jeudi 10 novembre 2011

Le dialogue lambda

C'est vrai ? Tu tiens un blog ?
- Ouaip. Je ne suis pas trop inspirée en ce moment, et je le regrette. Ca me manque.
- C'est sur quoi, ton blog ? Cuisine ? Scrapbooking ?
- C'est un blog féministe.
- ...
- Tu reprends une bière ?
- Oui, volontiers. Bon, tu sais, j'ai rien contre les féministes, je les aime bien même, tant qu'elles ne sont pas anti-hommes.
- De qui tu parles ?
- Ben, tu sais... Celles qui veulent que les femmes dominent les hommes...
- Ouais, je vois l'idée, mais tu as des noms ?
- Bah euh... Tout le monde sait ça, quoi.
- Tu sais, il y a quelques siècles, tout le monde "savait" que la Terre était plate...
- Oh, chipote pas, tu sais très bien ce que je veux dire. De toute façon, vous les féministes, vous allez trop loin.
- Ah ouais ? Refuser de se faire taper dessus, c'est aller trop loin ?
- Nan mais ça, tout le monde est d'accord, on n'a pas besoin du féminisme pour être contre les violences !
- Le savoir, c'est une chose, mais agir, c'en est une autre ! Tu connais les chiffres...
- Oui, oui, les chiffres, toujours les chiffres... Ca va évoluer naturellement, tout ça. Tu sais de quand ça date, l'autorisation de signer un chèque sans le consentement du mari ?
- Oui, mais si personne ne pointe du doigt les inégalités, rien ne bougera.
- A condition de ne pas aller trop loin. Là, ça prend des proportions ridicules ! Le mouvement se discrédite de lui-même !
- Eh ben vas-y, reprends des cacahuètes, et explique-moi.
- (Crounch, crounch) Cha ne chert à rien de vouloir l'égalité. (Gloup) On est foncièrement différents. On est complémentaires, même, et c'est beau. Vous, les féministes, vous voulez gommer les différences entre les sexes. Seulement c'est pas possible ! On ne peut pas être tous pareils.
- Tu confonds égalité et uniformité. La question n'est pas d'être tous pareils, mais d'avoir les mêmes droits.
- Mais vous les avez, les droits !
- Oui, mais ils ne sont pas appliqués ! Sinon il n'y aurait pas tant de violences...
- Admettons...
- Ensuite, il n'est pas question de gommer les différences entre les sexes. Je ne vais pas t'arracher les couilles, sauf si tu me le demandes gentiment.
- Ne sois pas si vulgaire.
- Je préfère être vulgaire qu'hypocrite. J'en étais où... Ah oui. Il y aura toujours deux sexes. Mais c'est pas parce que nos organes génitaux sont complémentaires dans une optique de reproduction qu'il faut penser toute la société de manière binaire.
- Hein ?
- Tu connais le genre ? La plupart de ce que nous appelons des caractéristiques féminines et masculines sont en fait induites par la société.
- Mais il y a des différences innées, c'est évident. Nos cerveaux ne fonctionnent pas pareil.
- Les études montrent qu'il y a, en moyenne, plus de différences entre des cerveaux de deux individus de même sexe qu'entre des individus de sexe différent. Je te conseille de lire Catherine Vidal, si ça t'intéresse.
- N'empêche, moi je crois que les hommes et les femmes sont foncièrement différents. Et que c'est tant mieux.
- C'est peut-être tant mieux pour toi, peut-être que tu y trouves ton compte.. Mais c'est loin d'être le cas de tout le monde. Pourquoi vouloir à tout prix faire rentrer les gens dans des cases ? Pourquoi imposer un modèle ? Si moi je ne veux pas me conformer aux canons féminins, ça gène qui ? Si je ne souhaite pas perdre mon temps à me pomponner ?
- Ben c'est ton problème, si tu veux être moche. C'est ton mari qui doit être content, tiens !
- C'est mon mari qui doit décider de mes tenues, de la fréquence à laquelle je dois m'épiler, du temps que je dois passer dans la salle de bains ? C'est mon corps, quand même !
- Tout de suite les grands mots ! Tu commences par parler de maquillage et tu finis par parler du droit à disposer de son corps... C'est pas la même chose !
- Mais tout est lié ! Ce sont les petites discriminations qui conduisent aux grandes violences ! Les maris qui battent leurs femmes le font parce qu'ils pensent en avoir le droit, parce que pour eux, elles leur appartiennent, et cette impression est soutenue, entre autres, par le changement de civilité lors du mariage ! C'est pour ça que certaines féministes se battent pour éliminer les discriminations du type Madame/Mademoiselle !
- Mais arrête, c'est un combat d'arrière-garde !
- Ca ne le serait que si on ne se battait que pour ça, ou si c'était uniquement pour le plaisir de faire comme les hommes. Mais non ! Il faut tenir compte des implications de tous les actes de la vie quotidienne...
- Tous les actes ? Ah ben voilà, encore un travers typique des féministes : tu vois le mal partout !
- Et si il était effectivement partout ?
- Donc, ce que tu veux, c'est tout envoyer balader ? Il faut interdire le rose aux filles et le foot aux garçons ! C'est liberticide, ton truc ! Et si je veux que les femmes aient le droit de choisir entre "Madame" et "Mademoiselle" ? Et si je veux qu'elles aient le droit de porter des jupes ?
- Au contraire ! Tu te crois libre,aujourd'hui ? Tu crois qu'on a le choix entre "Madame" et "Mademoiselle" ? Mais non,c'est le statut marital qui l'impose. Tu crois qu'on est libres de porter des jupes ? Non, nous sommes poussées à porter des jupes, parce que c'est plus "joli", et qu'on nous fait croire, dès le plus jeune âge, qu'on ne sera aimée que si on est agréable à l’œil. Les filles ne choisissent pas le rose, on les persuade que c'est la couleur qui leur convient le mieux. Si on cessait d'éduquer nos enfants pour qu'ils collent à un modèle tout fait, ils serait libres de choisir la forme et la couleur de leurs vêtements. Il ne s'agit pas d'interdire le rose aux filles, mais de cesser de le leur imposer. Celles qui le désirent, alors, peuvent choisir le rose, si ça leur plait. On ne ferme aucune porte, au contraire, on en ouvre !
- Alors chacun ferait ce qui lui plait ? On fait table  rase des règles et des traditions ? Pourtant, il faut des règles pour qu'une société fonctionne ! On a des lois !
- Rien ne nous interdit d'examiner les lois et de les remettre en cause ! La démocratie, c'est aussi ça : le peuple élit les législateurs et les législatrices. Les lois nous appartiennent. Les traditions, la culture, sont un héritage que nous pouvons nous approprier, examiner, triturer, avant d'en transmettre les clés à nos enfants.
- Tu veux tout chambouler, alors !
- Tout ce que je demande, c'est qu'on réfléchisse aux motivations de nos actes. C'est un point de départ, pour améliorer le monde. C'est aussi une question d'honnêteté. Par exemple, si on fait une vanne sexiste, ça peut être le révélateur d'une pensée sexiste sous-jacente... Cette même pensée qui permet les violences les plus rudes.
- Encore une fois, tu exagères ! On peut déconner quand même ! Et puis c'est du second degré, ces vannes...
- Tu peux me définir le terme "second degré", s'il te plait ?
- Euh... Elles sont où les cacahuètes, déjà ?
- Ben voilà. Tu ne fait que répéter ce que tu as entendu ailleurs sans avoir réfléchi à la question et sans t'être renseigné avec des sources fiables. Sur le féminisme, sur le sexisme... Mais il est passé où ?

23 commentaires:

  1. Ca sent le vécu, ha!
    Ca date de quand, la discussion réelle? :P

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  2. C'est une mégamix des différentes conversations que j'ai pu avoir. C'est un peu toujours les mêmes remarques qui viennent, pas toujours dans le même ordre, mais toujours avec les mêmes mots-clichés ("arrière-garde", "second degré"). Je soupçonne, d'ailleurs, que certains de mes interlocuteurs seraient infichus de me définir précisément leur sens. ^^
    Ce qui est en revanche systématique, c'est la pirouette pour finir la conversation.

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  3. Pour me faire l'avocat du diable, tu sais que ce n'est que depuis que je lis des blogs comme le tien que j'ai un regard plus léger sur le mouvement féministe? Je veux dire, avant, je n'avais que le reflet de ce que me donnaient les médias, à savoir une vision très partisane et tranchée, destinée je pense à minimiser l'importance des mouvements féministes dans la société. Avant, je ne voyais à la télé que des féministes martelant des idées de façon assez autoritaire, ce qui ne me donnait nullement envie de les suivre, même si le fond de la pensée me semblait bon. Je l'ai dit encore récemment à une féministe qui est venue littéralement insulter ma mère qui avait commenté sur un blog au sujet de l'allaitement. Elle avait posté un commentaire très neutre, et s'est retrouvée avec cette femme lui disant que si ça lui plaisait d'être esclave de ses enfants, blablabla, de se soumettre au diktat de la nature, etc. Ma mère a été hyper choquée. J'ai dit à cette femme qu'il ne fallait pas qu'elle compte convaincre des gens avec une telle animosité, que c'était rédhibitoire.

    Et donc, avant de découvrir des blogs de ce type, c'était ça, l'image que j'avais des féministes. Parce que dans les médias on ne me montrais que celle-là. Et je trouve qu'il n'y a que depuis l'affaire DSK qu'on montre "les autres", parce que même les femmes non engagées dans les mouvements se sont exprimées: des femmes politiques, des femmes populaires...et donc l'ensemble de la parole féministe a été diffusée, alors qu'avant il me semble qu'elle était filtrée.

    Enfin voilà quoi, quelque part cette discussion ne m'étonne pas tant que ça, dans le sens où j'aurais pu moi-même, je pense, il y a encore peu de temps, tenir certains de ces propos.

    Bonne journée :)

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  4. Coucou Kalista :)

    J'ai remarqué que les gens sont très attachés aux images qu'ils reçoivent dans les médias ou ailleurs, après tout, qui a le temps de lire et d'étudier chaque terme de vocabulaire de notre langue.

    Sinon, j'avoue que moi quand je dis que je suis féministe à des hommes par chez moi, la plupart du temps ils me répondent du tac au tac, un peu comme dans le dialogue du dessus aussi, sauf qu'en plus vu que je suis un homme(biologique j'y peux rien ;-) )j'ai un peu l'impression qu'ils me regardent comme si j'étais un extra-terrestre. Enfin, moi j'ai une méthode simple des fois quand j'y pense, mais bon c'est aussi au cas par cas, je dis juste que je suis féministe de type anarchiste ou je rajoute d'autres mots "clichés" ensemble pour faire un amalgame bien complexe mais qui me corresponds et qui embrouille les jugements tout fait.

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  5. Vachement bien ton dialogue, bravo !:)

    Moi j'ai fait une expérience nouvelle aujourd'hui que je n'avais jamais osé faire. Je suis allée au rayon hommes de H&M et je me suis choisie des vêtements d'hommes. D'abord, le choix de vêtements qui leur est imparti est d'une tristesse affligeante. Mais cela a une fonction : ils ne doivent pas s'embarrasser avec le vêtement. On prend besucoup moins de temps à choisir parce que le choix est restreint et on a affaire à une grande uniformité. Le rayon féminin fait trois étages, le masculin, le tiers d'un étage !
    Je suis allée essayer mes fringues masculines chez les femmes parce que je me serais fait remarquer en entrant dans les cabines homme. Heureusement personne ne m'a demandé ce que j'essayais. J'ai cru que j'allais immédiatement avoir l'air d'un mec. Et bien PAS DU TOUT ! Une fois sur moi, on ne voyait absolument plus qu'il s'agissait de vêtements masculins ! (Un jean, un chemisier, un pull). En plus la coupe simple, sobre et polyvalente en quelque sorte faisait qu'ils m'allaient parfaitement. Je les ai achetés. Maintenant je vais les porter au boulot et regarder si quelqu'un remarque quelque chose. Je crois que je viens de découvrir un nouvel univers. Et que de s'habiller en femme est vraiment un esclavage. D'autant que, je le répète : s'habiller en homme ne se remarque même pas !!!!

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  6. @ Working Mama, j'ai été moi-même choquée sur certains blogs quand certaines féministes étaient trop virulentes sur certains sujets. Puis je me suis interrogée, pourquoi suis-je tant choquée?

    Pour certaines on sentait l'expérience, le trop d'expériences à être trop confronter à des machos, ce que certaines d'entre nous n'ont pas (ou pas consciemment) (ou encore ) eu à subir de façon systématique et massive. Je ne me suis jamais investie à long terme dans un travail à cause de multiples projets qui faisaient que je savais que de toute façon j'allais quitter ces travails. Donc les machos ou remarques sexistes que j'ai subi, j'haussais les épaules, ispèce de cons. J'ai une famille en adoration égale devant leurs rejetons.
    Mais le fameux édito de Elle, j'ai pris un coup de poing. J'aurais bien mis une claque à la journaliste sur le moment. Parce qu'elle a fait une remarque légère sur la "drague" des "loulous". Et en tant qu'habitante des pas bo quartiers, ça c'est un sujet qui me touche énormément, où j'ai du mal à apprécier l'humour tellement je me suis faite massivement insultée dans la rue, dans le rer alors que pour beaucoup d'autres femmes, elles en haussent les épaules et ne comprennent pas ma rage sur ce sujet.

    Poussons plus loin, la révolution de 1789 portait l'égalité des hommes et des femmes pour le droit de vote. Et cela a été effacé. Il a fallu attendre plus de 150 ans avant d'avoir le droit de vote. Pourquoi l'Histoire retient des féministes et suffragettes une violence illégitime et exagérée quelque part alors qu'il a fallu 200 ans depuis la révolution pour ouvrir un compte en banque librement? Deux siècles. Si elles n'avaient pas été "violentes", nous n'aurions jamais eu le droit de vote(et encore qualifier de violence, des manifestations survoltées, quelques dégradations de biens publiques, est presque un mensonge au regard de d'autres mouvements qu'on qualifie de "passionnés" qui ont été beaucoup plus violents dans les faits)

    Poussons encore plus loin, pourquoi un homme peut haranguer une foule, hurler à sa tribune pour sa cause, pourquoi les militants anti-avortements, pour la chasse peuvent commettre de vrais actes de violences (atteinte à la personne), pourquoi certaines personnes peuvent soutenir des thèses anti-égalitaristes, pourquoi on interview encore Le Pen malgré le risque élevé de remarques anti-politiquement correct voire illégales, pourquoi mon père peut vociférer sur un sujet au diner, pourquoi elles peuvent faire ça et ce que la société retient c'est "passion", ou dialoguons, argumentons, expliquons, "vous avez tort", "je ne suis pas d'accord".
    Si c'est une femme avec un discours féministe, c'est "violence", "pas la peine de parler avec ce genre de personnes de toute façon", ou les médias n'en parlent tout simplement pas, omerta.

    Finalement ce qui est anormal c'est que moi-même, inconsciemment, quand j'écoute une féministe "trop violente" pour les normes de la société, c'est que mon cerveau me dit c'est "quel violence hein elle dit quoi?" alors que sur d'autres sujets mon cerveau me dit "qu'est que vous dites, c'est un peu fort".
    Et en fait, ce n'est même pas seulement pour les féministes, c'est vrai pour toutes les femmes qui osent ne pas sourire et parler fort et donner leur avis.

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  7. @ Working-Mama : C'est bien de le rappeler. J'ai pris le parti de livrer la discussion sans rien avec, sans explication ni jugement. C'était volontairement dépouillé, et je me suis demandé comment les lecteurs allaient réagir... ;-)
    Je n'accuse personne, en fait. Ces réactions ne sont pas dues à la mauvaise foi ni à la méchanceté des gens, mais à leur manque d'information et à leurs certitudes imposées depuis l'enfance à coup de catalogues de jouets.
    Il n'y a pas de coupable à lyncher, c'est un peu la faute à tout le monde. Ca me fait chier, d'ailleurs, j'aimerais bien taper sur quelqu'un, mais non, il faut être constructif en se passant d'exutoire ! :-D

    @ Healcraft : tiens, tu passes par ici, toi ! :-)
    Excellent, la méthode, j'adore ! Je peux te la piquer ? Si je trouve des mots compliqués qui m'aillent, bien sûr...

    @ Euterpe : Il y a quelques années je portais volontiers une chemise (beaucoup) trop petite pour mon père, ça m'allait super bien.
    Je râle régulièrement sur les vêtements pour femme. Je m'habille simplement dans des choses pratiques, mais quand même, les fabricants arrivent à me faire chier. Une de mes phrases récurrentes est "font chier ces fringues de gonzesse, il n'y a pas de poche, je le mets où ma carte de cantine" (oui, je suis très vulgaire, dans la vie). Mine de rien, il y a des gens que ça a fait réfléchir.
    Ca peut faire un sujet de post, mais j'hésite, c'est un peu facile, je trouve.

    @lyly : Toutafé. Mais quelque part, je me dis que le féminisme est intrinsèquement violent. Il bouscule les certitudes, force à remettre en causes les repères et à regarder en face notre rôle dans la reproduction du système. Va dire à une mère gâteuse et stéréotypée, même le plus gentiment du monde, que quand elle impose de peindre la chambre de sa fille en rose elle contribue à fortifier un système qui permet la violence à l'encontre des femmes... C'est rude, même en y mettant les formes. Va dire à un type sympa que les violeurs ne sont pas des mecs super zarbi qui se reconnaissent, mais des hommes comme lui. En général, il ne supporte pas.
    Enfin, c'est que mon avis. :-)

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  8. je rebondis sur les dernières remarques de Lily et de Kalista parce que souvent l'idée que le féminisme ou certaines idéologies sont violentes me sont données en explication du pourquoi on commente très peu mes baratins sur mon site. ça intimide pour deux raisons. les idéologies comme les féminismes et les marxismes sont très réflexions cherchant à conceptualiser les fonctionnements sociaux, donc dépasser les apparences de sens commun et donc emploient très régulièrement un vocabulaire conceptuel, travaillé, construit qui déroute le lecteur de culture commune.
    Et en même temps, ça le violente de diverse façon, en lui remuant son inconscient collectif qu'il ignore comme fondateur de son inconscient individuel, dans une culture qui prône l'individualisme et le libre arbitre...
    donc souvent, on sent dans tout ça aussi la colère des auteures parce que on sent aussi qu'ils et elles déconstruisent mais que l'apparence de la déconstruction, dans le référenciel commun c'est la destruction, donc la guerre.
    le lecteur ou la lectrice de sens commun est agressée comme coupable de complicité avec ce que nous désignons de processus inconscients culturels collectifs et que dans tout ça, on ramène l'individu à une humilité contraire à l'ordre des valeurs culturelles puisqu'on lui explique qu'il n'est rien que le produit de forces culturelles environnementales...
    c'est très agressif d'entendre dire qu'on est agressif parce qu'on oblige communément tout un chacun à ce conformer à des attributions de sens qui sont fausses !
    les gens n'aiment pas entendre dire que toutes leurs certitudes sont fausses.
    à l'époque du procès de galilée, ce que craignaient les tenants du pouvoir, ce n'était pas tant que galilée démontre que la terre était ronde et qu'elle tournait que la déstabilisation émergente des stabilités culturelles garantissant la stabilité sociale en cours.
    avec le féminisme c'est pire : c'est le crédo de chacun chacune sur lui et elle-même qu'on attaque dans les fondement de la construction de son identité individuelle et psychologique de même qu'avec le communisme, c'est le crédo de l'individualisme comme fondement de l'identité sociale et économique qu'on attaque. avec ces deux idéologies on s'attaque au projet de société prométhéenne que les grecques avait bien compris comme étant porteur d'un risque d'autodestruction...

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  9. "les certitudes peuvent être fausses", c'est une phrase qui m'a particulièrement marqué dans les mémoires de Simone de Beauvoir. Et j'y pensais justement hier, c'est drôle.
    C'est effectivement très perturbant de tout remettre en cause surtout si on n'a pas ce genre de personnalité. Je passe pour la chieuse car quel que soit le sujet, j'ai toujours un contre-argument, et je suis toute prête à changer d'avis. Mais c'est difficile à assumer même vis à vis de soi-même, ça serait parfois agréable d'être sûr de ce qu'on pense et de ne pas écouter les autres, d'avoir une vie toute tracée.
    Sans même s'arrêter au féminisme, sur tous les sujets, il y aura toujours quelqu'un qui pourra donner des leçons, qui aura été plus fort sur un sujet, et cela paraît effectivement toujours violent de dire à l'autre "je ne suis pas d'accord, tu as tort"
    Et cela d'autant plus qu'on ne suit jamais à 100% les préceptes d'une voie, si on peut même considérer qu'il n'y qu'une voie pour parvenir au même résultat. Je donne des leçons de féminisme sur certains sujets à des personnes qui peuvent facilement trouver des exemples où j'ai lâché prise et donc comment je peux leur reprocher quelquechose.

    Il n'en reste pas moins que le féminisme et même le marxisme ou l'écologie reçoivent souvent des fins de non-recevoir stupides alors qu'on peut dialoguer du capitalisme, des machos sans atteindre tout de suite le point goodwin.

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  10. A paul : c'est toujours impressionnant de profondeur ce que vous écrivez ! J'adore, et ça éclaire bien le comportement de l'interlocuteur lambda tel que le décrit Kalista.

    A Kalista : pas grave je viens de faire moi-même un billet sur le sujet :)

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  11. @ Paul : merci pour ce commentaire constructif (bah, comme d'hab', quoi ;-) ).
    Ca fait un certain temps que je me triture la cervelle sur les questions des certitudes, de l'identité personnelle (et du rapport étroit qu'elle a avec l'identité collective), de l'intime, et même du rapport que l'on entretient avec son propre corps. Tous ces aspects sont un peu sacrés pour la plupart des gens et peuvent nous rendre imperméables aux idées, même quand elles sont fondées sur concepts simples et qui tombent sous le sens, quand on y pense vraiment. Je ne sais pas si je suis claire... J'espère que tout ça fera un billet un jour. En tout cas, si vous avez des remarques sur le sujet, n'hésitez pas.

    @ lyly : le problème c'est que pour dialoguer,il faut être deux. Deux personnes qui sont prêtes à communiquer, à écouter autant qu'à parler. Hélas, il y a pas mal de monde qui ne voient le dialogue que comme un combat où l'un des deux doit s'imposer et l'emporter.

    @ Euterpe : vu ! et merci pour le lien ! Ton blog m'envoie plein de monde. Quelle influence ! ;-)

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  12. [Quote : Kalista a écrit]
    @ Healcraft : tiens, tu passes par ici, toi ! :-)
    Excellent, la méthode, j'adore ! Je peux te la piquer ? Si je trouve des mots compliqués qui m'aillent, bien sûr...
    [/Quote OFF]

    Bien sûr :)
    Moi, par exemple les mots compliqués qui me vont sont plûtot :
    ==>FéeministZ<==, AnarchistZ, HacKOeurZ, philo-Grunge, White hat (gentil hacker pro "full disclosure" => divulgation des sources et bugs)et autre (en fait ça dépends surtout du contexte, lol)
    HA oui, sinon <==NoLiFe==> dans l'âme mais pas les nolifes qu'on souhaite nous fait croire !

    Allez, je Troll un peu sur ton Blog :
    L’amour chez les Trolls qui osent prononcer le mot « Mademoiselle » ^^

    http://www.youtube.com/watch?v=3OZ02msc98w

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  13. Aaah... Exactement les conversations que j'ai à chaque fois.
    * merci de cet article plein de vérité ( malheureusement )*

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  14. Kalista, pourquoi une mère gâteuse, comme tu dis, n'aurais pas le droit de peindre la chambre de sa fille en rose ?

    Par contre, je rejoins l'idée des vêtements surtout pour enfant. Quand je regarde le rayon bébé fille, je ne trouve que des robes ou des petits hauts à froufrous. Pour les jours frais de l'été dernier, j'étais bien contente de trouver des vrais t-shirts à manches longues dans le rayon garçon.

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  15. @ Emily : Merci d'être passée et d'avoir pris la peine de laisser un mont gentil ! :-)

    @ Cléophis : J'ai bien écrit "Il ne s'agit pas d'interdire le rose aux filles, mais de cesser de le leur imposer. Celles qui le désirent, alors, peuvent choisir le rose, si ça leur plait. On ne ferme aucune porte, au contraire, on en ouvre !"
    A titre personnel, le rose me donne envie de vomir, et quand je rentre dans une chambre aux murs fuchsia éclairée par des lampes couleur papier-cul, j'ai la migraine. Je peux être assez virulente sur le sujet ^^. Mais bon, pourquoi pas, si c'est ce qu'on souhaite. Le problème étant que ce n'est plus un souhait, mais un automatisme, comme pour les fringues. J'en vois de plus en plus, que ce soit dans les émissions de déco ou chez mes voisins. J'ai l'impression qu'on enferme les filles dans des bonbonnières.
    Il ne faut pas pour autant interdire le rose... Juste proposer d'autres options. Après, si tes filles en réclament, les en priver aurait l'effet inverse. Et si elles sont trop jeunes pour choisir et que toi tu as envie de faire une déco de bon goût avec du rose, OK, du moment que tu leur permets de changer, si elles le demandent plus tard, et si tu leur montre, d'une manière ou d'une autre, qu'il existe d'autres options (ouais, bon, c'est plus facile à dire qu'à faire...).

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  16. Très amusant! J'étais tombée sur l'un de vos articles en cherchant des stats sur l'industrie de la pornographie.
    Ca faisait longtemps que je n'avais pas ouvert de catalogue de jouet. j'ai été effarée les stéréotypes véhiculés!
    J'aimais bien gamine les meccano dans les pages garçons!
    Quelques articles sur mon blog suite à une OVERDOSE de pressions viriles...
    Et pour quoi faire?
    C'est dommage j'ai du mal à lire sur un écran. Les commentaires semblent aussi amusants.

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  17. J'ai une question, quels sont vos statistiques de "je garde le silence" ou "c'est très cliché ce que tu dis" notamment au boulot quand vous entendez des horreurs??
    Le florilège de stupidités sexistes que je peux entendre au boulot est de très loin dit par des femmes car ce sont elles qui s'épanchent le plus sur les enfants.

    "ah bah oui il doit bien crier quand il veut son biberon c'est normal c'est un homme", parce que bien sûr un bébé fille ne pleure pas quand elle a faim...
    "ah lala mon fils ne veut que des voitures c'est normal c'est un garçon", c'est sûr qu'en répétant ça il risque pas de s'autoriser à aimer les poupées.
    "ahlala mon mari ne m'aide pas trop à la maison, il exagère", mais pourquoiiii tu emploie le mot "aide"
    "ah lala ma fille était énervée mercredi je lui dit de se calmer", "ah oui aussi ma fille elle fait sa mijaurée quand elle veut quelquechose, les filles sont vraiment hypocrites", "ah mon petit bonhomme il saute partout il en a de l'énergie des fois il me fatigue un peu, [rire]". Ne fais surtout pas le lien entre tes 3 remarques pour expliquer les caractères de tes enfants.

    Tout ça en une seule journée. Je suis déjà cataloguer comme celle qui de toute façon verra bien que c'est la nature quand elle aura des enfants, pour ne pas trop me faire détester je dois entendre tout ça en silence....

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  18. @ Barbara : Moi, c'était les Lego ! J'adorais construire des maisons, et je faisais attention des les rendre pratiques.

    @ lyly : J'ai gardé le silence, en écrivant l'article, sur le sexe de l'interlocuteur. Je voulais qu'il reste universel ! Et puis finalement, j'ai réalisé que ces phrases venaient uniquement d'hommes que j'avais rencontrés. C'est surtout parce que je travaille dans un milieu masculin : je parle donc surtout avec des hommes. Mes groupes d'amis sont mixtes, et quand on parle société, la parole des femmes est étouffée parcelle des hommes. Donc au final, j'ai très peu parlé sexisme avec des femmes, hélas. Je ne peux restituer ici que ce que je connais.
    Il reste que, en de rares occasions d'échanges avec des femmes, j'ai effectivement entendu des choses du même style que toi. Je reconnais que les femmes peuvent être aussi sexistes que les hommes. Et à titre personnel, les femmes sexistes m'énervent prodigieusement (c'est peut-être aussi pour ça que je reste avec les mecs autant que possible).
    Putain, elle a bon dos, la nature. Moi,j'ai un fils qui aime les dînettes depuis tout petit, mais ne joue plus avec la sienne depuis qu'un copain à l'école lui a dit que "c'est pour les fiiiiilles" d'un air dégoûté. Vachement naturel, comme évolution, tiens.
    Bon courage pour supporter les petite phrases qui tuent, je suis de tout coeur avec toi.

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  19. @ Kalista, merci!
    j'entends aussi beaucoup de sexisme de la part des hommes au travail mais ils le surtout consciemment avec des phrases sous forme de défis pour faire les coqs, devant les autres ou pour bien montrer que ce sont eux les chefs et qu'étant leurs subalternes on ne peut rien dire.
    Mais ceux-là on voit tout de suite en quoi ils sont sexistes.

    Alors que les remarques inconscientes des mères ou des femmes "j'assume pas d'être célibataire alors j'accepte tout de mon conjoint", c'est beaucoup plus difficile de dénoncer ce genre de situations.

    Et comment éduquer nos propres enfants alors que toute la société leur renvoie autre chose? Je n'ai pas été élevé en fifille en rose, ni en gars, ni en fille sérieuse et bien élevée. Et cela a été très dur de trouver ma place, je n'avais pas peur des araignées, je n'avais pas l'assurance batailleuse, je ne rentrais pas dans les moules.
    Je voudrais élever mes enfants différemment, leur dire que les parents de leurs amis sont stupides, mais je sais aussi quelle souffrance cela signifiera aussi pour eux.

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  20. bonjour,
    je suis un mec; je n'ai pas lu tout le dialogue, mais bon je devais tenir à peu près le même discours (que le mec) il y a encore quelques années.
    Ce n'est qu'en cotoyant une nana féministe pendant un certain temps que j'ai fini par comprendre. Aujourd'hui je suis peut-être plus révolté qu'elle...
    Et je me retrouve à vivre les mêmes dialogues, avec d'autres personnes, mais de "l'autre côté".
    Les gens, en fait, ne comprennent pas de quoi il s'agit. Il faut être pédagogue...
    Bref, tout ça pour dire qu'à force d'expliquer / de gueuler, certains se laissent convaincre, alors bon courage, continuez!

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  21. @ Arthur : je suis toujours ravie de voir que ça marche, quelquefois ! on ne se décarcasse pas pour rien.
    Je me demande ce que donne le dialogue quand on est un homme. Est-on plus pris au sérieux ? Plus respecté ? Pris pour un dingue ?

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  22. @ Kalista : plus respecté, je ne sais pas, peut-être; en tout cas je ne crois pas être mieux compris... Comme je le disais plus haut, les gens ne voit pas de quoi on parle. Il faut dire que j'ai tendance à tout de suite aller assez loin, par exemple à remettre en question le concept d'instinct de maternité; ça, généralement ça ne passe pas trop... Et donc ce n'est en fait pas très malin, car pas très diplomate. Mieux vaut se contenter de pointer systématiquement les anomalies. Mais je m'égare.

    Pour en revenir au sujet, le pire ce sont souvent les femmes. Il faut dire qu'en résumé je leur explique qu'elles se font avoir de A à Z et qu'elles ne s'en rendent même pas compte; ce ne doit pas être très agréable. Mais c'est vrai que ça les perturbe peut-être un peu plus d'entendre un mec raconter tout ça, plutôt que "la féministe de base".

    Et puis ces discussions sont toujours compliquées, puisqu'à force de "devenir" femme, euh eh ben on finit par l'être vraiment (idem pour les hommes), ce qui signifie que je les attaque sur ce qu'elles (ou ils) sont - leur être même. Ce qui ne vas pas sans poser problème; et puis qui peut se targuer de ne pas être aliéné? Bref, je m'égare encore!

    ciao

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  23. @ Arthur : pointer systématiquement les anomalies ne mène qu'à passer pour un parano qui voit le mal partout pour les personnes qui ne voient pas où est le problème. Ca leur montre de manière trop brusque que c'est la société entière qu'il faut questionner, et les implications sont vertigineuses... Car oui, on attaque non seulement le monde, mais aussi ce qu'il a fait de nous, notre identité. Personne n'aime entendre qu'il se fait avoir, personne n'aime entendre qu'il n'est pas ce qu'il croit être.
    J'ai cependant eu l'impression, dans mes discussions, que l'avis de mon mari en renfort du mien était très efficace. La parole masculine fait loi. Mais ça doit dépendre aussi de la personne qui écoute...

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