jeudi 8 mars 2012

Le mystère féminin

En cette journée internationale de lutte pour les droits des femmes, parmi les initiatives lancées, ma préférence va évidemment à celle de Sandrine Goldschmidt et Muriel Salmona. C'est une campagne utile, intelligente, et bien menée.
Moins intelligentes mais beaucoup plus efficaces sont les tentatives de transformer la journée de lutte en une journée de célébration de l'Eternel féminin, de cette Essence féminine magnifique et mystérieuse, bâtie par les hommes pour les hommes.

La féminité, c'est un mode d'emploi universel de la femme. Si nous relevons toutes du même mécanisme, nous pouvons être appréhendées globalement, convaincues en masse de consommer les mêmes produits, manipulées à la chaîne par des hommes habiles qui  gagneront en prestige.
Pourtant, l'un des volets les plus populaires de cette Essence est le mystère féminin. Les hommes ne comprennent rien aux femmes.

Même Stephen Hawking (ci-contre, dans les Simpson), qui a donné au New Scientist une interview pour laquelle les explications de ses réponses sont plus longues que l'interview elle-même, n'y comprend rien :

"Women. They are a complete mystery."

Pour la journée que les médias proclament "journée de Lafâme", j'ai envie de faire un cadeau à ces hommes. Je vais donc lever un coin du voile.

Pour comprendre, il faut chercher
La quête d'une théorie universelle de la femme fait couler encore plus d'encre que celle d'une théorie universelle de la physique.
Les femmes sont l'un des sujets les plus étudiés par les scientifiques mâles (les scientifiques femelles ne comptent pas, il y en a trop peu). Virginia Woolf (ci-contre, peinte par Roger Fry en 1917) témoignait déjà en 1928 de son étonnement face au volume de publications écrites par les hommes sur les femmes.
Virginia Woolf faisait le même constat dans Une chambre à soi. Faisant une recherche sur les femmes et le roman à la bibliothèque du British Museum, elle écrit : "Je me rendis au guichet, pris une fiche, ouvris un volume du catalogue, et..... les cinq points ici indiquent cinq minutes de stupéfaction, d'étonnement et d'égarement. Avez-vous quelque idée du nombre de livres consacrés aux femmes dans le courant d'une année ? Avez-vous quelque idée du nombre de ces livres qui sont écrits par des hommes ? Savez-vous que vous êtes peut-être de tous les animaux de la création celui dont on discute le plus ?"
Les hommes, remarquait-elle par ailleurs, ne font par l'objet d'un intérêt comparable. "C'était là un phénomène bien surprenant ; et manifestement - ici je consultais la lettre H - limité au sexe masculin. Les femmes n'écrivent pas de livres sur les hommes" Peut-être est-ce parce qu'un homme, c'est simple, c'est évident (de toute façon, c'est facile à comprendre, un homme, ça ne pense qu'au cul). Une femme, c'est compliqué. Il y a tout un tas de choses à en dire, mais toutes ces choses n'ont aucune cohérence entre elles. On vous dira que les femmes sont douces, aimantes, dévouées, courageuses, mais aussi retorses, jalouses, vicieuses, opiniâtres. On vous dira que les femmes sont belles et envoûtantes mais, comme le dit Enzo Ferrari à Saint Pierre dans une blague populaire, "le pot d'échappement est trop près de l'allumage". On célèbre l'intuition féminine, la sensibilité, le sens de l'organisation matérielle des femmes, mais on raille notre manque d'objectivité, notre sensiblerie, notre faible fiabilité.
Ce volume de publications ayant pour auteur des hommes sans doute bien intentionnés (ou croyant l'être) est aussi surprenant quand on pense qu'il serait facile d'avoir une réponse en demandant aux intéressées. Je ne puis concevoir que, tout au long des siècles, il ne s'est pas trouvé un homme ayant eu la présence d'esprit de poser des questions aux femmes de son entourage, ni une femme capable de bien expliquer son ressenti. Serait-ce que les femmes ne sont pas écoutées ? Qu'elles n'ont pas été capables de s'exprimer ? Ou qu'elles ne se connaissent pas elles-mêmes ? Il doit y avoir un peu des trois.

L'impressionnant volume de publications sur les femmes ou de romans centrés sur des personnages féminins héroïques ou infâmes est de la poudre aux yeux. Ce ne sont pas des études, mais des injonctions à caractère normatif : celui qui étudie tire les conclusions qui l'arrangent et les érige en modèle. Si un scientifique dit que les femmes ne peuvent pas lire de cartes routières car leur cerveau les en empêche, toutes celles qui sont capables de le faire vont aussitôt oublier ce qu'elles savent ou prétendre qu'elles ne le font qu'au prix d'efforts qui sont épargnés aux hommes.

Ces études ne sont donc pas là pour expliquer un mystère, mais pour le promouvoir. A vrai dire, personne n'a intérêt à le résoudre. Le mystère féminin a quelque chose de romantique qui décourage l'explorateur le plus hardi. Comme le chasseur qui n'ose tirer sur la biche qui l'émeut par sa grâce, l'homme renonce avec galanterie à savoir ce qui fait que la femme est femme.
Et ça les arrange bien. Le mystère ne saurait être levé sans que l'homme ne doivent faire face à la triste réalité de la femme : poilue, pas maquillée, à la peau rêche ou brillante de sébum, aux cheveux gras ou couverts de pellicules, la cellulite bourgeonnante sur des hanches flasques ou au contraire les os saillants, les seins trop petits ou tombants, le ventre zébré de vergetures, les veines bleues sillonnant des membres las. La maternité dévoilée, on ne peut faire semblant d'ignorer le sexe béant et déchiré de la parturiente, le ventre flasque et sanguinolent d'après les couches. Louer la beauté de l'enfantement est nettement plus glamour que tenir les cheveux d'une femme enceinte qui vomit. Célébrer les sacrifices d'une mère détourne le regard de sa frustration. Apprécier la grâce d'une jeune fille empêche de penser à sa souffrance dans ses talons hauts, à la gaine qui l'étouffe, à la douleur de l'épilation qu'elle s'est infligée.
Et les femmes, de leur côté ? Sont-elles prêtes à donner les quelques clés dont elles disposent aux hommes ? Rien n'est moins sûr. Les femmes craignant de perdre l'affection de leur compagnon s'il les voit au naturel, pas maquillées, en tenue de détente, en train de faire caca ou d'accoucher, ne sont pas rares. Le statu quo du mystère féminin, donc, arrange du monde.


Le corps des femmes
Si l'on veut expliquer comment les femmes fonctionnent aux hommes, il faut d'abord mettre en évidence leurs différences et expliciter le rapport entre ces différences et le fonctionnement d'une femme. Évidemment, la différence la plus visible est celle du corps. Est-elle pour autant la plus significative ? On fait tout pour nous faire croire que oui. Pourtant, rien n'est moins sûr.

Cerveau, nourriture de zombies
On nous a dit que nos cerveaux (ci-contre, l'évolution du cerveau de Marge Simpson après une invitation à déjeuner) étaient différents, on nous a dit que nos hormones, dont la composition varie selon le sexe, influençaient notre comportement. Ces soi-disant résultats scientifiques ont été unanimement repris par les médias. Hélas, rares sont les journaux qui donnent le même éclat à d'autres résultats, contradictoires avec les précédents, bien plus nombreux, bien plus rigoureux. Si j'en crois Catherine Vidal, ni le cerveau ni les hormones font que l'homme est homme et que la femme est femme. Ceci, je dois le dire, me ravit, car j'avoue être fascinée par les cartes : leur lecture me ravit, et savoir que mon cerveau m'autorise cette activité me rassure grandement. Le cerveau d'une femme, donc, a peut-être un goût différent pour un zombie, mais il fonctionne de la même manière que celui d'un homme.
Ce n'est donc pas à travers la neurologie ni l'endocrinologie que nous pouvons percer le mystère féminin. Dommage, ça fait savant.

L'expérience physique
J'ai été frappé il y a quelque temps par la lecture de Benoîte Groult. Sa référence à "cette richesse d'expériences que comporte une vie de femme pleinement vécue, y compris la grossesse, l'accouchement et l'amour maternel" m'a toutefois laissée perplexe. Je n'ai jamais eu l'impression d'avoir vécu quelque chose d'extraordinaire et mes conversations avec mon époux ne m'ont jamais laissé entendre que les expériences que mon corps m'avaient fait subir avaient un caractère spécifique, significatif ou déterminant dans la construction de mon être. Pourtant... Ne puis-je me tromper ?
Hé oui, pourquoi pas ? Il est tout à fait plausible que pour la plupart des femmes, vivre avec ce corps aie une influence sur leur caractère. Avoir ses règles, par exemple, sentir le sang couler de manière inéluctable, incontrôlable, souffrir un peu ou beaucoup mais de manière répétée, donne une expériences tangible de la fatalité et forme à la résignation tout comme à la prévoyance. Etre enceinte, sentir l'enfant bouger, accoucher, vivre une sexualité féminine, connaître les petites misères liées à la grossesse et à la ménopause, allaiter... sont des expériences dont les hommes ne peuvent avoir qu'une vague idée. En expliquant autant que faire se peut ce qu'on ressent dans ces moments-là, on peut peut-être faire comprendre aux hommes ce qu'est une femme.
Et là, ça coince.
Parce que l'expérience qu'on vit avec son corps est infiniment variable selon les individus concernés, d'une part parce que nos corps réagissent tous différemment, d'autre part parce que nos réactions face à notre corps est personnel et intime. Ma voisine n'a pas vécu ses grossesses de la même manière que moi : elle n'a pas eu les mêmes petites misères et, quand nous sommes passées par la même chose, cela ne l'a pas touchée de la même manière que moi. On peut avoir des règles douloureuses et s'en foutre, ou des règles peu douloureuses et en être toute chamboulée.
L'anatomie, donc, compte, mais elle ne compte pas de la même manière pour tout le monde. Ce qui va faire la différence entre une expérience et une autre, c'est le caractère des femmes. Et le caractère est forgé tout au long de la vie.

Le gynécée mental
Les caractères sont forgés par l'environnement et l'éducation. Voilà ce que nous avons toutes en commun, ce qui fait de nous des femmes, en toute objectivité : cette éducation commune, cette culture commune, cette expérience sociale commune.
On parle beaucoup de l'éducation des filles, et j'ai déjà donné, du moins en partie, le fond de ma pensée sur la question dans un article en plusieurs parties (Intro, partie 1, et partie 2) que je finirai, je l'espère, un jour, car je prévois un texte sur l'adolescence et le conditionnement sexuel (mmh, tout un programme !). Je ne reprendrai donc pas le sujet mais je voudrais mettre en lumière certains aspects sociaux de la vie d'une femme adulte, aspects qui sont bien sûr perçus par les enfants qui les intègrent très tôt dans leur univers.

La sous-culture féminine
On nous inonde de produits pour filles. Condamnées à ne posséder qu'une raie du spectre lumineux, on nous enferme dans une spécificité, comme une sous-espèce de l'humanité.
Sites webs féminins, presse féminine, littérature féminine, films pour femmes... forment une sous-culture spécifiquement destinée aux femmes, ne traitant que des sujets qui doivent nous intéresser. Il n'est pas question de dichotomie : le reste de la culture n'est pas masculine, elle est "généraliste". La culture destinés aux femmes n'est qu'une sous-culture, forcément dévaluée (ce qui n'est pas toujours une sous-estimation de la valeur des œuvres qu'on nous destine), une parcelle de la culture générale.
Le masculin est général, le féminin est particulier, bien que les femmes représentent 51% de la population mondiale. Femmes, nous sommes l'autre, l'être humain inachevé.
La culture féminine ne contient pas de grandes figures ayant fait avancer le monde, pas de sujets faisant réfléchir, pas de thèmes touchant au pouvoir. Politique, économie et compréhension du monde physique sont sacrifiés à l'Amour et la Beauté.

L'expérience sociale
Rares sont les femmes qui ont réussi à cesser de chercher l'approbation de leurs contemporains. Nous adoptons donc, avec plus ou moins de lucidité, le comportement qu'on attend de nous.
Ce sont donc les injonctions qui rythment nos vies. Nous oscillons entre le rôle de Maman et celui de Putain. Il faut être les deux, mais pas trop. Tout le monde vous dira que c'est impossible. Alors on se prend la tête pour choisir un jupe courte, mais pas trop, on cherche à plaire sans draguer, à faire comprendre notre désir sans trop le montrer... Jusqu'à devenir trop vieille pour être l'une ou l'autre.
Et puis il y a la peur aussi. La peur du viol, la peur de l'agression, la peur du jugement. La peur qui nous paralyse, nous fait prendre des postures ou des précautions qui ne viendraient pas toujours à l'idée d'un homme et qu'il ne comprend pas toujours.


Conclusion
En somme, si M. Hawking ne comprend rien aux femmes, c'est parce qu'il n'y a rien à comprendre. Il n'y a pas de mystère féminin. Il n'y a que des individus, tous différents, qui partagent une expérience commune sans l'avoir vécue de la même manière.
Toutes, nous vivons enfermées dans des rôles contradictoires et confinées dans un univers réduit. Plutôt que chercher à nous comprendre en bloc, il faut chercher à comprendre ce qu'on attend de nous. Le caractère absurde de ces attentes saute aux yeux dès qu'on se penche sur la question.
Finalement, au lieu de célébrer ce mystère, au lieu de tenter de le percer, ne devrait-on pas se laisser séduire par l'extrême variabilité des caractères humains ? Ne devrait-on pas se battre pour défendre notre diversité ?

16 commentaires:

  1. Très bonne analyse ! (comme d'hab quoi :)

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  2. ce que j'aime particulièrement dans cet article, c'est la désacralisation de fait d'un mec porté au firmament par les incarnations du modèle d'inculture générale dominant.
    hawking n'est pas responsble du pieds d'estale où on l'a mis
    mais de ses dire si
    et franchement
    quand on dit des conneries pareilles, y'a de quoi avoir honte
    ben ce genre de gus
    ça les effleure pas : tu penses, tout le monde bave devant ses paroles...

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  3. y'a une autre explication possible parmi beaucoup d'autre quant à cette stupidité très répandue selon laquelle LaFâme est un complet mystère
    l'explication c'est celle du mécanisme du désir faisant du sujet désirant un être subjugué, pouvant en devenir jaloux et donc paradoxalement haineux, par l'objet de son désir.
    le sujet désirant ne mesure plus rien qu'une distance infinie entre lui et son objet désiré, distance infinie créée par l'angoisse de ne pas atteindre cet objet, la réalisation de son désir
    il est stupéfait par son désir
    d'où la qualification de stupidité de cette idée très largement exprimée.
    faudrait développer, mais j'ai la flemme...

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  4. Les femmes étant coincées dans le rôle de Lafâme qui est la plupart du temps aux antipodes de leur MOI et de leurs souhaits les plus profonds paraissent du coup difficiles à comprendre. Quand le machisme aura été éradiqué il y aura moins d'imbéciles pour gloser sur Lafâme.
    Par exemple en Russie soviétique personne ne glosait sur Lafâme parce qu'elle pouvait être aussi bien conductrice de grue que plombière, soudeuse ou cosmonaute.
    Le discours sur Lafâme c'est celui que l'on tient sur les odalisques dans le harem. Même si ce harem s'étend à la rue et au bureau.

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  5. @ Healcraft : Merci ! (comme d'hab !) ;-)

    @ Paul : La physique étudie l'inanimé. J'ai rarement rencontré des physiciens appliquant leur rigueur d'analyse à l'humain. Donc Hawking est aussi con qu'un autre quand il ne s'agit pas de ses théorie physiques (que personne ne connait ni ne comprend, finalement). J'oserais même dire qu'il est encore plus con, car il a les capacités intellectuelles d'y réfléchir, la responsabilité de le faire s'il choisit de l'ouvrir dans les médias, et il ne le fait pas.
    Stupéfiés par le désir ? Oui, sans doute. Mais ces hommes désirent-ils l'être humain devant eux ou l'être qu'ils imaginent voir avec leur vision déformée par le prisme des stéréotypes ? Ils pensent voir une créature mystérieuse, ils ne cherchent pas à la comprendre et s'étonnent de ne pas pouvoir utiliser le mode d'emploi de Lafâme...

    @ Euterpe : Les hommes coincés dans leurs rôle de "un hômme, un vrai" n'en sont cependant pas plus compliqués. C'est sans doute qu'ils ruent moins dans les brancards, généralement... Le costume est bien plus facile à porter ! =]

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  6. wouai : c'est pour ça que dans le cas de Hawkins, là il devrait avoir très très honte de ce qu'il dit.

    bon, le désir est-il aveuglant ? qu'est-ce qui fait que le sujet désire l'objet ? quelle est la relation aux stéréotypes ?
    les stéréotypes préexistent au désirs et les conditionnent en fait. ce que j'indique donc là c'est que le sujet désirant n'accroche sur un objet de désir que dans la mesure ou l'objet en question réalise ne cerait-ce qu'en partie un stéréotype. le sujet désirant voit effectivement l'objet tel qu'il se manifeste lui-même en tant qu'expression de stéréotypes. il faut comprendre que les stéréotypes sont prééexistants et s'appliques autant au sujet désirant qu'aux objets désirés, chque acteur dans ce genre de schémat pouvant d'ailleurs un à la fois le sujet désirant et un objet désiré pour quelqu'autre sujet.
    par ailleurs
    les stéréotypes sont eux-mêmes véhiculés par des médiateurs de désirs qui initialisent en fait dans la vie des sujets/objets désirant/désirés leur assimilation des stéréotypes.
    le médiateur du désir réalise une première fois aux regards des sujets/objets une structuration stéréotypisante d'avantages adaptatifs et de situation avantageuse à l'égard de rôles relationnels sujet/objet.
    dans tous les cas, le sujet subit son désir et la structuration par des stéréotypes ainsi que l'exemple du médiateur dont il cherche à réaliser l'imitation à l'égard de son objet de désir : il est stupéfié, marionnette de son désir et ne voit plus qu'un objet dans l'angoisse de ne pouvoir l'atteindre c'est à dire réaliser le schéma stéréotypés par l'exemple assimilé du médiateur du désir (qui présentait initialement l'exemple type de relation à l'égard d'un stéréotype d'objet de désir et d'avantages de cette relation à cet objet).
    le désir mimétique aveugle en tant que mécanisme de reproduction projective à laquelle participe passivement et activement autant l'environnement, l'objet et le sujet. c'est ça qui n'est pas facile à comprendre. alors pour le pôvre sujet angoissé à l'idée que l'objet est en fait plus libre que lui de le fuir et donc... ben c'est l'horreur. il ne comprend rien non pas tant à l'autre, l'objet de son désir, qu'à ce mécanisme qui l'aliène.
    Faut vous rendre compte que tels que sont forgés les mécanismes de sociabilisation genrée, la position de dominant dans ce schéma se paie par une aliénation totale au modèle interdisant toute prise de conscience des mécanismes auxquels chacun participe. bref, même si la connerie est très bien partagée par tous les ensembles de nomenclatures d'espèces animales, sociales, genres, groupe politiques etc... à la base l'éducation du modèle masculin est celle de la connerie par excellence. un vrai "homme", c'est un aveugle à 100%, un con total.

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  7. S'il y a une "sous culture" de femme c'est parce que les sujets propres aux femmes ne sont pas abordés par la culture plus général
    Par exemple l'accouchement, la grossesse
    Si la presse féminine est critiquable, elle répond aussi à un besoin

    Pour le mystère, ce que j'en pense c'est que oui les hommes en général sont moins compliqués, les femmes réfléchissent plus, du fait de leur éducation tournées vers elles mêmes
    Au dela de cette hypothese, le mystere feminin demontre a quel point l'homme pense la femme comme l'Autre alors que pour la femme ce n'est pas aussi net

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  8. @ Anonyme : L'accouchement et la grossesse ne concernent pas que les femmes. Les hommes soutiennent, assistent leurs compagnes. Les hommes naissent de ce processus. Ils ne le vivent pas mais ils y ont leur place. Ceci dit, ces sujets devraient être abordés par la culture en général, pas pour laisser une place à des sujets féminins, mais parce que ça devrait intéresser tout le monde.
    La presse féminine répond à un besoin, mais ce besoin a été créé. On éduque les filles à s'intéresser à tous ces sujets à la con.
    Je ne comprends pas votre opposition entre les hommes moins compliqués et les femmes qui réfléchissent. Ce n'est pas parce qu'on réfléchit qu'on est compliqué...
    Pour le reste, oui, la femme est vue comme l'Autre par les hommes et, ce qui m'effrayera toujours, se pense elle-même comme l'Autre...

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    1. a kalista

      Oui enfin, je n'ai pas encore entendu de conversation de l'accouchement ou de la grossesse entre hommes, disons qu'ils y sont liés de maniere indirecte!
      Mais c'est une expérience de femme d'accoucher c'est ce que je voulais dire

      Sincèrement je ne pense pas que la mode, la beauté soient des sujets si "cons" que ça enfin pas plus con que le foot ou le tuning! ou que sais je!
      Simplement quand on s'en sert pour aboutir a la haine de son corps et l'hyper consommation la je dis c'est critiquable
      En fait je voulais dire "complexe" et non compliqué
      Sinon oui la femme est vue comme l'Autre et elle se conforme a ce qu'on attend d'elle!

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  9. @ Anonyme : J'en ai entendu, de ces conversations. C'est très émouvant, leur point de vue est très tendre. Ils le vivent, ils s'investissent à leur manière. Si on arrêtait de considérer que l'accouchement est un truc de femmes, ils s'investiraient plus, et massivement.
    Oui, c'est vrai, il y a des sujets masculins tout aussi cons. La différence, c'est que eux sont aussi encouragés à s'intéresser à autre chose.
    Le changement de mot n'est pas plus explicite... En quoi le fait de réfléchir rend la personne plus complexe ? Elle sera simplement plus consciente de sa complexité et plus capable (mais pas forcément encline) d'exprimer sa complexité.
    Pour le reste, je suis toutafé d'accord ! :-)

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    1. si l'on arrêtait de considérer l'accouchement comme une expérience féminine il faudrait demander l'autorisation légale a son copain avant d'avorter...

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    2. Euh... Je ne vois pas le rapport ?...

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  10. Je me permets d'ajouter un petit quelque chose sur la question du marché du "féminin": il n'est pas tout à fait exclusif, même s'il est très puissant, sinon archétypal. Il existe aussi des magazines pour hommes généralistes, ou des magazines de niches "féminines" ou "masculines" (magazine sur le tricot, sur le tunning, la psychologie ou la littérature même peut-être dans une moindre mesure). Cela tient aussi (et surtout?) à une logique marchande qui vise à segmenter le marché pour stimuler la consommation. Il ne faut pas oublier que s'il y a une base disons culturelle et/ou sociale à tout cela, elle est aussi largement amplifiée par la société de consommation, qui glorifie l'individu pour en faire un meilleur consommateur. Le phénomène est sans doute au moins autant "économique" que social.

    PS: j'arrive sur votre blog depuis celui d'Héloïse, et je le trouve très intéressant également :)

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    1. Merci !
      C'est sûr que l'économie tire profit de la culture et, ce faisant, la reproduit. On ne peut guère étudier l'un sans l'autre, mais comme je suis nulle en économie, je ne m'y risque pas vraiment. Votre contribution prend alors tout son sens, Jeff ! :-)

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  11. J'ai lu un bouquin (il faut que je retrouve le lien) qui parlait bien de cette "sous-culture" féminine et qui effectivement correspondait aussi à un besoin d'information qui ne sont pas traités par la presse "généraliste". L'auteure faisait cette remarque que la presse "généraliste" n'hésitait pourtant pas à faire de nombreux articles, voire même des Unes sur le viagra et tout ce qu'il y autour (les nouveaux médicaments, les nouvelles études). J'ai trouvé cette remarque incroyablement révélatrice.
    J'ai lu sur un blog d'un père au foyer une réponse hilarante à une interview de journalistes machos de GQ pourquoi ils ne traitaient pas les sujets concernant les enfants comme les magazines féminins.
    Comme toi Kalista, dans mon entourage, les jeunes pères sont avides de partager et de raconter "leur" accouchement autant que leurs compagnes, tout ce qu'ils ont ressenti, leurs joies, leurs peurs, les conseils qu'ils donnent aux autres futurs pères. La joie d'être père, les conversations qu'ils ont entre "hommes" sur les boutons sur les fesses des bébés, qu'ils se tirent à 17h dès qu'ils peuvent du boulot pour en profiter un maximum. Mais c'est aussi flagrant qu'il y a une vraie différence par rapport aux niveaux d'études, plus celui-ci est élevé et plus il y a de probabilité que la mère laisse le père s'investir et que celui-ci s'investisse, peut-être parce qu'ils n'ont rien à se prouver ayant un socle intellectuel qui leur permet de trouver leur place dans la société, alors que pour les autres ils sont fiers de dire "je suis un vrai mec viril" ou "je suis une vraie femme la maternité est mon univers d'épanouissement celui que je maîtrise où je suis seule à "pouvoir le faire""

    Attendant mon premier enfant, je commence à lire les magazines spécial bébés histoire d’apprendre, et force est de constater que le ton général prend vraiment les pères pour des débiles mentaux dont la seule utilité est de payer. J'ai déjà du mal à les lire sans les balancer par la fenêtre alors mon conjoint... pourtant il est aussi avide d'apprendre que moi. Et finalement ce n'est que dans les magazines féminins que j'aurais des infos sur les spectacles, sur les nouvelles lois sur les nounous, sur tout l'univers enfant, je serai donc "contrainte" à être la principale source d'information. C'est aussi frustrant pour moi que pour mon conjoint qui a bien plus la fibre parentale que moi

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    1. Félicitations pour l'heureux événement à venir, lyly ! :-)
      Et ton conjoint, lit-il les magazines "maternels" ? Il pourrait être fier de montrer qu'il n'est pas neuneu comme les pères qui y sont présentés. Les mamans sont souvent surprises (voire méfiantes) de voir arriver un homme dans leur univers, mais elles finissent par être ravies. Ca fait avancer les mentalités, il faut montrer l'exemple.

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