mercredi 26 septembre 2012

Journée mondiale de la contraception

Aujourd'hui, c'est la journée mondiale de la contraception... #viedemeuf.

Aujourd'hui, j'ai appris que la pilule de 3ème génération va être déremboursée. Pas assez efficace, qu'ils disent. Donc vazy, raque. Pis si t'as pas les moyens, t'as qu'à pas baiser. #viedemeuf.

Aujourd'hui, je me rends sur le site de l'événement. Direct, en page d'accueil, je me le prends en pleine gueule : le tutoiement. On a gardé les cochons ensemble ?
Ah, non, c'est une campagne pour les jeunes. Le jeune, ça se tutoie. Un jeune, c'est comme un gosse, même si c'est assez grand pour baiser : on est directement potes, pas besoin de mettre une distance respectueuse pour aborder des questions intimes. Hé, toi, jeune, je vais te parler de ce qu'il y a entre les jambes, wesh, keupin-e ! A moins que ça soit de la condescendance ?

Sur le site, on nous met un dépliant qui explique les différents moyens de contraception.
Ambiance rose girly, silhouettes d'anorexiques qui font la gueule en talons et minijupe, police arrondie... Le message est clair : la contraception, c'est glam', c'est chic, et surtout, c'est pour les fiiiiiiiilles !
Ca commence bien :"La stérilisation à but contraceptif, même si elle n’est autorisée en France que depuis peu, ne sera pas abordée dans ce document, car il s’agit d’une méthode irréversible." Donc si c'est irréversible, gardons-nous bien d'en parler. Il ne faudrait surtout pas que les femmes sachent qu'elles ont le droit de ne pas vouloir d'enfants, jamais. Il ne faudrait pas qu'elles sachent qu'il existe des méthodes comme la méthode Essure pour échapper à l'épée de Damoclès d'une fertilité difficilement contrôlable. Il ne faudrait pas qu'elles cessent d'être dépendantes du corps médical pour obtenir péniblement le droit à disposer de leur corps.
Et ça continue : "Un professionnel de santé (médecin ou sage-femme) est la personne qui peut vous conseiller et choisir, avec vous, la méthode de contraception qui vous convient."
Non, non, non ! Un professionnel de santé est la personne qui peut me conseiller pour que je puisse choisir la méthode de contraception qui me convient. Le conseil du-de la professionnel-le de santé sera écouté avec le respect que je lui dois, mais c'est mon utérus, c'est mon choix.
Suit une description de l'appareil génital féminin qui n'a toujours pas de clitoris, mais passons, on parle reproduction, pas plaisir (c'est pas comme si c'était lié, hein). Au passage, j'ai appris plein de mots top glam', comme "phase secrétive". Les illustrations rose bonbon à côté forment un contraste marrant ; finalement, le rose, c'est peut-être pour évoquer les règles ? Ah, pardon, j'oubliais, dans le monde girly-glam-web-chaton, on dit "rrr". Faudrait pas dire le mot entier, c'est sale.
Enfin, on a droit à la description des méthodes de contraception. La pilule, chère pilule ! 12 ans de prise, personnellement, à 15 € par mois, non remboursés, ça nous fait 2160 €. Plus le stress permanent à l'idée de l'oublier, une culpabilité proche de la panique à chaque prise retardée d'une heure ou deux, un casse-tête lors des voyages avec décalage horaire, et une libido dans les choux. Le prochain gynéco (ah pardon, j'oubliais, c'est "gygy" qu'il faut écrire) qui essaie de me la prescrire, je lui fais bouffer son spéculum. Mais dans le dépliant ? Rien. Soit ils ne sont pas au courant, soit ils considèrent que ce n'est pas grave. C'est sûr que la bourse vide et pas d'envie (c'est peut-être pour ça que c'est efficace !) c'est moins grave que le cancer, mais j'aurais pensé que ça valait le coup d'en parler... Non ?
Notons, dans cette section, le choix du vocabulaire, précis, médical. On perd en clarté, il faut se concentrer pour suivre, mais au moins on n'est pas prises pour des connes. J'avoue que le terme "contraception mécanique" utilisé pour le DIU m'évoque plus une pompe à vélo qu'un délicat petit ustensile, mébon, tout à l'heure je me plaignais que le dépliant était trop glam'...

La contraception, en France, aujourd'hui, c'est ça.
L'information n'est pas si évidente que ça à trouver. Je ne suis pas sûre que la plupart des gens connaissent la moitié des dispositifs décrits par le dépliant. En France, on prend la pilule, épicétou.
On n'informe que les femmes, comme si les hommes n'étaient pas concernés. Certes, ils ne risquent pas de tomber enceintes, mais s'ils choisissent de coucher avec une femme, ils peuvent prendre leurs responsabilités aussi, non ?
On informe à travers un gloubi-boulga infâme d'ambiance glamour en se limitant à un message froid, médical, qui ne rappelle en aucun cas qu'il est question de sexualité. On ne parle pas de plaisir, on ne parle même pas de confort.
Et une fois qu'on est informées, on doit aller voir gygy pour qu'il choisisse à notre place la méthode qui, s'il est d'accord, nous permettra de disposer de notre corps. Je ne vais pas revenir sur le sujet. Ensuite seulement, on ira, tentant vainement de ne pas marcher comme un canard, lâcher une quinzaine d'euros par mois chez un pharmacien pour prendre l'incontournable pilule. Si on peut se le permettre.
Ensuite on se fait chier avec la pilule, même si elle ne correspond pas au mode de vie qu'on a choisi. Et si ça foire, il faut lutter pour trouver un centre pour avorter, puis supporter la culpabilité...

Alors les keupines, si on se fait offrir des fleurs pour la journée de Lafâme, comment on fête la journée de la contraception ?



Images wikimedia Commons.

15 commentaires:

  1. Clin d’œil sur le "jeune"! De parfaits inconnus peuvent trouver un sujet de conversation interminable sur ces "jeunes" mais il est considéré comme insultant de dire les vieux alors que les personnes d'un âge raisonnable peuvent emballer toutes les personnes "jeunes" dans un grand sac de mépris et de suspicion.

    A noter que la majorité des gynécologues vont partir à la retraite alors que la pratique n'est plus enseignée en spécialité dorénavant. Déjà qu'il faut attendre 3 mois pour avoir un rdv si on a déjà eu la chance de trouver un gynécologue (j'ai déménagé, au bout de 15 appels, une secrétaire m'a avisé d'un nouveau arrivant en ville qui devait encore avoir de la place alleliua). Mais il faut en plus avoir un emploi du temps qui le permette, devoir prendre des jours de congés, une baby-sitter et on obtient une ordonnance pour 6 mois voire un an quand on insiste!!et il faut tout recommencer jusqu'à trouver une pilule qui nous conviennent (et espérer qu'on la supporte au moins un an). Quand par hasard je vais chez mon généraliste pour d'autres raisons, je demande au passage une ordonnance histoire de faire le plein mais la majorité du temps je n'en ai que pour 3 mois parce qu'"il faut que j'aille voir mon gynécologue" qui dans la majorité des cas pratiquent un dépassement d'honoraires d'ailleurs.
    Comment va-t-on faire dans 5 ans quand il y en a 3000 sur 6000 qui vont aller à la retraite? Quel intérêt de faire une campagne pour la prévention du cancer du sein (avec des seins nus bien ferme de préférence)quand il n'y aura plus assez de personnes formées pour faire le dépistage? (ça sert juste à faire croire qu'on fait quelque chose pour les femmes de 50 ans qui ont encore des enfants à élever alors qu'il y a DIX fois plus de services spécialisés dans le cancer de la prostate pour les hommes de 75 ans avec un faible taux de mortalité direct que de services pour le cancer du sein à Paris).

    Pour revenir à la campagne sur la contraception, j'ai souvent entendu des personnes étonnées et moi-même je l'ai été sur le manque d'information qu'ont les jeunes. Alors qu'on voit ça en 5, 3, et au cours du lycée en biologie et dans des colloques spécialisés. Et puis j'ai eu la "révélation" lors d'un séjour en hôpital avec ma compagne de chambre de 20 ans à qui j'ai du faire un cours sexuel de 5h. Les jeunes déscolarisés et en filière professionnel n'ont pas biologie, leurs lycées n'organisent pas de colloques de culture général vu qu'ils sont "spécialisés". Il y a donc des millions de jeunes plus souvent à risque qui sont très peu informés de manière passive. Dans certains quartiers on ne peut pas aller ouvertement (et psychologiquement passer le pas) au planning familial et il faut trouver le temps d'y aller alors qu'il y a cours toute la semaine. Une de mes gynécologues proposait d'ailleurs pudiquement si je "pouvais" recevoir mes résultats de frottis chez mes parents ou si je voulais qu'elle les reçoivent et qu'elle me les transmettent par téléphone. certaines personnes ne peuvent pas aller sur internet comme elles veulent (c'est d'ailleurs assez logique concernant des mineurs) ou aller chez le médecin toute seule.
    Peut-être qu'il faudrait plutôt faire des pubs pas glamour : genre remplacer le "vous trouverez toute les informations sur tel site ou à tel endroit" par directement les informations brutes type:
    - on peut tomber enceinte la 1 fois
    - il n'y a pas besoin d'éjaculation pour tomber enceinte
    - on peut attraper des mst avec la fellation,
    ect...
    Je crois que le problème est que les personnes qui font ces campagnes trouvent trop de choses "évidentes", qu'elles ont eu un parcours scolaire très classique, venus de familles infomrées et qu'elles n'ont pas conscience de toutes les idées reçues qui courent chez les jeunes.

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    1. Tout à fait d'accord !
      De mon temps (j'adore dire, ça) on avait des cours sur la reproduction en sciences nat', en 3ème, épicétou. On savait deux-trois trucs sur les rythmes menstruels, sur la pilule et le stérilet, mais c'était vraiment que dalle.
      Je rêve d'une vraie éducation à la sexualité dès le collège, qui parle de désir, de clitoris, de respect, et de contraception pas seulement avec des termes médicaux complexes...

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  2. Super article! Et je suis tout à fait d'accord avec l'article et le commentaire de Lyly. Oui en France nous n'avons plus de médecin gynécologue réellement formé depuis 1987!! Aujourd'hui un étudiant en médecine peut devenir gynécologue en faisant simplement de l'internat. C'est honteux! Sans parler des problèmes pour trouver un gynécologue (digne de ce nom) et qui accepte de nouvelles patientes. J'ai moi-même déménagé et le médecin généraliste que je vois m'a conseillée deux gynécos, sur les deux le premier ne prenait plus de nouvelles patientes sauf si elles sont enceintes! Et oui, car aujourd'hui gynécologue ne veut pas dire spécialiste du corps féminin, mais bien spécialiste de la procréation. On va voir un gynéco pour faire des bébés pas pour le contraire. En sommes, on s'occupe des couveuses mais pas des femmes.

    Quant à la sexualité chez les "jeunes" c'est une vraie catastrophe. Pas d'enseignement (comme Kalista j'ai eu moi aussi un cours en 3ème et un en terminal parce que j'étais en scientifique et on ne parlait que de préservatif, pilule et stérilet à l'époque, quoique je me souviens avoir eu au collège des intervenants qui nous ont appris à mettre une capote et nous ont parlé du préservatif féminin et du diaphragme). Pour en revenir au jeune, justement j'avais le projet d'écrire un article là-dessus, sur mon blog, car en prenant le train j'entends très souvent les jeunes mâles parler entre eux des nanas. C'est affligeant, à tel point que vendredi dernier, j'ai failli leur dire "mais bon sang, vous ne pouvez pas être plus respectueux envers les filles? Ce ne sont pas que des trous!" je me suis abstenue car il y avait avec moi deux petites oreilles chastes de 4 ans, mais si j'avais été seule... Ben je n'aurai peut-être rien dit non plus car on sait comment réagissent les jeunes mâles pré-adulte lorsqu'ils sont en groupe... Je ne suis qu'une femelle, de vingt ans leur ainée certes, mais qu'une pauvre petite femelle qui n'a rien à dire. Et puis ça ne se fait pas d'écouter les conversations des autres... Ouais mais quand même, si on ne les remet pas dans le droit chemin qui le fera?

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    1. Je peux comparer ma "génération" et celle des petits frères et sœurs de 3-4 ans nos cadets avec nos amis. On était certainement pas à prôner l’abstinence et on était loin d'être des anges pour certains d'entre nous. Mais on a tous été particulièrement choqué par nos petits frères et sœurs qui ont eu accès aux porno avec internet et à la real tv beaucoup trop tôt. Ils ont vraiment un rapport au sexe malsain, ils vont trop vite sans plaisir, sans savoir comprendre l'autre, sans même être prêt psychologiquement, ils imitent. Au lieu d'être excité par une page de la redoute, de développer leur érotisme, ils ont accès à des porno trash et ne peuvent plus que être excités par des actes bruts et trash.
      J'ai eu des conversations avec mon frère, j'ai attrapé obligatoirement au moins 2h les copines de mon frère, mes amis ont fait de même avec les leurs que non on n'est pas obligé de rouler une pelle au premier rdv, de faire une fellation au 2ème et de coucher au 3ème. La sodomie est devenue même une alternative courante pour éviter de déchirer l'hymen.
      Ce que je disais aux filles étaient qu'elles pouvaient vraiment être prête mais si leurs copains étaient incapables de faire un cunni et qu'elles n'avaient jamais eu d'orgasme ou même juste de réel plaisir physique, il y avait un problème à aller trop vite.
      Sauf que c'est devenu un grand concours même pour les filles dès la 5ème. C'est tout sauf le plaisir du sexe

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    2. Quand je vous lis, je me dis mais merde, ils sont où les parents ??? Je veux bien comprendre qu'il faut garder de la distance avec ses mômes sur le sujet, mais de là à les laisser croire que la sexualité se résume à de la mécanique, que c'est un jeu, un concours... C'est trop compliqué, de leur dire, sans forcément enfreindre leur intimité, qu'il y a un truc qui s'appelle le désir et que c'est pas en appuyant sur un bouton qu'on l'allume, que s'ils cèdent à la pression ils risquent d'en souffrir, que s'ils font céder quelqu'un cette personne peut en souffrir aussi ?

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  3. Je précise que mes parents se sont aussi chargés de parler à mon frère, de façon pédagogique et ouverte pas le genre à interdire les relations sexuelles, y compris pour une fille. Mais il y a l'effet de groupe et ce sont des ados. Alors déjà dans nos genres de familles, il y a le problème mais alors dans les familles où c'est tabou... Les ados sont toujours les ados sauf qu'avec les nouvelles technologies, les mauvaises blagues, les problèmes qui disparaissaient en partant du lycée sont maintenant inscrit pour l'éternité.

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    1. Ah oui, pardon lyly, j'avais pas tilté que je visais aussi tes parents du coup... Je ne voulais pas être blessante. Mes plus plates excuses.
      J'y suis pas encore, mon grand n'a que 5 ans. Franchement, ça me fait peur. Si malgré tous nos efforts mes fils étaient contaminés par ces saloperies, j'en serais malade.

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    2. Oui les nouvelles technologies font beaucoup de mal. Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement n'interdit pas la diffusion de porno sur le web français, parce qu'on a beau mettre un code parental, quand tu vas sur l'ami google et que tu tapes certains mots t'as des pages de porno qui apparaissent (j'ai d'ailleurs eu le cas en suivant une url qui venait sur mon blog, c'était un site de rencontre de cul avec photo bien salace à l'appui, heureusement que ma fille de 4ans n'était pas dans la même pièce lorsque la page est apparue!)
      Oui ça fait peur, des fellations en 5ème!! Mais où allons-nous? D'ailleurs aux Etats Unis il y a eu un gros problème de recrudescence de syphilis à cause de ça dans un collège. Les parents ne comprenaient pas car leurs filles étaient encore vierges, ouais sauf qu'entre deux cours elles allaient sucer les mecs derrières le bâtiment. A l'époque ça a fait un vrai scandale (y a même eu un téléfilm sur le sujet) mais on n'en a pas trop entendu parlé en France, pourtant nos collèges sont aussi contaminés, entre ça et la drogue...
      Kalista tu as peur pour tes fils, mais imagines si c'étaient des filles! Dans la société actuelle ça fait encore plus peur, car on a beau essayer de les élever non pas comme des filles mais comme un enfant normal, ben on est rattrapé par l'entourage. C'est vraiment très difficile de faire comprendre à une petite fille que le prince charmant ça n'existe pas et que ce n'est pas parce qu'on est fille qu'on s'habille en rose et qu'on doit se marier à tout prix et avoir un bébé.

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    3. J'ai écrit un billet il y a quelque temps disant que j'étais contente de ne pas avoir de fille, et je pense toujours ce que j'ai écrit. Entre le monde girly qui me sort par les yeux et dont on ne peut pas totalement les préserver et la peur pour leur intégrité physique dans une société où personne ne cherche à les préserver, il y a toutes les raisons de flipper.
      D'un autre côté, j'ai toujours en tête un extrait de Gisèle Halimi (lu dans "ne vous résignez jamais") où elle expliquait qu'elle aurait voulu avoir une fille pour être la mère qu'elle aurait aimé avoir. Oui, ça doit être dur d'avoir une fille aujourd'hui, mais quelle joie ça doit être de se trouver un jour face à sa fille dont on a su faire une femme libre ! C'est un bonheur que je ne connaîtrai jamais.

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  4. ça va très loin ce genre de crainte qu'à la fois l'enfant deviennent un reproducteur culturel d'un monde ignoble par contamination incontournable lors de sa scolarisation et celle de l'intégrité physique dont plusieurs camarades parents ou enseignents me témoignent qu'elle ne touche malheureusement pas, y compris sexuellement, que majoritairement les filles dans les institutions scolaires.
    dernièrement, un parent me racontait combien il était déçu et sa voix en disait plus, de voir comment ses fils, chacun de façon différente, avaient été "pourris" par "les autres"... et ce n'était pas le premier témoignage que je recevais de la sorte...

    mais je connais aussi très bien personnellement ce regret sensible de n'être le parent d'aucun humain qu'on aura contribué à construire de bonté, de lucidité, et de justesse.

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    1. J'ai compris en emmenant mon grand à l'école, le premier jour, combien il était difficile de laisser les autres les influencer. Il faut les laisser s'intégrer à la société, vivre leur vie, quoi. Mais quand on fait un enfant, on a envie de le "construire", comme vous dites, de créer un second soi. Il faut accepter de n'être pas le seul architecte et renoncer à son égocentrisme...

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    2. Quels sont les architectes d'un enfant ?
      question fondamentale à la quelle il est possible de répondre de façons contradictoires selon l'idéologie sous-jacente à laquelle on adhère ou que l'on incarne.
      les individualistes, actuellement dominants pensent que c'est d'abord l'enfant lui-même mais devant leur intention de valoriser l'individu en tant que parent induisent à penser que c'est le parent proche qui est l'architecte.
      ça pousse aussi à penser qu'il y a un architecte constructeur "manipulateur", qui reproduise comme par eugénisme narcissique le parent...
      c'est logique avec le fondement égoïste, prométhéen de l'indéologie individualiste qui tend à faire de l'enfant l'objet soumis à la volonté toute puissante du parent quasi divin...

      les collectivistes évidemment tendent à démontrer que l'architecte c'est l'environnement, en interdépendance avec l'enfant, qu'il y a équilibre dynamique entre le sujet en construction et le monde constructeur qui est lui-même en perpétuel équilibre de construction dynamique.
      on en vient alors à concevoir que selon l'influence idéologiquement malsaine ou saine du sujet enfant en construction, l'architecte co-constructeur du sujet aura un impacte, une influance aussi malsaine ou saine
      et tout est alors dans le jugement, de bonté, de lucidité, de justesse, que l'on porte aux architectes co-constructeurs qui sont autant l'enfant, les parents géniteurs ou constituant la micro-famille et l'environnement extrafamilial
      mais tout est aussi alors dans la rigueur de chaque acteur à acquérir et à entretenir un jugement bon, juste et lucide sur ses liens interactifs avec les autres co-constructeurs.
      or
      l'enfant ne peut être capable de tel jugement, c'est à dire capacité à prendre position dans un référenciel réaliste et idéologicoéthique
      il appartient donc aux parents proches et à l'environnement d'en faire preuve

      parmi les nombreux adultes qui sont géniteurs, j'en croisent rarement qui sont capables d'une telle lucidité

      quant au monde, l'environnement extra-familial, il est précisément dominé par des idéologie de la toute puissance de la réalisation égoïste des pulsions narcissiques, fondation des paranoïas

      évidemment, je suis collectiviste...

      donc
      je ne fais pas d'enfant

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  5. Ma prof de bio, de première et terminale, avait tenu à faire un vrai topo sur la contraception. Plutôt que de nous faire lire chez nous la double page du manuel consacré à la question (sachant très bien que beaucoup ferait l'impasse, puisqu'il est de notoriété publique que ça "ne tombe pas au bac ou très rarement" - tiens d'ailleurs : POURQUOI ?), elle avait préféré nous le faire lire en classe et en discuter ensuite.
    Dans une classe surchargée, avec un programme assez lourd, ce n'était pas forcément évident à gérer mais je pense qu'elle était motivée à faire au mieux, et qu'elle y ait parvenu vu les circonstances.

    Concernant les cours d'éducation sexuelle au collège, j'en ai un souvenir plus lointain et moins positif. Peut-être qu'on était trop nombreux, trop gênés, peut-être que les intervenants en disaient trop, ou pas de la bonne manière... peut-être que juste il n'y a pas de bonne méthode, parce qu'à cet âge-là on est encore trop dépendants de l'éducation qu'on a pu recevoir, et qu'il y a trop d'écart entre les sensibilités et les connaissances que chacun a. Un message unique n'est peut-être pas assez flexible pour s'adapter à tout le monde ? Je ne sais pas. Je ne blâme pas les intervenants (ils ne font pas un travail évident, c'est sûr), j'imagine que c'est plus une question de budget et de politique.
    Je me souviens aussi qu'on y avait à peine abordé l'homosexualité. Comme pour lui reconnaître le droit d'exister en passant, mais sans l'inclure véritablement dans tous les questionnements sur le couple, le désir, la sexualité, les IST. Et je ne parle même pas de bisexualité ou de questions de genre ! Quand on sait comment la vie craint pour les jeunes LGBT (tentatives de suicide nettement plus fréquentes que dans la population hétéro, etc.), je trouve ça dramatique.
    J'ai su très tôt que coucher avec un garçon sans me protéger pouvait me valoir une IST. J'avais la vingtaine quand j'ai réalisé avec ébahissement que j'encourrais ce risque avec des femmes. Cette révélation me parait stupide aujourd'hui, tellement c'est évident, mais on ne me l'avait jamais précisé avant (voire on m'avait assuré l'inverse !). Heureusement que je me suis renseignée et qu'on se partage l'infos entre filles lesbiennes et bis, parce que ce n'est pas au collège ou au lycée que j'aurais pu en prendre conscience !

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    1. Quand j'étais en terminale, je ne me souviens pas avoir eu de cours sur la contraception, mais les programmes ont changé depuis... A mon avis, la terminale, c'est déjà trop tard, les gosses ont commencé à expérimenter avant.
      Au collège, le message était mal passé, le prof avait une réputation de vieux dégueulasse et il y avait une photo d'un taureau montant une vache dans le livre qui a fait ricaner tout le monde. Il y avait une gêne bien naturelle amplifiée par la présence de ce prof qui était bien la dernière personne que les filles (les autres, moi, je l'en foutais, j'étais trop scolaire) voulaient entendre parler de leur corps. Et puis on était en établissement catholique, ça aide pas. Ce qui expliquerait aussi, chez nous, pourquoi l'homosexualité n'aurait jamais été abordée (si elle l'avait été, je n'ose pas imaginer le vocabulaire).
      Franchement ta révélation ne me parait aucunement stupide. Je n'y aurais pas pensé non plus ! On nous présente le risque comme lié au pénis, finalement. Le pouvoir de tuer, c'est phallique. ;-)

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  6. En effet, c'est assez consternant ce livret..
    Remarque bien, il est édité par une grande entreprise pharmaceutique, d'où sans doute le marketing pourri.

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