C'est la mode de la gaine, il parait. C'est pour sublimer Lafâme, il parait. Tu te serres les bourrelets, engoncée dans un truc chiant à mettre et à porter, quoi qu'ils en disent, pour faire la belle.
Ca réveille mon traumatisme du talon aiguille.
Oui, oui, je suis traumatisée par les talons. Quand l'adolescence a transformé mon visage en calculatrice Hello Kitty (avec les boutons bicolores rouges et blancs), ne pouvant compter sur mon sourire qui rappelait vaguement le pont de Tancarville (j'en profite pour saluer mon orthodontiste, en espérant qu'elle boive la tasse dans la piscine que j'ai contribué à lui payer, cette sadique), j'ai plutôt misé sur mes jambes. Je me suis donc mise aux jupes assorties de talons. Attention, pas n'importe quels talons, 10 cm minimum, histoire qu'enfin je puisse aller dans la cour du lycée sans que le pion me dise de retourner dans celle du primaire.
J'ai donc claqué une partie non négligeable de mon argent de poche à la Halle aux Chaussures, au lieu d'acheter les bouquins dont j'avais envie. Je me suis retrouvée avec des jolies bottines en daim, toute fière. Je me voyais déjà en Catwoman, avec ces trucs. Mais quand je les ai enfilées, j'ai fait une autre gueule.
Forcément, je suis allée chialer chez ma mère.
- Mamaaaaan, mes godasses toutes neuves c'est de la merde, elles me font super mal aux panards. Je me suis faite avoir, j'aurais mieux fait d'acheter le second tome de l'intégrale d'Euripide*.
- Mais non, ma chérie, c'est normal, ça fait ça au début.
J'ai caressé le monosourcil que j'épilais en chialant, convaincue qu'un jour ça ferait moins mal. Quoi, les godasses aussi ça fait mal au début ? Il n'y a pas que l'épilation ?** Maman a caressé mes cheveux gras et a poursuivi :
- A force de porter des talons, tes pieds vont se déformer et après ça ne te fera plus mal. Tes pieds vont conserver une belle courbe, ajouta-t-elle en exhibant son pied gracieux comme celui d'une poupée Barbie. A ton âge, je portais des talons tout le temps, je courais avec. Tu fais comme tu veux, si tu veux porter des talons, accroche-toi, tu t'habitueras, sinon c'est pas grave.
Le mot "déformer" m'a choquée. C'est un mot violent, tout de même.
Le hasard a voulu que cette conversation aie lieu juste après des vacances au cours desquelles j'avais relu tout Tintin. Et l'idée de déformer mes pieds m'a fait penser avec effroi à une case du Lotus Bleu*** (ci-contre). Celle où un Chinois explique à Tintin que les Européens voient les Chinois comme des barbares qui torturent les petites filles. J'y avais découvert la tradition des pieds bandés, chose qu'aujourd'hui encore, je ne peux évoquer sans avoir envie de vomir. Ce n'était donc pas vraiment le bon moment de me dire que pour être belle, je devrais me déformer les pieds.
Evidemment, c'est pas pareil. Les pieds bandés, c'est une grosse déformation. Les talons, c'est une petite déformation. Mais ça reste une déformation, faut appeler un chat un chat.
Pourtant, j'étais désespérée. Petite, porteuse de culs de bouteille, j'étais loin de l'image que je me faisais de la féminité. On me disait d'attendre, que ça viendrait, que mon corps n'avait pas fini d'évoluer, mais les quelques années qui se déroulaient devant moi me paraissaient une éternité.
Je n'avais pas peur de déformer ce corps si imparfait, pas terminé, de le forcer à évoluer dans le bon sens. J'ai serré les dents et j'ai mis les chaussures.
Quelques mois plus tard, après de belles gamelles dans la rue (oui, je vous ai pas dit, en plus je suis maladroite), après avoir subi les moqueries de mes camarades de classe devant ma démarche hésitante, après avoir épuisé la réserve de pansements pour couvrir mes ampoules, j'ai pu contempler mes pieds délicatement courbés. Suivant les conseils de ma mère qui ne m'a jamais encouragée que pour suivre la voie que j'avais choisie moi-même, j'ai abandonné mes baskets sauf pour les cours de sport (au cours desquels, de toute manière, quelles que soient les chaussures que je portais, je finissais toujours par me vautrer).
J'apprenais avec ahurissement à devenir une femme. J'ai appris à me maquiller, j'ai refait ma garde-robe. A cette époque, j'ai aussi appris que les femmes de la Rome antique utilisaient des maquillages cancérigènes et je me demandais si les produits utilisés couramment se révéleraient dans quelques années dangereux. Les sous-vêtements inconfortables et les pantalons trop serrés ("mais non, ça serre pas", avait dit la vendeuse avec mépris) laissaient sur ma peau des marques rougeâtres qui me rebutaient. J'épongeais avec incrédulité le sang perlant de ma peau fraîchement passée sous un épilateur un peu trop agressif.
On me disait qu'il fallait souffrir pour être belle, et je voulais tellement l'être... Les jolies filles, dans ma classe, attiraient les louanges, et les autres les moqueries. Avoir un bulletin de notes plutôt positif, admirer Baudelaire et connaître par cœur la généalogie d'Héraklès n'apporte aucune popularité. Il faut être belle pour être aimée.
C'est ça, mon traumatisme du talon aiguille. C'est le souvenir cuisant du moment où j'ai réalisé que, pour faire ce que les adultes faisaient avec aisance et naturel, je devrais passer par une période de souffrance et de modifications portées à mon propre corps. Quand j'ai réalisé que, telle quelle, je n'étais pas finie, et que je devais passer à l'usinage pour être acceptable aux yeux d'autrui. Et quand j'ai senti, tout au fond de moi, une vague d'indignation et de refus se soulever, aussitôt brisée par mon désir d'être comme les autres.
J'ai renoncé en chemin. Talons et fringues inconfortables ont peu à peu rejoint le maquillage dans la poubelle. Je suis revenue aux baskets, et finalement, je n'ai aucun regret. J'ai rencontré un homme qui appréciait plus ma connaissance encyclopédique des vannes de la Cité de la Peur que la courbe de mes petons, et qui reconnait qu'on ne danse pas la Carioca en escarpins.
J'avoue me sentir un peu seule, quand je fais les magasins de chaussures et que je constate combien il est difficile de trouver des chaussures plates. Je n'entends personne se plaindre. Des fois, on tombe sur une étude qui rappelle qu'il y a des risques... mais c'est tout. Je suis peut-être bizarre, je suis peut-être trop sensible. Mais je m'en fous. J'en mettrai pas, épicétou.
* Ouais, je me la pète, je lisais du classique grec à l'époque. Ma conversation était d'un chiant...
** Pour le reste, j'étais déjà prévenue, et pas pressée. En même temps, les candidats ne se bousculaient pas au portillon. Je me demande pourquoi, tiens.
*** Je ne suis pas la seule à penser à cet album en ce moment, quoique pour d'autres raisons : voir ce billet de Cultive ton Jardin.
Ca réveille mon traumatisme du talon aiguille.
Oui, oui, je suis traumatisée par les talons. Quand l'adolescence a transformé mon visage en calculatrice Hello Kitty (avec les boutons bicolores rouges et blancs), ne pouvant compter sur mon sourire qui rappelait vaguement le pont de Tancarville (j'en profite pour saluer mon orthodontiste, en espérant qu'elle boive la tasse dans la piscine que j'ai contribué à lui payer, cette sadique), j'ai plutôt misé sur mes jambes. Je me suis donc mise aux jupes assorties de talons. Attention, pas n'importe quels talons, 10 cm minimum, histoire qu'enfin je puisse aller dans la cour du lycée sans que le pion me dise de retourner dans celle du primaire.
J'ai donc claqué une partie non négligeable de mon argent de poche à la Halle aux Chaussures, au lieu d'acheter les bouquins dont j'avais envie. Je me suis retrouvée avec des jolies bottines en daim, toute fière. Je me voyais déjà en Catwoman, avec ces trucs. Mais quand je les ai enfilées, j'ai fait une autre gueule.
Forcément, je suis allée chialer chez ma mère.
- Mamaaaaan, mes godasses toutes neuves c'est de la merde, elles me font super mal aux panards. Je me suis faite avoir, j'aurais mieux fait d'acheter le second tome de l'intégrale d'Euripide*.
- Mais non, ma chérie, c'est normal, ça fait ça au début.
J'ai caressé le monosourcil que j'épilais en chialant, convaincue qu'un jour ça ferait moins mal. Quoi, les godasses aussi ça fait mal au début ? Il n'y a pas que l'épilation ?** Maman a caressé mes cheveux gras et a poursuivi :
- A force de porter des talons, tes pieds vont se déformer et après ça ne te fera plus mal. Tes pieds vont conserver une belle courbe, ajouta-t-elle en exhibant son pied gracieux comme celui d'une poupée Barbie. A ton âge, je portais des talons tout le temps, je courais avec. Tu fais comme tu veux, si tu veux porter des talons, accroche-toi, tu t'habitueras, sinon c'est pas grave.
Le mot "déformer" m'a choquée. C'est un mot violent, tout de même.
Le hasard a voulu que cette conversation aie lieu juste après des vacances au cours desquelles j'avais relu tout Tintin. Et l'idée de déformer mes pieds m'a fait penser avec effroi à une case du Lotus Bleu*** (ci-contre). Celle où un Chinois explique à Tintin que les Européens voient les Chinois comme des barbares qui torturent les petites filles. J'y avais découvert la tradition des pieds bandés, chose qu'aujourd'hui encore, je ne peux évoquer sans avoir envie de vomir. Ce n'était donc pas vraiment le bon moment de me dire que pour être belle, je devrais me déformer les pieds.
Evidemment, c'est pas pareil. Les pieds bandés, c'est une grosse déformation. Les talons, c'est une petite déformation. Mais ça reste une déformation, faut appeler un chat un chat.
Pourtant, j'étais désespérée. Petite, porteuse de culs de bouteille, j'étais loin de l'image que je me faisais de la féminité. On me disait d'attendre, que ça viendrait, que mon corps n'avait pas fini d'évoluer, mais les quelques années qui se déroulaient devant moi me paraissaient une éternité.
Je n'avais pas peur de déformer ce corps si imparfait, pas terminé, de le forcer à évoluer dans le bon sens. J'ai serré les dents et j'ai mis les chaussures.
Quelques mois plus tard, après de belles gamelles dans la rue (oui, je vous ai pas dit, en plus je suis maladroite), après avoir subi les moqueries de mes camarades de classe devant ma démarche hésitante, après avoir épuisé la réserve de pansements pour couvrir mes ampoules, j'ai pu contempler mes pieds délicatement courbés. Suivant les conseils de ma mère qui ne m'a jamais encouragée que pour suivre la voie que j'avais choisie moi-même, j'ai abandonné mes baskets sauf pour les cours de sport (au cours desquels, de toute manière, quelles que soient les chaussures que je portais, je finissais toujours par me vautrer).
J'apprenais avec ahurissement à devenir une femme. J'ai appris à me maquiller, j'ai refait ma garde-robe. A cette époque, j'ai aussi appris que les femmes de la Rome antique utilisaient des maquillages cancérigènes et je me demandais si les produits utilisés couramment se révéleraient dans quelques années dangereux. Les sous-vêtements inconfortables et les pantalons trop serrés ("mais non, ça serre pas", avait dit la vendeuse avec mépris) laissaient sur ma peau des marques rougeâtres qui me rebutaient. J'épongeais avec incrédulité le sang perlant de ma peau fraîchement passée sous un épilateur un peu trop agressif.
On me disait qu'il fallait souffrir pour être belle, et je voulais tellement l'être... Les jolies filles, dans ma classe, attiraient les louanges, et les autres les moqueries. Avoir un bulletin de notes plutôt positif, admirer Baudelaire et connaître par cœur la généalogie d'Héraklès n'apporte aucune popularité. Il faut être belle pour être aimée.
C'est ça, mon traumatisme du talon aiguille. C'est le souvenir cuisant du moment où j'ai réalisé que, pour faire ce que les adultes faisaient avec aisance et naturel, je devrais passer par une période de souffrance et de modifications portées à mon propre corps. Quand j'ai réalisé que, telle quelle, je n'étais pas finie, et que je devais passer à l'usinage pour être acceptable aux yeux d'autrui. Et quand j'ai senti, tout au fond de moi, une vague d'indignation et de refus se soulever, aussitôt brisée par mon désir d'être comme les autres.
J'ai renoncé en chemin. Talons et fringues inconfortables ont peu à peu rejoint le maquillage dans la poubelle. Je suis revenue aux baskets, et finalement, je n'ai aucun regret. J'ai rencontré un homme qui appréciait plus ma connaissance encyclopédique des vannes de la Cité de la Peur que la courbe de mes petons, et qui reconnait qu'on ne danse pas la Carioca en escarpins.
J'avoue me sentir un peu seule, quand je fais les magasins de chaussures et que je constate combien il est difficile de trouver des chaussures plates. Je n'entends personne se plaindre. Des fois, on tombe sur une étude qui rappelle qu'il y a des risques... mais c'est tout. Je suis peut-être bizarre, je suis peut-être trop sensible. Mais je m'en fous. J'en mettrai pas, épicétou.
* Ouais, je me la pète, je lisais du classique grec à l'époque. Ma conversation était d'un chiant...
** Pour le reste, j'étais déjà prévenue, et pas pressée. En même temps, les candidats ne se bousculaient pas au portillon. Je me demande pourquoi, tiens.
*** Je ne suis pas la seule à penser à cet album en ce moment, quoique pour d'autres raisons : voir ce billet de Cultive ton Jardin.
Encore une fois, tu fais vibrer la corde sensible... A peu pres le meme parcours pour moi, avec, adolescente, une envie incommensurable d'etre regardee autrement que simplement comme la bonne copine forte en maths et tellement gentille qu'on pouvait la rouler dans la farine sans souci.
RépondreSupprimerJe crois que ces annees-la m'ont formee, ont profondement modele ce que je suis. Mais ne m'ont pas deformee : avec mon 1m80, les talons, j'ai tres, tres vite laisse tomber !
J'aurais aime lire un tel article il y a quinze ans, pour rassurer un peu la jeune fille si peu sure d'elle que j'etais alors.
Merci La Grande Blonde ! J'ai hésité un peu avant de mettre l'article en ligne. Je me suis demandée si je n'étais pas la seule à qui ça posait un tel problème.
RépondreSupprimerJe ne sais pas si quoi que ce soit puisse rassurer une adolescente. Que peut-on lui dire ? Que ça va s'arranger un jour ? Qu'elle n'est pas obligée de se plier aux canons de la mode ? Tout ça on me l'a dit, mais ça n'a rien changé. Quand tu te fais chambrer à l'école, quand tu as peu de copains alors que tout le monde semble fraternel dans la cour, tu ferais n'importe quoi, sauf raisonner.
ben quand même hein, assez tôt vous avez rencontré un gars qui s'intéresse et vous aime pour ce qui vous passionne hein...
RépondreSupprimeralors que moi hein, aux mêmes âges, garçon aux cheveux longs et nattés ou en chignon souvent avec la barbe, avec des guenilles souvent trouvées dans les poubelles des gens dont je faisais le déménagement pour me faire de l'argent... et une culture d'une autre époque... les garçons et les filles me trouvaient très intelligents... pour écouter leurs confidences de problèmes sexuels... qui du coup ne me motivaient pas du tout à espérer être aimé de qui que ce soit...
maintenant, j'ai cinquante deux ans, toujours une culture d'une autre époque, même plus de gens dont recevoir les confidences de problèmes de couple ou d'enfant, rarement de travail et jamais autrement payé que le smic... mais on me trouve toujours très intelligent...
ah si : une fois une femme m'a dit que j'avais de très belles jambes
ben oui, en plus malgré mon âge, je fais souvent de la course à pieds, je surveille ma ligne et n'ai jamais eu de ventre, et fais encore les deux grands écarts...
donc hein
et puis m'a chatte Mistouffe m'aime vraiment, elle.
mais bon, c'est parce qu'en fait j'ai jamais pu endurer le traumatisme du costard cravate... de la bedaine, de la fierté de la drague... etc...
RépondreSupprimeron me dit souvent que je suis beaucoup trop orgueilleux et qu'en fait j'aime pas les gens...
...
j'veux dire, sérieusement, qu'en fait ce que vous pointez là, par cet exemple, c'est la connerie des conformismes auxquels participent l'ensemble de la population, tous genres et classes sociales et ethnies rassemblées.
la connerie, c'est très bien partagé par toutes les espèces animales et d'autant plus diversifiée que l'espèce animale a une psychologie complexe
la conséquence, c'est qu'il est très difficile de rencontrer des gens, de quelque groupe de référence que ce soit, genre, ethnie, culture, sociale... qui ne soient pas cons et donc aliénés à un conformisme stupide
de même qu'il y a des sensibilités incompétentes dans l'exercice de prérogatives que la culture leur impose en fonction de critères arbitraire, il y a des corps qui ne sont pas adaptés à certaines pratiques elles aussi imposées par les mêmes conformismes
et par dessus tout ça ( ou en arrière fond) il y a que les gens sont fainéants et préfèrent projeter des conformismes sur la réalité observable plutôt que de chercher à définir patiemment à quoi correspond la réalité observée... donc une fille, faut que ça porte des talons pour plaire et se plaire, un garçon, faut que ça ait envie de voiture et de cravate pour plaire et se plaire... etc...
moi ce que j'ai retenu des confidences reçues des gens, dans ma solitude, c'est que dans ce système, tout le monde ment, et personne n'est heureux de vivre, donc tout le monde se jalouse pour ce qu'il s'imagine que l'autre est de mieux que soi.
Dis, tu ne trouves pas que la vie d'une femme est terriblement compliquée ? ;-)
RépondreSupprimer@ Paul : les gens mentent car ils croient sincèrement qu'ils devraient coller au modèle et souffrent de ne pas y arriver, surtout en voyant les autres y arriver semble-t-il sans problème. Ce n'est pas que de la fainéantise, c'est surtout le manque d'information. Aurions-nous libérés nos esclaves si nous avions grandi dans un empire colonial ?
RépondreSupprimer@ Colinette : elle n'est pas seulement compliquée, elle est impossible.
Tout ça pour quoi ? Pour des croyances, pour des préjugés. Pour le plaisir de se sentir appartenir à une catégorie plutôt qu'affronter la vertigineuse multiplicité des individus.
J'ai porté des talons aiguilles plutôt entre 21 et 29 ans et maintenant j'ai les pieds déformés mais pas "joliment". En fait, au premier coup d'oeil cela ne se voit pas mais au second coup d'oeil on remarque que l'extrémité de l'os situé normalement à peu près dans le prolongement du gros orteil est décalé vers l'extérieur. Cette déformation fait que tu ne peux plus mettre des chaussures à ta taille à moins qu'elles soient très souples, et au bout d'un moment elles se déforment aussi, ton os baladeur les troue là où il n'a pas assez de place. Bref, c'est fou d'arriver à se "mutiler" sans forcing juste parce que l'on s'est fait avoir par une forme de propagande dommageable aux femmes !
RépondreSupprimerSinon pour ce qui est de Tintin, on est trois à avoir fait un billet sur lui en même temps. Quelle coincidence !
aurions nous libérés nos esclaves si nous avions grandi dans un empire coloniale ?
RépondreSupprimerles gens qui l'ont fait vivaient précisément dans de telles conditions culturelles. et par ailleurs nous sommes toujours dans un empire colonial, inconscient d'être une colonie de cet empire... et pourtant les sources d'information ne manquent pas à qui veut bien les chercher et ne plus se soumettre à la propagande de l'empire en question.
donc bonne question qui a été posée par la pratique à différents moments de l'histoire.
à commencer par certains nobles, prêtres et intellectuels des anciens régimes ayant fait une prise de conscience à la suite de l'analyse des disfonctionnements sociaux et économiques de leur temps, dans lequel précisément existait servage et esclaves sous différentes formes que bien peu remettaient en cause y compris les serfs et les esclaves eux-mêmes... sauf exceptions...
or précisément
quand on analyse ce qui fait que certains dans ces régimes sont des exceptions et font ces prises de conscience
on voit plusieurs phénomènes apparaître comme moteur des prises de conscience conduisant à la libération de soi et des autres, qu'on soit esclave ou dominant dans le contexte social.
les exemples sont très diversifiés, des gens comme saint augustin, baboeuf, spartacus, marx, rosa luxemburg, n'ont en apparence rien en commun si ce n'est des prises de consciences motivées par leurs conditions elles-mêmes forcément très différentes. donc il faut chercher dans la sensibilité (ou la psychologie) des individus qui font qu'à un moment ils disent stop au conformisme et à la négociation adaptative mais soumise aux modèles environnants.
la question que je me pose ou me suis posée à chaque fois que j'ai été en relation avec des élèves ayant besoin de prendre conscience de quelque chose pour sortir de la situation déplorable dans laquelle ils pataugeaient c'était de sentir intuitivement sur quel point de sensibilité ou de psychologie il fallait toucher pour faire "catalyser" la prise de conscience, le démarrage de l'analyse de la situation construisant la nouvelle vision du monde... et c'est jamais facile.
Et bien moi je n'ai jamais porté de talons aiguilles, au maxi c'était 7 et talon bottier. Aujourd'hui, je suis à plat ou presque. J'ai un gène qui s'est chargé de me faire des pieds de poupée barbie. Du coup, ils ne supportent plus aucun talons fin même de quelques cm. Et puis, je trouve ça jolie sur les autres mais moi je préfère mon confort ;)
RépondreSupprimerTon article reflète exactement mon adolescence à ceci près que ma mère ne comprenais pas que je veuille mettre des talons (ben oui je fais 1m80 depuis que j'ai 15 ans). Je me suis obstinée quelques temps et à quelques occasions. Puis d'une part la confection féminine prête à porter à eu raison de moi... Je fais du 42 et tout s'arrête au 41 voire au 40 et j'ai vite compris que j'étais plus à l'aise en converses ou en escarpins et ballerines plates. Et j'ai ensuite compris que ma féminité ne passait pas par là. Ma revanche de lycéenne ? Le jour fatal où il fallut que les minettes tombent les talons et les push up pour aller se plonger dans la piscine... Et là, avec mon maillot décathlon de base, la bombe c'était enfin moi. Mes seins ne sont pas faux et si mes pieds sont grands c'est aussi parce que mes jambes le sont. Et ça m'a toujours fait du bien ces petites séances de comparaisons à la piscine ! Tu as bien raison, vivent les ballerines, les tongs, les baskets et les vêtements ajustés mais certainement pas trop serrés !
RépondreSupprimerJ'aime ta plume, j'aime ton humour... C'est une bonne surprise de tomber sur ton blog !
RépondreSupprimerEt le fait que tu aies réalisé que pour "plaire" il fallait finalement renoncer à tout ce qu'on était quand on est môme, c'est tellement vrai, et terrible...
Et puis bon, tu connais toutes les vannes de la cité de la peur... Tu mérites notre respect, tout notre respect.
J'ai fait exactement les mêmes stupidités entre 18 et 35 ans environ ! Mal aux pieds, mal au dos, et démarche hésitante voire boiteuse ! Maintenant, je porte des écrase-m...., mais ça n'est pas très joli, je dois en convenir la mort dans l'âme. Je me suis fait engueuler cet été par ma podologue à cause de mes Converse trop basses (ce qui m'a changée de ma précédente qui m'engueulait à cause de mes talons de 10 cm !). Jamais contentes, les podologues ;)) mais avec des semelles orthèses, elles vous sauvent la vie quand même. Je me balade donc avec deux paires de chaussures, et j'en change quand je dois "paraître" un minimum, mais je me gare au plus près de l'entrée pour n'avoir à faire que quelques mètres !
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup ta façon d'écrire, et pourtant je ne suis pas bon public ;)
RépondreSupprimerJe te rejoins sur le Lotus Bleu, j'ai également été traumatisée par cette découverte, par le même biais que toi. En revanche, je n'hésite pas à porter des talons lorsque je sors (c'est à dire le week-end), j'aime ma façon de marcher ainsi !
HIhihihi tu m'as fait rire! Mais tu as tellement raison: on se déforme pour être jolie! Mais les ballerines, c'est une bonne alternative aux talons aussi ;) Bisous!
RépondreSupprimerKalista, merci pour cet article.
RépondreSupprimerJ'ai compris très très vite qu'on ne me considérerait pas belle selon les canons habituels si je ne modifiais pas mon corps pour coller à cette esthétique érotique, sexualisée. Et ça m'a terrifiée et révoltée et j'ai toujour<s refusé de le faire. J'avais peut-être douze ans, et je me souviens avoir très clairement pensé que je préférais prendre le risque de ne jamais être aimée plutôt que de devoir m'altérer pour l'être, qu'on aime quelque chose qui n'est pas moi. Je trouve que c'est une prise de conscience terrible à cet âge si jeune : "on ne m'aimera jamais pour ce que je suis". Et une décision terrible qui s'ensuit : "je ne serai jamais aimée" ou "je me transforme pour être aimée". Pour moi, résister a été vraiment difficile. Mais finalement je me demande si ça ne l'est pas tout autant quand on est de l'autre côté, à se forcer à rentrer dans le moule pour être "aimée" en sachant que quelque part on est en train de se trahir, en étant convaincue qu'on ne peut pas être aimée pour ce qu'on est simplement. Honnêtement, je ne sais pas comment toutes ces filles font pour survivre à ça, je crois que je n'aurais pas pu le faire. Quelle belle façon de commencer sa vie pour une fille, devoir faire un choix dont on est convaincue qu'il se résume à être aimée pour ce qu'on n'est pas, ou ne pas être aimée du tout. Quelle désillusion, quelle horreur, quelle tristesse que la vie qui commence ainsi...
J'ai refusé talons, maquillage. Je me suis quand même rasée les poils (pas d'épilation, je ne voulais pas me faire mal), car une fille poilue c'est pas simplement qu'elle est pas jolie, c'est qu'elle est dégueulasse, et ç'aurait été trop dur à porter. À une période, je me sentais tellement invisible, alors j'ai quand même mis des soutien-gorge push-up trop serrés et des décolletés plongeants, pour qu'on voie mes seins et qu'ainsi peut-être on me voie moi derrière, tentant désespérément d'être remarquée, trouvée belle, désirable, comme toutes mes copines tellement magnifiques. Je me sentais tellement mal, et ça ne faisait qu'empirer mon malaise. J'ai arrêté en comprenant que c'était inutile.
Aujourd'hui j'ai les cheveux courts, des baskets plates malgré mon mètre cinquante, pas de soutif, pas de maquillage, je porte ce que je veux quand je veux, je me sens enfin belle et bien dans mon corps, comme je ne l'ai jamais été. Et les gens passent leur temps à me faire savoir que je suis bizarre.
Quasiment personne ne fait attention à moi mais cela a un avantage : ceux qui me remarquent sont exactement ceux que je recherche : ceux qui m'aiment pour ce que je suis et non pas ce à quoi je ressemble. Ce fut mon grand bonheur dans cette adolescence pourrie de découvrir que oui, finalement, c'était possible. Rare, difficile, mais possible.
Mais à 20 ans il m'arrive encore parfois, en voyant les autres, d'avoir cette tentation de rentrer dans le moule, d'être exactement ce qu'on attend de moi, d'être admirée plutôt que toisée, d'être approuvée plutôt que rejetée, d'être traitée en adulte plutôt qu'en gamine, de me sentir acceptée par tout le monde... C'est tellement tentant...
Aussi je comprends celles qui continuent à le faire, et même celles qui ont l'impression d'y trouver leur compte. On est récompensées pour être les belles créatures qu'on veut qu'on soit. Quelle vie.
@ Euterpe : Oui, j'ai lu que cela pouvait arriver. Heureusement que je me suis arrêtée avant...
RépondreSupprimerJ'ai lu ton post. Quelle ironie, tout de même, que de voir combien Hergé a été humain quand il s'agissait de la Chine et du Yéti, et pas à propos de l'Afrique... Je suis en train de constituer ma collection, mais je crois que je ne prendrai pas Tintin au Congo.
@ Paul : La recherche du catalyseur est aussi une question qui me préoccupe. A vrai dire, j'espère que mon blog peut servir de catalyseur à sa toute petite échelle...
@ KkrystaaaL : Notre conception de la beauté féminine est forgée pendant notre enfance à coup de Barbie, et moi aussi je trouve jolis ces pieds gracieusement courbés. Mais oui, le confort prime ! Et puis il y a la philosophie aussi : modifier son propre corps pour des répondre à un canon esthétique imposé par l'extérieur, non merci.
@ la pintade aixoise : il parait que les Converse sont trop plates et que c'est pas bon non plus ! On ne sait plus quoi mettre ! :-D
J'ai eu ma revanche à moi aussi : j'ai un mari, deux enfants, une carrière, un blog qui avoisine les 50.000 visites (merci d'être venus !) et les pétasses du lycée ne peuvent pas toute en dire autant. Niark niark.
Sur Hergé, il y a une raison:
SupprimerIl connaissait un chinois, (Tchang est inspiré par un réel ami d'Hergé), ce qui lui a permis une meilleurs documentation, tandis qu'il n'a jamais mis lespieds en Afrique pour préparer son album, lequel est donc entièrement écrit à partir des articles et livres de journaux accessibles dans la bonne bourgeoisie européenne d'avant-guerre. Et laissez moi dire que c'était pas très tiers-mondiste comme littérature...
Merci pour ces précisions, Javi.
SupprimerJ'avais effectivement entendu parler de cet ami. Mais comme on dit tout et n'importe quoi sur Hergé...
@ Marika Sauce : Merci du compliment !
RépondreSupprimerC'est pas seulement à ce qu'on était quand on était môme, qu'il faut renoncer. C'est à ce qu'on est, simplement. Je ne sais pas pour toi, mais moi, je pète, j'ai des poils, un mauvais caractère, et une furieuse propension à être vulgaire. Il y a plein de monde qui me reproche de ne pas faire plus d'efforts pour plaire, mais je les emmerde.
Regardez la route, Kara. ;-)
@ Hypathie : j'aime bien les écrase-merde, moi. Mais je suis une fanatique des baskets et des derby. Ces dernières conviennent aussi pour les rares occasions où je dois paraître. Mais je suis sauvée par le stéréotype du chercheur mal habillé : on n'attend pas vraiment de moi que je suis parfaite, juste que ça se voie que j'ai fait un effort ! :-D
@ Hedacoum : Merci ! Ca me touche beaucoup.
Tu aimes ta façon de marcher avec des talons ou l'idée qu'on admire ta façon de marcher avec des talons ?
@ La Petite Bulle : oui, en ce moment on voit des ballerines partout, j'adore ! J'ai l'impression que les derby reviennent, et ça me fait hyper plaisir. Je sens que la carte bleue va chauffer et que je vais me faire vanner sur la quantité de grolles dans mon placard... ;-)
@ Déconstuire : c'est vachement courageux d'avoir fait ce choix si jeune ! Surtout sachant ce qui attend une jeune fille qui sort du moule...
Je ne veux pas taper sur celles qui se plient aux canons de beauté. Ce nous arrive à toute de céder... Mais il faut savoir pourquoi on le fait, et ne pas s'imaginer que c'est normal.
C'est l'histoire de toutes les jeunes filles, malheureusement... Mais comme tu le dis dans un de tes commentaires, que répondre à une jeune fille quand elle est dans ce cas ? Il faut bien lui expliquer ce qui "se fait" et ce qu'elle a le droit de refuser.
RépondreSupprimerJe me souviens être allée au collège en débardeur avec des poils aux aisselles. J'ai été la risée de toute la classe toute la journée. Je suis rentrée furieuse contre ma mère et je lui en ai voulu de ne pas m'avoir dit qu'une femme devait se raser les aisselles ! (elle ne l'a jamais fait elle-même) L'adolescence est une période vraiment difficile...
@ Cléophis : j'essaie d'expliquer à mon fils qu'il y a des règles de société qu'on ne remet pas en cause (par exemple la prohibition de la violence - sauf pour se défendre et ce de manière proportionnée à l'attaque) parce qu'elles sont logiques et incontournables, et des règles qu'on peut remettre en cause car elles sont arbitraire (par exemple l'attribution du rose aux filles, ce qui l'énerve car c'est une couleur qu'il aime bien). Je ne sais pas si ça marche, on verra !
RépondreSupprimerEn tout cas, ça me rassure de voir que je ne suis pas la seule à avoir souffert de ces découvertes, merci.
y'a une chose qui me frappe en lisant vos différents témoignages
RépondreSupprimervous avez toutes soufferts de conformisme, parce qu'à la base il vous est apparu, semble-t-il, incontournable de vous y intégrer pour plaire à autrui ou être acceptées par autrui.
moi j'ai compris le paradoxe de ce truc là très tôt : autrui m'impose ses critères et me menace de rejet si je ne me soumets pas. Il le fait d'autant plus impérieusement qu'à la base j'ai besoin de son lien, de son acceptation de ma personne qui est en demande de l'autre. et qui donc en attend tout. oui mais pas de n'importe quel autre. je cherche d'autant plus douloureusement l'autre que la plus part des autres que je rencontre ne me conviennent pas, précisément parce que leur premier geste est de m'imposer leurs critères de conformisme. que fait l'autre pour me plaire ?
c'est un cercle vicieux.
à chaque fois j'en suis sorti par la solitude et parfois la misère.
jamais par l'affection.
quand il y affection, c'est que j'ai rencontré un autre qui ne m'impose pas son conformisme
et c'est très rare.
je ne pense pas du tout qu'il faille une force particulière, héroïque, pour se sortir de ce cercle vicieux. je pense que je fais ça parce qu'à la base, dès mon enfance, il y a quelque chose qui m'a rendu totalement inconcevable de me plier à l'exigence de conformisme de l'autre, ma mère, ma famille, probablement parce qu'ils me l'ont imposé dès les premiers mois par la solitude et la violence. c'est devenu un programme d'incapacité à s'identifier à l'autre donc à intégrer son conformisme. et en fait l'objectif d'être aimé par l'autre ne m'est pas suffisamment crédible pour que je m'y accroche longtemps. l'autre me devient très facilement étranger, indifférent.
est-ce vraiment une chose souhaitable que d'être capable de ne pas s'identifier à l'autre, l'humain, pour échapper facilement aux conformisme ?
les chaussures qui meurtrissent les pieds et les dos sont un exemple de conformisme parmi tous les autres qui sont très variés et souvent beaucoup moins évident. l'exemple de l'éducation du goût à la couleur, le rose relaté par Kalista avec son fils, en est un autre qui peut sembler plus "doux", mais qui est cruellement incidieux dans tous les domaines où il s'infiltre dans la vie de chacun, de l'intime au publique.
Je suis très petite et je porte des talons depuis longtemps. Pas hauts et stables: trois à cinq centimètres me suffisent à récupérer un peu de crédibilité auprès de mes pair.e.s. Sans eux, je fais gamine, j'ai juste le haut du crâne qui dépasse des différents guichets et personne ne me voit. Je conduis aussi avec un coussin sous les fesses pour enfin voir la route ailleurs qu'entre les rayons du volant ! Bon, faut dire que je n'atteins même pas le mètre cinquante au naturel et que ma constitution menue n'arrange rien ! J'envie vraiment celles qui peuvent s'en passer sans avoir l'air pour autant de gamines.
RépondreSupprimerEuh ... sinon, je ne m'épile pas (sauf les demi-jambes, l'été), je ne me maquille pas et ne porte pas de gaine, string ou push-up !!! La cohérence féministe est sauve.
Pour en revenir aux talons, j'hallucine sur cette mode ultra-compensée avec 5 cm de talon devant et 15 à l'arrière. Non seulement c'est inesthétique au possible et fait penser à des pieds d'éléphant mais c'est surtout inconfortable et super dangereux. On va encore voir des démarches improbables cet été :-(
J'en ai trouvé quelques modèles sur ce blog:
http://killimaria.over-blog.com/article-tendances-mode-2011-les-chaussures-compensees-72068647.html
A Héloïse : Moi je mets des push-up parce que j'en ai marre de me faire appeler "téton d'acier".
RépondreSupprimer"tétonS d'acier", je veux dire...(je n'en ai pas qu'un).
RépondreSupprimer@ Héloïse : Je comprends ! Je fais 1m55 et je fais jeune, bonjour la crédibilité. J'arrive de plus en plus à utiliser ma voix pour m'imposer : quand je veux qu'on m'écoute, je prends une voix grave (c'est triste) et un ton un peu péremptoire. Ca marche pas mal, quand je ne suis pas déstabilisée (là, ma voix chevrote).
RépondreSupprimerLes talons, tu les portes par choix, en gardant des proportions raisonnables. Tu sais ce que tu fais, tu sais pourquoi tu le fais.
Les talons font des démarches hésitantes, mais c'est pas grave, une femme n'a pas à marcher. Elle doit rester dans un coin, jolie et passive !
1m55, tu me dépasses de 7cm !!! Soit plus que la taille des talons que je porte. C'est grave !!!
RépondreSupprimerCeci dit, plus ma conscience féministe s'aiguise plus la hauteur de mes talons diminuent. Je finirai bien à plat un jour !
@ Euterpe
Je sais que tu portes des push-ups ;-) En tant que féministe, je n'ai justement pas à juger de ce que font les femmes et les féministes, d'autant plus que je ne suis pas non plus un modèle. Je lutte aussi comme toutes !
Par contre, pour t'avoir côtoyée en vrai, je n'ai pas remarqué la déformation de tes pieds (cf. ton commentaire sur le dernier billet). Tu n'exagères pas un peu avec cette photo ?!!!
@ Héloïse : mais il n'est pas question d'imposer un modèle féministe qui refuserait les talons, les push-ups, l'épilation... C'est ton corps, tu en fais ce que tu veux. Si tu veux mettre des talons, fais-le, tu sais pourquoi tu le fais, alors où est le problème ? C'est ton choix. Tu ne le fais pas pour des questions de canons de beauté, mais parce que c'est plus pratique, on ne peut vraiment rien te reprocher. Et même si c'était pour des raisons esthétiques, tant que tu le fais par choix, dans le respect de toi-même, et pas sous la pression, c'est ton droit.
RépondreSupprimerPersonnellement, je porte des push-ups rembourrés car je n'aime pas la forme de ma poitrine. Je n'ai ressenti aucune pression pour le faire, mon mari est myope et s'en fout. Je le fais peut-être pour coller à un modèle esthétique, mais je m'en fous, ça m'amuse.
Je m'épile soigneusement les sourcils sinon je ressemble à Emmanuel Chain, là c'est pour plaire à autrui autant qu'à moi-même, je pourrais très bien choisir d'affronter le regard de l'autre, mais je préfère ne pas faire fuir les gens. Ca me prend du temps et de l'énergie, ça me fait chier, mais je me sens tellement mal avec ce monosourcil et ça dégoûte tellement les gens que je n'hésite pas. J'ai choisi de céder à la pression, mais c'est mon choix.
Bien d'accord !
RépondreSupprimerPersonnellement, récemment, j'ai réalisé que je n'avais pour unique valeur mon physique (et encore ) - ou alors cette possibilité d'enfanter, bien que je n'en aie pas le désir ( heureusement à mon âge ) - ce qui reste un tort aux yeux de ma famille, eh si. Que tant que je la fermais, que je portais des talons, que je m'épilais ( ce que je ne fais pas parce que les garçons ne le font pas et je vois pas pourquoi je paierais à leur place ), etc... J'étais une "personne bien" mais que si je me mettais à parler sérieusement, je n'étais plus qu'une petite conne haineuse, arrogante, stupide et caquetante. Mais au final, ils n'écoutent pas du tout ce que je dis, jamais.
ça fait un bon moment que j'ai laissé tomber les talons sauf pour de très courts trajets parce que j'aime bien me sentir grande. Mais bon, mes baskets déplaisent à beaucoup^^'
J'ai remarqué autre chose : si je ne dis pas de moi-même que je suis grosse, ma famille ne se gêne pas pour me le faire remarquer alors qu'un cousin à moi est un peu plus enrobé que moi, au même âge, et personne ne lui dit jamais rien. Et on ne cesse de me demander si je ne voudrais pas me faire percer les oreilles, couper les cheveux, m'épiler... Dans le sens où si je ne le fais pas, je resterai toujours très imparfaite. Et je regarde tous les garçons de mon entourage, constatant qu'eux ne subissent pas cette pression. ( oui, une pression.)
En effet, le mot déformer m'effraie... Enfin je ne vais pas redire ce que tu as écrit au dessus !
On a toutes un jour vu quelqu'un qui aurait essayé de nous faire correspondre à un idéal de féminité que je ne trouve même pas beau (anorexie (etc.), bonjour !). Malheureusement... Beaucoup de personnes que je connais ont fini, à cause de la pression sociale, par essayer de coller à cette image là. Je ne dis pas qu'il est mal qu'elles le fassent ; je dis qu'il aurait été bien qu'elles l'aient fait de leur plein gré, qu'elles en soient plus heureuses et que ça ne nuise pas à leur santé. Or...
Donc on aura beau dire qu'en France, on est mieux placées qu'en Inde par exemple, cela ne veut pas dire que nous sommes les égales des hommes comme beaucoup le prétendent ( et en plus ils y croient ).
Mais vous voyez que vous aussi, vous avez toutes ou presque des problèmes de crédibilité parce que vous faites jeunes et parce qu'en plus vous êtes des femmes !
(et j'ai légèrement peur que tout mon commentaire soit H-S. )
@Déconstruire : Bravo à toi !
RépondreSupprimerJ'ai pensé de même, enfin je n'ai pas tout refusé ( la réalité c'est que j'ai accepté les choses... à ma façon ! ), et je l'ai payé très (très, très, très [...] ) cher. J'espère que ce n'est pas ton cas ?
Mieux vaut en effet que peu de personnes t'aiment pour ce que tu es que plus de personnes qui t'aimeraient pour une "beauté" ( comme si il n'y avait qu'une beauté universelle ) qui ne serait pas la tienne...
(et désolée pour le double commentaire, j'avais pas vu =/)
euh... kalista... vous dites porter des pushups rembourés
RépondreSupprimerbon je sais pas ce que c'est mais je peux imaginer que c'est fait pour remonte les bidules mamères à l'équerre sur le torse... et rembourés, j'imagine d'apprès ce que vous dites que c'est pour la plastique du truc à l'équerre... bon... moi j'aurais imaginé tout seul que c'était pour le confort.
j'essaie d'en rire, mais je suis un curieux zèbre qui n'a jamais apprécier les poitrines. genre ça me dégoûte quoi hein... d'où mes très faibles motivations libidinales...
non en fait je relève ça comme quelque chose dans la logique qui me chiffonne.
donc je cherche à comprendre en me mettant à votre place avec des équivalents sur mon propre corps.
j'aime pas du tout non plus la plastique et l'organe urogénitale masculin. et j'en ai un. ce machin me gène souvent, genre l'été sa colle et sa suinte, enfin ça donne l'impression en tout cas. c'est jamais bien callé quand on cours, des fois dans certains mouvement de souplesse sa balote... etc... j'vais pas faire la liste du désastre on s'en fout
ce à quoi je veux en venir, c'est que ce qui m'importe c'est que ça soit bien callé entre les jambe sans être ou risquer de se faire écraser quand on se met à cheval sur une barre ou un vélo par exemple, que ça colle pas quand on a chaud, que ça brule pas quand on coure sur de longues distance avec la sueur...
bref
c'est très dur de trouver un slip bien serré et prenant les formes, assez rigide aussi pour maintenir et que ça reste discrète et SURTOUT CONFORTABLE.
je trouve que ça manque terriblement.
donc à une époque je m'étais cousu coupé étudier un modèle de slip. sauf que techniquement j'ai pas trouvé les bonnes techniques et les bons matériaux et ensuite que ma machine à coudre à pédale ne fait pas les points élastiques.
p'têtre que vous devriez étudier votre propre machin pour être à l'aise avec votre corps en balade hein et plus du tout consommer le gros de ce que le spectacle consummériste capitaliste de merde nous impose...
je sais pas hein
z'êtes peut-être pas plus habiles que moi en coûture.
pour les chaussures c'est pareil
quand j'étais enfant, j'ai appris à me faire mes moccassins
le plus dur c'est de trouver les bons matériaux, la gros toile, et surtout de quoi faire des semelles qui tiennent la route.
mais quand j'y suis arrivé j'étais vachement fier
non seulement ça moule le pieds en le respectant et mettant en valeur sa joli forme, mais en plus c'est très confortable
depuis quelques années, il devient très difficile de récupérer de bons matériaux dans les décharges qui sont jalousement contrôlés par les appareils annexes du capitalisme libéral : tout leur appartient vie association d'exploitation des miséreux qu'on fait travailler là dedans. et pas droit de toucher à leurs ordures
mais bon...
c'est quand même faisable...
la révolution par le système D
@ Emily : tu n'es pas du tout HS, au contraire ! Et je ne peux qu'être d'accord avec toi...
RépondreSupprimer@ paul : J'arrive à trouver des sous-vêtements confortables et avec la coupe qui me plaît (push-up rembourrés, donc). Il faut prendre de la qualité et éviter certaines marques dont les modèles tiennent plus de la ficelle à rôti que de l'étoffe souple.
Je ne prétendrais pas que cette esthétique n'est pas modelée par l'environnement, par contre.
Ah au fait, Kalista, plus haut tu as dit " [...] sachant ce qui attend une jeune fille qui sort du moule " ( en réponse au commentaire de Déconstruire )... à quoi tu pensais ?
RépondreSupprimerEt (pardon) mais toi, vers quand est-ce que tu as arrêté le conformisme ( à propos de ce que tu évoques dans l'article ) ?
( histoire de savoir si c'est du vécu, en tout cas si tu juges ma question indiscrète, pas d'problèmes ).
@ Emily :
RépondreSupprimer"à quoi tu pensais ? " aux moqueries, avant tout, et puis aux remarques comme celles que tu as subies, et au dédain des garçons auxquels on veut plaire parce qu'on a appris que c'était ce qu'il y avait de plus important au monde.
"quand est-ce que tu as arrêté le conformisme" quand j'ai commencé à réfléchir au sexisme, j'ai commencé à sortir du conformisme. Voyant que mon fiancé ne disait rien ou se laissait facilement convaincre, j'ai continué. Je ne saurai jamais si j'aurais tenu sans son approbation ! ;-)
@Kalista : C'est allé beaucoup plus loin que des remarques pour moi, malheureusement...
RépondreSupprimerCeci étant dit, c'est vrai. Mais c'est aussi vrai pour les garçons ( c'est juste plus douloureux pour les filles, quoi ) : dés qu'on sort de nos attributions genrées, euh... Euh. La différence majeure étant en effet qu'on dit aux filles de plaire aux garçons et aux garçons de trouver de bonnes études. Cherchez l'erreur.
Mais comment tu as fait pour percevoir le sexisme ? Quelle est la chose qui t'a fait réaliser ? Etait-ce par rapport aux vêtements etc. aussi, ou est-ce que c'était par rapport à autre chose et petit à petit tu as vu le sexisme dans son ensemble ?
ben Emily, je vous reprends en partie sur votre exemple. Aux garçons aussi on dit de se trouver une femme assez vite et de façon très imposante en le faisant comprendre de diverses manière que de ne pas avoir, d'abord de copine avec qui ils couchent (hein pas comme moi qu'ait plein de copines mais pas pour...), ensuite d'une avec qui ils se marrient et ensuite avec qui ont des enfants...
RépondreSupprimeret c'est bourrés de sous entendus souvent très durs et ça se sanctionne par le rejet si on n'a pas de copine avec qui crack crack...
et ce truc là, c'est valable dans toutes les classes sociales et les ethnies
alors que les études, c'est uniquement dans une partie de la petite bourgeoisie et la bourgeoisie. c'est même la marque de la bourgeoisie qui se prétend culturée parce qu'ayant accès aux zétudes... quand on voit ce que la majorité des gens qui ont fait des études en font et comment ça ne change rien à leur mentalité... sauf à leur position sociale, on comprend vite que le but c'est uniquement d'avoir une position hiérarchique dominante dans la société, pas du tout d'avoir un esprit éclairé...
@ Emily : J'ai aussi subi assez rudement les effets du sexisme, mais c'est une autre histoire. A ce moment-là, je n'ai pas vraiment compris pourquoi c'était arrivé. J'ai compris pendant mes études, quelques années plus tard, dans une école majoritairement masculine. J'avais une copine dont j'étais assez proche, et on a sorti ensemble un article dans le journal de l'école pour répondre à toutes les petites remarques sexistes qu'on entendait tous les jours. Je ne me rappelle plus trop de ce qu'on a dit en détail, à part "arrêtez de nous demander de mettre des jupes en hiver". On s'est faites insulter dans les couloirs à cause de ça ! J'ai halluciné !
RépondreSupprimerMon copain de l'époque, qui est devenu mon mari, m'a appelée affectueusement "ma petite Chienne de Garde" suite à cette affaire. Je me suis donc renseignée sur les Chiennes, j'ai commencé à lire des bouquins... Ca m'a fait réfléchir.
J'ai été convaincue d'avoir raison le jour où, jouant aux échecs avec mon cher et tendre dans la salle commune de l'école, 3-4 bons joueurs sont venus m'aider. Nous étions aussi nuls l'un que l'autre, mais les bons joueurs m'ont dit quoi faire avec condescendance et galanterie, disant qu'ils allaient me faire gagner une dispense de faire la vaisselle.
Bref, c'est d'être immergée dans une ambiance très tolérante au sexisme ordinaire pendant 3 ans qui m'a fait réaliser le sexisme. Si j'avais fait biologie plutôt qu'électronique, je porterais peut-être encore des talons... ;-)
@Paul : Vous avez raison, je suppose. La réalité, c'est que je vis dans un milieu bourgeois, et ce que j'y vois c'est qu'on parle aux filles de leur avenir en tant que mères et épouses ( y compris à moi... Triste vie ) et aux garçons en tant qu'employés ou employeurs, peut-être même étudiants s'ils sont plus jeunes...
RépondreSupprimerEt je vous donne absolument raison sur la fin de votre commentaire. Enfin dans tous les cas, je pense faire des études pour enrichir mes connaissances, mais ce que vous dites là concerne bien des gens tout à fait détestables que je connais.
Ah et puis, c'est vrai qu'un garçon qui n'a pas de petite amie ( ou pire, qui a un petit ami ) se fait un peu railler, etc. mais c'est surtout par rapport au sexe ( ce vieux mythe qui dit que les hommes ont cruellement besoin d'un vagin pour y mettre leur pénis régulièrement ). ça n'en est pas moins désagréable, je m'en doute, mais après ce n'est pas exactement la même chose que ces remarques incessantes de " quand tu auras un enfant " ( dans le sens où je suis obligée d'avoir des enfants ) " quand tu auras un mari " ( dans le sens où il est impossible que je sois bi- ou homosexuelle ), et surtout toutes les insultes à peine dissimulées si j'ose dire que peut-être que j'aime les filles, ou que peut-être je ne veux pas d'enfants. Et surtout cette certitude insolente que j'en voudrai tôt ou tard, de ce mari ou de ces enfants.
Après, peut-être que les garçons subissent le même genre de pression. Je n'en sais rien, après tout. à vous de me le dire =)
@Kalista : ce que tu me racontes là est effrayant.
Ceci étant dit, j'ai bien connu ce genre de garçons ( eeurk ) mais en miniature. Enfin ils ne font pas moins de dégâts.
Après, c'est d'avoir été pendant un an dans un collège où tout semblait régi par les stéréotypes de genre ( avec uniquement des bourgeois, blancs, peut-être un métisse dans tout le collège et encore ), d'avoir subi les conséquences de ne pas vouloir m'y plier et d'être juste après tombée sur www.contreleviol.fr ( malheureusement c'était lié à ce qu'on m'avait fait subir ) puis de dériver sur d'autres sites qui m'a fait prendre conscience qu'il y avait anguille sous roche ( ou comme dirait Maïa Mazaurette, baleine sous gravillon ). Et j'ai allumé la télé, j'ai bien regardé les publicités et les émissions, et j'ai plus ou moins pris conscience de l'ampleur du problème...
Mais avant de lire ton article et celui de Freyja ( http://jeveuxtoutsavoir.hautetfort.com/archive/2012/01/15/t-es-une-femme-sois-belle-et-creve-de-froid.html ) je n'ai pas tellement fait attention aux vêtements, ou plus exactement au fait qu'ils pouvaient entraver les femmes ( n'en ayant pas porté, je croyais que ce n'était pas incomfortable ).
Après, pour les push-ups et les soutiens gorges rembourrés, je trouve qu'au contraire ça facilite les mouvements ( enfin il faut bien les choisir quoi ).
oui Emily c'est exactement la même pression
RépondreSupprimerla grosse différence est que les garçons sont fabriqués à priori pour intégrer totalement ça et que ça marche mieux qui pour les filles : autrement dit, les garçons sont plus cons que les filles en général et donc ne se plaignent pas du truc puisqu'ils se soumettent totalement à l'injonction d'être dominateur et oppresseur ce qui leur semble être une excellente position. évidemment que c'est ignoble.
la bonne question à se poser, c'est d'observer comment certains garçons n'intègrent jamais cette injonction. la plus part du temps c'est qu'ils ont subis une dose de haine et appri à haîr le modèle de façon tellement radicale que la plus part se suicident ne pouvant plus assumer d'être masculin et humain et ne trouvant jamais aucune complicité de la part d'autres garçons qui auraient vécu la même chose. donc on n'en entend quasiment jamais parler.
@Paul : Bah, je ne peux que comprendre. La position de dominant est très enviable. Si on me la proposait, comme ça, je ne voudrais pas, car je souhaite une égalité ( mais est-ce qu'une égalité est possible dans la nature humaine ? Avec une éducation appropriée ? ). Mais là il y a bien entendu le fait qu'on les prépare je dirais dés la naissance jusqu'à l'âge adulte et même après. Les stéréotypes de genre qui forment la plupart des relations dominant-dominée ( le genre est fait exprès - cela peut s'inverser mais ce n'est pas le sujet ) sont partout. Alors ça, plus l'éducation, plus le fait qu'à choisir, dominer est mieux que d'être dominé...
RépondreSupprimerMais effectivement, comme vous dites, il y en a que ne le font pas.
Nous sommes d'accord. Je connais des garçons comme ça ( et aux dernières nouvelles, ils ne souhaitaient pas se suicider - plutôt tuer les autres ) . Je les admire, parce que sincèrement, je pense qu'il est aussi dur de refuser le modèle féminin que le modèle masculin.
Et ils subissent encore plus de remarques, de railleries, mais peut-être moins de violences physiques ( en tout cas dans la bourgeoisie )... Ce qui bien entendu ne veut pas dire qu'ils en souffrent moins. Mais en général on leur épargne les violences sexuelles - enfin je l'espère pour eux. C'est déjà assez dur de détester ce qu'on est, mais si en plus ils doivent subir ça...
Mais dans tous les cas, tous ceux et toutes celles qui sortent des rôles que l'on a prédéfini en fonction de leur sexe ( c'est tout de même vraiment stupide de juger quelqu'un en fonction de ce qu'il a entre les jambes, c'en est absurde ) vivent des moments difficiles. Pour certains, ça dure toute la vie. Pour d'autres, c'est souvent l'adolescence.
Cela nous montre pourquoi nous devons nous battre. Nous battre pour avoir le droit d'être ce que l'on est sans en souffrir.
Courage à vous en tout cas :)