mardi 14 août 2012

Merveilleuse Irlande 2. Le Burren et le Kerry

Lien vers la première partie.

En préparant notre voyage, j'avais omis une région que le Guide du Routard recommandait : le Burren. Étant donné le nombre grandissant d'images alléchantes que nous croisions, nous avons décidé en route d'abandonner notre visite de Limerick pour y passer.
En quittant l'hôtel où nous logions à Kinvarra, le monsieur de l'accueil, ayant appris où nous nous rendions, nous a aimablement donné une carte du Burren en nous signalant l'itinéraire le plus joli. Nous avons quitté Kinvarra, sa guesthouse sympathique mais un peu chère et son pub où l'on mange bien pour pas cher quand il y a des la place, pour nous diriger vers le dolmen de Poulnabrone et les falaises de Moher.
Le Burren est un désert montagneux couvert de rochers gris-bleu, zébré de murets de pierre dont l'utilité reste mystérieuse, et où le silence n'est brisé que par un vent âpre sifflant entre les rares touffes d'herbes. Au fond des vallées, une herbes grasse nourrit des moutons identifiés par des taches de couleur. Ca et là, des rocs immenses trônent en équilibre, comme déposés par des géants facétieux. Et au milieu de ces pentes rocailleuses où rien ne peut pousser, se trouve un dolmen.

Laissant la voiture au parking pour approcher du monument, une question me taraudait : que sont venue foutre ici les Celtes qui ont choisi ces lieux pour leur sépulture ? Comme une absurdité, le dolmen de dresse au milieu d'une vaste étendue de rocs millénaires. Ses proportions harmonieuses lui donnent l'air d'une cabane où l'on a envie de s'étendre, à l'abri du vent et du froid, avec les êtres que l'ont aime. Pierres levées par les hommes sur pierres étendues par la nature, il se fond dans le paysage comme s'il n'avait pu s'en extraire totalement. Et puis nous sommes partis, sautant de rocher en rocher, sur ce sol étrange, comme pavé au hasard par un architecte ivre.
Nous avons fait demi-tour (pas vraiment l'itinéraire optimal... nous avons voulu faire mieux que ce que nous conseillait notre hôte !) et avons pris la route de la côte. Là, les pentes rocheuses plongent dans l'océan ; les vagues se brisent contre les montagnes humides et grandioses. Et puis tout d'un coup, au détour d'un virage, apparaissent les falaises de Moher.
On nous avait dit qu'elles étaient semblables à Etretat, en noir. Pourtant, devant les falaises de Moher, on ne songe pas à la comparaison. Elles sont là, splendides, immenses et uniques, défiant la mer et le vent, abritant une myriade d'oiseaux planant devant les visiteurs muets.
Le centre touristique des falaises de Moher accueille les incontournables boutiques de souvenirs et restaurants, mais aussi une exposition fort intéressante et accessible aux enfants. Il faut avant tout le trouver, car ses concepteurs l'ont dissimulé dans le paysage ! Il est donc souterrain, laissant voir seulement une verrière panoramique.

Nous sommes partis à reculons, calculant le temps qu'il nous fallait pour atteindre le Kerry. Passant par Limerick, nous avons renoncé à visiter le château de Bunratty, entouré d'un village folklorique reconstitué. Nous n'avions qu'une heure devant nous, ce n'était pas assez ! Dommage, ça avait l'air bien. Arrivés à Killarney, nous avons de nouveau pris du repos en vue de l'excursion du lendemain.

Le jour suivant, donc, nous avons repris la voiture tôt pour parcourir le fameux Ring of Kerry. Il s'agit d'une route faisant le tour de la péninsule d'Iveragh, au cœur du comté du Kerry, partant de Killarney. J'avais estimé, à partir de sites d'itinéraires routiers, notre parcours à 3h, sans compter les pauses aux belvédères et j'ignorais l'état de la route. 
Notre première étape a été à Torc waterfall, juste après Killarney. Cette adorable cascade de 18m s'atteint après une marche de deux minutes dans la forêt. J'en ai profité pour parler des leprechauns au hobbit qui les a cherchés pendant toute la fin du séjour.
Nous nous sommes ensuite arrêtés à Lady's view, un panorama apprécié de la reine Victoria qui a eu l'extrême bonté de laisser ses demoiselles de compagnie le regarder avec elle tant c'était joli. C'est dire si c'est chouette. Mais c'est envahi par les midges.
La route s'enfonce ensuite dans une épaisse forêt où l'on imagine sans peine les leprechauns courir en ricanant. Puis la végétation s'écarte et laisse voir un paysage de montagnes plongeant dans la mer. Là encore, des rochers percent les prairies verdoyantes. des rochers différents de ceux du Burren, gris-roux et déchiquetés.
Après avoir traversé plusieurs villages de pêcheurs, nous nous sommes arrêtés à Waterville pour manger à An Corcan, une bonne adresse, pas cher, où on mange bien, servis par un personnel sympathique qui semble nourrir avec bonhommie tout le village. Puis, de nouveau, la route et ses paysages somptueux, quelquefois noyés dans la bruine qui jette un voile de mystère sur les pentes rocailleuses.
Approchant de Killarney, nous avons hésité à nous engager dans le Gap of Dunloe, pour finalement nous arrêter aux heights of Aghadoe. Là, une famille française traînant une grande fratrie en culottes courtes s'enthousiasma de notre rencontre ainsi que de celle d'une compagnie de motards qui aurait bien aimé qu'on les laisse tranquilles ("non, monsieur, nous ne sommes pas français, vous parlez anglais bien mieux que ce que vous pensiez ! "). 

La dernière étape de notre périple a été près de Killarney, au Ross Castle.
Auprès du lough Leane à Killarney trône un château. C'est un château classique irlandais, constitué d'une large tour carrée percée de mâchicoulis et entourée d'une enceinte fortifiée. Lors de sa construction, il a été prédit que le château ne tomberait jamais s'il était attaqué par la terre, mais qu'il serait pris par le lac. Cromwell a attaqué le château, sans succès, jusqu'à ce que le commandant de son armée ait l'idée d'attaquer par le lac. Voyant les attaquants arriver sur des barques, les défenseurs ont déposé les armes et fui, persuadés que la prédiction était en train de se réaliser.
Le château était plein, il n'était plus possible de le visiter. Les vues extérieures, complétées par une exposition présentant l'intérieur de la tour en coupe, étaient néanmoins tout à fait satisfaisantes. D'autres opportunités nous tendaient les bras : accéder au Gap of Dunloe en calèche ou rejoindre par bateau une île au centre du lough Leane. Les trajets en calèche étant très longs et le crépuscule approchant, nous nous sommes laissés tentés par le bateau. Un Irlandais d'âge mûr au nez évoquant une fraise nous a emmenés sur une barque.
L'île nous a laissés sans voix. Dans un silence à peine troublé par les vaguelettes frémissant sur le lac, nous nous sommes promenés dans les ruines d'une abbaye fondée au VIème siècle, ayant élevé les plus grands héros de l'histoire médiévale irlandaise. Les bâtiments dont nous cherchions à deviner la fonction dataient du XIIème siècle. Au bout d'une allée d'herbes, une minuscule église romane trône. On y accède par une petite porte surmontée d'une arche ronde sculptée par une main tombée en poussière depuis des siècles. A l'intérieur, une croix celtique repêchée au fond de l'eau a été déposée avec une dévotion mesurable à la quantité de piécettes laissées en offrande.
Se promener sur cette île était simplement magique. Nous sommes repartis avec des étoiles dans les yeux.

La suite ici.

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