte, les meubles usés, les draps tachés et déchirés par endroits, les rideaux un peu arrachés, la climatisation poussive (lorsqu'elle daignait fonctionner), les salles de bains peu fonctionnelles avec un carrelage aux joints brunis. Nous nous sommes douchés vite fait sans eau chaude avant de nous coucher dans les chambres étouffantes où la climatisation n'avait pas encore pu chasser la chaleur.
Mamie, elle, avait appelé la veille de notre départ l'hôtel où elle avait ses habitudes. Il était dans la même rue que le nôtre, à 100 mètres, mais comme il n'offrait pas de petit-déjeuner, nous avions tenté l'autre (ce que je commençais déjà à regretter). L'hôtel était propret, tenu par des gens adorables qui avaient viré un client d'une chambre au premier étage pour la donner à Mamie. Au Vietnam, on respecte et on prend soin des aînés, et le personnel de l'hôtel chouchoutait ma grand-mère.
Nous l'avons laissée se reposer (elle n'avait presque pas dormi dans l'avion) et nous nous sommes réunis à 14h dans le hall de l'hôtel (enfin, le couloir de l'entrée où le bureau d'accueil avait été placé). Nous sommes sortis profiter de Hanoi.
Il n'y avait toujours pas grand-monde dans les rues écrasées de chaleur. Quelques Vietnamiens attendaient les clients sur le seuil de leurs boutiques pour touristes, installés avec des ventilateurs pussiéreux sur des tabourets en plastique. Les maisons sont décrépies, et des odeurs pas très agréables s'échappent des portes ouvertes. Par endroits, les rues sont surplombées de paquets de câbles électriques emmêlés et connectés de manière peu orthodoxe.
Nous avons traversé quelques rues pour nous rendre à la banque. La traversée d'une rue à Hanoi, au milieu des motos, c'est une aventure à part entière. Il faut connaître le truc : malgré la peur paralysante à l'approche d'un véhicule lancé à plein vitesse, il faut avancer à allure constante. Les conducteurs peuvent ainsi anticiper le trajet du piéton et l'éviter. Un concert de klaxons se fait entendre, signifiant à celui qu'on croise qu'on l'a vu. Le klaxon est plus proche d'un salut que de l'avertissement rageur qu'on Parisien émettrait. Les conducteurs vietnamiens sont calmes et ne râlent pas. Ca change.
Après avoir changé nos devises à la banque (youhou, on est millionnaires !... en dongs...), nous nous sommes dirigés vers un restaurant climatisé, le City View, qui surplombe le quartier. Nous ne pouvions plus rester dehors ! Nous n'avions pas mangé et avons pris quelques plats malgré l'heure tardive. J'ai goûté des crevettes au curry, un peu trop piquantes à mon goût (j'aurais dû y penser avant des commander !) mais délicieuses. On a goûté à la Tiger beer (photo à gauche), qui restera notre favorite jusqu'à la fin du séjour. Les enfants se sont amusés à regarder l'aquarium qui ornementait la pièce sous le regard attendri des serveuses. Les Vietnamiens adorent les enfants et craquent devant les petits Européens comme nous pouvons devenir gâteux devant un bébé asiatique. Ils manisfestent leur affection par des câlins et des caresses qu'ils prodiguent aux petits même s'ils ne les connaissent pas, ce qui surprend au début. J'ai trouvé le moyen de m'endormir sur la table. Je commançais à me sentir franchement mal : frissons, courbatures, maux de tête, vertiges... Nous sommes de nouveau rentrés à l'hôtel pour profiter de sa relative fraîcheur avant le dîner.
Nous sommes passés chercher Mamie pour dîner. Pas question de nous fourvoyer dans les gargottes à touristes, nous voulons manger comme les Vietnamiens. Ceux-ci mangent quand ils peuvent, à toute heure. D'innombrables vendeurs de plats variés sont installés dans les rues à même le trottoir. Il y a aussi beaucoup de petits restaurants, proposant un plat unique ou en nombre réduit, dont un en face de l'hôtel de Mamie où nous nous sommes attablés. Dans ce restaurant à l'apparence crasseuse et aux murs lépreux, nous avons dégusté un succulent bun tranh (impossible de retrouver l'orthographe exacte). Il s'agit d'une soupe de buns (vermicelles de riz), avec des raviolis, de la viande, et des crevettes. Mamie a commandé pour nous en vietnamien avec sa voix d'ancienne respectée et s'attendant à être immédiatement obéie. Elle a veillé à ce que tout le monde soit servi et puisse manger jusqu'à satiété, nous couvant de son regard de louve., alors que la serveuse remuait ciel et terre pour la satisfaire. Avec la chaleur et mes maux de tête, j'avais du mal à manger. Le restaurant nous a fourni du Coca et des bières qui n'étaient pas frais, ça n'a pas aidé. La patronne nous a proposé des glaçons, mais nous avons craint que notre organisme ne puisse pas tolérer les glaçons issus de l'eau du robinet vietnamienne.
S'il y a une adresse à connaître à Hanoi, c'est celle de chez Fanny. Ce glacier a été ouvert au centre de Hanoi par un français, ancien élève de Lenôtre. Les glaces sont évidemment exceptionnelles, et servies pour un prix qu'un Européen trouvera modique (1€ la boule) par un personnel pas vraiment efficace. La carte propose les parfums classiques (chocolat, fraise...) mais aussi des parfums moins conventionnels (cacahuète, avocat...). On s'est régalés, les enfants étaient ravis.
Pour se rendre de Fanny et l'hôtel, il faut faire le tour du lac Hoan Kiem (la photo ci-contre n'est pas de moi, hélas). C'est la promenade vespérale favorite des habitants de Hanoi. Ils s'y promènent, y font du sport, ou s'y installent, assis sur les incontournables tabourets en plastique. La bruit de la circulation est assourdissant. Le lac est bordé d'arbres dont les branches tourmentées s'étendent avec grâce vers l'eau, dans la nuit éclairée par des lanternes multicolores des des panneaux publiciaires.
Nous avons retrouvé l'hôtel plongé dans l'obscurité par une coupure d'électricité. Nous sommes rentrés à tâtons dans nos chambres. Non seulement il y faisait noir, ce qui terrorisait mon hobbit, mais sans électricité, la climatisation ne pouvait fonctionner ! Nous nous sommes couchés en espérant que l'électricité reviendrait vite. Effectivement, l'électricité a pu être remise rapidement. Néanmoins, quatre coupures ont troublé notre nuit. A chaque fois, le courant n'a pas pu être remis rapidement et les chambres ont eu le temps de se réchauffer.
Mes maux de tête s'étaient aggravés. Je suis descendue péniblement prendre le petit déjeuner. La nourriture était tout à fait satisfaisante à mon goût (le riz cantonais et les nouilles sautées au réveil, j'adore !), mais il a fallu se battre pour avoir des verres : le serveur chargé de la vaisselle était bien trop occupé sur internet pour les laver. C'est là que nous avons découvert le café vietnamien, très fort, avec un arrière-goût qu'aucun d'entre nous n'a pu supporter. Nous sommes restés au thé.
Je me sentais vraiment mal, un coup de chaud, sans doute. Il était clair que je ne pourrais pas participer aux activités du jour (et pourtant, j'en mourrais d'envie). Nous devions visiter Hanoi : le mausolée de Ho Chi Minh, le temple de la littérature, le musée, le théâtre de marionnettes sur l'eau. Je suis passée voir Mamie pour la prévenir que je restais et que je mangerais avec elle, puisqu'elle zappait aussi la visite, puis je suis allée me recoucher dans ma chambre enfin rafraîchie.
J'ai rejoint Mamie à son hôtel à midi et demi. Elle était installée dans le hall de son hôtel avec trois employées. Elles mangeaient ensemble un plat que j'ai identifié depuis comme étant le bun cha, sur les canapés et tables basses qui se trouvaient là. Mamie m'a présentée, et je l'ai entendu prononcer en vietnamien avec affection le nom de ma mère qui avait logé dans leur hôtel. Elles m'ont invitée à partager leur repas en parlant de mon malaise en vietnamien. Elles m'ont touché le bras au lieu du front pour mesurer ma fièvre et m'ont proposé de rester avec elles plutôt que seule dans mon hôtel. Elle ont désigné une porte au fond du couloir en m'expliquant que c'était là que mes parents avaient dormi et que je pouvais y aller si je voulais. J'ai préféré retourner dans ma chambre, avec mes livres et mon téléphone connecté au wifi, et je les ai remerciées d'une manière que j'espère assez chaleureuse pour exprimer ma reconnaissance infinie.
A l'hôtel, une nouvelle coupure d'électricité a coupé la climatisation, mais cette fois, elle ne s'est pas remise en route toute seule dès le retour du courant. J'ai lutté avec la télécommande, sans succès. J'étais trop petite pour atteindre la climatisation, et j'ai dû me résoudre à rester allongée sous le ventilateur qui brassait un air de plus en plus chaud.
A son retour, mon mari a réussi, on ne sait pas par quel miracle, à rallumer la clim en la tripatouillant avec ses bras plus longs que les miens. Ouf, je commençais à fondre. Hobbit a raconté sa journée avec enthousiasme. Le théâtre de marionnettes sur l'eau lui a laissé un excellent souvenir. J'aurais tellement voulu être là !
Le soir venu, nous sommes allés dîner tous ensemble.
On ne peut pas venir à Hanoi sans manger un pho. Mamie nous en fait souvent, c'est un délice. Le bouillon mijotte pendant des heures. A la demande, le bouillon est versé dans un bol contenant des pâtes de riz, et on ajoute de la viande, des oignons et des herbes. Nous nous sommes installés chez une vendeuse de pho dans la rue, sur les tabourets en plastique et les tables en formica. Le pho ayant mijotté toute la journée dans la marmitte cabossée d'une vendeuse vietnamienne a une saveur unique, celle de l'authenticité, que n'ont pas les pho des grands restaurants. Nous avons pris la précaution d'acheter nos boissons à la supérette du coin, où elles étaient fraiches, et avons en outre commandé des bahn cuon chez une autre cuisinière de rue (photo ci-contre) pour la plus petite des gamines qui en est friande (enfin, juste un peu plus que jes autres !). Les touristes passaient en nous regardant d'un air étonné : hé oui, on peut manger sans crainte dans la rue, la bouffe est bonne et ça ne rend pas malade ! Oui, la casserole est cabossée, vu que la cuisinière est pauvre, mais elle est propre. Les jours suivants, nous avons vu de plus en plus de touristes attablés dans notre rue.
La seconde nuit a été moins agitée. L'électricité a tenu le coup et je me sentais mieux le lendemain. Nous avons laissé les enfants à Mamie et nous sommes allés dans la célèbre Rue de la Soie, à deux pas de là, pour acheter des fringues.
On y trouve beaucoup de robes et de costumes traditionnels vietnamiens et chinois en soie, pour des prix assez modiques (dans les 70$, négociable). Je me serais bien laissée tenter, mais comme je n'aurais jamais l'occasion de les porter, j'ai renoncé. Nous avons cependant acheté un t-shirt brodé pour le Hobbit qui en mourait d'envie, et deux t-shirts de geeks mangeurs de pho. Nous avons enfin trouvé une boutique pas chère, climatisée (ça joue beaucoup sur l'envie d'acheter, mine de rien), avec des vendeurs parlant français, où mon mari a commandé un costume sur mesure pour 160$. On a fait le plein de cravates en soie et je me suis trouvé une robe et un chemisier adorables.
Nous sommes rentrés retrouver les enfants et manger. Nous avons, cette fois, opté pour une gargotte proposant une demi-douzaine de plats. J'y ai mangé des crevettes aux champignons délicieuses et les groupe a englouti des kilos de porc au caramel.
Nous devions partir le soir même pour Sapa. Notre guide nous avait dit que nous pourrions garder nos chambres jusqu'au soir, mais le personnel de l'hôtel a insisté pour que nous partions à midi. Nous avons déposé nos bagages à l'hôtel de Mamie qui ne participerait pas à l'excursion. J'avais confiance, le personnel de l'hôtel prendrait bien soin d'elle.
L'après-midi, je n'ai pas voulu tenter le diable. Je suis restée au frais dans la chambre que mes parents avaient occupée dans l'hôtel de Mamie. Les enfants ont souhaité rester avec moi, ils ont joué calmement devant la télé. Voir les dessins animés en vietnamien ne les a pas dérangés plus que ça.
Nous nous sommes hâtés d'aller manger avant de partir en excursion. Nous avons trouvé un petit restaurant coquet dans la rue d'à côté, pas très cher et avec une carte en anglais. L'endroit été visiblement prévu pour les touristes, et proposait des hamburgers autant que de la cuisine vietnamienne. Nous avons cependant très bien mangé.
Le soir, notre guide Viet nous a rejoints pour apprendre que notre hôtel nous avait littéralement jetés dehors. Il s'y est immédiatement rendu pour les enguirlander. Vu la tête qu'il faisait, j'aurais pas aimé être à leur place. Il nous a ensuite embarqués dans deux taxis pour le départ...
La suite * ici * !
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