mercredi 21 septembre 2011

Le tabac, c'est tabou...

... on en viendra tous à bout !

Je suis une ex-fumeuse. A en croire la nouvelle campagne :



avant, j'étais moche, seule et triste, mais depuis que j'ai arrêté, je suis belle, désirable, au point de trouver quelqu'un qui voudra bien m'engrosser. Et puis après, l'accouchement, c'est comme qui rigole, hein.

C'est Don Draper, la clope à la main, qui l'a faite, cette pub ?
C'est un type qui pense que l'important, pour une femme, c'est d'être belle, de se trouver un mec, et de faire des mômes ?
C'est un type qui n'a jamais arrêté de fumer, en tout cas.

Fumer n'entraîne pas toujours la solitude. J'ai fait des tas de rencontres sympas pendant la pause clope. Mon mari m'a abordée en me demandant du feu. J'ai de super photos de moi en robe de mariée avec une cigarette à la main. Faut arrêter de croire que la clope, c'est pour les looser renfermés. Quand on sort pour fumer (ce qui est bien normal), on rencontre des gens, et s'abriter du vent pour allumer une clope en rigolant, ça crée des liens.
Que fumer rende moche, franchement, on s'en fout. Que ça tue, là, c'est un bon argument. Plutôt que nous prendre pour des cons à nous montrer une meuf dont le visage a la même couleur que son mégot (ce qui me donne juste envie de clamer mon admiration pour ce maquillage si bien appliqué), on pourrait rappeler les effets sur la santé, histoire de bien faire rentrer ça dans le crâne de tout le monde. Le fumeur est quelquefois de mauvaise foi, même vis-à-vis de lui-même, et il croit que le cancer, il passera à côté, ou que bon, c'est qu'une manière comme une autre de mourir.

Fumer n'est pas un hobby qu'on pratique pour se rendre intéressant. C'est une addiction.
Une addiction n'est ni une honte, ni une faiblesse. C'est un état de fait qu'on n'a pas à juger.
Une addiction, c'est un truc qui court-circuite le cerveau. Tout ce qui peut, potentiellement, gêner l'assouvissement du manque, est nié, minimisé. On ne s'avoue pas toujours accro, pour éviter une prise de conscience, et on se persuade qu'une clope, c'est pas si grave. On adopte une posture d'une mauvaise foi étonnante. C'est pas pareil pour tout le monde, j'imagine, mais je n'ai jamais vu quelqu'un qui fumait sans dire quelque chose comme :
Mes potes me fuient quand je fume ? C'est des cons, ils ne m'acceptent pas comme je suis.
Le cancer ? Faut bien mourir de quelque chose. Et puis c'est qu'une personne sur deux. Et puis il n'y a pas que la clope, qui donne le cancer.
L'interdiction dans les lieux publics ? Allez, sur le quai du RER, à l'air libre, ça gêne qui ?
Ah, mais je sors toujours du restau pour fumer, moi ! Je respecte les autres ! Vous n'allez pas me faire chier pour le nuage de fumée devant la porte !
La suppression des wagons fumeurs ? C'est juste pour nous faire chier. On gênait personne, dans notre wagon !
Les taxes ? C'est juste pour se faire du pognon sur notre dos ! (pas totalement faux, pour le coup)
Les campagnes anti-tabac ? Et l'alcool, c'est encore plus dangereux, pourquoi on ne fait pas plus de campagnes anti-alcool ? Et vous avez pensé aux buralistes, ils vont devenir quoi ?
Et puis je ne fume qu'une fois de temps en temps, c'est rien, chuis pas accro. Oui, bon, je fume même quand j'ai une angine, ça arrache la gueule, mais je ne suis pas accro, je vous jure !
Machin est mort d'un cancer du poumon après avoir fumé 20 ans ? Si ça n'avait pas été ça, ça aurait été autre chose... Et puis il buvait, aussi, ça n'aide pas...
Mais avec leurs conneries, on va fumer où ? Pas dans les bureaux ni dans les restaus, je veux bien, mais là, ça commence à bien faire ! Et avec leurs campagnes à la con, les non-fumeurs se croient permis de se foutre de notre gueule.
Les photos et messages sur les paquets de clope ? Ils m'emmerdent... Je vais acheter un étui à paquet, et puis c'est tout.
...

J'ai dit tout ça.
Et puis le temps est venu d'arrêter. Un jour, j'ai pris ma décision. C'était pour moi, pas pour faire plaisir aux autres. C'était même pas pour ma santé. Je ne supportais plus d'être perpétuellement en manque (hé oui, j'étais sévèrement accro), et je voulais un bébé. J'ai été soutenue. J'ai été insupportable, mais personne ne me l'a fait remarquer. J'ai fait des malaises qui m'ont convaincue, au plus profond de ma chair, qu'une clope n'a rien d'anodin.
C'était une décision mûrement réfléchie, personnelle, intime, et qui a nécessité, au préalable, une prise de conscience. Ce n'était pas les campagnes anti-tabac qui m'ont fait changer d'avis, au contraire, j'avais plus l'impression d'être agressée par ces campagnes qu'autre chose. Fumer, ça faisait partie de moi, de mon mode de vie. Fumer seule m'offrait des moments d'introspection, de méditation, fumer à plusieurs m'offrait des moments de convivialité. Ce n'était pas que du plaisir, c'était une habitude profondément ancrée. C'était personnel, intime. C'était mon corps, et j'en faisais ce que je voulais.
J'ai arrêté parce que je le voulais, et j'ai tenu parce que j'ai remis en question mes croyances d'accro, grâce à des amis, surtout. Il ne faut pas croire que, les premiers mois passés, on est tranquille. On est accro pour des années, toute la vie peut-être. Comme un buveur abstinent, je me considère comme fumeuse abstinente, et je ne veux pas y retoucher de peur de replonger.


Contre le tabac, je ne vois que trois actions possibles.
  • La prévention, pour que les jeunes n'y touchent pas, ce qui implique de savoir pourquoi les jeunes commence. Je ne me prononcerai pas là-dessus, mon cas n'a rien de général.
  • L'information, pour que les fumeurs sachent précisément ce qu'ils risquent et, mis au pied du mur, ne puissent plus se mentir à eux-mêmes. Arrêteront-ils pour autant ? C'est leur choix. C'est leur corps. C'est leur vie. Chercher à emporter leur décision autrement qu'en faisant appel à leur intelligence est un manque de respect, et ils s'en rendent bien compte. Ca leur sert d'argument pour nourrir leur mauvaise foi, même. Et dire que fumer n'est pas cool, qu'arrêter, c'est classe, soutient l'aspect anodin de la con-sommation de tabac.
  • Préserver les non-fumeurs en interdisant le clope dans les lieux publics et en punissant sévèrement les contrevenants. Mais il faut aussi informer les non-fumeurs sur le fonctionnement des addictions pour qu'ils cessent d'être agressifs ou condescendants envers les fumeurs. Pour arrêter, le soutien respectueux de l'entourage est essentiel.


Une dernière chose, amis publicitaires, si vous me lisez, j'ai horreur qu'on me tutoie dans les pubs, surtout si c'est pour m'asséner une injonction. On n'a pas gardé les cochons ensemble, merci.


Sources des illustrations :
Is Don Draper right on research?
La cigarette électronique déconseillée aux non-fumeurs.
Sortir fumer et partir sans payer (je n'y avais jamais pensé, tiens !)

5 commentaires:

  1. wouai c'est vrai hein, quand j'étais jeune, j'avais un visage plus agréable
    là maintenant je suis vieux et en plus je suis chômeur
    et en plus je fume pas beaucoup pour pas dépenser trop hein, donc je rétréci la largeur des feuilles de papier cigarette pour me les rouler taille allumette et j'espace la durée entre chaque clope le plus longtemps possible
    l'ennui
    c'est que fûmer ne tue pas
    et à mon âge, comme on est sur la pente très raide du dépérissement, ben on aimerait pas finir trop tard avec plus aucun moyen pendant de très longues années : parce qu'au cas où les connards natalistes n'auraient pas remarqué le truc hein, avec le rallongement d'une vie pas heureuse du tout dans un monde immonde où les plus méchants dominent, la durée de la vieillesse, quand on est plus bon à rien aux yeux de personne, et encore moins à être aimé quand on n'a jamais été aimé dans sa jeunesse ou sa vie économique active (le cas de la plus part des gens en fait), cette durée de vieillesse est beaucoup plus longue que celle de la jeunesse.

    bon en plus
    dans leur pub, ben la nana qui fûme plus je la trouve fade et sans caractère et son mec totalement insignifiant

    j'en veux pas de ce monde là.

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  2. alors je suis quand même allé faire un tour sur le site de coaching anti-tabac.
    c'est assez marrant hein
    d'abord dans les statistiques, je suis déjà dans la catégorie des gens qui sont en phase d'arrêter... plus ou moins...
    ensuite ce qui est marrant c'est les suggestions : ben, faut pas être sorcier pour se les trouver tout seul quand on a décidé pour une raison où une autre d'arrêter !
    y'a aussi les raisons de motivation d'arrêt de fumage proposées dans le questionnaire intial : c'est incroyablement stéréotypé et y'a que des trucs qui me sont étrangers !
    ce qui fait que bref hein, moi ça risque pas de m'aider beaucoup, d'autant que déjà j'ai pas la télé parce que j'y crois pas, je vais pas croire aux précaunisations d'un truc électronique qui sent fort le "de toute façon, pour être comme il faut" faites ce qu'on vous dit.
    c'est exactement comme la vidéo hein : comme si toutes les femmes avaient envie d'être comme la fille de la vidéo et comme si tous les hommes avaient envie d'être le compagnon d'une femme comme ça !
    ben non hein !
    moi j'ai pas du tout envie de ressembler au gentil manequin inodore et aseptisé qu'il y a dans la vidéo.
    et puis j'ai plus son âge non plus hein.
    mais s'ils nous sortaient un couple de quinquagénaires, ça serait encore du vieux cons inquiets pour ses actions, sa retraite capitalisée, son assurance vie, ses réductions d'impôts sur la fortune, l'avenir des enfants engagés dans une brillante carrière de cadre commercial, et la santé du chien de race...
    etc...
    y'en à marre
    y'a plus rien à désirer dans leur monde
    donc je fume dans l'espoir de vivre moins vieux.
    mais là où j'ai du mal, c'est à augmenter ma consommation de micro cigarettes roulées manuellement pour vraiment me faire du mal ! alors que j'ai pas de mal à rallonger les distances de mes jogging !

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  3. bon, en plus, histoire de voir, je me suis inscrit sur leur site de coach pour arrêter de fumer
    et donc je reçois régulièrement un message par jour...
    voilà le conseil : pensez à vos enfants :

    Chère lea,

    Votre conseil du jour:
    Les enfants imitent souvent le comportement de leurs parents. Donc, lorsqu’ils voient leurs parents fumer, il y a de fortes chances pour qu’ils se mettent eux aussi à fumer. De plus, les enfants de parents fumeurs courent plus de risques d’être touchés par une infection grave des voies aériennes, un rhume, une otite ou l’asthme. Pour eux aussi, ce serait un soulagement si leurs parents arrêtaient de fumer.

    Votre coach

    bon, ça me touche vachement : je suis enfant d'un père qui fumait des gauloises et du tabac brun pour pipe. vraiment nauséabond
    mais super viril tellement ça arrache

    donc moi je me suis fait des portes-cigarettes avec des tubes de bambou quand j'étais môme pour imiter les grande dames...
    si si
    et je me faisais des trucs avec des herbes etc...
    j'ai ensuite roulé mes cigarettes très fines (actuellement je découpe le papier dans le sens de la longueur pour en réduire la largeur)
    et je ne fume que du tabac hollandais doux... voilà

    mon père m'a toujours dit que c'était du tabac de femme : ben oui hein, c'est tellement plus agréable...

    oui autrement hein, ben j'ai jamais eu d'enfant forcément.

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  4. Je suis aussi fille de fumeuse. A la première déprime, après avoir quitté la maison, puisque je n'avais pas maman avec moi, j'ai choisi la clope pour me soutenir et me détruire (quand t'es mort, tu ne souffre plus, au moins).
    Penser aux autres pour arrêter ? Quelle connerie ! Maman a essayé d'arrêter pour moi, elle n'a pas réussi. On arrête pour soi, parce qu'on le choisit, pas pour faire plaisir aux autres.
    Si vous ne choisissez pas d'arrêter, je ne peux pas vous blâmer. C'est votre choix, votre corps. J'imagine que vous êtes conscient de ce que vous faites et je vous fais confiance pour ne pas enfumer les autres...

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  5. l’histoire du tabac et le consommateur sa s'explique en regardant le film (Le Kid, (The Kid) est une comédie dramatique muette américaine écrite, produite et réalisée par Charlie Chaplin, sortie en 1921). l’enfant dans le film casse des vitres en jetant des pierres et son compère (charlie), vitrier, gagne sa vie en les réparant derrière lui.
    une alliance d'hommes d'affaires (peu importe leurs nationalités ou leurs idéologies)d'une part le fabricant du tabac C'EST LE RÔLE DE L'ENFANT DANS LE FILM) et d'autre part quelque cliniques, quelque laboratoires médicaux, quelque association C'EST LE RÔLE DU COMPÈRE DANS LE FILM)

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