Les choses bougent. L'actualité nous fournit des raisons de croire en une amélioration significative de la condition des femmes. Pourtant, je suis pessimiste.
Bien qu'elle soit sordide, l'affaire DSK pourrait forcer les gens à réaliser à quel point notre société est machiste. On rêve donc d'un "après-DSK".
Après l'affaire DSK, les gens reconnaîtront enfin que le viol, c'est grave.
Après l'affaire DSK, les journalistes parleront enfin des affaires de harcèlement sexuel commis par les politiques.
Après l'affaire DSK, le grand public aura saisi l'ampleur du sexisme ordinaire.
Après l'affaire DSK, les femmes victimes de viol oseront porter plainte, même si leur agresseur est riche, et puissant.
Grâce à l'affaire DSK, "Beaucoup de certitudes ont volé en éclats", d'après Chantal Jouanno.
L'affaire DSK aurait rendue possible une prise de conscience de la gravité et de la fréquence du harcèlement sexuel.
Les politiciens harceleurs et violeurs sont menacés d'exclusion par leurs partis.
Oui, il y a eu beaucoup d'articles dans les journaux, sur le web, à la télé. Des femmes politiques ont pu s'exprimer sur leur vécu quotidien. Les blogs ont relayé. Les chiffres ont été redits. 75000 viols par an, en France. 10% des viols entraînent une plainte et peu de plaintes entraînent un procès aux Assises. Les violeurs appartiennent à toutes les classes sociales, mais les prolos sont majoritaires parmi les accusés aux Assises. On ne peut que se réjouir de voir la loi du silence brisée, et la réalité du viol enfin exposée.
C'est des choses qu'on sait depuis longtemps mais que les médias semblent découvrir. Alors, comme viol et agression sexuelle sont des sujets susceptible de faire vendre (bah oui, il y a du sexe et de la violence !), ils en parlent. Et après ?
Après, les médias parleront d'autre chose. Une catastrophe écologique ? La famine ? Un accident ? Un attentat ? C'est pas les occasions qui manquent. Et les chiffres, on les oubliera. Ce ne sont que des chiffres. Tant que l'une des victimes n'est pas une personne qu'on connait, les violences restent abstraites. Evidemment, il y a les victimes qui pleurent à la télé, mais ce qui passe à la télé est toujours exceptionnel, c'est pas la vraie vie. On entendra encore le "rhoooo, tu te rends compte, quand même ?" de Germaine à la machine à café, mais elle parlera d'autre chose.
Les inégalités salariales sont connues, mais rien ne bouge. L'ampleur des violences conjugales sont connues, des lois passent, mais cessent-elles pour autant ? Les lois antiracistes et la médiatisation des faits divers liés au racisme ne l'ont pas éradiqué. La loi du silence a été momentanément brisée, mais il ne faut pas se leurrer, il en faudra plus pour que le système sexiste soit ébranlé. En parler, c'est bien, sévir contre les agresseurs, c'est nécessaire, mais pour que cela cesse, nous avons besoin d'une réflexion de fond, d'une prise de conscience collective. Il faut que chacun se sente concerné.
Le rapport de Brigitte Grésy génère, lui aussi, des espoirs.
Le congé d'accueil de l'enfant est le point le plus commenté du rapport. Les papas auront un mois à passer avec leur enfant. Ceci devrait créer un lien plus fort entre le père et l'enfant, lien qui perdurera et permettra d'atteindre l'égalité de partage des tâches. Je connais énormément de pères (dont mon cher et tendre époux) qui auraient aimé avoir plus de temps avec leur bébé, aussi je me réjouis de cette proposition. C'est une bonne nouvelle et je crois fermement qu'il faut suivre le conseil de Brigitte Grésy.
Bien qu'elle soit sordide, l'affaire DSK pourrait forcer les gens à réaliser à quel point notre société est machiste. On rêve donc d'un "après-DSK".
Après l'affaire DSK, les gens reconnaîtront enfin que le viol, c'est grave.
Après l'affaire DSK, les journalistes parleront enfin des affaires de harcèlement sexuel commis par les politiques.
Après l'affaire DSK, le grand public aura saisi l'ampleur du sexisme ordinaire.
Après l'affaire DSK, les femmes victimes de viol oseront porter plainte, même si leur agresseur est riche, et puissant.
Grâce à l'affaire DSK, "Beaucoup de certitudes ont volé en éclats", d'après Chantal Jouanno.
L'affaire DSK aurait rendue possible une prise de conscience de la gravité et de la fréquence du harcèlement sexuel.
Les politiciens harceleurs et violeurs sont menacés d'exclusion par leurs partis.
Oui, il y a eu beaucoup d'articles dans les journaux, sur le web, à la télé. Des femmes politiques ont pu s'exprimer sur leur vécu quotidien. Les blogs ont relayé. Les chiffres ont été redits. 75000 viols par an, en France. 10% des viols entraînent une plainte et peu de plaintes entraînent un procès aux Assises. Les violeurs appartiennent à toutes les classes sociales, mais les prolos sont majoritaires parmi les accusés aux Assises. On ne peut que se réjouir de voir la loi du silence brisée, et la réalité du viol enfin exposée.
C'est des choses qu'on sait depuis longtemps mais que les médias semblent découvrir. Alors, comme viol et agression sexuelle sont des sujets susceptible de faire vendre (bah oui, il y a du sexe et de la violence !), ils en parlent. Et après ?
Après, les médias parleront d'autre chose. Une catastrophe écologique ? La famine ? Un accident ? Un attentat ? C'est pas les occasions qui manquent. Et les chiffres, on les oubliera. Ce ne sont que des chiffres. Tant que l'une des victimes n'est pas une personne qu'on connait, les violences restent abstraites. Evidemment, il y a les victimes qui pleurent à la télé, mais ce qui passe à la télé est toujours exceptionnel, c'est pas la vraie vie. On entendra encore le "rhoooo, tu te rends compte, quand même ?" de Germaine à la machine à café, mais elle parlera d'autre chose.
Les inégalités salariales sont connues, mais rien ne bouge. L'ampleur des violences conjugales sont connues, des lois passent, mais cessent-elles pour autant ? Les lois antiracistes et la médiatisation des faits divers liés au racisme ne l'ont pas éradiqué. La loi du silence a été momentanément brisée, mais il ne faut pas se leurrer, il en faudra plus pour que le système sexiste soit ébranlé. En parler, c'est bien, sévir contre les agresseurs, c'est nécessaire, mais pour que cela cesse, nous avons besoin d'une réflexion de fond, d'une prise de conscience collective. Il faut que chacun se sente concerné.
Le rapport de Brigitte Grésy génère, lui aussi, des espoirs.
Le congé d'accueil de l'enfant est le point le plus commenté du rapport. Les papas auront un mois à passer avec leur enfant. Ceci devrait créer un lien plus fort entre le père et l'enfant, lien qui perdurera et permettra d'atteindre l'égalité de partage des tâches. Je connais énormément de pères (dont mon cher et tendre époux) qui auraient aimé avoir plus de temps avec leur bébé, aussi je me réjouis de cette proposition. C'est une bonne nouvelle et je crois fermement qu'il faut suivre le conseil de Brigitte Grésy.
En revanche, je refuse de croire que cette mesure résoudra comme par magie le problème de l'égalité hommes-femmes au travail et celui du partage des tâches domestiques. C'est pas parce que les papas passeront un mois à la maison avec leurs enfants qu'ils passeront plus l'aspirateur. Je suis même prête à parier que, chez les couples ne partageant pas les corvées, pendant le congé de papa, maman rentrera le soir pour trouver papa jouant à la Playstation, et devra ranger le bordel qu'il aura semé pendant toute la journée, faire la vaisselle de midi, s'occuper du gamin dont la couche est restée pleine, et faire le ménage. En moyenne, peut-être que les pères auront créé un meilleur lien avec leurs enfants et passeront un temps de meilleure qualité avec eux (c'est toujours ça de gagné !). Mais pour que le partage des tâches soit égalitaire, il faut rééduquer les hommes et les femmes : que les femmes oublient leurs réflexes inculqués à coup de dînette et de poupons, que les hommes apprennent à avoir ces réflexes. Là encore, nous avons besoin d'une réflexion de fond, à laquelle doit participer la société dans son ensemble. C'est tout un conditionnement qu'il faut détruire.
Pour que chacun se sente concerné par les violences sexistes, pour que les conditionnements soient détruits, on a besoin d'une volonté forte des gouvernements. Il faut informer, éduquer, par un matraquage médiatique s'il le faut. Ca passe par une éducation à l'école, par une responsabilisation du marketing (jouets, cadeaux pour la fête des mères ou la fête des pères...). On n'a pas conditionné et déresponsabilisé les foules facilement : c'est tout un système qu'il a fallu mettre en place. C'est un système alternatif, plus juste, qu'il faut aujourd'hui créer et installer.
Edition du 12 juin : Les Nouvelles News viennent de publier une chronique de Fatma Bouvet de la Maisonneuve, psychiatre, sur les conséquences de l'affaire DSK.
"Il serait sage de tempérer l’enthousiasme de ceux qui pensent que la triste affaire DSK va changer du jour au lendemain la place des femmes dans notre société. En effet, pour que la féminité soit enfin prise au sérieux, il faudrait un véritable bouleversement des mentalités, une révolution au sens littéral du terme. Cela signifierait un changement radical des repères et donc un effort considérable de la part personnes qui les véhiculent et les valorisent. Cela vaudrait pour la politique, mais également dans la vie quotidienne aussi bien professionnelle que privée. Les habitudes sont bien trop solidement ancrées pour que cette mutation soit rapide."
La suite * ici * !
Pour que chacun se sente concerné par les violences sexistes, pour que les conditionnements soient détruits, on a besoin d'une volonté forte des gouvernements. Il faut informer, éduquer, par un matraquage médiatique s'il le faut. Ca passe par une éducation à l'école, par une responsabilisation du marketing (jouets, cadeaux pour la fête des mères ou la fête des pères...). On n'a pas conditionné et déresponsabilisé les foules facilement : c'est tout un système qu'il a fallu mettre en place. C'est un système alternatif, plus juste, qu'il faut aujourd'hui créer et installer.
Edition du 12 juin : Les Nouvelles News viennent de publier une chronique de Fatma Bouvet de la Maisonneuve, psychiatre, sur les conséquences de l'affaire DSK.
"Il serait sage de tempérer l’enthousiasme de ceux qui pensent que la triste affaire DSK va changer du jour au lendemain la place des femmes dans notre société. En effet, pour que la féminité soit enfin prise au sérieux, il faudrait un véritable bouleversement des mentalités, une révolution au sens littéral du terme. Cela signifierait un changement radical des repères et donc un effort considérable de la part personnes qui les véhiculent et les valorisent. Cela vaudrait pour la politique, mais également dans la vie quotidienne aussi bien professionnelle que privée. Les habitudes sont bien trop solidement ancrées pour que cette mutation soit rapide."
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Je partage ton scepticisme, les vieux réflexes reviendront vite même si une pierre aura bougé (c'est déjà ça remarque)!
RépondreSupprimerEn ce qui concerne le partage des tâches domestiques, je crois que c'est aussi l'idée que chacun.e à de lui/elle-même qu'il faut changer. Les hommes sont éduqués à se servir des femmes et celles-ci à servir les autres. C'est tout le rapport à l'autrE et à soi qu'il faut revoir et c'est bien profond que les jeux d'imitation (ceux-ci sont des instruments de dressage pas le fondement du dressage). il n'en reste pas moins que ces jeux contibuent à la perpétuation des inégalités comme tout ce qu'on lit, voit ou entend dans notre enfance.