jeudi 24 mai 2012

Pas de ça chez moi !

On va tous être globalement d'accord, surtout si vous êtes venus sur ce blog volontairement et non au hasard d'une recherche Google sur la sodomie chez les Bisounours ou sur la zoophilie avec des zèbres (en noir et blanc, forcément) : le sexisme, c'est pô bien.
On va aussi être d'accord pour dire que les femmes sont globalement moins bien loties que les hommes. Certes, on a le droit de se faire tenir la porte, ce qui est tout de même plus sympa que de se la prendre en pleine gueule, on a généralement la garde des enfants en cas de divorce (il semble que ce soit surtout parce que les pères ne demandent pas souvent la garde), on paye moins cher l'assurance de la bagnole (ah, non, ça, c'est fini). En contrepartie, on a 16% de chances de subir un viol, on peut se faire harceler sexuellement sans que le coupable ne risque rien (comme quoi, les choses n'évoluent pas spontanément dans le bon sens), on est payées franchement moins (avec les gosses à nourrir, vu qu'on en a la garde, chic alors), et quand on se case, on a 10% de chances de subir des violences. Bref, comme je l'ai déjà dit ailleurs, je suis bien contente de ne pas avoir de fille.


Lors du lancement de la campagne contre le viol par Osez le Féminisme, des commentateurs se sont permis de dire qu'elle ne servait à rien, puisqu'on était tous d'accord pour dire que violer, c'est mal. Lors du lancement de la campagne "Madame ou Madame" par la même association, des commentateurs (les mêmes ?) se sont permis de dire qu'elle ne servait à rien non plus, puisqu'elle touchait une question futile (argument de pure mauvaise foi, comme je l'ai dit ailleurs).
J'ai l'impression que les revendication concernant les inégalités salariales font moins grincer des dents. Bien sûr, on trouvera toujours quelqu'un pour dire que si les gonzesses sont moins payées, c'est parce qu'elles négocient moins bien leur salaire, les gourdes. Mais à force de documentaires de bonne foi, les mentalités progressent. Si on continue, peut-être que la situation progressera aussi, non ?

Quoique.

D'après les Nouvelles News, il semble que les entreprises soient dans le déni. En effet, si les 3/4 des répondants à une étude de l'APEC reconnaissent l'existence d'inégalités de manière générale dans le monde du travail, ils sont entre 60 et 73% à dire que dans leur entreprise, il n'y a pas de problème.
Il y a donc un souci, mais chez les autres. Et les autres ? Ils disent qu'il y a un souci, mais pas chez eux.
En somme, personne n'est témoin de sexisme dans son entourage. Mais tout le monde reconnait que ça existe chez les autres. Cherchez l'erreur.

Je ne vois que deux explications logiques à cette situation. Soit personne ne voit de sexisme au travail car il n'y en a pas, soit personne ne réalise que les actes et paroles observés sont sexistes.
Dans le premier cas, les contributrices à Vie de Meuf seraient des menteuses, les statistiques seraient erronées, et les femmes qui ont déposé (en vain) une plainte pour harcèlement seraient des affabulatrices. Le sexisme serait ainsi une escroquerie inventée par les féministes pour culpabiliser les hommes à l'aide d'une victimisation à outrance des femmes. Et la marmotte...
Dans le second cas, nous serions tous aveugles (volontairement ou non, à vous d'en décider) au sexisme. Cela signifie que les victimes se taisent, que les coupables agissent dans l'ombre, et que des événements qui nous paraissent anodins ne le sont finalement pas. Cette hypothèse, bien plus subtile et bien plus difficile à admettre que la précédente, s'applique aussi bien au monde du travail qu'au reste de la société, et justifie tout à fait les campagnes qui ont été tant décriées : le sexisme n'est pas que dans des actes criminels perpétrés par d'autres (et surtout hors de nos frontières), il est aussi dans des petites phrases assassines et dans de grands silences meurtriers dont nous sommes tous responsables. 
Évidemment, il est pour le moins cavalier d'accuser toutes les plaignantes de mensonge. Un soupçon d'honnêteté intellectuelle suffit pour se prononcer en faveur de la seconde hypothèse. C'est d'ailleurs la voie que j'ai empruntée, personnellement, et je m'en félicite tous les jours. La lucidité est amère, mais constructive.

Il faut donc un peu de bonne foi pour débusquer le sexisme, et pour ensuite le dénoncer avec honnêteté, pas seulement quand ça nous arrange ou quand ça peut faire économiser des sous. Ah ben oui, le féminisme, c'est chiant, c'est pas la première fois que je le dis (si vous avez cliqué sur les liens que j'ai donnés tout au long de ce texte, vous devez commencer à trouver que je me répète - m'enfin au moins je suis cohérente).

Comme disait le grand philosophe Michael Jackson (hé oui, j'ai des références de ouf) :
If you wanna make the world a better place, take a look at yourself, and then make a change
Nanana nanana nana-ah-nana


Illustrations (sources Wikimedia Commons) :
1. Rubens, Persée et Andromède, 1639-1640. Forcément, la meuf est à poil.
2. Une autruche dans le Serengeti. A plumes, noires et blanches comme la charte graphique de mon blog l'y oblige. Brave bête.
3. Une marmotte trop choupinette. A poils aussi, mais là c'est normal.

5 commentaires:

  1. Ce n'est peut-être pas tout à fait dans le sujet mais je me posais récemment la question des "rêves" qu'on a ados. La plupart du temps, un garçon rêve d'avoir du succès et d'être entouré de belles filles tandis que la fille reve d'avoir une belle maison, un mari attentionné et de beaux enfants. A quoi/qui doit-on cette dichotomie ? Je veux bien qu'il y ait des princesses qui attendent sagement le beau prince pour les délivrer de leur donjon mais on n'a jamais vu le prince batifoler ici et là avant de se décider à aller sauver la princesse... Cela rejoint ton idée qu'on devient aveugle à ces choses-là tellement elles sont ancrés dans notre inconscient.

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    1. Tout à fait. Toute l'éducation des filles, que ce soit le choix des jouets, les livres, les films, les modèles donnés, les adjectifs utilisés pour caractériser les femmes représentées dans les médias... est axée vers la maison, l'amour, la famille. On pourrait dire la même chose des garçons, d'ailleurs.
      Les histoires de princes et de princesses sont destinées aux filles, les garçons ne modèlent pas vraiment leur comportement à partir de ces histoires. Ils préfèrent Peter Pan ou Robin des Bois, les super héros qui mettent l'amour au second plan. La fille est une possession à conquérir. A l'adolescence viennent les stars qui s'exhibent avec des bombasses.
      Les ados rêvent de ressembler aux personnages qu'on leur présente comme modèles. Ils veulent être aimés et admirés par leurs pairs, comme leurs idoles, ce qui est totalement compréhensible. Quelles sont les femmes admirées, valorisées dans les médias ? Celles qui secouent leurs miches moulées dans des mini-shorts, celles qui gèrent leur foyer comme des reines... Et les hommes ? Des rappeurs aux allures de macs, des hommes d'affaire richissimes "qui en ont"...
      J'ai pas hâte d'y être... :-(

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  2. bon, une piste peut-être pour éviter à vos futurs ados de s'identifier à des macs et des mafieux d'affaires exploiteurs : ne pas avoir la télévision, censurer les possibilités de regarder des films, promotionner la lecture de livres sortant de l'ordinaire des schémas, donc surtout pas de romans héroïc fantazy qui reproduisent lourdement ces trucs là... bref se libérer de la sacro sainte liberté de consommer ce qu'on nous induit à consommer librement

    bon, là votre rubens : la fille est nue, le gars est en armure, c'est tout dire. dans les trucs héroic fantazy les filles et les gars sont en armure : moi le modèle guerrier généralisé je pense pas que ce soit un progrès hein

    en revanche y'a des tas d'auteurs de science fiction chez qui les héros et héroïnes sont des gens qui se creuse la caboche sur des questions ethiques scientifiques ET intimement mêlées au politique: là il me semble qu'il y a possibilité de progrès

    alors après y'a aussi les romans policiers qui sont très prisés des gauchistes. j'en ai pas lu beaucoup mais quand même. ben j'ai la sale impression que ça reproduit de façon très non dite les modèles en vigueur dans la misère : le héros ou l'héroïne sont bouffés de complexes et cherche la vengeance : beau programme même si c'est en se creu_sant la caboche sur les rapports de pouvoir entre dominés et dominants, quelque part ça sort pas du monde de la domination omni présente et on en retiens l'idée de la force individuelle qui sauve de tout... bref l'orgueil sous couvert de recherche de justice... tiens ça me rappelle le ressort de la plus part des western des années 60/70
    donc non hein

    bref ou y'en a partout
    a tel point que quand on en est conscient on a tendance à tout le temps s'autocritiquer de façon quasi mortifère
    donc faudrait trouver le moyen pour les gens comme moi de se sentir moins dans son propre collimateur
    mais bon...

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    1. Oui, on peut s'affranchir de la culture de masse. Mais ça ne l'empêchera pas d'exister. Ca n'empêchera pas les boulets de nous insulter dans la rue ni nos employeurs de nous harceler.
      On peut bannir les mass media du foyer. On peut imposer ce choix à nos enfants. Je n'ai pas fait ce choix. Je fais avec. Pas besoin de tout envoyer balader, en se servant de sa cervelle, on arrive à ne pas se laisser bouffer... Faut réussir à encaisser les coups, par contre.

      De Rubens à Puff Daddy, nous vivons toujours dans le même monde patriarcal. Il a juste changé de forme, je n'ai jamais prétendu qu'il avait progressé. Le patriarcat s'est glissé partout, oui... Ca en devient ridicule.

      Le moyen que j'ai trouvé pour supporter l'autocritique ? Ne pas en faire. On est ce qu'on est, avec notre passé de formattage, avec nos forces et nos faiblesses. On fait avec.
      Bon, c'est plus facile à dire qu'à faire...

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  3. Je ne pense pas non plus qu'il soit bon de supprimer les médias et de fermer les yeux de nos enfants. Ils finiront bien par se prendre la réalité en pleine figure et ça serait plutôt nocif pour eux. Au contraire, il faut aiguiser leur sens critique et ne jamais hésiter à discuter avec eux au sujet d'une pub ou d'un clip qui nous paraissent tendancieux.

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