vendredi 25 novembre 2011

Une impardonnable cruauté

Ceci n'est ni une analyse fouillée, ni une démonstration rigoureuse. Je voudrais juste que vous laissiez votre imagination vagabonder, en gardant l'esprit ouvert, et que vous vous demandiez, sans mauvaise foi, ce que vous penseriez en lisant ce journal fictif.

Imaginons.

Imaginons qu'un homme tue son labrador.
Lu dans le journal : "Samy remuait la queue quand elle croisait le voisin, faisait la fête à la boulangère, et faisait la tronche à la maison. Son maître, qui l'aimait passionnément, craignait que le labrador choisisse un nouveau maître. Incapable de supporter l'idée qu'un autre ait ce chien, il l'a abattu."
C'est un fou, celui-là, me direz-vous. Personne ne dirait qu'il s'agit d'un "crime passionnel" ni d'un "drame de la passion".

Imaginons qu'un homme batte son caniche.
Lu dans le journal : "Whisky était têtu. Son maître tenait à le faire obéir, à le dresser. Le caniche ne voulait pas ramener ses pantoufles. Son maître l'ayant violemment battu, Whisky a fini chez le vétérinaire, les côtes fracturées, de multiples hématomes témoignant de la violence de l'agression."
C'est un malade, ce type, me direz-vous, faut pas lui rendre son caniche. Personne ne dirait que l'animal "l'a cherché" ni que son maître a malencontreusement dérapé, que c'était un geste malheureux, un geste de trop imputable à une vie stressante, ni que c'était un pétage de plomb qui peut arriver à tout le monde.

Imaginons qu'un homme torture un chat.
Lu dans le journal : "Mistigri était sorti à quatre heures du matin, pour se balader. Un homme l'a vu sur le côté de la route, s'est emparé de lui, l'a mis dans le coffre, avant de s'arrêter quelques kilomètres plus loin pour le torturer. On n'a retrouvé le corps mutilé de Mistigri que quelques jours plus tard."
C'est un sadique, ce gars, me direz-vous, faut qu'il se fasse soigner. Personne ne viendrait dire que les maîtres du chat auraient dû le garder à la maison. Qu'il traîne dehors ne permettait pas qu'on lui fasse subir cela.

Imaginons qu'un chien cherchant des victimes dans les décombres d'un séisme soit violenté par un inconnu l'ayant entraîné à l'écart.
Lu dans le journal : "Rintintin fouillait consciencieusement un parking sous-terrain, quand son maître l'a perdu de vue. Il a suffi de quelques secondes. Il a disparu plusieurs heures et a été retrouvé plusieurs mètres plus loin, baignant dans son sang."
Quel salaud, me direz-vous. L'animal ne faisait que son travail, pour le bien commun. Personne ne viendrait dire qu'il était absurde d'envoyer un animal sans défense dans un tel endroit.

Imaginons qu'un groupe de copains dévore vivant un lapin.
Lu dans le journal : "Coco passait par là, le gang l'a trouvé appétissant. Ils l'ont attrapé, l'ont tabassé, dépecé, découpé vivant, et l'ont englouti. Le tout en se filmant avec des téléphones portables, riants, moqueurs, le sang dégoulinant de la bouche, le lapin frétillant pathétiquement entre leurs mains."
Ce sont des barbares, ces mecs, me direz-vous. Personne ne viendrait dire que le lapin aime ça ni qu'il l'a cherché en faisant frétiller sa petite queue blanche. Nous serions stupéfaits d'entendre les carnivores prétendre avoir été victimes d'une pulsion irrépressible.

Imaginons que, dans les troupeaux de France, les vaches soient massivement maltraitées par les agriculteurs.
Lu dans le journal : "Une vache sur dix est maltraitée par les agriculteurs, entraînant un décès tous les 3 jours. "
Une vache sur dix, ce n'est plus une juxtaposition de cas isolés, me direz-vous. Il y a un phénomène social sur lequel il faut s'interroger. D'où cela vient-il ? Peut-être que ces agriculteurs (qui ne forment pas la majorité, loin de là) se croient tout permis. Il faut faire de la prévention, informer les jeunes agriculteurs qui se lancent, et il faut punir sévèrement ceux qui traitent ainsi les vaches.
Et quand vous entendrez une vache meugler désespérément, vous serez inquiet, vous chercherez à savoir si tout va bien, vous préviendrez les autorités, en cas de doute. Ca a beau se passer dans le champ d'un autre, on ne peut pas laisser faire !


De quelle impardonnable cruauté ont fait preuve ces monstres, me direz-vous, refermant votre journal, la larme à l’œil. Tout ceci est absurde !
Si encore il ne s'agissait que de femmes, on pourrait laisser dire, laisser faire, laisser souffrir, laisser mourir.

Nous sommes le 25 novembre 2011, et l'an dernier 146 femmes ont été tuées par leur (ex-)compagnon. Tous les cas que j'ai transposés à des animaux (dont la situation n'est pas non plus très brillante, j'en conviens) sont inspirés de cas relativement récents.
Les violences faites aux femmes, on en parle aujourd’hui, on en reparlera l'année prochaine, on en reparlera tant qu'une réelle prise de conscience n'aura pas eu lieu.

16 commentaires:

  1. Très bonne démonstration.
    Ce matin à la radio j'ai entendu qu'une femme journaliste de France 3 s'était fait agressée sexuellement en Égypte.
    Commentaire de "reporter sans frontières" : on ne devrait plus envoyer des femmes journalistes en Egypte.
    Alors que tous les médias occidentaux passent leur temps à suggérer que le risque de la démocratie dans les pays arabes peut amener les intégristes musulmans à être élus, ils ne trouvent absolument pas de problème d'imposer la purdah aux femmes, c'est à dire qu'elles ne doivent pas sortir. C'est donc de leurs fautes si elles se font agresser.
    En plus d'être une restriction sur la liberté des femmes, c'est aussi sous-entendre que les hommes égyptiens (pas les occidentaux hein) sont tous des bêtes, et que les autres hommes qui ont sauvé cette femme sont les exceptions dans un pays de fous furieux.

    Donc je signe, oui je prend le rer à minuit et je rentre à pied chez moi. Oui je suis seule parce qu'on a dit à toutes les autres femmes de rester chez elle et aux pervers qu'ils avaient la tolérance de la société pour m'agresser. Plus nous serons nombreuses et plus nous serons en sécurité. Je me sacrifie en étant la première.

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  2. Oui, c'est une belle démonstration.

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  3. je sais pas hein vraiment ce qui se passe dans la tête des gens.

    mais dans la mienne c'est assez simple : je ne fais pas de distinction de valeur entre les espèces animales.

    tout corps est comme le mien.
    tout corps qui souffre, me fait mal au mien.
    et je me sens dans la peau de la victime à qui le salaud fait du mal.

    les salauds sont tous animés des mêmes intentions pour jouïr du plaisir que leur donne la souffrance de leur victime. les uns y trouvent une valorisation d'eux. les autres un plaisir directe. et encore bien d'autres choses encore inimaginable pour qui se culpabilise de sa propre colère à l'égard de qui ou quoi le met en colère. et pourtant, il est de saine colère.

    mais le plaisir de faire souffrir, prémédité de toutes les façons et dans tous les cas, ne serait-ce de la même façon qu'on salive déjà à la vue du gâteau qu'on convoite de manger, n'a rien de sain si ce n'est qu'il semble qu'il soit dans la nature culturelle de certains animaux dits humains.

    le monde humain, par sa spécificité à être dominé par ceux dont la nature culturelle les fait saliver à l'idée du plaisir qu'ils vont tirer de la souffrance d'une victime, me fait horreur depuis l'enfance, à tel point que je refuse depuis ce temps l'idée de faire un enfant à ce monde.
    et
    je considère mistouffe comme ma fille
    et souvent, quand elle s'absente un peu plus longuement que d'habitude, je crains toujours qu'elle tombe sous les mains d'une ordure humaine dont les pires sont des enfants.

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  4. Vous faites le constat en meme temps que moi.
    Je vois aussi par exemple, sur Facebook, ce genre de choses est évident.
    Regardez, on diffuse un avis de recherche pour deux jeunes hommes qui ont pendu un chien. Un homme la poste, simplement. En quatre jours, il y a plus de 12000 partages. On commente, on compatit. Par contre, lorsque j'ai tenté de diffuser une adresse, www.contreleviol.fr, je me suis pris soit d'énormes vents, soit des remarques très désagréables et agressives.

    Apres, je ne dis pas qu'il est mal de défendre les animaux, seulement, si l'on pouvait faire de meme avec les femmes, voila qui serait mieux.

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  5. Ca me démoralise ce genre de chose. Je vis trop dans le monde des bisounours, je ne comprends pas que cela puisse arriver, non seulement les crimes mais ces journaux qui victimisent les coupables.

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  6. @ lyly : merci !
    J'écrivais cet article depuis plusieurs jours et j'ai appris pour la journaliste. Ca m'a fait repenser au cas précédent... J'ai trouvé le commentaire de RSF juste après avoir fini ce texte. A vomir.
    Tu as raison, il FAUT sortir, il faut vivre, il faut surtout se persuader qu'on n'est pas si faibles, qu'on peut se défendre (avec des cours d'autodéfense, s'il le faut) ! Les hommes n'ont le dessus sur nous que parce qu'on le leur permet. Si nous nous soulevions toutes contre les violences, l'Etat bougerait, si nous rendions coup pour coup, les agresseurs hésiteraient, si nous arrivions à nous défaire de leur emprise psychologique, nous pourrions quitter les maris violents...

    @ verobirdie : merci ! :-)

    @ paul : A mon avis, ce qui se passe dans la tête des gens est assez simple. Ca se résume à "moi, je", et à une inertie terrible.

    @ Emily : les animaux qu'on défend sont mignons, alors on bouge (les animaux moches voient leur espèce s'éteindre, tout le monde s'en fout). Les gonzesses, elles sont chiantes, elles l'ont cherché, elles sont assez grandes pour se défendre... Les femmes sont haïes, même par les autres femmes. On voit les médias s'insurger de temps en temps contre des violences sexistes : quand ça touche une petite fille, ou une femme jeune, jolie et bien sous tout rapport. Je ne crois pas qu'on parlerait autant d'Agnès si elle n'avait pas été si belle et si jeune.

    @ Cleophis : non mais c'est pas que tu sois naïve, c'est que tu es normale, avec la tête sur les épaules et du respect pour ton prochain, donc tu ne peux pas comprendre ce genre de choses. C'est pas toi, le problème, c'est eux.

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  7. Pas mal pas mal, la comparaison !
    Assez parlant...
    Il n'y a donc que les violences aux femmes qui soient excusées ?

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  8. Non, il y a aussi celles commises contre les enfants malheureusement... Très bel article !

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  9. @ Kalista, tu soulignes bien le point psychologique de la défense. C'est un véritable apprentissage, en dehors de la force physique, il faut apprendre à réagir.
    Si on prend l'exemple d'un policier et de son arme. Alors même que tous les policiers à priori ont reçu un entraînement, la "bonne" utilisation d'une arme et la résistance au stress sont très différentes entre un membre du gign constamment mis en danger et un policier lambda.
    Le premier sera en moins d'une seconde juger une situation, tirer seulement s'il le faut et en mettant le minimum de personnes en danger.
    Le deuxième a plus de chance de se faire voler son arme, de se mettre en danger parce qu'il sera beaucoup moins entraîné à dégainer une arme que l'autre en face de lui, de perdre la tête et de mettre 40 balles à un mec qui sortait ses clés ou à se lancer dans une course-poursuite stupide et dangereuse pour les civils.

    Donc non nous ne sommes pas égaux face aux dangers, face aux agressions.

    Nous avons été élevées en petite fille sage et docile. Nous ne savons pas réagir dans la seconde, nous restons passives sur la première seconde car on nous a culpabilisé de voir pour voir le bien partout, parce qu'"il" va s'arrêter, parce que si on réagit, on risque d'avoir eu une réaction extrémiste à une petite blague, parce qu'on ne doit pas voir le mal partout quand il s'agit des gens qu'on connaît. Parce qu'on nous a pas appris à balancer un coup de poing tout de suite.

    Je passe pour un caractère pas facile, je dominais largement mon frère et mes cousins dans les bagarres plus psychologiquement que par la force d'ailleurs.
    Et quand ce collègue que je connaissais depuis deux ans m'a sauté dessus, j'ai perdu complétement mes moyens. Parce que mon inconscient m'a dit "mais non il va s'arrêter il rigole, en tant que jeune fille bien élevée tu ne vas pas lui balancer un coup de poing alors qu'à cette seconde précise ses mains ne sont encore que sur mes bras, sur un endroit non intime, socialement je ne dois pas réagir à une attaque plus forte que cette seconde précise où ses mains ne sont que sur mes bras car ce n'est pas encore une agression".
    Et la seconde d'après c'est trop tard.
    "Heureusement" je n'ai jamais eu cette seconde d'après grâce à un événement extérieur. Mais c'est tout de même quelquechose d'horrible de se dire que mon corps ne m'appartenait plus, d'être nié ainsi, qu'il aurait pu mettre ses mains même dans mon dos alors que je ne l'avais pas autorisé, c'est une violence sociale. J'aurais peut-être eu la force de le repousser au final mais il aurait quand même réussi à mettre ses mains sur moi, niant mon choix. Et oui c'est grave de la même façon que les gens ont besoin que le médecin leur dise bonjour avant de les toucher même si ils sont aux urgences.

    Donc il faut qu' on apprenne à mettre un coup d'abord et à s'excuser peut-être après en disant "bah oui réflexe que veux-tu, mon inconscient savait pas que tu voulais juste rigoler, fais gaffe tu pourrais avoir des problèmes un jour avec tes blagues".

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  10. Salut, moi aussi ça me rends triste ces violences, je pense que certaines personnes nient tout simplement certaines choses fondamentales.
    Il y a quelques jours, j’étais chez moi dans un petit bourg de campagne et dans le parking j'ai entendu un chien pousser un chant de loup : wouououououououououououououou
    Je suis aller voir a la porte et j'ai remarqué un petit chien au bout du parking, il était a coté d'un vélo d'enfant qui l'avais laissé, des enfants jouent souvent sur ce parking de notre petite commune.
    Mais le petit chien, lui il savait que c'etait un vélo d'enfant, et il pleurais en appeleant avec son chant digne d'un petit loup en direction du paysage vide.
    J'ai ouvert la porte, et je lui ai parler doucement malgré la distance pour lui demander ce qui se passait.
    Il s’est retourné et m'a observé, puis il s'est mis a émettre ses aboiements de petits chien en me regardant.
    Une chose importante, en même temps qu'il aboyait, il remuait la queue a grand coup de vas et viens rapides et énergique.
    Le chien semblait content que je lui réponde.
    Lentement j'ai penché la tête sur le coté et j'ai dit calmement: vient, vient me voir....
    Le chien s'est arrêter d'aboyer, puis à traverser le parking pour me rejoindre.
    Il est rester a 1 mettre de moi, sans bouger, je lui ai chuchoté de ne pas s’inquiéter puis je lui ai fait un sourire.
    Le chien m'a regardé un moment, puis à détourné un peu la tête de mon regard, il semblait, il semblait légèrement perplexe, il est vrai que je lui parlait simplement, d’égal a égal, mais en comprenant son chagrin causé par la vue de ce vélo d'enfant abandonné. Il est reste un petit moment à un mettre de moi, puis il est repartit normalement.

    Il n'a plus du tout aboyé, il était rassuré.
    Du coup, il était content.

    Je pense que c’était un chien sensible et intelligent.
    La violence chez les humains, ça se voit dans les faits, mais c'est un problème dans la tête je pense.

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  11. Ps: dsl pour mes fautes, je suis décidément incorrigible, mais j'ai pas mes outils habituels, je dois refaire ou réinstaller tout mon pc de travail, problèmes de virus.... décidément.

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  12. Ce dimanche je lisais dans le quotidien régional un article à propos du livre "Cerveau rose, cerveau bleu" de la neuroscientifique américaine Lise Eliot.
    Extrait:
    Il n'y a donc pas de gène du jouet rose ou du jouet bleu?
    "Non! ce sont plutôt le marketing, les parents et les paires qui dictent le choix des enfants. Quand on montre à des enfants de 4 ans un pistolet rose à paillette et une théière noire et pointue, tous les enfants concluent que le pistolet est un jouet de filles et la théière un jouet de garçons. Quel jouet les encourage-t-on ou les décourage-t-on à prendre, sous prétexte que ce sont des jeux de filles ou de garçons? Il faut encourager la diversité."
    Ca m'a renvoyé au "choc" des catalogues de jouets. Des pages colorées, lumineuses pour les fillettes et des pages noires et rouges pour les garçonnets. Pour être un garçon, un vrai, l'univers doit être sombre et sanguignolant?... Les jardiniers, amateurs de couleurs, ne seraient pas de véritables hommes?

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  13. @ Antisexisme : merci !
    Les violences aux femmes ne sont pas forcément excusées, elles sont plutôt vues comme une fatalité. Les hommes seraient violents, on ne pourrait rien y changer. Les femmes seraient faibles, il faudrait les protéger.

    @ Anonyme : effectivement, femmes et enfants, même combat. Les femmes sont censées être aussi faibles que les enfants, à la merci de l'homme qui les possède.

    @ lyly : il n'y a pas que l'éducation qui bloque. Lors d'une agression, on reste paralysée comme le lapin qui voit arriver les phares de la voiture. Si tu n'as pas pu réagir, ce n'est pas parce que tu n'as pas été capable de rejeter le conditionnement social, c'est une réaction psychologique normale.
    Peut-être qu'en connaissant ce mécanisme on est capable de le dépasser. Mais qui t'expliquera ce genre de chose ? C'est tellement plus simple de culpabiliser les victimes !
    Oui, être touchée contre son gré, c'est traumatisant, même si ça ne va pas loin. Rien qu'une main aux fesses, c'est grave. On nous dit que c'est pas grand-chose, qu'il ne faut pas monter sur ses grands chevaux pour ça... Mais c'est une négation du consentement. Si on laisse passer ça, on ouvre la porte au viol. Il faut le dire, le crier : ma peau n'est pas en open bar, connard.

    @ Healcraft : c'était si joliment écrit que je n'ai pas vu les fautes !
    Un problème dans la tête ? Oui ! C'est surtout un problème qu'on nous a enfoncé dans la tête à coup de Transformers et de journaux télé...

    @ Barbara Bee Mia : le jardinier est un homme, un vrai, quand il bêche péniblement la terre, quand il la modèle pour créer un jardin, quand il lui arrache sa subsistance à coup d'engrais, quand il détruit les mauvaises herbes.
    Cultiver tendrement son jardin est affaire de femme. L'homme l'exploite.
    Tout est dans l'éducation. On dit aux parents qu'ils encouragent une tendance naturelle, qu'ils préparent leurs enfants à la vie adulte, et ils sont tout émus et fiers de voir leurs petits les imiter. Si on leur expliquait comment ce conditionnement encourage leurs fils à devenir violents et leurs filles à devenir victimes, il y réfléchiraient peut-être un peu...

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  14. @Kalista : dans les médias, les viols ( dont on ne parle presque jamais, en fait, je ne m'étais pas rendu compte ) ne sont pas qualifiés de violences sexistes, juste d'actes " commis par des malades ", comme si ça n'arrivait jamais, et comme si les violeurs n'étaient que des psychopathes - jamais on ne dit que la société " tolère " le viol en taisant sa réalité, et donc que la société encourage plus ou moins les viols en mettant en premier lieu la parole des victimes qui osent parler en doute, par exemple, et en maintenant les hommes dans l'idée qu'ils ont des "pulsions sexuelles irrépressibles " leur permettant de commettre des viols...
    Enfin, il n'y a pas que cela mais évidemment, cela vaut pour tout le reste.

    Enfin, vous le savez tout ça.
    Mais c'est vrai qu'on ne parlerait sans doute pas d'Agnès si elle n'était pas jolie. Et encore une fois, elle est victime d'un détraqué et non d'une société qui l'encourage...
    Sandrine Goldschmidt avait écrit ça dans son article " ELLE et la guerre des sexes " : " [...] fais-toi agresser, mais surtout ne te défends pas. Sois violée, mais ne porte pas plainte, on ne te croira pas, et on t’accusera d’en vouloir aux hommes. Meurs, et alors on te reconnaîtra comme une victime d’un détraqué, pas d’une société qui l’encourage. Et surtout, tais-toi !"
    Et quant à celle qui a subi un viol de la même personne, l'été 2010, c'est curieux, je ne me souviens pas qu'on en aie parlé aux infos...

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  15. @ Emily : oui, je pense que la plupart des gens qui passent par ici le savent aussi bien que nous, mais ça fait toujours du bien de l'écrire et de le lire.
    La première victime du violeur d'Agnès a eu le "tort" de survivre. Il y a les "vrais" viols, et les autres. Les "vrais" viols, il faut en mourir. Une femme violée doit mourir (cf mon article sur Lucrèce), si elle survit c'est qu'elle ne s'est pas assez défendue ou qu'elle n'a pas été assez détruite, ce qui signifie que ça lui a un peu plu, quelque part.
    Le viol n'est pas un acte sexuel, c'est un acte de destruction. S'il n'y a pas destruction, le viol est nié, ça devient une relation sexuelle plus ou moins consentie, un dérapage...

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