samedi 18 septembre 2010

La guerre des sexes version TF1


Même la question la plus sérieuse prend une dimension ridicule lorsque TF1 l'aborde. Surtout quand c'est dans une émission aussi intellectuelle que Koh-Lanta. Le contenu de telles émissions ne me parait cependant pas anodin, étant donné la quantité impressionnante de personnes qui les regardent fidèlement en éteignant les cerveaux (Coca-Cola vous dit merci, chers téléspectateurs !). Les messages publicitaires qui s'infiltrent dans les esprits rendus disponibles des travailleurs épuisés le vendredi soir ne sont pas la seule pollution distillée par la chaîne : la vision rétrograde et simpliste de la société et de l'humain en général, construite pour ne pas heurter les certitudes de la ménagère de moins de 50 ans et de son époux friand de divertissements à peu de frais, qui est proposée dans ce type de programme, n'est pas moins abrutissante.
Je n'ai pas honte de le dire : je suis depuis quelques années une fidèle de Koh-Lanta. Je me tamponne de leurs épreuves à deux balles comme de mon premier soutif, et je ne prétendrai pas m'intéresser au paysages qu'on aperçoit vaguement au générique ni aux sociétés locales dont on distingue quelquefois un spécimen entre deux plans sur les singes et les lézards. J'aime voir les candidats galérer sur la plage pour bouffer deux moules et un citron pas mûr, et je l'assume. La survie me fascine depuis que j'ai dévoré Robinson Crusoë au collège, j'ai toujours rêvé de me construire ma cabane et de trouver mon dîner dans la nature (quoique dépendre du Auchan de Cergy-Pontoise pour assurer sa subsistance, c'est aussi une belle expérience de survie, dans son genre). Je suis une fanatique de Raphaël, Grégoire et Freddy, tandis que les bisbilles entre les candidats m'emmerdent prodigieusement.

Je ne sais pas si c'est le casting, le montage et la mise en scène qui font ça ou si c'est une véritable tendance qui transparait dans ce programme comme partout, mais le comportement des femmes de Koh-Lanta est dans la plupart des cas complètement stéréotypé. Prétextant leur manque de force physique, elles glandent sur la plage en attendant que les hommes leurs ramènent la bouffe. Elles se chargent de la popotte mais ne s'occupent pas du feu (pourtant, souffler sur trois braises, c'est pas le bout du monde), elles chialent quand il pleut, braillent dès qu'une vilaine bébête pointe le bout de sa patte velue ou griffue... On se croirait dans un manuel scolaire sur la préhistoire dicté par un vieux schnock barbu à sa secrétaire docile en se grattant les roubignoles.
Les mecs, présentateur et voix off inclus, n'ont d'ailleurs pas tellement de considération pour elles (qu'elles la méritent ou non) : dès qu'il y en a une qui gagne une épreuve ou pêche une palourde, elle gagne le qualificatif d"Amazone" tellement ça surprend tout le monde ; un comportement volontaire parait si surprenant qu'il les aide souvent à gagner. De toute manière, le nombre de plans sur leurs nichons tressautant ou leurs petits culs se trémoussant pendant les épreuves montre bien ce que la production attend d'elles.
Même si je sais bien qu'il faut pas s'attendre à autre chose de la part de TF1, ça me fait râler à tous les coups. Remarquez, râler sur des dindes le vendredi soir, ça fait du bien. C'est ainsi avec une joie mauvaise teintée d'une appréhension bien légitime que j'ai accueilli le premier épisode de Koh-Lanta : Vietnam hier soir, où les deux équipes seront non mixtes (c'est pas que je sois pour la non-mixité, hein, bien au contraire, le pseudo-débat sur la mixité à l'école qu'on nous fait subir en ce moment m'insupporte). Enfin, me disais-je, elles vont devoir se bouger, allumer le feu, se chercher à bouffer toutes seules ! Je l'ai déjà dit ici, qu'on se batte pour que les machos nous laissent une place au soleil, c'est une normal, mais c'est inutile si les femmes continuent à se comporter comme des poupées dociles et faiblardes. L'égalité ne se mendie pas, elle se gagne au prix d'une remise en question.
Dès que les candidats ont été mis au courant de ce qui les attendait, ça n'a pas loupé : sous le regard goguenards de ces messieurs, les gonzesses se sont demandées ce qu'elles allaient devenir, et la casse-burnes de service a commencé à faire la tronche, pasque les nanas, ça piaille, c'est faible et ça fait des histoires. A l'arrivée sur les plages, tout de même, une surprise attendait les deux équipes : une femme (Véronique, plus toute jeune et sympa) dans le camp des hommes, un homme (Boris, jeune et vachement bien gaulé) dans le camp des femmes. La première épreuve a été offerte aux dames pour faire croire qu'elles avaient une chance (je parie que la poutre des mecs a été savonnée). Mamie Véronique s'est chargée de la bouffe au grand plaisir de ces messieurs appréciant une présence féminine (je serais curieuse de voir comment ils auraient réagi s'ils avaient hérité d'un top model anorexique), Boris le preux a allumé le feu. L'enquiquineuse geignarde qui, je suppose, ne pouvais simplement pas se passer d'hommes et était bouffée de jalousie devant toutes des nanas bien plus jolies qu'elle, s'est faite virer à l'unanimité après son accrochage avec la seule qui se bougeait sérieusement. Je m'attendais franchement à plus trash.
Reste que j'ai toujours l'espoir, étant donné les personnes qui ont été sélectionnées (la coiffeuse hyper-active, l'hôtesse de l'air sous acides ou la lutteuse taciturne), de boire du petit lait en voyant, enfin, des candidates qui servent à autre chose qu'à empêcher le riz d'attacher au fond de la casserole. Enfin, je ne m'attends pas à des miracles, non plus : quand on mate des conneries à la télé, faut pas se plaindre que le débat ne vole pas haut.

Allez, courage. Canal+ nous annonce à grand renfort de publicité sexy sa nouvelle série, "Maison close". Vous pariez combien qu'on va se retrouver devant un programme racoleur, rabâchant des poncifs sur l'identité de genre et renforçant les clichés sur la prostitution ?

2 commentaires:

  1. bonjour,
    tout à fait d'accord avec toi sur ton analyse... mais c'est désespérant de voir que les femmes se comportent volontiers comme les stéréotypes voudraient qu'elles soient. et la mise en scène de TF1 n'arrange pas les choses, qu'on puisse encore sous-entendre que c'est un exploit de faire un truc physique quand on est une femme en 2010, ça me scie...

    en tout cas, j'aime beaucoup ton blog et ton écriture, il vient de rejoindre mes favoris!

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  2. Le plus surprenant dans Koh-Lanta, c'est la gestion pileuse. Après 40 jours, tous les hommes ont une barbe de 5 semaines mais toutes les femmes ont le corps lisse comme si elles sortaient de chez l'esthéticienne ! On nous aurait menti ? Il y aurait un salon d'esthéticienne sur place ?
    En fait, les poils féminins sont tabous et on fait bien comprendre aux femmes qu'elles n'ont pas à "se laisser aller", il y a eu Jade, la gagnante de 2007 qui avait laissé pousser qq poils et qui s'est fait traiter de Chewbacca !

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