Ca fait longtemps que j'ai une dent contre ceux qui travaillent dans le domaine médical. Non pas que je les juge massivement incompétents ni que je considère qu'ils sont tous idiots (j'en connais qui sont super, et d'ailleurs je les garde, quitte à faire 30 km pour me faire soigner une carie), mais j'en ai connu tellement qui traitent leurs patients comme des imbéciles ou manquent totalement d'empathie que j'en viens à être méfiante dès que je passe la porte d'un hôpital et à ne plus tellement faire confiance aux médecins, sage-femmes et infirmiers que je croise. Ce qui est un rapport vachement constructif, vous en conviendrez.
C'est ce billet de la Poule Pondeuse et les commentaires qu'il a générés qui me donne envie de vous raconter ma laïfe (encore une fois). En fait, ça faisait longtemps que j'avais envie de raconter mes tribulations liées au diabète gestationnel, histoire de vider mon sac, et de montrer qu'il y a des gens qui sont vraiment handicapés du quotient émotionnel. Si en plus d'autres femmes peuvent se retrouver dans mon témoignage et être rassurées...
Lors de ma première grossesse, il y a 4 ans, la seconde échographie a révélé un bébé un peu gros. Comme j'ai des antécédents de diabète dans la famille, j'ai dû passer le fameux test du O'Sullivan (j'aurais préféré les boissons du O'Sullivan qui est à gauche...) puis, comme il était positif, le HGPO. Evidemment, on ne m'a pas tellement donné d'explications, on m'a juste dit qu'il fallait le faire pour mon bébé. Or, avoir des antécédents d'une maladie dans la famille, ça veut dire vivre toute sa vie dans l'angoisse de tomber malade, culpabiliser à chaque écart et subir les recommandations inquiètes de tout plein de gens bien intentionnés. Passer des tests de 1 à 4 heures dans ces conditions, c'est terriblement anxiogène. A la réception des résultats (bingo ! les seuls tests que je réussis à tous les coup, c'est ça et les tests de grossesse !), j'ai pleuré comme si on m'avait annoncé un cancer. Ca peut paraître ridicule, mais avec cette angoisse déjà latente qui est montée au fil des jours et le manque d'informations, j'ai complètement craqué.
A la réception des résultats, mon gynéco m'a envoyée voir une endocrinologue qu'il connaissait. Elle ne m'a donné aucune information utile sur l'alimentation à suivre. Je lui ai dit avoir banni le sucre de mon alimentation, en particulier en ne buvant que des sodas light au lieu du Coca, ce qu'elle m'a reproché : le light donne envie de sucre. Je suis restée sans voix : si j'ai envie de sucre, je vais forcément me taper une tablette de chocolat ? Elle a fait de la pub pour le Pulco citron avant de me pourrir car je n'avais pas l'air assez catastrophée à son goût. Quand ses accusations ont déclenché mes larmes, elle a décidé que mon travail me stressait trop et m'a arrêtée jusqu'à la fin de ma grossesse. J'aimais mon travail, je m'y sentais bien, et être arrêtée m'a fait l'effet d'une punition. Je suis rentrée en RER en chialant comme une damnée, et j'ai pleuré toute la journée. Le soir, mon mari, n'arrivant pas à me calmer, a appelé mon gynéco en urgence et obtenu le nom d'un autre praticien chez lequel nous avons pris rendez-vous immédiatement.
Cette nouvelle endocrinologue, au vu des résultats de mes examens, m'a rassurée et m'a conseillé un régime. Elle m'a donné des livres, étonnée que sa collègue ne m'aie rien dit. J'ai continué à travailler avec bonheur, et j'ai été suivie par cette praticienne jusqu'à la fin de ma grossesse. Mon gynéco m'a assuré qu'il n'enverrait plus jamais de patiente chez l'autre naze.
J'ai suivi scrupuleusement mon régime et j'ai passé quatre mois à avoir faim à chaque instant de la journée. Je pleurais en voyant mon assiette, sachant qu'elle ne me rassasierait pas. Et aucun praticien, parmi tous ceux que j'ai vus, n'a proposé de solution. Pire, une sage-femme en a ri, comme d'un petit désagrément de la grossesse pas très grave, puis m'a prescrit de nouveaux examens pour s'assurer que mon régime suffisait : non seulement elle niait mon profond malaise, mais elle me culpabilisait en supposant que je n'en faisais pas assez.
Mon fils est né à terme et en très bonne santé. On me dira que si je n'avais pas bien suivi mon régime, il y aurait sans doute eu des complications. C'est sans doute vrai, mais en attendant, je garde de cette grossesse un très mauvais souvenir, où j'ai été traitée comme une irresponsable et affamée sans que personne ne se soucie de mon mal-être.
J'ai gardé l'habitude de faire attention à ce que je mange, en me servant des informations que j'ai apprises. J'ai la chance de ne pas prendre de poids facilement, et lorsque je suis retombée enceinte, manger simplement équilibré (et à ma faim !) m'a permis de ne pas grossir. Aujourd'hui, je suis à 7 mois de grossesse, et je n'ai pris que deux kilos. Je vois toujours le même gynéco, vu qu'il est quand même très sympa et ne multiplie pas trop les examens. Maintenant qu'il me connait, d'ailleurs, nous communiquons plutôt bien.
J'ai passé le test de l'OMS qui a révélé que j'étais de nouveau en situation de diabète gestationnel. C'est peut-être parce que bébé n'est pas trop gros que mon gynéco ne m'a pas envoyée voir de spécialiste. Il m'a confié un appareil pour surveiller ma glycémie (à gauche), me disant de l'utiliser de temps en temps et que, si j'étais systématiquement au-dessus des limites, on passerait à l'insuline. Je dois simplement limiter les quantités de sucre que j'ingurgite.
Je mange deux fois plus que lors de ma première grossesse, et l'appareil m'a permis d'établir que ces quantités me permettent de rester bien en-dessous des limites acceptables. Je fais bien plus de tests que ce que le gynéco me demandait, et je note tous les résultats pour optimiser mon régime, même si j'ai mal au bout des doigts à force de me piquer (c'est pas très pratique pour taper sur mon clavier !). Je mange à ma faim, bébé conserve un poids normal et je ne grossis toujours pas. De temps en temps je me permets un écart, vu que ces écarts ne modifient visiblement pas le poids de bébé, avec l'aval de mon gynéco qui convient que ça permet de garder le moral, ce qui est important pour une future maman. C'est marrant, mais ne pas pouvoir manger de sucre a quelque chose de déprimant !
Il y a quelques jours, j'ai passé une échographie à l'issue de laquelle le médecin m'a envoyée passer un monitoring pour rien. Je n'ai évidemment pas caché la situation à la sage-femme en charge du monitoring. Elle s'est étonnée de la faible fréquence de mes relevés de glycémie, m'a demandé d'en faire 6 fois par jour (mais bien sûr, tu me prêtes tes doigts ?) et de montrer les résultats à une sage-femme avec laquelle je devais prendre spécialement rendez-vous (et vlan, on vous culpabilise parce que vous n'en faites pas assez, et on vous flique parce que vous n'êtes pas capable de vous prendre en main).
Ce soir-là, après une journée de travail, j'avais attendu une heure pour passer mon échographie, une demi-heure pour le monitoring, une autre demi-heure sous la machine, alors que mon fils et mon mari m'attendaient dehors, et j'avais subi un toucher vaginal long et douloureux : forcément j'avais des contractions. Le gynéco de garde (qui se trouvait être le mien !) m'a examinée en urgence, a vu que tout allait bien et m'a renvoyée à la maison avec un arrêt de travail que cette fois j'ai accueilli avec reconnaissance. On m'a donc refait le coup du "on te stresse à mort, on te fatigue, on te prend pour une imbécile voire une irresponsable, puis on te met en arrêt de travail".
C'est pas grave, tout ça, il y a des gens qui vivent toute leur vie avec le diabète ou pire, et qui font ce qu'ils ont à faire sans se plaindre, mais c'est rageant de voir le nombre de personnes dans le milieu médical qui, à aucun moment, ne se soucient de votre bien-être, de votre état psychologique, et appliquent bêtement des procédures en arborant une assurance désarmante. Je veux bien croire que certaines patientes ne sont pas malines et que dans le doute il vaut mieux nous pousser à faire attention, mais ne serait-il pas plus respectueux des personnes de leur faire confiance, ou tout du moins de dialoguer un peu pour s'assurer qu'on peut leur faire confiance ? Au lieu de ça, on nous accable d'examens, on nous stresse, on nous fatigue, on nous culpabilise sans se soucier des conséquences sur notre santé et celle du bébé. Belle mentalité !
C'est ce billet de la Poule Pondeuse et les commentaires qu'il a générés qui me donne envie de vous raconter ma laïfe (encore une fois). En fait, ça faisait longtemps que j'avais envie de raconter mes tribulations liées au diabète gestationnel, histoire de vider mon sac, et de montrer qu'il y a des gens qui sont vraiment handicapés du quotient émotionnel. Si en plus d'autres femmes peuvent se retrouver dans mon témoignage et être rassurées...
Lors de ma première grossesse, il y a 4 ans, la seconde échographie a révélé un bébé un peu gros. Comme j'ai des antécédents de diabète dans la famille, j'ai dû passer le fameux test du O'Sullivan (j'aurais préféré les boissons du O'Sullivan qui est à gauche...) puis, comme il était positif, le HGPO. Evidemment, on ne m'a pas tellement donné d'explications, on m'a juste dit qu'il fallait le faire pour mon bébé. Or, avoir des antécédents d'une maladie dans la famille, ça veut dire vivre toute sa vie dans l'angoisse de tomber malade, culpabiliser à chaque écart et subir les recommandations inquiètes de tout plein de gens bien intentionnés. Passer des tests de 1 à 4 heures dans ces conditions, c'est terriblement anxiogène. A la réception des résultats (bingo ! les seuls tests que je réussis à tous les coup, c'est ça et les tests de grossesse !), j'ai pleuré comme si on m'avait annoncé un cancer. Ca peut paraître ridicule, mais avec cette angoisse déjà latente qui est montée au fil des jours et le manque d'informations, j'ai complètement craqué.
A la réception des résultats, mon gynéco m'a envoyée voir une endocrinologue qu'il connaissait. Elle ne m'a donné aucune information utile sur l'alimentation à suivre. Je lui ai dit avoir banni le sucre de mon alimentation, en particulier en ne buvant que des sodas light au lieu du Coca, ce qu'elle m'a reproché : le light donne envie de sucre. Je suis restée sans voix : si j'ai envie de sucre, je vais forcément me taper une tablette de chocolat ? Elle a fait de la pub pour le Pulco citron avant de me pourrir car je n'avais pas l'air assez catastrophée à son goût. Quand ses accusations ont déclenché mes larmes, elle a décidé que mon travail me stressait trop et m'a arrêtée jusqu'à la fin de ma grossesse. J'aimais mon travail, je m'y sentais bien, et être arrêtée m'a fait l'effet d'une punition. Je suis rentrée en RER en chialant comme une damnée, et j'ai pleuré toute la journée. Le soir, mon mari, n'arrivant pas à me calmer, a appelé mon gynéco en urgence et obtenu le nom d'un autre praticien chez lequel nous avons pris rendez-vous immédiatement.
Cette nouvelle endocrinologue, au vu des résultats de mes examens, m'a rassurée et m'a conseillé un régime. Elle m'a donné des livres, étonnée que sa collègue ne m'aie rien dit. J'ai continué à travailler avec bonheur, et j'ai été suivie par cette praticienne jusqu'à la fin de ma grossesse. Mon gynéco m'a assuré qu'il n'enverrait plus jamais de patiente chez l'autre naze.
J'ai suivi scrupuleusement mon régime et j'ai passé quatre mois à avoir faim à chaque instant de la journée. Je pleurais en voyant mon assiette, sachant qu'elle ne me rassasierait pas. Et aucun praticien, parmi tous ceux que j'ai vus, n'a proposé de solution. Pire, une sage-femme en a ri, comme d'un petit désagrément de la grossesse pas très grave, puis m'a prescrit de nouveaux examens pour s'assurer que mon régime suffisait : non seulement elle niait mon profond malaise, mais elle me culpabilisait en supposant que je n'en faisais pas assez.
Mon fils est né à terme et en très bonne santé. On me dira que si je n'avais pas bien suivi mon régime, il y aurait sans doute eu des complications. C'est sans doute vrai, mais en attendant, je garde de cette grossesse un très mauvais souvenir, où j'ai été traitée comme une irresponsable et affamée sans que personne ne se soucie de mon mal-être.
J'ai gardé l'habitude de faire attention à ce que je mange, en me servant des informations que j'ai apprises. J'ai la chance de ne pas prendre de poids facilement, et lorsque je suis retombée enceinte, manger simplement équilibré (et à ma faim !) m'a permis de ne pas grossir. Aujourd'hui, je suis à 7 mois de grossesse, et je n'ai pris que deux kilos. Je vois toujours le même gynéco, vu qu'il est quand même très sympa et ne multiplie pas trop les examens. Maintenant qu'il me connait, d'ailleurs, nous communiquons plutôt bien.
J'ai passé le test de l'OMS qui a révélé que j'étais de nouveau en situation de diabète gestationnel. C'est peut-être parce que bébé n'est pas trop gros que mon gynéco ne m'a pas envoyée voir de spécialiste. Il m'a confié un appareil pour surveiller ma glycémie (à gauche), me disant de l'utiliser de temps en temps et que, si j'étais systématiquement au-dessus des limites, on passerait à l'insuline. Je dois simplement limiter les quantités de sucre que j'ingurgite.
Je mange deux fois plus que lors de ma première grossesse, et l'appareil m'a permis d'établir que ces quantités me permettent de rester bien en-dessous des limites acceptables. Je fais bien plus de tests que ce que le gynéco me demandait, et je note tous les résultats pour optimiser mon régime, même si j'ai mal au bout des doigts à force de me piquer (c'est pas très pratique pour taper sur mon clavier !). Je mange à ma faim, bébé conserve un poids normal et je ne grossis toujours pas. De temps en temps je me permets un écart, vu que ces écarts ne modifient visiblement pas le poids de bébé, avec l'aval de mon gynéco qui convient que ça permet de garder le moral, ce qui est important pour une future maman. C'est marrant, mais ne pas pouvoir manger de sucre a quelque chose de déprimant !
Il y a quelques jours, j'ai passé une échographie à l'issue de laquelle le médecin m'a envoyée passer un monitoring pour rien. Je n'ai évidemment pas caché la situation à la sage-femme en charge du monitoring. Elle s'est étonnée de la faible fréquence de mes relevés de glycémie, m'a demandé d'en faire 6 fois par jour (mais bien sûr, tu me prêtes tes doigts ?) et de montrer les résultats à une sage-femme avec laquelle je devais prendre spécialement rendez-vous (et vlan, on vous culpabilise parce que vous n'en faites pas assez, et on vous flique parce que vous n'êtes pas capable de vous prendre en main).
Ce soir-là, après une journée de travail, j'avais attendu une heure pour passer mon échographie, une demi-heure pour le monitoring, une autre demi-heure sous la machine, alors que mon fils et mon mari m'attendaient dehors, et j'avais subi un toucher vaginal long et douloureux : forcément j'avais des contractions. Le gynéco de garde (qui se trouvait être le mien !) m'a examinée en urgence, a vu que tout allait bien et m'a renvoyée à la maison avec un arrêt de travail que cette fois j'ai accueilli avec reconnaissance. On m'a donc refait le coup du "on te stresse à mort, on te fatigue, on te prend pour une imbécile voire une irresponsable, puis on te met en arrêt de travail".
C'est pas grave, tout ça, il y a des gens qui vivent toute leur vie avec le diabète ou pire, et qui font ce qu'ils ont à faire sans se plaindre, mais c'est rageant de voir le nombre de personnes dans le milieu médical qui, à aucun moment, ne se soucient de votre bien-être, de votre état psychologique, et appliquent bêtement des procédures en arborant une assurance désarmante. Je veux bien croire que certaines patientes ne sont pas malines et que dans le doute il vaut mieux nous pousser à faire attention, mais ne serait-il pas plus respectueux des personnes de leur faire confiance, ou tout du moins de dialoguer un peu pour s'assurer qu'on peut leur faire confiance ? Au lieu de ça, on nous accable d'examens, on nous stresse, on nous fatigue, on nous culpabilise sans se soucier des conséquences sur notre santé et celle du bébé. Belle mentalité !
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