C'était un bâtiment construit dans les années 60, massif, carré, fonctionnel. Il était tout en béton, pourvu dans l'entrée d'un escalier monumental donnant sur un hall résonnant. On y accédait par une porte cerclée de métal, vitrée, et très lourde. Cette porte suffisait à illustrer le principe du levier : il était absolument inutile de tenter de l'ouvrir en poussant près des gonds, il fallait pousser à l'extrémité de la porte pour qu'elle pivote lentement, difficilement, comme à regret.
J'ai haï cette porte. Pas parce qu'elle était lourde, mais parce qu'elle menait à mon lieu de travail : un laboratoire où je m'acquittais d'une tâche peu intéressante au milieu de gens que je n'aimais pas. Leur conversation se limitait au football, aux films de zombies et à la série le Trône de Fer (parce qu'il y a du cul). Leurs perpétuelles remarques machistes ont réveillé ma conscience féministe. Ils m'ont inspiré l'un des textes dont je suis la plus fière, Rien de grave. Je faisais partie d'un groupe de quelques filles en emploi précaire, au nombre variant au gré de nos congés maternité et des fins de contrat. Coquettes, silencieuses, riant volontiers aux vannes les plus cruelles, elles m'ont inspiré un texte qui me semble aujourd'hui un peu maladroit, Le silence des poupées.
Chaque jour donc, je poussais avec difficulté cette porte pour rejoindre mon bureau surchauffé et entendre les beaufs pérorant dans leur salle café décorée de cartes postales avec des filles à poil ou des vaches ("j'ai pas trouvé de cartes avec des filles, dans le Cantal, alors je vous ai envoyé des vaches !"). J'avais au ventre une boule qui a gonflé peu à peu au fil des mois. Sans mon blog pour m'exprimer, sans Twitter pour me rappeler qu'un autre monde existe, je ne sais pas si j'aurais tenu.
Le bâtiment était grand, il y avait beaucoup de monde à l'intérieur, et l'équipe qui m'avait si mal reçue n'était pas la seule. Il m'arrivait donc souvent de passer cette porte en même temps que quelqu'un, la plupart des travailleurs du bâtiment étant des hommes. Généralement, le premier arrivé tenait la porte, et le second passait en souriant poliment.
Certains hommes étaient surpris de se voir tenir la porte, mais l'acceptaient avec le sourire, comme étonnés de trouver cela agréable. D'autres levaient un sourcil, silencieusement, comptant cet usage incongru de mes bras comme une bizarrerie de plus de ma part. Quelques hommes, enfin, ont apprécié de voir que je n'attendais pas qu'un autre accomplisse des gestes simples à ma place.
Une fois, je suis passée en même temps que Jérôme (tous les noms sont évidemment modifiés).
Jérôme est un type galant. Il reconnait que les différences entre les hommes et les femmes sont, pour la plupart, induites par l'éducation, mais il trouve ça cool. Il aime que les hommes soient forts et que les femmes soient belles. Il apprécie qu'une femme s'habille avec soin, il adore l'été qui raccourcit le jupes. Il est beau, il fait beaucoup de sport. Marié, amoureux et fidèle, il n'est pas dragueur. Il regarde les femmes sans concupiscence, juste pour le plaisir de voir de belles choses. Il aime qu'une femme aie besoin de lui, il court rendre service, il adore porter les choses lourdes pour montrer qu'il est fort. Quand une femme a besoin d'un ordinateur ou d'un vidéoprojecteur, elle trouvera l'ordinateur ou le vidéoprojecteur branché, installé et câblé par un Jérôme haletant qui aura couru pour tout finir avant son arrivée.
Ce jour-là, donc, Jérôme a couru pour arriver à la porte avant moi. Il me l'a tenue dans un geste théâtral, souriant, ravi d'incarner le bon Français, galant, prévenant, et attendant des remerciements de ma part. J'étais surprise, je n'avais pas encore pris mon café, et je ne sais plus ce que j'ai bredouillé. J'ai trouvé tellement ridicule de voir un type débouler en courant pour m'ouvrir la porte ! Elle était lourde, certes, mais pas au point de m'empêcher d'entrer.
J'ai tenu un jour la porte à Jérôme. Bien qu'il aie été encombré par son vélo, il s'est arrêté, me l'a prise des mains tant bien que mal, et a refusé de passer avant moi. C'en était presque compulsif, comme si je remettais en question son identité même en tentant de refuser sa galanterie. Ce n'est pas que je sois faible, à ses yeux : il sait très bien que je porte des objets lourds sans rechigner. C'est plutôt que s'il ne peut être fort, il se sent inutile. Il m'a fait pitié, je suis passée et l'ai laissé dans se débattre avec la porte et son vélo ; j'ai retenu un fou rire quand, depuis le hall, j'ai entendu dans mon dos un "aïe" étouffé.
Et puis il y a eu Maxime.
Maxime a contribué pour un bon quart à ma liste de phrases sexistes dans Rien de grave. C'est une homme jeune, grassouillet, porté sur la bouteille, qui parle tout le temps, étalant ses connaissances et méprisant toute notion culturelle qui ne l'intéresse pas. Pour lui, toute femme qui sort du rang cherche à installer une suprématie de la femme sur l'homme et doit être remise à sa place sèchement. Il ne tolère les femmes dans les assemblées que silencieuses. Il ne faut pas donner son avis, il ne faut pas exprimer son opinion, même si elle va dans son sens, sous peine de se faire rabrouer sèchement. Il ne faut pas se montrer plus cultivée que lui ni montrer qu'on ne partage pas sa passion dévorante pour le football. Evidemment, avec lui, j'avais tout faux. Assez rapidement, je n'ai pu ouvrir la bouche sans qu'il dise exactement le contraire de ce que je venais de dire. Heureusement qu'on ne bossait pas sur le même projet, il n'aurait pas beaucoup avancé.
Un jour, je partais manger avec Michel, un technicien adorable, et Maxime nous a suivis. Nous ne sommes pas vachards au point de le laisser manger tout seul, et nous l'avons attendu. Quand nous nous sommes trouvés devant cette porte, Michel est passé en premier, puis Maxime est passé devant moi, et l'a tenue. Comme j'avançais, il l'a lachée. Elle est passée à quelques millimètres de mon nez. Il est parti en s'excusant. Michel a levé les yeux au ciel, navré. Si nous avions dit quoi que ce soit, il aurait prétendu ne pas l'avoir fait exprès.
Evidemment, je lui ai refait la même "blague" à la première occasion, sauf que moi, j'ai retenu la porte au dernier moment : je ne suis pas une garce. Il a ri comme s'il ne se doutait de rien.
Au sein du groupe, Maxime est soit toléré, soit populaire. Quand on le contredit, il est bêtement soutenu par trois quarts des personnes présentes, les autres se taisant. Ne pouvant supporter le personnage, ne pouvant le contredire sans être verbalement écrasée par cinq ou six personnes, j'ai fini par ne plus me joindre à eux pour manger ou boire le café. Je me suis ostracisée peu à peu, seule, les écouteurs vissés sur les oreilles pour ne pas entendre leurs âneries, respirant à travers mon PC où Twitter me fournissait un semblant d'oxygène.
Au bout d'un an et demi, j'ai trouvé un poste fixe dans une Université et je suis partie, non sans avoir dévoilé à ma hiérarchie ce que je pensais de mes ex-camarades de bureau. Ca ne les a pas surpris. J'ai alors compris qu'il était inutile de chercher à me venger en détruisant leur réputation comme j'aurais aimé le faire, puisque leur carrière est déjà bien assez compromise du fait de leur comportement. Ils se sont sabordés tout seuls, personne n'est dupe.
Quand j'ai quitté le bâtiment définitivement, la porte était ouverte sur un ciel azur où brillait un soleil radieux. J'ai respiré un grand coup, et la boule que j'avais dans le ventre s'est dégonflée.
Le lendemain même, je prenais mes fonctions dans un nouveau laboratoire.
J'ai été accueillie avec cordialité. On m'a donné un bureau sur lequel trônait un ordinateur non branché. Mon nouveau responsable et mon nouveau camarade de bureau ont commencé à connecter les différents câbles. Je me suis résolument jointe à eux, décidée à ne pas être la demoiselle en détresse qui ne sait pas où on branche le clavier USB. Nous avons fini la besogne ensemble, en commentant la qualité du matériel et son adéquation à mon projet.
On m'a donné dans la journée un badge pour entrer dans le bâtiment en me conseillant de le tester au cas où. Je suis sortie, j'ai passé mon badge dans le lecteur et j'ai tiré résolument la poignée de la porte qui s'est ouverte d'un coup et a violemment heurté un mur. Qu'elle était légère !
Illustration :
Psyché à la porte du jardin de Cupidon, John William Waterhouse, 1904.
J'ai haï cette porte. Pas parce qu'elle était lourde, mais parce qu'elle menait à mon lieu de travail : un laboratoire où je m'acquittais d'une tâche peu intéressante au milieu de gens que je n'aimais pas. Leur conversation se limitait au football, aux films de zombies et à la série le Trône de Fer (parce qu'il y a du cul). Leurs perpétuelles remarques machistes ont réveillé ma conscience féministe. Ils m'ont inspiré l'un des textes dont je suis la plus fière, Rien de grave. Je faisais partie d'un groupe de quelques filles en emploi précaire, au nombre variant au gré de nos congés maternité et des fins de contrat. Coquettes, silencieuses, riant volontiers aux vannes les plus cruelles, elles m'ont inspiré un texte qui me semble aujourd'hui un peu maladroit, Le silence des poupées.
Chaque jour donc, je poussais avec difficulté cette porte pour rejoindre mon bureau surchauffé et entendre les beaufs pérorant dans leur salle café décorée de cartes postales avec des filles à poil ou des vaches ("j'ai pas trouvé de cartes avec des filles, dans le Cantal, alors je vous ai envoyé des vaches !"). J'avais au ventre une boule qui a gonflé peu à peu au fil des mois. Sans mon blog pour m'exprimer, sans Twitter pour me rappeler qu'un autre monde existe, je ne sais pas si j'aurais tenu.
Le bâtiment était grand, il y avait beaucoup de monde à l'intérieur, et l'équipe qui m'avait si mal reçue n'était pas la seule. Il m'arrivait donc souvent de passer cette porte en même temps que quelqu'un, la plupart des travailleurs du bâtiment étant des hommes. Généralement, le premier arrivé tenait la porte, et le second passait en souriant poliment.
Certains hommes étaient surpris de se voir tenir la porte, mais l'acceptaient avec le sourire, comme étonnés de trouver cela agréable. D'autres levaient un sourcil, silencieusement, comptant cet usage incongru de mes bras comme une bizarrerie de plus de ma part. Quelques hommes, enfin, ont apprécié de voir que je n'attendais pas qu'un autre accomplisse des gestes simples à ma place.
Une fois, je suis passée en même temps que Jérôme (tous les noms sont évidemment modifiés).
Jérôme est un type galant. Il reconnait que les différences entre les hommes et les femmes sont, pour la plupart, induites par l'éducation, mais il trouve ça cool. Il aime que les hommes soient forts et que les femmes soient belles. Il apprécie qu'une femme s'habille avec soin, il adore l'été qui raccourcit le jupes. Il est beau, il fait beaucoup de sport. Marié, amoureux et fidèle, il n'est pas dragueur. Il regarde les femmes sans concupiscence, juste pour le plaisir de voir de belles choses. Il aime qu'une femme aie besoin de lui, il court rendre service, il adore porter les choses lourdes pour montrer qu'il est fort. Quand une femme a besoin d'un ordinateur ou d'un vidéoprojecteur, elle trouvera l'ordinateur ou le vidéoprojecteur branché, installé et câblé par un Jérôme haletant qui aura couru pour tout finir avant son arrivée.
Ce jour-là, donc, Jérôme a couru pour arriver à la porte avant moi. Il me l'a tenue dans un geste théâtral, souriant, ravi d'incarner le bon Français, galant, prévenant, et attendant des remerciements de ma part. J'étais surprise, je n'avais pas encore pris mon café, et je ne sais plus ce que j'ai bredouillé. J'ai trouvé tellement ridicule de voir un type débouler en courant pour m'ouvrir la porte ! Elle était lourde, certes, mais pas au point de m'empêcher d'entrer.
J'ai tenu un jour la porte à Jérôme. Bien qu'il aie été encombré par son vélo, il s'est arrêté, me l'a prise des mains tant bien que mal, et a refusé de passer avant moi. C'en était presque compulsif, comme si je remettais en question son identité même en tentant de refuser sa galanterie. Ce n'est pas que je sois faible, à ses yeux : il sait très bien que je porte des objets lourds sans rechigner. C'est plutôt que s'il ne peut être fort, il se sent inutile. Il m'a fait pitié, je suis passée et l'ai laissé dans se débattre avec la porte et son vélo ; j'ai retenu un fou rire quand, depuis le hall, j'ai entendu dans mon dos un "aïe" étouffé.
Et puis il y a eu Maxime.
Maxime a contribué pour un bon quart à ma liste de phrases sexistes dans Rien de grave. C'est une homme jeune, grassouillet, porté sur la bouteille, qui parle tout le temps, étalant ses connaissances et méprisant toute notion culturelle qui ne l'intéresse pas. Pour lui, toute femme qui sort du rang cherche à installer une suprématie de la femme sur l'homme et doit être remise à sa place sèchement. Il ne tolère les femmes dans les assemblées que silencieuses. Il ne faut pas donner son avis, il ne faut pas exprimer son opinion, même si elle va dans son sens, sous peine de se faire rabrouer sèchement. Il ne faut pas se montrer plus cultivée que lui ni montrer qu'on ne partage pas sa passion dévorante pour le football. Evidemment, avec lui, j'avais tout faux. Assez rapidement, je n'ai pu ouvrir la bouche sans qu'il dise exactement le contraire de ce que je venais de dire. Heureusement qu'on ne bossait pas sur le même projet, il n'aurait pas beaucoup avancé.
Un jour, je partais manger avec Michel, un technicien adorable, et Maxime nous a suivis. Nous ne sommes pas vachards au point de le laisser manger tout seul, et nous l'avons attendu. Quand nous nous sommes trouvés devant cette porte, Michel est passé en premier, puis Maxime est passé devant moi, et l'a tenue. Comme j'avançais, il l'a lachée. Elle est passée à quelques millimètres de mon nez. Il est parti en s'excusant. Michel a levé les yeux au ciel, navré. Si nous avions dit quoi que ce soit, il aurait prétendu ne pas l'avoir fait exprès.
Evidemment, je lui ai refait la même "blague" à la première occasion, sauf que moi, j'ai retenu la porte au dernier moment : je ne suis pas une garce. Il a ri comme s'il ne se doutait de rien.
Au sein du groupe, Maxime est soit toléré, soit populaire. Quand on le contredit, il est bêtement soutenu par trois quarts des personnes présentes, les autres se taisant. Ne pouvant supporter le personnage, ne pouvant le contredire sans être verbalement écrasée par cinq ou six personnes, j'ai fini par ne plus me joindre à eux pour manger ou boire le café. Je me suis ostracisée peu à peu, seule, les écouteurs vissés sur les oreilles pour ne pas entendre leurs âneries, respirant à travers mon PC où Twitter me fournissait un semblant d'oxygène.
Au bout d'un an et demi, j'ai trouvé un poste fixe dans une Université et je suis partie, non sans avoir dévoilé à ma hiérarchie ce que je pensais de mes ex-camarades de bureau. Ca ne les a pas surpris. J'ai alors compris qu'il était inutile de chercher à me venger en détruisant leur réputation comme j'aurais aimé le faire, puisque leur carrière est déjà bien assez compromise du fait de leur comportement. Ils se sont sabordés tout seuls, personne n'est dupe.
Quand j'ai quitté le bâtiment définitivement, la porte était ouverte sur un ciel azur où brillait un soleil radieux. J'ai respiré un grand coup, et la boule que j'avais dans le ventre s'est dégonflée.
Le lendemain même, je prenais mes fonctions dans un nouveau laboratoire.
J'ai été accueillie avec cordialité. On m'a donné un bureau sur lequel trônait un ordinateur non branché. Mon nouveau responsable et mon nouveau camarade de bureau ont commencé à connecter les différents câbles. Je me suis résolument jointe à eux, décidée à ne pas être la demoiselle en détresse qui ne sait pas où on branche le clavier USB. Nous avons fini la besogne ensemble, en commentant la qualité du matériel et son adéquation à mon projet.
On m'a donné dans la journée un badge pour entrer dans le bâtiment en me conseillant de le tester au cas où. Je suis sortie, j'ai passé mon badge dans le lecteur et j'ai tiré résolument la poignée de la porte qui s'est ouverte d'un coup et a violemment heurté un mur. Qu'elle était légère !
Illustration :
Psyché à la porte du jardin de Cupidon, John William Waterhouse, 1904.
de là à imaginer que l'univers radieux c'est celui de l'université... et de me rappeler tout ce qu'il a représenté d'espoir de vie "intelligente" dans ma vie y'a pas loin...
RépondreSupprimerJe n'y suis que depuis un petit mois, et j'espère y rester quelques années, alors permettez-moi d'espérer que je n'y serai pas aussi mal que dans cet ancien labo... ;-)
RépondreSupprimerEn tout cas, ce n'est pas le paradis. J'ai entendu quelques remarques sexistes, et reçu un témoignage de harcèlement moral. Mais tout de même, je respire.
J'ai de la chance, puisque je travaille dans un milieu essentiellement masculin et j'ai rarement, très rarement, eu à essuyer des remarques ou sous-entendus sexistes. J'espère que ton nouveau poste sera épanouissant en tout point.
RépondreSupprimer@ Aggie : Merci ! Et oui, c'est pas pareil partout, heureusement, dans mon premier labo ça se passait bien. Là, je suis tombée sur un nid.
RépondreSupprimerTrès contente que tu ais pu t'enfuir de ce labo pourri !
RépondreSupprimerUne petite remarque : je pense que Jérôme fait du "sexisme bienveillant". Dans un cadre professionnel, ça peut être très déroutant pour une femme, plus que le "sexisme hostile".
@ antisexisme : merci !
RépondreSupprimerEt encore, je n'ai parlé que du sexisme. La démarche scientifique était discutable, mon projet peu enrichissant, et j'étais encadrée par un type ayant des problèmes psychiatriques ! Une partie des membres du labo se sent persécutée par la hiérarchie et en devient agressive et craintive.
Aujourd'hui, ça ne peut qu'être mieux.
En ce qui concerne Jérôme, en un an et demi, je crois que j'ai pu bien le cerner. Il fait exactement du sexisme bienveillant. Il peut devenir hostile quand on le pousse dans ses retranchements, mais c'est assez rare. Et au fait, les cartes postales, c'est lui. Pour lui, c'est une décoration jolie et cocasse pour un laboratoire.
c'est là qu'on mesure toute la puissance d'Interenet. ce que tu écris résonne en moi car je l'ai vécu aussi, d'autres Maxime et d'autres Jérôme, pas forcément de la même manière mais toujours cette façon de montrer aux femmes qu'elles sont différentes.
RépondreSupprimerdonc merci pour celles qui vont te lire et trouver qu'elles ne sont pas seules et que ce n'est pas normal!
J'ai lu une stats sur le sexisme bienveillant pour les entretiens d'embauche.
RépondreSupprimerSi une femme se retrouve devant un macho qui s'assume, elle va se montrer plus frontale, plus combative, avoir plus de répondant, elle se préparera pour le "combat" et au final aura mieux "réussi" son entretien d'embauche que si elle tombe sur des paternalistes bienveillants.
Avec des paternalistes bienveillants, il n'y a pas de vrais reproches formulés à haute voix, il n'y a donc pas d'argumentaires possibles, les femmes doivent donc subir les sous-entendus en silence car il n'y a pas d'ouvertures de dialogue où elles peuvent argumenter, rien de concret sur lequel s'appuyer pour parler. La personne en face d'elle étant dans un esprit de bienveillance, les femmes adaptent leur posture, leur gestuelle, leur ton inconsciemment à cette conversation "pacifique". Or un entretien d'embauche n'est pas un thé, il faut montrer son profil, parler de soi-même, argumenter, montrer sa compétence. Comme l'homme en face ne lui laisse pas d'ouverture, elle est contrainte à un rôle trop passif. Mais si elle essaye de se démarquer, elle sera perçue comme agressive, trop agressive par rapport à la situation trop consensuelle. Pile on perd, face il gagne.
Il en résulte que les femmes ont donc plus parlé et étaient plus sûres d'elle avec les machos, et que ces derniers estimaient globalement mieux réussi les entretiens que les paternalistes qui n'ont vu que des passives ou des agressives tout en étant persuadés d'avoir donné leur chance aux femmes.
@ Gabrielle : ça m'a fait un bien fou d'écrire ce billet, donc si en plus ça fait du bien à quelqu'un,je suis contente !
RépondreSupprimerOn nous rappelle qu'on est différentes, c'est vrai. Personne, heureusement, n'a remis en question mes capacités scientifiques. Etre femme n'empêche pas, pour ces hommes-là, de faire son boulot. Ils sont en revanche intraitables quant au fait que nous devions être douces, jolies et gentilles en société. Il faut être silencieuses, jolies, et même si on ne nous demande pas de faire le café, nous ne sommes crédibles dans les conversations courantes que sur les sujets touchant à la mode et l'actu people. Même pour la cuisine on ne nous fait pas confiance (les grands chefs sont des hommes !).
@ lyly : Merci pour cette perspective !
C'est affreusement dangereux, ce sexisme bienveillant. Tu te crois appréciée, valorisée, alors qu'on fond tu te fais avoir.
Avec Jérôme, j'ai été mise en confiance au début. Je le croyais juste aimable et amical...
Jusqu'à ce que je me prenne une baffe terrible en réalisant que c'était un gros macho qui ne me voyait pas comme son amie mais son faire-valoir.
ben ce sujet à propos du danger des bienveillant est en fait transversal à beaucoup de situations.
RépondreSupprimerj'ai constaté la même chose dans les entretiens d'embauche
à tel point que quand je me retrouve en face d'un gars ou d'une femme "bienveillante" je me méfie énormément... après... parce que sur le moment, je me fais piéger à chaque fois en fait quelque soit mon baratin. le truc que vous indiquez et que je retrouve c'est que partout on est en situation d'être là pour être un faire valoir à l'autre dès qu'il ou elle a une position un tant soit peu dominante.
or moi, chômeur, je suis au raz de l'échelle sociale.
même dans les activités culturelles associatives auxquelles je participe, je constate souvent ce phénomène là : vue ma position de chômiste et de "ésseulé", je suis automatiquement en position dominée à l'agard de la plus part des gens. je suis pour eux en demande : donc eux en position d'exiger n'importe quoi et principalement de se valoriser comme étant en position supérieure à mon égard.
alors faut raser les murs et pas être trop bon dans ce qu'on fait.
le phénomène c'est celui de l'orgueil: ça marche partout. dans une société de vanité et de spectacle tout le monde peut devenir le faire valoir d'un autre. et c'est à qui trouvera la position dominante par rapport à l'autre pour s'en valoriser sur l'autre.
triste monde