Toute à mon billet d'hier, j'ai repoussé la rédaction de mon billet sur la campagne d'Osez le Féminisme, intitulée Osez le Clitoris.
J'attendais cette campagne avec impatience. Le silence autour du clitoris, sa fonction, sa forme, et sa position, me hérisse. Je me demandais quelle forme l'association allait donner à cette campagne. Je suis fanatique du site Vie de Meuf, j'ai soutenu avec enthousiasme la campagne contre le viol, j'ai été plus critique quant à la campagne sur l'avortement.
J'ai l'impression que tout le monde est à peu près d'accord sur le fond (sauf que certains trouvent qu'il y a des sujets plus urgents à traiter), mais la forme fait furieusement débat, surtout l'affiche.
Hélo, Emelire et Patric Jean relaient la campagne avec enthousiasme et c'est sûrement cette voie que j'aurais empruntée si je n'avais pas lu de nombreuses critiques qui m'ont fait hésiter.
Sandrine relaie la campagne en émettant des réserves quant à l'affiche. Elle défend le fond de la campagne dans un autre billet. Olympe, elle aussi, est peu enthousiaste sur la forme de la campagne. L'article de Maïa Mazaurette est dans la même veine (avec ce style toujours génial qui fait le succès du blog).
D'autres, comme Anaïs, Sophie Gourion et Circé, sont franchement hostiles, sur le fond et sur la forme.
Parlons d'abord du fond. L'association semble être tombée dans tous les pièges de la communication féministe.
Le problème du clitoris prend de nombreuses formes, à plusieurs degrés : simplement ignoré par un manque d'éducation sexuelle, évité par ceux qui refusent aux femmes le droit au plaisir, mutilé par ceux qui cherchent à détruire les femmes. Peut-on tout mettre dans le même panier ? Peut-être que oui, si l'on considère que tous ces effets ont la même cause, le patriarcat. Mais dans ce cas, la communication autour du sujet doit être l'objet de sévères précautions, ne serait-ce que par respect envers les victimes de mutilations génitales dont les douleurs ne peuvent être mises sur le même plan que la frustration des femmes à la recherche d'un point G au fond du vagin. L'articulation entre les manifestations du sexisme à plusieurs degrés n'a pas été bien gérée, visiblement, vu qu'on lit "il n'y a pas plus important que ça ?".
Autre sujet casse-gueule : dénoncer les discriminations et les violences subies par les femmes sans tomber dans la victimisation, sans paraître misandre. Pour les critiques les plus virulentes de la campagne, là, c'est loupé. Je n'ai pas eu ce ressenti, sans doute parce que j'ai pris les textes du site comme ayant une valeur statistique. Vu le nombre de personnes qui dénoncent ce travers d'OLF, il aurait fallu travailler ce point de la communication.
A propos de statistiques, tout baser sur une enquête faite auprès des internautes est très cavalier. Des études ont été faites depuis des années, et j'ai pas vraiment l'impression que les chiffres d'OLF soient du même ordre de grandeur.
Je suis franchement gênée de voir, sur le site, que la masturbation est tant mise en avant. Je suis persuadée que l'onanisme permet de mieux connaître son corps et qu'il n'y a pas de raison de réfréner ces activités. Mais la véritable urgence, en matière de sexualité, me parait être reconnaitre le rôle du clitoris dans les rapports hétérosexuels, pour relativiser le pilonnage qui est la norme dans la pornographie. La campagne donne plus l'impression d'une promotion de la masturbation féminine dans tout ce que la chose a d'organique, que d'une campagne informative, qui éviterait les injonctions, sur la sexualité féminine. Je n'ai pas peur d'avoir les doigts qui puent, mais ma sexualité ne se résume pas à ça !
Maintenant, passons à la forme, en particulier à l'affiche.
L'affiche est choquante, et c'est sans doute le but. Il faut attirer l'oeil, faire le buzz, pour que les gens aillent voir le site qui contient des infos utiles. Il n'y a pas de mal à faire le buzz, si c'est pour la bonne cause. A moins de voir OLF comme un moyen pour le PS de gagner des voix... On ne peut pas accuser l'association sans preuve, même si ça semble fort probable. Si c'est le cas, j'aimerais qu'OLF l'assume : il n'y a pas de mal à avoir une opinion politique ni à militer !
On a reproché à l'affiche l'absence de visage : on a suffisamment de femmes décapitées et deshumanisées dans les pubs, pas besoin que les féministes en rajoutent. Ceci dit, pour une campagne sur le clito, ça me parait normal qu'on insiste dessus.
Peut-être que certaines personnes (je ne vise personne en particulier, j'imagine ce que peut penser le macho lambda) sont choquées de voir une affiche présentant Lafâme sous un jour peu flatteur : une femme c'est beau, faut pas montrer ce qui n'est pas charmant chez elle.
Je crois, en fait, que la réaction de chaque femme face à cette affiche est conditionnée par le rapport qu'elle entretient avec son corps. Pour des raisons qui me sont propres et que je ne développerai pas, j'apprécie l'exhibition de la partie cachée du clitoris. Je ne me permettrais pas de chercher les raisons personnelles qui ont poussé les blogueuses à encenser ou critiquer la campagne, et encore moins de porter un jugement. J'émets simplement une hypothèse pour expliquer la disparité d'opinions.
Finalement, j'en viens à penser que personne n'a tort ou raison sur cette affiche. Chacun a un ressenti différent lié à sa propre expérience, à sa propre façon de considérer le corps féminin. Ce ressenti peut être influencé par l'extérieur, mais aussi très personnel. Cette constatation pourrait sans doute être faite pour la plupart des sujets qui divisent les féministes.
J'attendais cette campagne avec impatience. Le silence autour du clitoris, sa fonction, sa forme, et sa position, me hérisse. Je me demandais quelle forme l'association allait donner à cette campagne. Je suis fanatique du site Vie de Meuf, j'ai soutenu avec enthousiasme la campagne contre le viol, j'ai été plus critique quant à la campagne sur l'avortement.
J'ai l'impression que tout le monde est à peu près d'accord sur le fond (sauf que certains trouvent qu'il y a des sujets plus urgents à traiter), mais la forme fait furieusement débat, surtout l'affiche.
Hélo, Emelire et Patric Jean relaient la campagne avec enthousiasme et c'est sûrement cette voie que j'aurais empruntée si je n'avais pas lu de nombreuses critiques qui m'ont fait hésiter.
Sandrine relaie la campagne en émettant des réserves quant à l'affiche. Elle défend le fond de la campagne dans un autre billet. Olympe, elle aussi, est peu enthousiaste sur la forme de la campagne. L'article de Maïa Mazaurette est dans la même veine (avec ce style toujours génial qui fait le succès du blog).
D'autres, comme Anaïs, Sophie Gourion et Circé, sont franchement hostiles, sur le fond et sur la forme.
Parlons d'abord du fond. L'association semble être tombée dans tous les pièges de la communication féministe.
Le problème du clitoris prend de nombreuses formes, à plusieurs degrés : simplement ignoré par un manque d'éducation sexuelle, évité par ceux qui refusent aux femmes le droit au plaisir, mutilé par ceux qui cherchent à détruire les femmes. Peut-on tout mettre dans le même panier ? Peut-être que oui, si l'on considère que tous ces effets ont la même cause, le patriarcat. Mais dans ce cas, la communication autour du sujet doit être l'objet de sévères précautions, ne serait-ce que par respect envers les victimes de mutilations génitales dont les douleurs ne peuvent être mises sur le même plan que la frustration des femmes à la recherche d'un point G au fond du vagin. L'articulation entre les manifestations du sexisme à plusieurs degrés n'a pas été bien gérée, visiblement, vu qu'on lit "il n'y a pas plus important que ça ?".
Autre sujet casse-gueule : dénoncer les discriminations et les violences subies par les femmes sans tomber dans la victimisation, sans paraître misandre. Pour les critiques les plus virulentes de la campagne, là, c'est loupé. Je n'ai pas eu ce ressenti, sans doute parce que j'ai pris les textes du site comme ayant une valeur statistique. Vu le nombre de personnes qui dénoncent ce travers d'OLF, il aurait fallu travailler ce point de la communication.
A propos de statistiques, tout baser sur une enquête faite auprès des internautes est très cavalier. Des études ont été faites depuis des années, et j'ai pas vraiment l'impression que les chiffres d'OLF soient du même ordre de grandeur.
Je suis franchement gênée de voir, sur le site, que la masturbation est tant mise en avant. Je suis persuadée que l'onanisme permet de mieux connaître son corps et qu'il n'y a pas de raison de réfréner ces activités. Mais la véritable urgence, en matière de sexualité, me parait être reconnaitre le rôle du clitoris dans les rapports hétérosexuels, pour relativiser le pilonnage qui est la norme dans la pornographie. La campagne donne plus l'impression d'une promotion de la masturbation féminine dans tout ce que la chose a d'organique, que d'une campagne informative, qui éviterait les injonctions, sur la sexualité féminine. Je n'ai pas peur d'avoir les doigts qui puent, mais ma sexualité ne se résume pas à ça !
Maintenant, passons à la forme, en particulier à l'affiche.
L'affiche est choquante, et c'est sans doute le but. Il faut attirer l'oeil, faire le buzz, pour que les gens aillent voir le site qui contient des infos utiles. Il n'y a pas de mal à faire le buzz, si c'est pour la bonne cause. A moins de voir OLF comme un moyen pour le PS de gagner des voix... On ne peut pas accuser l'association sans preuve, même si ça semble fort probable. Si c'est le cas, j'aimerais qu'OLF l'assume : il n'y a pas de mal à avoir une opinion politique ni à militer !
On a reproché à l'affiche l'absence de visage : on a suffisamment de femmes décapitées et deshumanisées dans les pubs, pas besoin que les féministes en rajoutent. Ceci dit, pour une campagne sur le clito, ça me parait normal qu'on insiste dessus.
Peut-être que certaines personnes (je ne vise personne en particulier, j'imagine ce que peut penser le macho lambda) sont choquées de voir une affiche présentant Lafâme sous un jour peu flatteur : une femme c'est beau, faut pas montrer ce qui n'est pas charmant chez elle.
Je crois, en fait, que la réaction de chaque femme face à cette affiche est conditionnée par le rapport qu'elle entretient avec son corps. Pour des raisons qui me sont propres et que je ne développerai pas, j'apprécie l'exhibition de la partie cachée du clitoris. Je ne me permettrais pas de chercher les raisons personnelles qui ont poussé les blogueuses à encenser ou critiquer la campagne, et encore moins de porter un jugement. J'émets simplement une hypothèse pour expliquer la disparité d'opinions.
Finalement, j'en viens à penser que personne n'a tort ou raison sur cette affiche. Chacun a un ressenti différent lié à sa propre expérience, à sa propre façon de considérer le corps féminin. Ce ressenti peut être influencé par l'extérieur, mais aussi très personnel. Cette constatation pourrait sans doute être faite pour la plupart des sujets qui divisent les féministes.
Illustrations :
L'affiche de la campagne
Détail de l'extase de Sainte Thérèse, par le Bernin.
L'affiche de la campagne
Détail de l'extase de Sainte Thérèse, par le Bernin.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.