... est-ce possible ?
Parce que, c'est bien connu, toutes les féministes sont des femmes qui s'habillent comme des sacs, ne s'épilent pas, ne se maquillent pas et qui pètent au lit. En plus, elles veulent que tout le monde se ressemble, que tous les hommes et toutes les femmes s'habillent pareil, tous en pantalon pas beau. Elles nient les différences hommes/femmes et veulent tout uniformiser. Elles veulent faire comme les hommes, annihiler tout ce qu'il y a de féminin. Elles veulent pendre Valérie Damidot par les pieds pour avoir peint des chambres de petite fille en rose.
Comme d'habitude, lorsque ces attaques contre les féministes sont prononcées, on ne cite pas de noms ni d'exemples. Serait-ce que ces féministes n'existent pas ? Serait-ce que le message du féminisme est méconnu ?
C'est quoi, les différences hommes/femme ? Une construction sociale, pour l'essentiel. A part une force physique en moyenne différente et la différence de forme et de fonction des organes génitaux (nous, on a un clitoris, nananèreuh !), tout nous est imposé par l'éducation.
En disant cela, on ne nie pas l'existence des différences hommes/femmes, on nie qu'elles soient naturelles. Nous clamons notre liberté : notre nature ne nous impose pas d'être féminines ou pas, selon notre envie, et nous refusons d'être jugées ou punies pour avoir adopté un comportement qui n'est pas féminin. C'est pareil pour les mecs : pas besoin d'être viril, vous pouvez passer la serpillière en tutu si ça vous chante, personne n'a le droit de vous en empêcher.
D'où vient ce fantasme sur l'uniformisation que les féministes voudraient imposer ?
Les militants anti-racistes veulent-il peindre tout le monde en blanc, noir ou à carreaux ? Les militants contre l'antisémitisme veulent-ils circoncire tout le monde ou faire repousser les prépuces ? Les militants anti-homophobie veulent-ils créer un monde bisexuel ?
Nous ne voulons pas l'uniformisation, nous voulons au contraire détruire l'uniformité du modèle binaire féminin/masculin (merci à Euterpe pour la formulation dans les commentaires de mon billet précédent).
Il y a du bon et du mauvais dans ce que nous regroupons artificiellement dans les cases "féminin" et "masculin". Pourquoi ne pourrions-nous pas prendre ce qui nous plait dans les deux cases ? Il n'a jamais été question d'atomiser une case au profit de l'autre, mais de faire sauter la séparation entre les cases pour permettre la circulation dans un grand espace où tout le monde trouverait sa place.
Il y a du bon et du mauvais dans ce que nous regroupons artificiellement dans les cases "féminin" et "masculin". Pourquoi ne pourrions-nous pas prendre ce qui nous plait dans les deux cases ? Il n'a jamais été question d'atomiser une case au profit de l'autre, mais de faire sauter la séparation entre les cases pour permettre la circulation dans un grand espace où tout le monde trouverait sa place.
Je suis féministe, et quand j'ai envie, je suis féminine. Il m'arrive de me comporter en "vraie femme", quelquefois en cédant à la pression extérieure, quelquefois parce que j'en ai envie. Tous mes centres d'intérêts ne sont pas virils.
J'adore porter des jupes longues, juste pour le plaisir de sentir danser les volants autour de mes chevilles. Quand je ne suis pas en jupe, je porte des pantalons moulants et des chemisiers qui mettent en valeur ma silhouette. Je ne m'habille pas comme un sac. Je tiens en outre à mes cheveux longs.
J'aime plaire, séduire, être courtisée. Tant que c'est respectueux !
J'aime materner mes étudiants, quand j'en parle, je les appelle "mes petits".
J'aime materner mes étudiants, quand j'en parle, je les appelle "mes petits".
J'ai découvert il y a peu que j'adorais cuisiner. Peut-être que c'est en voyant Ratatouille pour la 600ème fois que j'ai eu un déclic. Je cuisine toujours en grande quantité, faudrait pas que mes hommes aient faim ! Je fais même mes yaourts.
En revanche, je ne me maquille pas, je ne porte pas de talons, et j'ai un langage de camionneur. Je n'ai jamais eu peur de faire le premier pas pour draguer.
En revanche, je ne me maquille pas, je ne porte pas de talons, et j'ai un langage de camionneur. Je n'ai jamais eu peur de faire le premier pas pour draguer.
Je ne dis pas qu'il faut que tout le monde fasse comme moi (j'ai parlé de moi parce que je suis la féministe que je connais le mieux), je dis qu'il faut que tout le monde fasse comme il le sent. Homme ou femme, chacun doit être libre d'adopter un comportement féminin ou masculin quand il en a envie, sans subir de pression (surtout si cette pression est exercée à un âge tendre), sans être puni pour avoir affiché un comportement correspondant trop ou pas assez au comportement attendu pour son sexe (c'est ce qui ressort du phénomène des slutwalks).
Et pour pouvoir choisir librement, il faut se servir de sa tête pour repérer les stéréotypes, comprendre d'où ils viennent et ce qu'ils signifient, identifier les mécanismes utilisés pour imposer les stéréotypes, remettre en question ses croyances, douter de soi. et affronter le regard des autres. C'est dur, ça fait peur, ça fait mal, mais la liberté est à ce prix.
Illustrations :
Capture d'un match de catch entre la fantastique Awesome Kong et Gail Kim à la TNA.
Portrait d'Emilie du Châtelet (1706-1749) par Maurice Quentin de la Tour. Une femme exerçant des activités masculines, ce qui ne l'empêchait pas de porter des p*tains de chouettes robes.
Edit au 20/06/2011 : l'article que Gabrielle nous avait promis dans les commentaires vient d'être publié !
Et pour pouvoir choisir librement, il faut se servir de sa tête pour repérer les stéréotypes, comprendre d'où ils viennent et ce qu'ils signifient, identifier les mécanismes utilisés pour imposer les stéréotypes, remettre en question ses croyances, douter de soi. et affronter le regard des autres. C'est dur, ça fait peur, ça fait mal, mais la liberté est à ce prix.
Illustrations :
Capture d'un match de catch entre la fantastique Awesome Kong et Gail Kim à la TNA.
Portrait d'Emilie du Châtelet (1706-1749) par Maurice Quentin de la Tour. Une femme exerçant des activités masculines, ce qui ne l'empêchait pas de porter des p*tains de chouettes robes.
Edit au 20/06/2011 : l'article que Gabrielle nous avait promis dans les commentaires vient d'être publié !
Bon et sinon t'en as pas marre de ne faire que des articles intéressants?
RépondreSupprimerBonne soirée ;)
WM
PS: moi je suis une fana des fringues, coquette et tout (sauf le maquillage, comme tu sais depuis l'autre jour). J'ai au moins 12 sacs à main et j'ai pas moins de 18 manteaux pour l'hiver Ôo (véridique, je m'en achète deux ou trois par an, j'y peux rien. Y en a c'est les pompes, ben moi c'est les manteaux).
Mais je parle aussi comme un charretier :P
Et c'est sans compter sans celles et ceux, très nombreux, qui confondent féminisme et mysandrie et qui ne veulent rien entendre: z'ont raison, le féminisme c'est mal alors qu'els ne savent pas du tout de quoi els parlent. C'en est pathétique.
RépondreSupprimerLe problème ce n'est pas que des femmes prennent un congé parental par exemple. Le problème c'est que 96% des congés parentaux sont pris par des femmes.
Le problème c'est pas qu'une petite fille joue à la poupée. Le problème c'est si on ne lui offre pas autre chose que des poupées pour lui laisser le choix de ce qu'elle a envie de faire.
J'avias fait un billet http://aliceswonderverden.blogspot.com/2010/09/tu-aimeras-le-rose-ma-fille.html
Bref, moi c'est les jupes et les robes qui virevoltent et le maquillage des fois parce que ça m'amuse.
Très bonne analyse !
RépondreSupprimerJ'estime même parfois qu'être féminine peut être un acte féministe. Je m'explique : une scientifique m'a dit une fois qu'en science (en biologie apparemment en tout cas), faut pas trop bien habillée... car une nana qui se maquille est forcément une incompétente, qui s'en fout des sciences. Je me suis dit que dans ce cas là, arriver au labo en talon aiguille et maquillée peut être un acte pour faire valser les clichés !
Je suis féministe, et parfois je préfère le côté "féminin" des choses. J'ai lu récemment, par exemple, que les hommes ont tendance à couper la parole aux femmes dans le cadre des conversations mixtes. Franchement, j'ai pas envie de devenir masculine et d'interrompre tout le monde. Par contre, on peut riposter, quand on se voit couper la parole !
c'est marrant, moi aussi cette accusation d'uniformisation m'avait aussi interpellée. Je fais un billet pour demain aussi ;)
RépondreSupprimersuper contente que tu aies mis Gabrielle-Emilie du Châtelet, à qui j'ai piqué mon pseudo :)
j'avais lu sa bio et sa personnalité est extrêmement actuelle, tiraillée entre les codes de masculinité et de féminité, elle avait une conscience très aïgue de l'écart qu'on lui imposait. Voltaire l'appelait Mme Pompon-Newton...
@ Working Mama : Si tu veux, j'essaierai de pondre un truc chiant, comme un comparatif des fédérations américaines de catch ou un exposé sur la physique des composants électroniques ! ;-)
RépondreSupprimer@ Alice : pour couronner le tout, quand on leur prouve qu'ils ont tort, ils s'énervent. Faut pas ébranler leurs certitudes. Faut pas chercher à les faire réfléchir. Faut pas leur apporter des faits. Faut pas les mettre face aux contradictions.
Ce sera p'têt un bon sujet de billet, tiens : l'angoisse de devenir féministe quand on est bien ancré dans le système sexiste. Je le rajoute à ma liste de brouillons inachevés !
@ antisexisme : l'atmosphère en sciences doit pouvoir varier d'un labo à l'autre. En tout cas, c'est le cas en physique. J'ai fait ma thèse dans une équipe très égalitaire, je suis actuellement dans un labo de machos, et je pars bientôt pour un labo dont je ne connais pas l'ambiance.
Il n'y a pas qu'en sciences qu'être féminine peut être mal vu. Il n'y a qu'à voir les revendications de Ni Putes Ni Soumises (je ne suis pas d'accord avec la forme de leurs actions, mais le fond est indéniablement juste et il y a une urgence de ce côté-là).
@ Gabrielle : moi qui espérais que ce charmant prénom était le tien, zut, c'est un pseudo ! J'ai visité le château de Breteuil récemment, elle figure en bonne place dans les portraits de famille (quel regard ! quelle grâce !), et j'ai briefé mon hobbit pour qu'il comprenne qu'elle était une personnalité importante. J'ai vu qu'une biographie d'elle a été écrite par Elisabeth Badinter, je me demande ce que ça donne...
En tout cas, je suis pressée de te lire.
c'est cette bio_là que j'ai lu, Badinter compare sa vie avec celle de Mme d'Epinay (qui a écrit des traités d'éducation pour jeunes filles, novateurs pour l'époque). Le sous-titre est "L'ambition féminine au XVIIIe siècle". Elles ont en fait deux personnalité très différentes, j'ai trouvé ça pas mal intéressant.
RépondreSupprimersinon "l'angoisse d'être féministe" c'est un bon sujet de billet ça ;)
Hello, pardon mais je ne comprends pas pourquoi tu devrais te justifier d'une certaine futilité parce que tu es féministe. Est-ce pour t'excuser de ce que tu ne corresponds pas aux "canons féministes" (look garçonne voire androgyne...?) Non vraiment, je dois vraiment être à côté de la plaque, mais je ne comprends pas cette forme de "culpabilité". Anaïs Misfits
RépondreSupprimer@ Gabrielle : j'ai commencé, pour l'instant il n'y a que 3 lignes, mais je pense que ça peut faire un billet sympa.
RépondreSupprimer@ Anaïs : Je me doutais que tu aurais envie de réagir ! ;-)
C'est marrant quand même l'impression qu'on donne en écrivant. On m'a reproché d'avoir un style de maîtresse d'école, tu vois ici des excuses... Je ne souhaite pas m'excuser, je me décris pour dire que oui, des fois, je suis féminine, donc je ne combats pas la féminité comme le suppose le stéréotype féministe. Je ne me sens pas coupable du tout, au contraire je trouve amusant de passer d'un canon à l'autre. Ca déroute les cons ! :-D
Ce post n'a rien d'une excuse. C'est plus pour répondre à certaines accusations, pour combattre certaines idées reçues sur le féminisme. Et je suis navrée qu'on soit obligées de le faire.
En fait, je ne voyais pas trop pourquoi il fallait écrire "contre" les stéréotypes de la féministe. Je suis tout à fait d'accord avec toi sur le fond. C'est juste que je ne trouve pas "normal" qu'une féministe, une femme quoi, doive se justifier de ce qu'elle aime être une femme au sens traditionnel du terme. Etre futile et féministe! La légèreté n'est pas l'antithèse du féminisme. Et non je ne trouve pas que ton style soit celui d'une maîtresse d'école ;-)) loin de là ! Anaïs
RépondreSupprimerCe n'est pas normal de devoir expliquer qu'on a le droit d'être féminine quand on est féministe, comme ce n'est pas normal de devoir expliquer qu'on n'est pas forcée d'être féminine quand on est une femme. Je ne t'apprends rien quand je dis que le féminisme est mal connu... Si la question du genre n'était pas ignorée du grand public, peut-être qu'on n'aurait pas besoin d'expliquer certaines choses.
RépondreSupprimerJ'ai même du mal avec " Il m'arrive de me comporter en "vraie femme" " et je comprends tes guillemets, mais qu'est ce qu'être "féminine", encore des codes, il y en a tellement ! Pour moi féminine veut juste dire être une femme, et je trouve dur de devoir expliquer qu'on aime cuisiner et porter autre chose que des sacs à patate, pour rassurer peut être je ne sais pas. Perso j'obéis aussi aux autres, mes enfants ne veulent plus de cheveux courts 'de garçon', de mon sac à dos 'trop mixte et pas classe', de mes pantalons 'on dirait un pyjama', etc. D'un autre côté j'aime pas les poils et je ne suis pas poilue du tout ... mais quand même bien féministe (et hop tu vois me voilà partie moi aussi à me 'justifier' ;o)
RépondreSupprimerEmelire (du féminin l'emporte) je précise car blogger joue des tours en ce moment et je peux commenter qu'en 'anonyme'
Je suis toujours ravie de te retrouver par ici, Emelire, en anonyme ou pas ! :-)
RépondreSupprimerQuand je parle d'être féminine ou masculin, je parle des codes. Quand je parle du sexe d'une personne, je parle d'homme et de femme. Je ne sais pas si c'est une convention que tout le monde partage.
Ces derniers temps les stéréotypes sur les féministes sont revenus sur le devant de la scène : féministes voudraient annihiler le féminin au profit du masculin, et refuseraient tout comportement féminin. D'où ce billet.
C'est vraiment compliqué avec les gosses. On a envie de les extraire de la culture du genre, mais pas qu'ils se prennent des pierres à l'école. Et puis il faut bien qu'ils s'approprient les codes pour jouer avec, aussi... Mon loulou est fanatique de Hello Kitty, et il ne comprend pas pourquoi personne ne lui achète de produits dérivés alors qu'il reçoit plein de jouets Cars... J'essaie de lui expliquer, mais c'est pas facile.
Je trouve super intéressant que les autres féministes enfoncent le clou après mon billet en décrivant leurs comportements féminins. J'ai failli lancer un tag, mais j'étais pas sûre que ça plaise à tout le monde... ;-)
un tag tourné d'une amnière humoristique pourrait être très rigolo...
RépondreSupprimer"confessions de féministes" avec un truc qui serait perçu comme paradoxal du point de vue stéréotypes, ex: "je suis haltérophile mais j'aime que mon mec porte mes valises" "je suis dentellière et je fais du rugby"???
histoire de montrer qu'on fait ce qu'on aime et qu'on ne suit ni un dogme de féminité ni son contre-pied systématique...
Comment décrire le portrait de madame du chatelet
RépondreSupprimermoi aussi je suis feministe je ne supporte pas les clichés aussi bien sur les hommes que sur les femmes et on devraient tous s'habiller comme on le veut les femmes en homme ou en femme et les hommes en femme ou en homme et faire le travail qu'on veut je suis sur que toute celles et ceux qui vont me lirent seront d'accord alors commencer à faire pareil que moi sortez si vous etes une femme en homme et en homme sortez en femme et foutez vous du regards des gens ca se trouve ils s'en foutront de comment vous etes habillés puis on arrivera à changé le monde et on sera enfin libre
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