dimanche 25 septembre 2011

On peut rire de tout...

... mais pas avec tout le monde, disais Desproges. Ouaip, c'est devenu un lieu commun, au point qu'on oublie à quel point c'est pertinent. Ben oui, je ne fais pas de vannes sur les Belges sur Twitter, sachant que des Belges me suivent.

Je ne pense pas être une personne qui manque d'humour. Certes, certains humoristes me laissent froide, certes, je n'ai souri qu'une fois devant l'intégrale des Bronzés, ce qui désespère mon entourage. Mais il y a pas mal de sketches, dont certains controversés, qui me font pleurer de rire. Côté cinéma, je peux vous réciter la Cité de la Peur en pétant, à condition bien sûr d'avoir prévu quelques heures auparavant l'alimentation adéquate. J'idolâtre Goscinny, Leslie Nielsen (RIP), Dany Boon et Martin Vidberg (p'tit plaisir).
Je ne pense pas non plus qu'il y aie des sujets à ne pas aborder. Franck Dubosc m'a bien fait rire (enfin, les 5 premières fois) avec son "Sandy... Cent dix kilos ?" Il caricature un macho, je me moque des phallocrates avec lui, et ça fait du bien. Je peux rire du sexisme, et j'adore rire des sexistes. Je peux aussi rire des clichés, me moquer des tics féminins ou masculins absurdes, même si des fois je partage ces travers.

Quand ça ne me fait pas rire, ça ne veut pas forcément dire que c'est pas drôle : il y en a qui aiment, des fois. Souvent, j'arrive à comprendre l'hilarité des autres sans la partager.
Mais dans le cas du tweet de @maxime, non, je ne vois pas ce qu'il peut y avoir de drôle. J'ai bien cherché, pourtant.
Rappelons, pour les lecteurs qui ne cliquent pas sur les liens que je me fatigue à donner (ouh, les vilains !) et pour que les moteurs de recherche arrivent ici, que Maxime, fondateur de Vie De Merde, a sorti "Tristane la seule façon pour qu'elle la ferme c'est la violer".

Cher Maxime, j'aime beaucoup votre création, j'y a perdu des heures à m'esclaffer bêtement, sans méchanceté aucune, devant les mésaventures de nos concitoyens. Je suis admirative de la forme que vous avez conçue pour le site,  et ravie la tribune que vous offrez aux dessinateurs. Je ne m'attends pas, néanmoins, à ce que vous soyiez irréprochable ni à ce que tout  ce que vous communiquez soit parfaitement pertinent J'aurais toléré une phrase maladroite, de l'humour mal senti, ça arrive à tout le monde. Mais là, franchement, je ne comprends pas comment une personne possédant plus que deux neurones peut oser sortir publiquement sur Twitter une phrase pareille, même sous couvert de l'humour. Il y a donc quelques petites choses qu'il faudrait m'expliquer.

D'abord, pourquoi faudrait-il faire taire Tristane Banon ? Je peux concevoir qu'on ne soit pas intéressé par l'affaire en question, mais dans ce cas, il n'y a qu'à changer de chaine lorsqu'elle parle, comme je le fais quand une personnalité qui me déplait apparait. Mais pourquoi vouloir à toute force la faire taire ? N'a-t-elle pas le droit de s'exprimer autant que n'importe quel crétin sur Twitter (je ne vise personne) ? N'est-il pas important que chacun et chacune puisse porter plainte après une agression présumée sans craindre de représailles ? N'est-il pas important que les femmes victimes d'agression sexuelles puissent s'exprimer et rappeler à quel point l'acte est grave, et encourager les autres victimes à sortir de l'ombre ?

Ensuite, si l'accusation de Tristane Banon est imaginaire, ce dont vous, cher Maxime, ne pouvez être certain à moins d'avoir une preuve formelle (auquel cas j'espère que vous témoignerez bien vite), le viol est-il un moyen raisonnable pour faire taire une femme ? Il y a des moyens plus humains, pour cela : une plainte pour diffamation, une amende, la prison. Etes-vous également pour les châtiments corporels envers les enfants et pour la peine de mort ? La torture vous parait-elle acceptable dans certains cas ? Allumez-vous vos cigarettes avec un lance-flammes ?

Enfin, vous vous êtes excusé auprès de ceux "qui l'auraient mal interprété". Admettons. Comment devais-je l'interpréter ?
Est-ce l'incongruité ou l'absurdité de votre saillie qui aurait dû nous faire sourire ? Auquel cas je veux bien vous pardonner une tournure maladroite qui empêche d'apprécier le sel de la phrase. Une casse en règle de ceux qui l'ont prise au premier degré aurait été fine.
Est-ce le comique de répétition ? Avec 75000 viols par an en France, on doit bien admettre qu'il y a une répétition avec une fréquence significative. Cherchiez-vous à dénoncer cela ? Si c'est le cas, de tout coeur, merci, et j'espère que vous continuerez votre combat.
Dans un cas comme dans l'autre, étant donné l'impunité des violeurs en France, je crains qu'il ne faille préciser votre pensée. Comprenez qu'on soit méfiantes et sensibles sur ce sujet, étant donné le nombre de victimes qui vous lisent et la difficulté à se faire entendre. Comprenez notre émotion, qui a été exprimée par Alice, Emelire et les AngryWomenymous. Bien entendu, parmi vos followers, il y a des personnes qui savent ce qu'est un viol : 6,8% des femmes en subissent un un jour, faites le compte. On ne peut pas rire du viol avec tout le monde.
C'est vrai qu'il n'est pas toujours aisé d'expliquer en quoi l'humour, c'est drôle.

Mais on y arrive. Dans le sketch, De Greef fait ça très bien en rappelant que Michael Kael est une caricature des journalistes d'investigation dont on écoute la parole sans la remettre en question, bien qu'il soit possible qu'ils soient des sales cons, des obsédés sexuels, voire des violeurs de moutons. C'est glauque, salé, mais ça ne me gêne pas, j'adore. Même si avec un mouton empaillé et un chapeau, ce serait plus drôle. Pouf, pouf.
Dans votre cas, donc, il devrait vous être possible de nous expliquer en quoi votre tweet était drôle. Sinon, il n'était pas drôle, il était au mieux stupide, et au pire, odieux. C'est donc vous qui devriez vous taire, mais il ne me viendrait pas à l'idée de suggérer un moyen violent pour y parvenir.


13 commentaires:

  1. Ouais, Maximme Valette parle d'"humour".
    Perso, je suis pas sûre qu'il blaguait tant que ça : son tweet transpirait l'énervement et la haine. Les victimes de viol parlent ? Ca peut en mettre certains en colère

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  2. Je n'oserais pas interpréter le ton de Valette. Les Nouvelles News parlent d'humour, j'ai continué à parler d'humour. Ca peut être une vanne qui cache une haine réelle comme une haine qui ne se cache pas. Dans le second cas, à part "va à la niche, p'tit roquet" je n'ai pas matière à faire un billet !

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  3. ben...
    j'aime rire d'un rayon de soleil, d'un sourire de ma chatte, du sérieux de chat skateur du garage qui vient se poser au milieu de la chambre pour demander avec une patience infinie que je lui mette des croquettes dans une gamelle, tout ça sous l'oeil extrémistement courroucé de ma chatte, j'aime rire des merles qui me surveillent quand je désherbe...

    mais les sketch là... non... je trouve ça vulgaire, le mec qui sodomise une pauvre bête devant la caméra en directe, je trouve ça inqualifiable, le patron de chaîne qui passe devant une commission pour répondre pourquoi il trouve ça drôle, je trouve ça con...

    bref, j'ai pas du tout le sens de l'humour

    quant au salaud qui a balancé cette ordure à propos de tristane banon, ben là aussi c'est inqualifiable...

    sauf que voilà tout ça ne m'étonne pas des humains, tout ça m'étonne encore moins de gens passionnés par des moyens de diffusion de leur connerie aussi primaire que tweetter, facebook et compagnie, tout cela ne m'étonne pas de cette ignominie qu'est la télévision...

    j'observe en pleurant le coeur très lourd la décadence de la nouvelle rome.

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  4. en relisant votre texte, il me vient que l'époque semble confondre rire et moquerie.
    pour moi ce n'est absolument pas pareil
    le rire est une manifestation de joie immédiate de participation à quelque chose
    la moquerie c'est autre chose qui tend très vite à la cruauté de diverses façons qui peuvent être légitime ou non.
    la moquerie peut être légitime dans le cas d'échanges contradictoires déséquilibrés : un dominant fait souffrir un dominé par une situation qu'il lui impose. et le soumis se moque de sa propre situation, on dit souvent qu'il fait de l'autodérision. c'est une façon de surmonter sa souffrance. et ça peut sembler légitime aussi de se moquer de la cruauté du dominateur en tant que soumis.
    mais la moquerie peut venir aussi du dénie de sens et dans ces cas là, elle est une forme de domination. et ça me parait pas légitime du tout
    mais tout ça est emprunt de morale de ma part évidemment.
    dans le cas qui nous préoccupe initialement, la moquerie est de ce dernier ordre : un dénie de sens à l'égard de la démarche d'une victime soumise à une domination. c'est de la cruauté qui ne s'avoue pas. c'est inqualifiable : ou peut-être est-ce que ça provoque en moi une telle colère que je suis stupéfié et n'arrive pas à trouver le terme de qualification.

    par ailleurs, je me suis souvenu être allé lire le blog de ce triste sire, Vie de Merde, et avait trouvé ça tout simplement vulgaire. je ne sais plus quelle scène avais-je lu. mais ce que je me souviens c'est que ça m'avait paru très réaliste, existant, et que ça ne m'a pas du tout fait rire.

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  5. J'ai répondu ceci à christophe aubert sur angrywomenymous où il cite cette phrase de Desproges, voilà ma réponse : "on peut rire de tout mais pas avec toute le monde" à condition de rire, pour commencer, et de plus, en mettant de côté le fait que cette reprise à l'infini par tous les pires commentateurs de blogs sur le web, en tandem avec la phrase d'Audiard "je ne parle pas aux cons, ça les instruit" ce qui enlève beaucoup de valeurs à ces deux citations, galvaudées comme elles le sont, ils se trouvent que les blagues racistes ne sont plus de mise depuis que l'on a découvert le respect de l'autre qu'il soit noir, jaune ou basané. Étrange que l'on ne voit toujours pas de problèmes avec les blagues sexistes. Du moins en France. En Allemagne, dans les milieux cultivés et éduqués on a depuis longtemps compris leur impact néfaste. De plus, dans une société où la femme est plus l'égale de l'homme qu'en France, ces blagues paraissent ridicules et déplacées et donc on ne les formule tout simplement plus. Il n'y a que dans les sociétés inégalitaires que ces blagues paraissent encore avoir une quelconque qualité humoristique. En fait, l'humour visant une catégorie de gens est corollaire à la persécution de cette catégorie. C'est une sorte de besoin de dégrader ce qui l'est déjà. Ici en l'occurence les femmes en général et Tristane Banon en particulier.
    L'humour "bête et méchant" ne fonctionnait pas autrement et ne servait de défouloir qu'à une petite bande de déconneurs qui s'en fichait pas mal de perpétuer par ce biais des mentalités dégueulasses ou non. Et les créateurs de cet humour n'étaient pas à proprement parler des militants antisexistes non plus, il ne faut pas se leurrer.

    A part ça je suis d'accord avec paul, sodomiser un animal en public (et en privé d'ailleurs aussi) c'est du viol d'animaux. Point. C'est juste dégueulasse et inadmissible. Les animaux ont aussi droit au respect. Ceci est de la maltraitance pure et simple et cela devrait être sévèrement puni. On entre juste dans une ère de barbarie qui n'est même plus décryptée comme telle. C'est sordide.
    Je serais toi Kalista, je virerais cette vidéo. Ce n'est pas digne.

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  6. Autre phrase importante de Paul : "un déni de sens à l'égard de la démarche d'une victime soumise à une domination c'est de la cruauté qui ne s'avoue pas", tout à fait d'accord.
    Sinon je voulais quand même dire que tu as raison de remettre les choses en place à propos de ce tweet et de demander à son auteur où se situe l'humour exactement. En effet, il faudrait qu'il nous l'explique !

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  7. "on entre dans une ère de barbarie qui n'est plus décryptée comme tel"

    tout à fait et je trouve ça terrible de cruauté : c'est pour ça que je dis que j'observe en pleurant le coeur lourd cette décadence de la nouvelle Rome

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  8. @ paul
    "mais les sketch là... non... je trouve ça vulgaire, le mec qui sodomise une pauvre bête devant la caméra en directe, je trouve ça inqualifiable, le patron de chaîne qui passe devant une commission pour répondre pourquoi il trouve ça drôle, je trouve ça con..."
    Mais j'espère bien que vous trouvez ça inqualifiable ! C'est fait pour. C'est pas fait pour être drôle (même si ça se pare de ce nom), c'est fait pour choquer. En espérant que le téléspectateur réfléchisse au statut du reporter et à l'impact des médias. Evidemment, le sketch est vieux, on peut dire aujourd'hui que ça n'a pas marché.
    Quant à la suite, elle tente de faire réfléchir sur l'humour. Clairement les concepteurs du sketch initial (Groland) ont merdé. Quand on veut choquer pour faire réfléchir, il faut être plus subtil que ça. Leur message n'était pas clair et n'a déclenché que des rires bêtes chez les sadiques. Et De Greef a vraiment été dans une situation similaire, situation qui est caricaturée par le sketch des Guignols.

    "bref, j'ai pas du tout le sens de l'humour"
    peut-être aussi que le sens de l'humour est normalisé et que, encore une fois, vous ne rentrez pas dans le cadre (je sens que je ne vous remonte pas trop le moral, là...). En humour comme pour le reste, il y a une norme. Il faut rire des sketches de Bigard, il faut regarder certaines émissions, il faut se moquer des homos...

    "sauf que voilà tout ça ne m'étonne pas des humains, tout ça m'étonne encore moins de gens passionnés par des moyens de diffusion de leur connerie aussi primaire que tweetter, facebook et compagnie, tout cela ne m'étonne pas de cette ignominie qu'est la télévision..."
    Je suis adepte des rézosociaux et de la télévision. Je pense cependant que la plupart des utilisateurs ignorent ce qu'ils font et traitent cela n'importe comment. Je ne dis pas que je le fais bien, mais qu'on n'est pas assez informés et qu'on ne prend guère de recul face aux moyens de communication. Il faudrait, aussi, qu'on soit libre d'adhérer ou non à ces modes de communication sans encourir de jugement...

    "en relisant votre texte, il me vient que l'époque semble confondre rire et moquerie."
    J'aurais plutôt dit qu'on résume l'humour à la moquerie (l'humour vise à provoquer le rire, mais on peut rire sans humour, juste de joie). J'ai beau me creuser la tête, je n'arrive pas à trouver un film ou un sketch populaire qui ne contienne pas un semblant de moquerie.

    "par ailleurs, je me suis souvenu être allé lire le blog de ce triste sire, Vie de Merde, et avait trouvé ça tout simplement vulgaire. je ne sais plus quelle scène avais-je lu. mais ce que je me souviens c'est que ça m'avait paru très réaliste, existant, et que ça ne m'a pas du tout fait rire. "
    C'est quelquefois vulgaire, ça dépend de la situation. Les situations les plus populaires ne sont pas toujours les moins blessantes pour les auteurs. Le pire, c'est les commentaires : n'allez pas les lire, c'est une horreur. Mais les récits de petites tuiles (pas les grosses) me font souvent sourire.

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  9. @ Euterpe :
    "A part ça je suis d'accord avec paul, sodomiser un animal en public (et en privé d'ailleurs aussi) c'est du viol d'animaux. Point. C'est juste dégueulasse et inadmissible. Les animaux ont aussi droit au respect. Ceci est de la maltraitance pure et simple et cela devrait être sévèrement puni. "
    Comme je l'ai dit à Paul, c'est pas le fait de violer un mouton qui est drôle, mais de surprendre un personnage auquel on accorde généralement une profonde crédibilité en train de commettre un acte atroce qui peut faire sourire. C'est une parodie, une caricature incarnée par un personnage récurrent qui a commis d'autres atrocités.
    Peut-être que Paul et toi ne connaissez pas l'histoire de la chose ? L'équipe de Groland (humour noir, bête et méchant, vulgaire, avec des idées pas toujours pourries) ont créé une caricature de journaliste international, Michael Kael. C'est l'époque de Dan Rather où ce que disait les journalistes était parole d'évangile. Kael, donc, est un salaud, qu'on surprend régulièrement entre deux reportages foireux dans des situations où il démontre volontiers son caractère sadique (c'est pas fin, je te l'accorde, et je ne suis pas fan). Le CSA, à l'époque présidé par Hervé Bourges qui voulait limiter la vulgarité et la violence à la télé (sauf dans les pubs...) a demandé des explications au directeur des programmes de la chaîne, Alain de Greef. De Greef a pris le parti de défendre les humoristes de la chaîne, pour tout un tas de raisons avec lesquelles on ne sera pas forcément d'accord. Mais du coup il s'est retrouvé en position de devoir expliquer au CSA en quoi ça pouvait être drôle, et il s'est heurté à un mur, d'une part parce que ça ne l'est pas vraiment, mais aussi parce que c'est pas toujours simple de le faire.

    "On entre juste dans une ère de barbarie qui n'est même plus décryptée comme telle. C'est sordide."
    Je ne suis pas d'accord. L'ère de barbarie a commencé quand le singe est devenu humain. Nous entrons dans l'ère de la communication où la barbarie n'a plus lieu seulement dans les chaumières, mais aussi sur nos écrans, entre deux coupures pubs.

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  10. @ Euterpe, suite :
    "Je serais toi Kalista, je virerais cette vidéo. Ce n'est pas digne. "
    Elle est extrêmement célèbre, en France et dans ma génération, au point que "kulunmouton" est presque une expression courante pour parler de ces situations où on tente d'expliquer pourquoi une vanne lourde peut être drôle. Ca ne servirait à rien de la cacher. Au contraire, ça permet aux familier de ce sketch de mettre les choses en perspectives.
    Je comprends tout à fait qu'elle te choque, comme elle a choqué à l'époque. J'ai failli mettre un avertissement "attention, peut choquer les âmes sensibles", mais j'ai compté sur la capacité à prendre du recul de mes lectrices et lecteurs.
    Ensuite, qu'elle ne te fasse pas rire, je respecte totalement ça. Il y a tellement de choses qui ne me font pas rire, comme je le disais au début du billet. Pour réussir à en sourire il faut anesthésier son empathie à l'égard du mouton. Il est bon que certaines personnes n'y arrivent pas, parce qu'il faut des révoltés et des âmes sensibles. Moi j'y arrive très bien, et c'est pas seulement parce que c'est un animal : certaines exactions du personnage commises contre des humains de tous sexes et de tous âges m'ont fait le même effet (même si à force, la lourdeur de la chose écrase le sens). Je dis pas que c'est bien, de toute façon on s'en fout que je me marre ou pas, le sujet n'est pas là.
    Enfin, si tu veux le fond de ma pensée, le sketch de Groland n'est pas brillant (ils n'ont pas fait grand-chose de brillant d'ailleurs, même si certaines idées étaient prometteuses), mais celui fait par les Guignols par-dessus est assez fin. Il ne remet pas assez en question le sketch initial, parce qu'un des auteurs de Guignols de l'époque était aussi auteur pour Groland. Il a été accusé de harcèlement sexuel, ce type, d'ailleurs.

    "Sinon je voulais quand même dire que tu as raison de remettre les choses en place à propos de ce tweet et de demander à son auteur où se situe l'humour exactement. En effet, il faudrait qu'il nous l'explique ! "
    J'attends son commentaire (on peut toujours rêver !). Il sera accueilli avec respect et sans noms d'oiseaux, s'il se montre. Tout le monde a le droit de se planter un jour et, s'il s'agit d'une erreur et non d'une saloperie, j'encourageai toute tentative de sa part de remettre les choses en place.

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  11. wouai...
    je comprends assez bien votre position Kalista.
    bon... moi j'ai tenté pendant des années me me fondre dans le moule pour survivre, trouver des emplois, être accepté par les collègues etc...
    là où le bas blesse, c'est qu'effectivement, je n'ai jamais été policé au sens d'avoir intégré les normes, surtout d'humour. comme d'insulte d'ailleurs. et en fait au fond de moi, je n'accepte jamais le monde des autres qui est pour moi de la barbarie

    donc effectivement, elle remonte à plus loin que notre simple époque... mais bon, moi comme Euterpe, nous soulignons quand même qu'il y a un truc particulier depuis peu et j'ajoute que l'avénement des néo-libéraux depuis trente ans est comme une victoire très soft des acquis manipulatoire des nazis

    j'ai beaucoup moins été élevé que les autres dans la télévision et les bandes dessinées et le cinéma : on regardait peu la télévision chez mes parents, on faisait beaucoup de piano qui prend du temps et on lisait et dessinait ou bricolait énormément. donc c'est aussi toute une éducation du rapport au monde, donc de la sensibilité, totalement et radicalement étrangère à celle de mes contemporains. on n'écoutait pas non plus les radio populaires. et quand j'ai pu habité seul et par moi-même, je n'écoute que des trucs comme france musique (en éteignant quand il y a un communiqué de journal) et je n'ai jamais eu de téléviseur personnellement. (et actuellement, je n'ai toujours pas de télé chez ma mère)
    bref
    je suis effaré à chaque fois qu'on m'indique une vidéo issue de la télévision !
    même quand il s'agit d'un document prétendument sérieux, informationnel etc... c'est incroyable, pour moi, de pauvreté intellectuelle, c'est incroyablement abusif de synthèse primaire, de raccourcis et d'amalgamme trahissant totalement les sources qu'on peut connaître par ailleurs. faut dire qu'on m'indique que des trucs sur des sujets que je connais un peu...
    bref
    moi en revanche
    d'une planète, d'une génération, totalement étrangère à la votre, je suis radicalement contre le format de document audio-visuel.
    mais là
    en matière d'humour
    révélateur profond des valeurs radicales partagées par l'ensemble, transversalement aux classes sociales, d'une société
    c'est vraiment indicateur d'une barbarie particulière.
    j'avais vu chez des copains les guignols de l'info : et ça aussi ça m'avait toujours paru vulgaire, brutal, lourd, de la complaisance avec le laid
    idem pour hara kiri dans les années 70
    ça ne montre jamais la bêtise : ça la glorifie car personne, même les auteurs n'y sont étrangers. en fait c'est viril ce genre de saloperies. et c'est ça que j'ai toujours trouver horrible. le point commun à tous ces trucs, c'est l'hypocrisie commune à l'égard du caractère de virilité de toutes ces attitudes prétendument pédagogico-humoristique : se moquer vulgairement de la bêtise virile , c'est viril. c'est à dire, c'est fort, c'est costaud, c'est insensible, c'est sans nuance donc c'est réaliste qui c'est reconnaître l'important du futile.

    moi je comprends mieux et je suis plus proche de solannas qui propose de castrer les couillus : c'est sanglant, c'est rageur, mais c'est de la pure colère qui ne fait pas semblant de négocier ou pas avec le mal.
    certes je ne le ferais pas, ne serait-ce par incapacité technique et réaliste. ce que je veux dire, c'est que je trouve ça sans perversion. alors que l'humour, pour moi c'est pas le rire, c'est une forme très insidieuse de perversion.

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  12. Je n'ai envie de prendre de distance avec aucune maltraitance quelle qu'elle soit. Les animaux n'ont pas de mots pour protester mais ils savent parfaitement ce qu'on leur inflige et souffrent tout autant que nous. Ces types de blagues sont basées sur le postulat de la supériorité dans l'univers de l'espèce mâle blanche.
    Mais en réalité l'espèce humaine est la seule assez sotte pour croire et faire croire que l'individu femelle au sein d'une même espèce appartiendrait à une espèce AUTRE, inférieure et proche de l'animal et ne serait pas elle-même animale + le pôle mâle d'une espèce bisexuée comme les autres.
    C'est cette stupidité là qui, comme le dit paul, est propagée par la télé au moyen de divertissements vulgaires auxquels les gens accrochent à cause des animations colorées qui évoquent des jouets enfantins. c'est piégeant.
    La télé est un crime contre l'humanité nous explique le dernier numéro de "La Décroissance". J'en recommande la lecture. On y apprend comment le décervelage s'est produit sur les masses en quelques décennies. On a mis aussi tout ce temps pour réaliser le caractère néfaste, déshumanisant et barbarisant de cette machine qui devait instruire le monde, à la base.
    Mon conseil : achète le journal et lis l'article, tu ne seras pas déçue :)

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  13. encore une chose : ""kulunmouton" est presque une expression courante pour parler de ces situations où on tente d'expliquer pourquoi une vanne lourde peut être drôle"
    Au lieu d'expliquer aux gens qui ont gardé une sensibilité à peu près originelle pourquoi les anesthésiés trouvent une blague dégueulasse super marrante, je trouverais plus pertinent d'expliquer aux anesthésiés pourquoi une blague lourde est indigne.
    En fait, les soldats qui s'amusaient à se photographier en tenant en laisse des types nus dans la prison d'Abou Graïb se marraient aussi comme des tordus.
    Un fois qu'on a évacué l'empathie, il est certain que l'on rit sans problème de n'importe quelle souffrance infligée à des êtres vivants chosifiés.
    Or n'oublions pas que le sexisme relève lui aussi de ce principe. Si on lutte contre le sexisme on ne peut pas se mettre à faire des exceptions avec les irakiens, les moutons ou les enfants.

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