jeudi 8 septembre 2011

Les harpies

On les appelle des fois les féministes radicales. Des fois, les féministes victimaires (ça fait toujours savant, les néologisme). Ou plus simplement, les féministes extrémistes. Pour certaines personnes, par ignorance ou par pure mauvaise foi, elles sont les féministes, tout simplement.
Ce sont des castratrices. Elles voudraient dominer les hommes. Elles voudraient les priver de leurs enfants. Elles les voient tous comme des monstres. Elles ne perdent jamais une occasion de salir les hommes. DSK serait leur dernière victime : bafouant la présomption d'innocence, elles auraient profité de la situation pour lui faire expier une faute incombant, dans leur délire, à l'ensemble des hommes. Mères indignes, elles élèvent leurs enfants dans la haine et la peur, ou au contraire dans un amour étouffant.
On les compare aux Harpies, car elles harcèlent les hommes, ou les Érinyes, parce qu'elles cherchent avec acharnement la vengeance. Elles trimballent, scotché à leurs godasses, tout le bestiaire monstrueux des Grecs, de la Gorgone au regard pétrifiant à Lamia la dévoreuse d'enfants. Elles sont la fureur à face humaine, elles sont l'allégorie. On les craint, on les montre du doigt. On dit aux petites filles : voilà à quoi tu ressembleras si tu sors du rang.

J'ai déjà relevé par ailleurs qu'on serait bien en peine de citer le nom d'une d'entre elles. Médiatiquement, elles ont quelque chose du dahu : on en parle souvent, mais personne ne les a vues. On envoie les pigistes à la chasse pendant la saison des marronniers et, bredouilles, ils racontent, pour ne pas perdre la face, des ramassis de lieux communs.

Ce n'est pas très difficile de les trouver, ces lieux communs. Ces femmes existent, du moins anonymement : le pigiste n'a qu'à aller discuter avec Tata Gertrude ou la femme du boucher. On a tous croisé certaines d'entre elles à un moment ou à un autre. On a tous entendu une femme dire "moi, je suis féministe, parce que les hommes sont des salauds" ou "moi, je suis féministe, parce que les femmes valent mieux que les hommes". On ne les voit pas à la télévision, elles n'écrivent pas de livres et, si elles sévissent sur la toile, leur Klout ne vole pas très haut.
Qui sont-elles ?

Le stéréotype engendre le stéréotype. Brisées par les efforts surhumains qu'elles ont accomplis pour entre dans des cases trop petites pour elles (tout le monde n'est pas Batman), punies par leurs pairs pour leur échec, châtiées  pour avoir voulu vivre leur vie comme elles l'entendaient ou, au contraire, laminées par le sexisme qui tire profit des femmes qui ont consciencieusement intériorisé les stéréotypes, méprisées car pas assez jolies, frustrées par des carrières au ralenti, exploitées au foyer, violentées, violées, la douleur les étouffe et la haine envahit ces femmes.
Elles ont pris conscience des inégalités sociales liées au sexe mais, inconscientes de l'origine des stéréotypes, elles se trompent de combat. Fuyant les cases "maman" et "putain", elles ont trouvé dans les médias un rôle sur mesure : celui de la féministe extrémiste. Toutes n'assument pas, d'ailleurs, cette appellation, mais toutes adoptent le comportement stéréotypé de la femme aigrie, bouffée par la haine, la jalousie, et les regrets.
L'essentialisme a posé dans notre société comme principe un homme fort, conquérant, et une femme faible et douce ; le fort devant protéger le faible, la force étant valorisée, les inégalités sont le corollaire de l'essentialisme. Le féminisme remet en question les épithètes accolées aux hommes et femmes, et le rapport de forces est par conséquent caduc. Les femmes dont nous parlons ne vont pas si loin : elles ne remettent pas en cause l'essence des deux sexes, mais la valorisation de la force. Le force est, pour elles, méprisable, et la douceur est une qualité supérieure. Les hommes étant, dans cette conception de l'humanité, tous forts, ils sont tous méprisables, tandis que les femmes, toutes naturellement douces, sont des anges injustement brimés. Elles font non seulement perdurer les rôles sociaux, mais, en plus, elles tentent, en vain, d'en profiter à leur avantage. *Elles ont souffert parce qu'elles sont des femmes, et en retour, elles haïssent tous les hommes parce qu'ils sont des hommes.
Elles ne connaissent pas le féminisme, elles n'ont même pas idée qu'il existe quelque chose au-delà d'une dénomination stéréotypée, *puisque personne ne leur a permis de le savoir. Elles ne sont pas, à proprement parler, féministes. *Je ne peux concevoir que la promotion d'une essence féminine et le retournement du rapport de forces soit un courant féministe. Ces femmes ne luttent pas pour l'égalité des sexes, mais pour leur propre survie ; *elles ne luttent pas, d'ailleurs, elles se laissent couler dans un moule qui leur permet des saillies verbales agressives voire insultantes pour la gent masculine. Elles ne voient pas un schéma social global, mais leur propre misère. Détruites par le sexisme, elles le nourrissent en croyant le combattre.
**Sont-elles à blâmer ? Bien sûr que non. Il faut blâmer leurs agresseurs, leurs violeurs, les patrons qui les ont harcelées, sous-payées,  les maris qui les ont battues, humiliées, au point de leur interdire toute prise de recul sur leur condition.  Il faut blâmer la pensée qu'on nous a inculquée et qui  empêche d'envisager les  relations humaines sans rapport de forces. On se moque des "aigries", on les stigmatise, mais si elles peuvent faire souffrir leur entourage, elles sont plutôt à plaindre et la moindre des choses serait de leur tendre la main. Il faut blâmer, aussi, la mauvaise foi de ceux qui se servent de leur douleur pour décrédibiliser le féminisme. Il faut blâmer, enfin, ceux qui essairaient de nous faire croire que ces quelques femmes ont sur la société une influence comparable à celle des phallocrates, et que les conséquences de leur colère sont comparables aux effets du machisme.

On dit qu'elles font du mal au féminisme. Il est vrai que, lorsqu'on rencontre une d'entre elles, on en ressort avec une piètre opinion du féminisme. Mais elles ne sont qu'un maillon de la chaîne : un cliché féminin de plus, un rôle proposé à celles qui ne veulent être ni nymphes ni déesses-mères, des victimes qui ont, au moins, le mérite d'avoir compris qu'il n'y avait rien de normal à être écrasée. Elles sont tombées dans le piège de l'image du féminisme, par une malchanceuse ignorance, ou par incapacité à voir plus loin que leur peine.
Finalement, ce qui fait le plus de mal au féminisme, c'est les glands qui les présentent comme féministes.


Edit : les phrases précédées d'une * et le paragraphe précédé d'un ** ont été ajoutées.

Illustrations :
William-Adolphe Bouguereau, Les Remords d'Oreste (1862)
Herbert James Draper, Lamia (1909). Elle a l'air sympa, mais elle bouffe les enfants, quand même.

19 commentaires:

  1. Oui, éjectons vite du féminisme ces ignorantes haineuses. Éjectons-en aussi les victimes par exemple de viol, forcément souffrantes, donc subjective (c'est mal, ce n'est pas féministe). Virons également celles qui n'ont pas été à l'école jusqu'au doctorat, qui ne savent pas réciter Le deuxième sexe par cœur et ne sont pas capables de dire des phrases contenant 46 mots abstraits au minimum. Virons toutes les aigries du plafond de verre, les chieuses du salaire égal, les casse-burnes du temps partiel subi, bref, toutes celles qui râlent sur des trucs concrets.

    Râler, ça décrédibilise. Il faut THÉ-O-RI-SER. Et ne pas souffrir, surtout. C'est sale.

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  2. euh... @anonyme... c'est juste pour donner un exemple démonstratif du défaut de mésinterprétation courante dont parle Kalista dans son article que vous faites ce commentaire ?

    parce que si vous relisez précisément et posément les propos de Kalista, c'est pas du tout ça qu'elle indique, d'exclure qui que ce soit, même au prétexte de sa non compréhension des cibles du féminisme, et surtout pas au prétexte que ces personnes souffrent et n'arrivent pas à s'extraire de leur misère pour comprendre de quel phénomène social il procède...

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  3. Merci, Paul.

    Cher Anonyme (vous permettez que je vous appelle Anonyme ?), je suis critique envers les personnes agressives qui se réclament d'un mouvement qu'elles ne connaissent pas et qui, au nom de ce mouvement, font souffrir leurs proches. Après, qu'elles souffrent au point de ne pas arriver à prendre du recul, c'est pas une tare.
    Râler, ça décrédibilise ? En France, quand on est une femme, oui. C'est le stéréotype de l'hystérique. Expliquer froidement les choses, après avoir pris du recul, ça marche mieux. Si on veux faire "des trucs concrets", on ne râle pas, on agit. Si on veut faire avancer la société, on ne râle pas, on n'est pas agressive avec la moitié de la population.

    Mais là n'est pas le problème. Ce qui est critiquable, avant tout, c'est de ne montrer du féminisme que cette image biaisée de personnes qui souffrent. Et du coup, les personnes qui souffrent adoptent le même discours sans se poser de question, ce qui arrange bien leurs agresseurs qui ont un argument tout trouvé pour étouffer dans l’œuf toute tentative de rébellion.

    Enfin, je n'ai jamais parler d'exclure qui que ce soit. Je n'ai proposé ni solution, ni action, ni rien. Si je devais le faire, si j'avais une crédibilité quelconque pour le faire, je proposerais de donner un cours sur le genre aux journalistes, pour commencer. Si ces notions étaient mieux connues et mieux médiatisées, les femmes en souffrance trouveraient peut-être plus facilement des mots pour s'exprimer et des actions pour lutter.

    Je n'en veux pas aux femmes en souffrance, d'ailleurs, qu'est-ce qui vous permet d'imaginer que je n'en suis pas une ? J'en veux aux médias. J'en veux aux manuels scolaires. J'en veux aux magasins de jouets.
    Nous sommes *tous* les victimes d'un système que nous reproduisons *tous* plus ou moins consciemment. On ne peut pas stigmatiser une catégorie de la population, nous sommes tous fautifs. Même moi (ce sera le sujet d'un prochain billet !).

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  4. Tu reprends bien les caricatures qu'on lit souvent dans les commentaires en bas des articles de quotidiens nationaux --'.

    En fait, je me demande ce que c'est, le féminisme non extrémiste selon eux ? Celui qui lutte pour le droit de vote et pour "sauver" les femmes afghanes ? Ou celui qui se bat contre la burqa ?

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  5. Je ne suis pas du tout d'accord avec la teneur de cet article ; les hommes portent depuis toujours haut et fier le mépris des femmes, personne ne se fend d'un article pour le stigmatiser. Les Gorgones et les Érinyes sont les grosses méchantes femmes inventées par des petits garçons terrorisés et érigées en mythes. Je trouve les hommes bien plus menaçants et dangereux que n'importe quelle femme. C'est oublier en plus que les gens en général et les femmes en particulier qui ne se laissent pas fouler aux pieds s'en sortent mieux dans la vie que les autres, féministes incluses. Je suis culturellement polie, courtoise, et empathique ; mais qu'on me mette une main au cul, qu'on me traite de salope dans la rue en passant, ou que mon bulletin de salaire soit descendu de 30 % parce que je suis une femme, il y a de fortes chance que ma réaction immédiate ne soit pas une citation érudite de Simone de Beauvoir que j'ai lue plusieurs fois. J'ai mis beaucoup de temps à me désinhiber et à me défaire de cette obligation faite aux femmes de sourire en toutes circonstances, notamment sous l'humiliation. Je ne pratique pas la résignation ni le laisser-faire. Je ne mets pas mon mouchoir sur le rabaissement et je ne laisse pas dire. On peut me traiter de poilue et d'aigrie sans que cela altère ma façon de penser. C'est vrai aussi que je suis une militante : et c'est intéressant de comparer. Pardon pour celles que cela va éventuellement choquer : quand il m'est arrivé de me présenter dans une ferme industrielle ou un abattoir pour voir l'installation ou le déchargement des vaches et des truies, personne ne ricane jamais ni n'émet d'hypothèses désobligeantes sur mon état d'esprit supposé à l'endroit des humains. Ils rectifient l'alignement, vous suivent et vous accompagnent partout, argumentent et se justifient, sortent la loi (la directive européenne généralement) si vous aussi l'avez sur vous et ça se passe bien... si tout est au cordeau. Dans l'hypothèse inverse, c'est la gendarmerie et la préfecture dûment alertées qui prennent le relais, nous suivons le dossier dût-il prendre 5 ans pour aboutir. Aussi, je ne vois pas pourquoi on nous ricane au nez quand on dit qu'on milite pour la défense des femmes. Et encore pardon pour la comparaison, si des lectrices sont choquées.

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  6. @ antisexisme : pour eux, le problème des femmes afghanes, c'est pas le sexisme, c'est l'Islam ! ^^

    @ Hypathie : oulà, il y a incompréhension totale, je crois.
    "les hommes portent depuis toujours haut et fier le mépris des femmes, personne ne se fend d'un article pour le stigmatiser" => déjà, c'est pas tous les hommes, mais certains d'entre eux. J'y tiens. Puis, des articles qui stigmatisent ces hommes-là, on en fait souvent, sur nos blogs, non ? Enfin, il n'est pas question de *stigmatiser* ces femmes, mais de relever que l'étiquette qu'on leur colle n'est pas adéquate.
    "Les Gorgones et les Érinyes sont les grosses méchantes femmes inventées par des petits garçons terrorisés et érigées en mythes." C'est exactement ce que je dis. On parle souvent du duo "maman/putain" dans les stéréotypes féminins, mais il y a le monstre (avec option dévoreuse d'enfants) aussi. Ce sont des inventions issues d'un imaginaire collectif patriarcal.
    "Je trouve les hommes bien plus menaçants et dangereux que n'importe quelle femme. " Ca dépend, si la femme a une mitraillette à la main...
    "C'est oublier en plus que les gens en général et les femmes en particulier qui ne se laissent pas fouler aux pieds s'en sortent mieux dans la vie que les autres, féministes incluses. " Oui, ça n'empêche pas qu'une femme qui gueule trop fort va être méprisée par les machos. On se fout de leur avis, OK, c'est un fait. Mais on ne parle *absolument pas* de la même chose. Tu parles de femmes qui ne se laissent pas faire (et j'aime bien ta comparaison), je parle de femmes qui tentent d'exister en écrasant les autres, ou en promouvant une idéologie essentialiste. Elles sont rares, mais il y en a, et elles sont utilisées pour alimenter les stéréotypes.
    "Aussi, je ne vois pas pourquoi on nous ricane au nez quand on dit qu'on milite pour la défense des femmes." pour nous décrédibiliser ? parce que la plupart des gens croient qu'on a déjà l'égalité et qu'on chipote ? parce ça dérange certains qui ont peur qu'on les prive de leurs doudou/paillassons ?


    Je dois m'absenter quelques heures, je rajouterai ce soir un paragraphe qui semble manquer, au vu de certaines réactions. Il s'agit d'insister sur le fait que je ne stigmatise pas ces femmes qui sont des victimes mais leurs bourreaux et ceux qui se servent d'elles pour décrédibiliser le mouvements qui luttent pour les aider. En attendant, merci de ne pas vous enflammer dans les commentaires !

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  7. Tu peux m'appeler Anonyme, pas de problème.

    Si, tu exclues clairement les femmes que tu juges handicapante pour ta vision du féminismes, en leur déniant l'appellation de féministes.
    Sinon, que signifie cette phrase ? "Finalement, ce qui fait le plus de mal au féminisme, c'est les glands qui les présentent comme féministes"
    Donc ces femmes ne sont pas féministes, pour toi.

    Pourtant on peut être féministe et râler, être féministe et avoir envie de démolir le portrait de tous les inconscients qui trouvent qu'on exagère (sans le faire, note bien), on peut être féministe et agresser verbalement les gens qui ne se privent pas de nous agresser parfois physiquement, eux.

    On peut être féministe et militante dans la rue, on peut aussi militer au quotidien dans son foyer en élevant ses enfants de façon égalitaire, sans fanfaronner, sans en tirer gloire, et c'est très très loin d'être une sinécure d'élever ses enfants de façon féministe jour après jour. Cherche des bijoux qui ne soient pas roses à paillette et estampillés "fille" pour ton fils de cinq ans, par exemple. Va te battre avec les maîtresses qui considèrent normal que le fils en question se fasse insulter dans la cours, vu que c'est un futur pédé puisqu'il porte des bijoux de fille, etc.

    On peut aussi être féministe et douce, féministe et gentille, et se la jouer institutrice et/ou infirmière avec les abrutis qui ne veulent surtout pas comprendre. Eh bien quand on est ce genre de féministe, alors on pourrait en profiter pour expliquer aux abrutis en question que oui, c'est normal que certaines soient agressives, avec ce que les femmes ramassent, et que eux n'en supporteraient pas le quart.

    Bref, on peut être féministe et gentille, et féministe et solidaire avec les moins gentilles, au lieu de dire : pouah ! ça, féministe ? non, jamais ! MOI je suis féministe, une BONNE féministe !

    Je persiste à trouver que ton discours n'est pas clair. Tu reproches aux médias d'assimiler toutes les féministes à une seule catégorie, celle des radicales et de l'hystérie. Et pour régler ça, tu décides que les radicales et les "hystériques" ne sont pas des féministes.

    Tu oublies aussi une chose : pour les médias, il n'y a pas de féministes modérées. Dès lors qu'on se dit féministe, quel que soit le courant et les idées, on est d'emblée considérée comme extrémiste.
    Partant de là, toi aussi tu en es une. Bienvenue au club.

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  8. Je viens de le relire une deuxième fois : je crois qu'on n'a pas besoin d'adjectifs pour qualifier le féminisme, je lis féminisme extrémiste chez toi, féministe agressive chez Anonyme en contre exemple si je comprends bien, féministes aigries ailleurs, le féminisme c'est la LUTTE des femmes pour obtenir l'égalité, c'est un COMBAT contre l'injustice. On lutte pied à pied (c'est nécessaire malheureusement) et c'est un combat de tous les jours. Donc, c'est extrêmement facile avec de tels mots (mais quels autres employer ?) de dire agressive, aigrie, revancharde, extrémiste. Pour ceux qui ont tout à perdre de leur pouvoir aussi petit soit-il, les adjectifs deviennent des armes léthales pour stigmatiser et diaboliser, et ils n'hésitent jamais à s'en servir. Féministe sans besoin d'adjectif, je ne suis pas agressive, je défends juste mes droits d'être humain entier partout, et ceux qui me traitent en paillasson peuvent craindre ma colère. Hors inflammation, bien sûr. :))
    PS Je ne me balade pas sur le bord de ma rivière avec une mitraillette, je ne suis donc pas dangereuse mais certains savent bien me rappeler, en s'exhibant par ex, que je ne suis "pas à ma place" à cet endroit.

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  9. Tomberais-tu par hasard toute rôtie dans le panneau de ceux qui cherchent à noyauter le féminisme en prétendant faire un tri entre les bonnes et les mauvauses féministes ? Pour moi s'il y a un tri à faire, c'est entre celles qui se servent du féminisme pour arriver a des fins égoistes et celles qui affichent une véritable solidarité avec toutes celles qui se battent pour qu'enfin cesse ce racisme d'un genre particulier.
    En effet, il y a des hommes qui n'adhèrent pas au sexisme et il y a des femmes qui y collaborent largement mais cela ne change rien au problème.
    Comme Hypathie je ne comprends ce que tu cherches à dire. Que les clichés sur les féministes sont stupides ? Alors tu as raison, par contre mais tu ne l'exprimes pas assez clairement alors.
    Sur un blog je viens de lire un de ces crétins sexistes qui écrit "si une féministe te demande de sauter par la fenêtre, tu réfléchis..." Il faut vraiment en avoir une couche pour associer le féminisme à quelqu'un qui va te demander de sauter par la fenêtre ! La stupidité des antiféministes est sans borne, c'est certain, mais sans vouloir te froisser, cela me semble moyennent judicieux de caricaturer ce fait de cette manière parce que cela peut devenir très ambigüe.
    Je remarque également que les francaises ont énormément de problèmes avec l'agressivité parce que plus que toutes les autres femmes d'Europe, olles ont été éduquées à une pseudo-douceur où tous sentiments de colère et toutes agressions doivent être immédiatement refoulés et transformés en sourire. Les petites francaises sont les championnes du sourire forcé. On ne demande pas cela à une petite allemande.
    Partout où le machisme est fort, les filles ont un problème avec leur agression. Et que leur arrivent-ils en la refoulant en permanence ? Elles souffrent de dépression, leur libido est atteinte, elles se mettent à médire sur les autres femmes, bref elles cherchent des soupapes pour se soulager mais cela les mine de l'intérieur. Personnellement j'ai appris à ma fille à ne surtout pas refouler son agressivité. Si bien qu'un jour alors qu'un homme âgé attablé dans un café l'a traitée, va savoir pourquoi de salope, après lui avoir demandé de se taire, comme il n'obtempérait pas, elle s'est levée et l'a giflé. Scandalisé, le type a porté plainte pour coups et blessures mais la plainte a été déboutée. Certaines personnes ont blâmé ma fille d'avoir réagi avec la même agressivité que le bonhomme et d'avoir ŕepondu à la violence verbale par la violence physique, mais moi je lui ai dit que c'était OK. Que le type allait désormais réfléchir à deux fois s'il n'allait pas plutôt s'exprimer poliment pour expliquer à une fille ce qui le gêne dans son attitude au lieu d'utiliser le terme de "salope" !
    Quand j'avais à peu près son âge, un inconnu m'a touché les fesses dans un café. Sans réfléchir, je lui ai écrasé ma cigarette sur le visage. Lui aussi a du réfléchir depuis. Car il faut bien comprendre que ces réponses agressives sont ÉQUIVALENTES aux agressions subies. Quand les femmes répondront à la violence par une violence identique, il y aura un peu plus d'hésitation dans l'air chez les prédateurs machistes. Les femmes sont des objets de raillerie, de défouloir faciles puisqu'elles veulent juste être jolies et gentilles et s'imaginent que c'est la seule manière de se faire aimer. Or il faut montrer les limites à ne pas dépasser quitte à utiliser la violence s'il le faut. Vouloir obtenir du respect et de la gentillesse par la gentillesse ne paie pas face au machisme. Cela dit la plupart du temps, on est tellement estomaqué par le culot des bonhommes que l'on reste sans réaction. Cela m'est arrivé aussi suffisamment de fois mais là je regrette tous les scandales que je n'ai pas fait par peur d'être considérée comme une harpie justement ! Et c'est bien là que se situe le piège !

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  10. J'ai édité mon texte et je suis d'accord pour le faire évoluer encore s'il en est besoin. J'ai tenté de signaler les choses que j'ai ajoutées, pour que vous retrouviez vos petits. Pour le reste, nous verrons demain, peut-être... La journée a été rude, je suis sûre que vous comprenez.

    Je crois que le fond du problème est que je parle de femmes que le sexisme a totalement minées et qui deviennent, elles-mêmes, sexistes, à l'encontre des hommes.
    Il ne s'agit pas de militantes pas toujours d'accord, mais de femmes profondément en souffrance, agressives et haineuses. Elles ne militent pas, ne luttent pas, elles ne combattent pas, mais elles minent leur entourage peu à peu. Elles sont rares, mais elles existent. On m'a dit, récemment, dans les commentaires d'un de mes billets comme dans la vraie vie "elles font du mal à votre cause", et ça m'a fait réfléchir.
    Il ne s'agit pas d'une réponse proportionnée à l'agression, mais d'une haine incessante que tous les hommes subissent. Ce ne sont pas de râleuses comme tous les cas que vous avez décrits, ça va bien plus loin. Peut-être que vous avez eu la chance de ne pas les croiser ?

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  11. Quelques petites réponses, avant que le sommeil ne m'engloutisse totalement :
    @ Anonyme "Donc ces femmes ne sont pas féministes, pour toi." Non, effectivement, je leur refuse l'étiquette pour conserver au féminisme son caractère antisexiste. Tu est libre de considérer que mon avis ne vaut pas grand-chose, après tout c'est un blog, quelle crédibilité puis-je avoir ? Seulement celle que vous me prêtez.
    J'avais interprété la question de l'exclusion comme une exclusion sociale. Ce que je me refuse à prôner !
    Pour le reste, tu trouveras sur mon blog, si tu as la patience de t'y promener, des choses qui vont dans ton sens.
    "Tu oublies aussi une chose : pour les médias, il n'y a pas de féministes modérées. Dès lors qu'on se dit féministe, quel que soit le courant et les idées, on est d'emblée considérée comme extrémiste.
    Partant de là, toi aussi tu en es une. Bienvenue au club. " C'est exactement ce que je dis. Le système sexiste permet l'existence de ces femmes. Le système les utilise ensuite comme épouvantail.

    @ Hypathie :
    "je crois qu'on n'a pas besoin d'adjectifs pour qualifier le féminisme" non, les adjectifs que je cite sont pris au hasards dans mes lectures sur le web. Pas toujours réjouissantes, ces lectures, d'ailleurs.
    "On lutte pied à pied (c'est nécessaire malheureusement) et c'est un combat de tous les jours" je n'ai jamais dit qu'il ne fallait pas lutter, râler, parler. Mais râler contre tous les hommes, c'est pas une lutte, c'est pas un combat, c'est... euh... faut que je dorme, je ne trouve pas de mot, mais je pense que tu comprends.
    "Je ne me balade pas sur le bord de ma rivière avec une mitraillette, je ne suis donc pas dangereuse mais certains savent bien me rappeler, en s'exhibant par ex, que je ne suis "pas à ma place" à cet endroit. " Le "certains" veut tout dire. Bon, tu ne peux jamais savoir sur qui tu vas tomber, vaut mieux se méfier, mais ça ne veut pas dire pour autant que *tous* les hommes sont des dangers potentiels, non ?

    @ Euterpe : arg, tu commentes juste comme je m'attèle à ma réponse. Excuse-moi, tu trouveras peut-être quelques réponses dans les lignes plus haut, mais je n'ai pas l'énergie d'aller plus loin ce soir. Je reviens demain, promis !
    "Pour moi s'il y a un tri à faire, c'est entre celles qui se servent du féminisme pour arriver a des fins égoistes et celles qui affichent une véritable solidarité avec toutes celles qui se battent pour qu'enfin cesse ce racisme d'un genre particulier." Quelque part, c'est aussi ce que je voulais dire... Ces fins égoïstes n'étant, dans ce cas, qu'une tentative désespérée de ne pas se haïr soi-même.


    PS : j'ai écrit récemment un autre article dénonçant les stéréotypes anti-hommes. Rassurez-vous, je ne vire pas masculiniste. ;-) Je vous raconterai dans quelques jours ce qui fait que cela me touche en ce moment. Laissez-moi un peu de temps, et en attendant, laissez-moi le bénéfice du doute, je vous prie !

    PS2 : une question innocente, sans vouloir vous prêter d'intention, sans que je m'attende particulièrement à une réponse affirmative, juste comme ça, au cas où : est-ce que, par hasard, vous n'interpréteriez pas mon texte en fonction de ce que vous craignez de lire ?

    PS3 : navrée si j'ai fait des fautes, et bonne nuit !

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  12. C'est marrant cet article et les discussions qui s'en suivent.

    j'ai justement eu une conversation avec une connaissance homme homosexuel qui me critiquait parce que je suis féministe : genre fais gaffe, t'es un homme, tu vas de faire massacrer par ces femmes comme ça m'est arrivé...

    J'ai écouté son témoignage et j'ai tenté de répondre... en l'écoutant, je me suis rendu compte qu'il n'a pas compris en fait les mécanismes culturels et sociaux et psychologiques que révèle, conceptualise, et explique le féminisme.

    c'est ça le gros problème, comme pour le marxisme. le féminisme est une prise de conscience très exigeante sur le monde et sur soi-même : cela demande d'aller profondément au delà des apparance que prend le monde quand on souffre.

    et quand on souffre, ou quand on se trouve en position d'impuissance et de frustration par rapport à une souffrance, c'est terriblement difficile de faire ces prises de conscience, de conceptualisation et de ne pas tomber dans diverses stigmatisations qui reproduisent en fait le système initial qui crée la souffrance.

    moi, d'avoir été formé aux science naturelles, ça m'a aidé à apprendre à aller au delà des apparences, notamment avec la paléonthologie et les théorie de l'évolution, mais aussi avec les phénomènes physiques et chimiques de l'environnement, qu'on aborde avec des outils mathématiques parce qu'ils sont à une échelle sans mesure commune avec notre quotidien.

    et pourtant malgré ça, je poursuis avec labeur ma psychanalise pour sortir de mes traumatismes remontant à l'enfance.

    alors je me demande combien ça doit être difficile aux gens qui n'ont pas eu la chance d'avoir pu réinvestir un apprentissage de réflexion conceptuelle pour comprendre le monde et ce qu'ils ont dans le coeur.

    ça m'empèche pas de me mettre parfois franchement en boule en face d'imbéciles terribles d'obscurité... et ça, dans n'importe quel milieu idéologique ou social...

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  13. Merci d'avoir précisé ta pensée.
    Mais je pense que pour la plupart des hommes (et donc des médias dominés par les hommes), le féminisme est "par essence" l'ennemi des hommes, indépendamment des féministes et des idées. Tu peux être aussi modérée et aussi calme que tu veux, ce que tu cherches à obtenir, tu le leur enlèves fatalement (partage du pouvoir, de la richesse, du temps de loisir = forcément moins pour eux).
    A part quelques rares exceptions (je pense à Patric Jean par exemple, qui a l'air vraiment sincère), les hommes ne peuvent que renâcler à ce partage. Et beaucoup de femmes les suivent et les soutiennent, on sait par quels mécanismes.
    J'ai toujours été sidérée d'entendre Isabelle Alonso et les chiennes de garde être traitées d'extrémistes, etc. Je n'ai jamais entendu IA parler sur un autre ton que celui du raisonnement, et les chiennes de gardes sont le plus souvent dans le ton de l'humour et de la bonne humeur quand elles arrivent jusqu'aux médias, quelle que soit la façon dont ces médias les présentent. Si ces personnes sont des extrémistes, alors moi je suis carrément dans la catégorie terroriste à enfermer.
    Et après, les gens pensent que toutes les féministes sont des extrémistes. Mais ce n'est pas la faute des femmes que tu stigmatises, c'est uniquement celle des médias masculins qui ont choisi leur camp, et qui n'ont même pas besoin d'aller jusqu'à ces femmes pour dénigrer le féminisme. Les chiennes de garde ou les ni putes ni soumises (ces sales racistes, hein !) leur suffisent. Pourtant ce sont des mouvements construits, pas des individues en dérive haineuse.

    Je crois que tu te trompes de cible. Le problème ne vient pas du tout des femmes misandres (que je vois personnellement comme en état de légitime défense). Les médias trouveront toujours de bonnes raisons de démolir le féminisme : pour eux, aucun féminisme ne peut être exemplaire ou normal ou non extrémiste puisqu'il menace leurs avantages et leur prérogatives. Tu peux leur faire confiance pour trouver tous les épouvantails dont ils auront besoin pour protéger leur pré carré.
    Alors pour moi, le seul moyen est de définitivement se passer de leur assentiment, et de fonctionner comme eux : lobbies, pressions politiques et économiques de toutes sortes, etc.
    Et éducation féministe des enfants pour sauver le futur.

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  14. En fait Kalista sache que nous avons toutes un jour ou l'autre eu un trou au ventre en lisant "avec votre agressivité vous desservez la cause que vous défendez". Le problème est toujours le même : ces hommes qui ne comprennent pas qu'ils sont sexistes parce qu'ils ont internalisé un ordre du monde qui satisfait trop leur égo et qui les avantage trop pour qu'ils aient envie de comprendre, ne trouve JAMAIS les féministes à leur goût et surtout assez douces ! Mais ceux qu'ils veulent c'est qu'elles correspondent au modèle auquel elles veulent se soustraire. Juste qu'ils appellent cela "desservir sa propre cause". C'est tellement un leitmotiv que ca en est ridicule. Chacun de leur côté croit dire là quelque chose de juste et d'original mais ils se heurtent juste à la non-docilité de certaines femmes et confondent rebellion et "maladie".
    Non des caricatures de femmes malades, aigries, hargneuses et gratuitement méchantes ne sont pas à retrancher du lot de toutes celles qui veulent que l'on arrête de les traiter en untermenschen. Les untermenschen pour les nazis c'était les juifs, pour les sexistes ce sont les femmes, mais cela leur coûte de le reconnaître parce qu'il n'y a nulle part un pays d'antisexiste pour les stigmatiser. Il n'y a que des individu(e)s regroupé(e)s parcellairement qui tentent de faire quelque chose. Il est plus facile pour un sexiste qui s'ignore de déstabiliser des petits groupes isolés qu'un pays, qu'une instance officielle, qu'une autorité.
    Ne te laisse pas manipuler par ses arguments-là car ce que tu obtiens à ce moment-là c'est de laisser tomber la lutte féministe pour lutter contre les féministes en pensant qu'il faut D'ABORD ceci ou cela. Avec ces "d'abord" on reste coincées depuis des siècles dans la même problématique.
    Tu es juste en train de faire leur jeu.
    Bien sûr les juifs non plus n'avaient pas envie de tous être mis dans le même sac mais puisqu'ils étaient tous, les mauvais comme les bons, persécutés, ils avaient intérêt à la solidarité.
    Mais si tu comprends cela, c'est bon.
    Je te donne un exemple symptomatique : Nafissatou Diallo ne s'est pas défendue contre DSK car elle a été probablement paralysée par la peur la plus bleue qui soit. Mais admettons maintenant qu'elle est disposée de ressources suffisamment agressives pour se défendre et mordre l'instrument du crime ou mettre son poing dans la figure de son agresseur. Que serait-il arrivé ? Elle serait aujourd'hui diffamée comme agresseuse ! Elle serait, elle, à Ryckers Island ! N'est-ce pas horrible de voir qu'il faut se laisser violer pour ne pas subir l'enfermement avec tout ce que cela comporte comme autres outrages ? La légitime-défense d'une femme n'est pas reconnue dans un cas comme celui de la chambre 2036 car il n'y avait pas de témoin et cet homme puissant (ce sont les puissants qui violent, pas les misérables) auraient plaidé l'agression gratuite de l'une de ces fameuses harpies à l'existence de laquelle les hommes croient si bien, ou prétendent si bien qu'elles existent qu'ils ont réussi à t'en convaincre. Et pour cela ils sont aussi capables de dire :"toi tu n'es pas comme ca mais je parle de certaines blablabla...". C'est comme cela que le délit "d'harpisme" conduit tout droit les femmes en prison, comme celui de "sorcellerie" les ont conduit tout droit au bûcher. Alors il faut faire bien gaffe à ce que l'on exprime sur la question.

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  15. Bon OK j'ai relu ton billet, il prend une forme nettement plus adéquate. Merci !:)

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  16. Effectivement, l'edit permet de rectifier la tonalité de l'ensemble. Je voulais juste dire aussi en réagissant à la remarque d'Euterpe, je cite "Cela dit la plupart du temps, on est tellement estomaqué par le culot des bonhommes que l'on reste sans réaction" : eh bien eux aussi. Quand on leur répond à la hauteur de l'offense et qu'on montre qu'on a du répondant, ils sont tellement estomaqués (ils n'ont tellement pas l'habitude) qu'ils disparaissent comme dans un trou dans le sol. L'expérience est même étonnante ! Mais attention, pas de comportement kamikaze : le faire en pleine rue, en plein jour avec du monde autour et des perspectives de fuite et quand c'est eux les agresseurs.

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  17. Dans notre société machiste, la violence contre le faible est légitime,la révolte contre le fort interdite

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  18. Lire un texte pertinent, accès uniquement sur le vécu, l'expérience, le raisonnement et non un empilement de clichés.... ^^
    C'est quand même curieux que le fait de réagir contre la violence, finalement simple instinct de survie soit perçu comme une menace...
    Pour ceux et celles qui ont du mal à comprendre, environ 5000 ans que ça traîne, quand même!, des p'tits schémas par chez moi....

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  19. je compatis a vos sentences très chers amis

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